A Fukushima, le principal problème ne serait pas la radioactivité, mais les « rumeurs néfastes » et les idées fausses que l’on se fait sur les risques associés. Cet argument est tellement pratique, qu’il est adopté par tous : on peut les invoquer pour refuser un site de déchets radioactifs près de chez soi, ou pour s’opposer au rejet en mer de l’eau contaminée tout en gardant la face. Et pour les autorités, cela évite toute remise en cause de leur politique et de répondre aux questions qui fâchent : pourquoi, par exemple, ne pas accepter de contrôle indépendant de l’eau contaminée avant rejet en mer ?
À l’origine, l’expression « rumeurs néfastes » a été introduite dans le contexte de défiance des consommateurs qui évitaient d’acheter des produits agricoles de Fukushima. Certes, des informations erronées ou exagérées ont circulé sur Internet, mais l’attitude de prudence du grand public a fait suite à une gestion chaotique des premiers mois de la crise nucléaire. Depuis, l’expression sert à tout.
En 10 ans, la lutte contre les rumeurs néfastes est devenue une cause nationale avec un site Internet dédié. Le ministère de l’environnement japonais a, l’an dernier, mis une plante en pot avec de la terre radioactive à son siège de Tôkyô. « C’est l’un des efforts de démonstration du recyclage pour éliminer les idées fausses à l’égard de Fukushima » explique-t-il, tout en postant la photo sur son site Internet. C’est plus facile que d’engager un dialogue sur le niveau de contamination résiduelle acceptable pour la réutilisation des terres contaminées.
Par solidarité, l’ACRO republie la photo ci-dessus. Car les rumeurs seraient même devenues le troisième fléau de Fukushima, comme l’atteste une vidéo de remerciement éditée à l’occasion du dixième anniversaire de la catastrophe, où les « ambassadeurs de la reconstruction » expliquent que les habitants de Fukushima reconstruisent la région après un séisme sans précédent, un accident nucléaire, et malgré les dommages causés par les rumeurs néfastes.
Du côté des experts du post-accident, c’est le mot « complexité » qui fait florès. Ainsi, les agriculteurs ne font plus face à la pollution radioactive, que tout le monde peut mesurer, mais à la « complexité », que personne ne comprend et qui fait tellement plus intelligent ! Ce concept creux permet aussi d’occulter les questions difficiles, comme les niveaux de contamination à partir desquels on évacue. La décision de partir, et à présent, de revenir ou pas, est rabaissée à un choix individuel, « complexe » … Encore faut-il que les populations aient les moyens de choisir.
Aussi bien à la CIPR, qui établit les recommandations internationales en matière de radioprotection qu’à l’IRSN qui les applique, les conséquences de la catastrophe nucléaire sont appréhendées à travers le prisme restrictif de « dialogues » organisés à Fukushima où la « complexité » se révèle être la principale leçon tirée. Ainsi, dans sa publication 146, la CIPR explique que le premier effet d’un accident nucléaire grave avec des rejets radioactifs significatifs, est d’engendrer de la complexité ! Il en est de même à l’IRSN qui débute le bilan de ses réflexions dix ans après l’accident de Fukushima daiichi ainsi : « une situation post-accidentelle consécutive à un accident nucléaire se caractérise par une forte complexité tant pour les personnes affectées que pour l’ensemble des gestionnaires du processus de réhabilitation ».
Cette complexité est due à la « multi-dimensionnalité » d’un tel accident, qui touche à tous les aspects de la vie quotidienne. Mais, in fine, le rôle des experts décrit par ces organismes se limite à la radioprotection… Ainsi, en cas d’accident grave en Europe, on ne sera pas prêt à faire face à la « complexité » !
A l’approche du dixième anniversaire de la catastrophe nucléaire à la centrale de Fukushima, voici un bilan chiffré effectué à partir des médias, des sites officiels et des 2 700 articles de ce site. Des mises à jour seront faites régulièrement.
Le dernier bilan du Ministère de l’industrie sur l’avancée des travaux à la centrale de Fukushima daï-ichi date du 24 décembre 2020 et a été mis en ligne en anglais le 28 janvier 2021 (lien direct).
Voir la centrale accidentée
Deux webcams fixes, installées en 2014, permettent devoir la centrale nucléaire en direct.
Il est possible de faire une visite virtuelle en anglais et japonais de la centrale nucléaire de Fukushima daï-ichi (lien direct). Mais les images et documents ne semblent avoir été mis à jour depuis février 2020. Certains bilans remontent à 2018.
Comme nous l’avons déjà rapporté, TEPCo a mis en ligne sur son site internet (en japonais et en anglais) des centaines de photos aériennes de la centrale accidentée de Fukushima daï-ichi prises en mars 2011. Le blog de Fukushima en a extrait une sélection sur son site et a effectué un montage vidéo des 714 photos. Mais, certaines photos sont partiellement floutées, comme s’il y avait du secret, alors que des vues aériennes non floutées sont disponibles depuis le tout début de la catastrophe sur le site cryptome.org.
TEPCo a une frise chronologique numérique en anglais avec les principaux évènements relatifs à la sécurisation des réacteurs et leur démantèlement. La compagnie continue à affirmer qu’elle aura fini les travaux en une quarantaine d’années, même si la technologie pour reprendre le corium n’existe pas encore. Même en cas de succès, il y aura encore des tonnes de déchets sur place et autour qui seront sans solution de gestion à long terme. Si l’on prend en compte l’évacuation des déchets et la décontamination du site, il faut plutôt compter un siècle selon un scénario de l’Atomic Energy Society of Japan rapporté par l’Asahi.
La page en anglais concernant le retrait des combustibles des piscines ;
Réacteur n°4
La cuve était vide le 11 mars 2011 et il n’y a pas eu de fusion du cœur, mais une explosion hydrogène a détruit le bâtiment réacteur. L’hydrogène venait du réacteur n°3, voisin, via la cheminée de rejet commune.
Sommet du réacteur n°4. Photo de TEPCo.
La partie supérieure du bâtiment réacteur a été démantelée, les débris retirés et une nouvelle structure a été construire afin de retirer les combustibles de la piscine, qui est vide depuis décembre 2014. Depuis, les travaux sont arrêtés car le réacteur n’est plus menaçant.
Il y a eu une fusion du cœur et une explosion hydrogène a détruit le bâtiment réacteur. Tous les débris de la partie haute ont été retirés à l’aide d’engins télécommandés. Un nouveau bâtiment avec un toit, de forme cylindrique, a été construit. Le retrait des combustibles a débuté en avril 2019, avec 4 ans de retard par rapport au planning initial et s’est terminé le 28 février 2021. Les opérations se sont révélées être plus compliquées que prévu.
Il y avait 566 assemblages dans cette piscine (52 neufs, tous retirés et 514 usés). Certains ont été endommagés par la chute de débris. La page dédiée de TEPCo est ici en anglais. Une vidéo de présentation des opérations, ici en anglais.
Il y aurait, dans ce réacteur, entre 188 et 394 tonnes de corium (mélange fortement radioactif de combustible fondu et de débris), avec une valeur nominale à 364 tonnes. Ce dernier contient du combustible MOx, à base de plutonium. Pour en savoir plus. TEPCo a estimé que la récupération du corium de deux réacteurs 2 et 3 durera 12 ans et lui coûtera 1 370 milliards de yens (11,5 milliards d’euros). En 2017, TEPCo avait publié des photos prises à l’intérieur de l’enceinte de confinement de ce réacteur, sous la cuve, et une vidéo :
Depuis septembre 2020, l’Autorité de régulation nucléaire a repris ses investigations pour comprendre le déroulement du triple accident nucléaire à la centrale de Fukushima daï-ichi. Cela comprend des visites des réacteurs accidentés, malgré les forts niveaux ambiants de radiation. Elle en a rapporté des vidéos, dont celle-ci, prise le 18 septembre 2020, qui montre l’état de délabrement du bâtiment réacteur, presque 10 ans après l’accident :
Lors de ces visites, l’Autorité de régulation nucléaire, a découvert des débits de dose très élevés, de l’ordre de 10 Sv/h, au dessus de ces dalles de protection des réacteurs 2 et 3. Une dose létale en une heure sur place. Elle estime que la dalle du réacteur n°3 contient de l’ordre de 30 pétabecquerels (1015 Bq) de césium-137. Cela va compliquer les travaux de démantèlement.
Réacteur n°2
Il y a eu fusion du cœur, mais le bâtiment réacteur est entier. Le rayonnement ambiant est particulièrement élevé dans ce réacteur, rendant l’accès aux humains très difficile. Une délégation de l’Autorité de régulation nucléaire est allée visiter l’intérieur du bâtiment du réacteur, pour la première fois depuis l’accident, mais elle a dû faire demi-tour prématurément à cause des débit de dose qui atteignaient 11 à 12 mSv/h au cinquième niveau. Ce serait dû, notamment, à des poussières radioactives en suspension, ce qui est surprenant après tant d’années. Des débits de dose encore plus élevés, de l’ordre de 10 Sv/h, ont été mesurés au dessus des dalles de protection des réacteurs 2 et 3. L’Autorité de régulation estime que la dalle du réacteur n°2 contient de l’ordre de 20 à 40 pétabecquerels (1015 Bq) de césium-137.
TEPCo n’a pas commencé à retirer les combustibles usés de la piscine qui contient 615 assemblages. C’est désormais prévu aux alentours de 2024 et 2026 à cause des niveaux de dose ambiant dans le bâtiment réacteur. Des images ont été publiées en juin 2020 :
La compagnie a envoyé plusieurs robots dans l’enceinte de confinement afin de localiser le corium, ce mélange de combustible fondu et de débris. Il y en aurait entre 189 et 390 tonnes de corium dans ce réacteur, avec une valeur nominale à 237 tonnes. Pour en savoir plus. Plusieurs séries d’images ont été mises en ligne par la compagnie. On voit clairement le corium et un élément d’assemblage de combustible tombé au fond de l’enceinte de confinement :
TEPCo avait envoyé un robot au contact du corium en février 2019. Les images étaient impressionnantes :
Les autorités espéraient pouvoir débuter le retrait du corium avant le 10ème anniversaire. C’était l’objectif fixé en décembre 2011. Mais la technologie doit encore être développée et les ambitions avaient déjà été revues à la baisse en 2019 : il ne s’agissait plus que de récupérer quelques grammes de corium dans le réacteur n°2 en 2021. TEPCo a annoncé, en décembre 2020, le report d’au moins un an du début des opérations, officiellement, à cause de l’épidémie de COVID-19 au Royaume-Uni. Le bras articulé d’un robot, qui doit prélever le corium, est développé conjointement par Veolia Nuclear Solutions au Royaume-Uni et Mitsubishi Heavy Industries au Japon.
Ce robot ne peut prélever que quelques grammes à la fois alors qu’il y a environ 880 tonnes de corium à récupérer dans les 3 réacteurs qui ont subi une fusion du cœur…
ll y a eu une fusion du cœur et une explosion hydrogène a détruit le bâtiment réacteur. Ce bâtiment avait été recouvert d’une nouvelle structure en 2011, qui a été entièrement démantelée en novembre 2016. TEPCo a commencé à retirer les débris de la partie haute du réacteur, pour, ensuite, reconstruire une nouvelle structure afin de vider la piscine de combustibles. Depuis, la compagnie est peu prolixe sur l’avancement des travaux.
En revanche, le retrait des combustibles usés de la piscine du réacteur n°1 a pris du retard : ce sera au mieux, 2027, voire 2028. La première date envisagée pour commencer ce retrait était 2018… Le coût de ces opérations n’a pas été estimé car la compagnie ne sait pas encore comment s’y prendre. En attendant, TEPCo a couvert cette piscine pour la protéger avec des sacs gonflables :
L’explosion hydrogène a fracturé la dalle en béton de 12 m de diamètre et de 60 cm d’épaisseur qui est particulièrement contaminée dans les réacteurs 2 et 3. Des débits de dose très élevés avaient été relevés en 2017, jusqu’à 2,2 Sv/h, c’est à dire une dose létale en quelques heures sur place (voir ces blogs en anglais et en français). Pour la dalle brisée du réacteur n°1, il n’y aurait “que” 0,16 pétabecquerels environ de césium-137.
Il y aurait entre 232 et 357 tonnes de corium dans ce réacteur, avec une valeur nominale à 279 tonnes. Pour en savoir plus.
Réacteurs 5 et 6
Les réacteurs 5 et 6 étaient arrêtés et partiellement déchargés le 11 mars 2011. Comme un générateur diesel de secours était encore fonctionnel, cela a permis d’éviter la fusion du cœur. Ces réacteurs sont maintenant entièrement déchargés et vont être démantelés.
Eau contaminée
En 2011, l’eau injectée pour refroidir les réacteurs a fini par déborder et provoquer la plus forte pollution radioactive marine de l’histoire. En avril 2011, c’était l’eau contaminée du réacteur n°2 se déversait dans la mer via une galerie souterraine. Et, en mai 2011, ce fut le tour du réacteur n°3.
TEPCo a estimé à 520 m3 d’eau très radioactive, soit 4 700 térabecquerels (1 terabecquerel représente un million de millions de becquerels) ou 20 000 fois l’autorisation de rejet annuel la fuite d’avril. Plus précisément, il y avait 2 800 terabecquerels d’iode-131, 940 térabecquerels de césium 134 et autant de césium 137. Ce seul rejet mériterait d’être classé au niveau 5 ou 6 de l’échelle internationale INES. L’IRSN avait estimé que c’était 20 fois plus.
Fuite du réacteur n°2 (photo TEPCo)
L’année 2013 a été émaillée par une série de scandales suite à la découverte tardive d’une fuite d’une cuve d’eau contaminée et de rejets en mer (lire la synthèse publiée à l’époque). Les autorités ont réagi et le premier ministre de l’époque avait déclaré devant le comité international olympique que la situation est sous contrôle. En 2021, la situation n’est toujours pas sous contrôle et les JO pourraient être annulés à cause de la pandémie…
L’eau contaminée qui continue à s’accumuler est l’autre grand défi auquel doit faire face TEPCo.
Résumé de la situation
Le combustible qui a fondu et percé les cuves doit toujours être refroidi. A cette fin, TEPCo injecte environ 70 m3 d’eau par jour dans chacun des réacteurs 1, 2 et 3 (voir le bilan daté du 8 février 2021). Cette eau se contamine fortement au contact du combustible fondu et s’infiltre dans les sous-sols des bâtiments réacteur et turbine où elle se mélange à l’eau des nappes phréatiques qui s’y infiltre.
Après le fort séisme du 13 février 2021, TEPCo a remarqué que le niveau de l’eau dans les enceintes de confinement des réacteurs 1 et 3 avait baissé. Les fissures ont probablement été élargies et il se peut que la compagnie soit obligée d’augmenter le débit injecté. Pour le réacteur n°2, on ne sait pas car les capteurs ont été enlevés pour préparer le retrait du corium.
Au début de la catastrophe, les infiltrations souterraines s’élevaient à environ 400 m3 par jour et il fallait entreposer cette eau contaminée dans des cuves. Inversement, l’eau des sous-sols, fortement contaminée, fuyait vers la nappe phréatique, puis l’océan.
Pour réduire les infiltrations d’eau souterraine, TEPCo pompe dans la nappe phréatique en amont des réacteurs, avant que cette eau soit contaminée et la rejette directement dans l’océan. Elle a aussi construit une barrière tout le long du littoral et pompe aussi les nappes phréatiques au pied des réacteurs. Une partie de cette eau est partiellement décontaminée et rejetée dans l’océan. Une autre partie, trop contaminée, est mélangée à l’eau pompée dans les sous-sols des réacteurs pour être mise dans des cuves après traitement, en attendant une meilleure solution. Ce flux est de l’ordre de 5 m3/j selon le bilan daté du 8 février 2021 (entre 3 (source) et 8 m3/j (source) dans les bilans précédents disponibles ici).
La dernière barrière mise en place est le gel du sol tout autour des 4 réacteurs accidentés, sur 1,4 km dans le but de stopper les infiltrations. Après de nombreux déboires, le gel est terminé depuis novembre 2017. Elle a permis de réduire les infiltrations, mais pas de les stopper. La mise en place du mur gelé a coûté 34,5 milliards de yens (265 millions d’euros) aux contribuables auxquels il faut ajouter plus d’un milliard de yens (8 millions d’euros) par an pour l’électricité.
TEPCo pompe l’eau contenue dans les sous-sols des bâtiments réacteur et turbine des 4 réacteurs accidentés pour éviter les débordements. Comme cette eau est très contaminée, elle est traitée puis entreposée dans des cuves sur le site de la centrale. Une partie est réinjectée pour le refroidissement. Voici le circuit de l’eau à la centrale de Fukushima daï-ichi, tel que représenté par TEPCo :
Le dernier du 8 février 2021 fait état d’un surplus à stocker de 90 m3/j. C’est monté à plus de 350 m3/j à l’automne 2020 et même 600 m3/j lors du passage des typhons en octobre 2019. En 2019, le ministère de l’industrie faisait état d’un accroissement du stock d’eau de 50 000 à 60 000 m3 par an (source).
TEPCo a un portail dédié à l’eau contaminée où il apparaît qu’elle a accumulé 1,243 millions de mètres cube d’eau traitée. Il y a 1061 cuves sur le site de la centrale, dont 1018 contiennent de l’eau traitée par la station ALPS. Dans 29 autres cuves, il y a de l’eau où seuls le césium et le strontium ont été “filtrés”. Il y a aussi environ 4 800 m3 d’eau non traitée dans les sous-sols des réacteurs (au 8 février 2021).
TEPCo estime qu’elle n’aura plus de place sur le site de sa centrale pour mettre de nouvelles cuves à partir de 2022. L’option privilégiée est le rejet en mer.
Que faire de cette eau traitée ?
Après avoir envisagé plusieurs pistes peu réalistes, les autorités restreignent petit à petit les pistes au rejet dans l’océan de l’eau traitée, ce qui n’est pas une surprise. Avant tout traitement, ce bilan fait état d’une concentration de 65 MBq/L dans l’eau pompée. Avec sa station ALPS, TEPCo retire ensuite 62 radioéléments. Et, officiellement, il ne reste plus que du tritium (hydrogène radioactif) dans cette eau, car il est difficile de le retirer. Comme cet élément est rejeté par toutes les installations nucléaires, il devait plus y avoir de problème, si ce n’est que quelques rumeurs néfastes…
Mais, comme cela été découvert en septembre 2018, une large partie du stock (environ 72% actuellement) n’a pas été traitée convenablement, et les concentrations résiduelles pour certains éléments dépassent les concentrations maximales autorisées pour un rejet en mer. La charte ci-dessous, reprise du portail de TEPCo montre que pour 6% du stock, la contamination résiduelle pour 7 radioéléments majeurs est 100 fois plus élevée que ce qui est autorisé pour les rejets. C’est entre 10 et 100 fois pour 15% du stock.
TEPCo s’est engagée à traiter une deuxième fois l’eau qui dépasse les autorisations de rejet et a commencé des tests en septembre 2020. Et ce n’est qu’à ce moment là que la compagnie a reconnu qu’il y avait d’autres radioéléments qui n’étaient pas retirés, comme le carbone-14. Cet élément n’était jamais mesuré ni évoqué dans les résultats publiés par la compagnie, comme nous l’évoquions dès septembre 2013, sans que cela ne perturbe l’autorité de régulation nucléaire japonais ou l’AIEA qui s’est prononcée sur la gestion de l’eau contaminée. Mais, le carbone-14 ne sera pas retiré pour autant…
Les tests effectués par TEPCo montrent que le procédé peut faire baisser la concentration résiduelle de l’eau contaminée sous les seuils de rejet, à l’exception du tritium. En fait, ce n’est pas vraiment une nouveauté, puisqu’une partie du stock avait déjà été correctement traitée. Les contaminations résiduelles élevées étaient dues à de mauvaises pratiques (économie sur des résines échangeuses d’ion, surveillance défaillante…). TEPCo ne présente aucune garantie sur l’amélioration de ses pratiques et le gouvernement japonais refuse toute mesure indépendante de l’eau qu’il souhaite rejeter dans l’océan.
La contamination en tritium, qui n’est pas retiré, est, en moyenne, de 730 000 Bq/L et dépasse donc la concentration maximale autorisée pour les rejets en mer, qui est de 60 000 Bq/L. TEPCo veut donc diluer cette eau avant rejet, à un quarantième de la limite, soit 1 500 Bq/L. De plus, l’inventaire du tritium dans les cuves s’élèverait à 860 TBq, ce qui est largement plus que la limite annuelle de rejet fixée à 22 TBq. TEPCo veut donc étaler ses rejets sur une trentaine d’années pour respecter cette limite.
A titre de comparaison, l’autorisation de rejet en mer de l’usine Areva de La Hague est, pour le seul tritium, de 18 500 TBq et les rejets effectifs de ces dernières années variaient entre 11 600 et 13 400 TBq par an. Le stock de tritium dans les cuves de Fukushima représente donc deux semaines et demi de rejets à La Hague. Le stock total, avec ce qui reste dans les combustibles, 2 mois… De quoi rendre jalouses les autorités japonaises, qui se font un malin plaisir de rappeler les rejets en tritium de nombreuses autres installations nucléaires de par le monde (page 13 de ce bilan du ministère de l’industrie) :
Cette carte ne mentionne aucun rejet au Japon ! En particulier, elle ne parle pas des rejets attendus de l’usine de retraitement japonaise de Rokkashô-mura. La valeur cible y est de 9 700 TBq par an pour le tritium (source). Mais, l’usine n’a jamais démarré…
Cela n’a pas suffit à convaincre les habitants de Fukushima qui sont, dans leur majorité, opposés aux rejets dans l’océan. En juin 2020, 17 communes de Fukushima avaient aussi pris position contre, tout comme l’industrie de la pêche. Même Baskut Tuncak, rapporteur spécial de l’ONU depuis 2014 sur les implications pour les droits humains de la gestion et de l’élimination écologiquement correcte des substances et déchets dangereux, s’en est mêlé dans une tribune. Lors de la consultation publique, 4 011 avis ont été déposés et quasiment tous étaient opposés au rejet. Le gouvernement a donc décidé de reporter l’annonce de sa décision…
Le ministère de l’industrie japonais a ouvert, le 28 janvier 2021, une page spéciale dédiée à la gestion de l’eau traitée par la station ALPS, qui est moins bien détaillée que son dernier bilan daté de décembre 2020. On y trouve une photo de cette eau :
Rassuré ?
Travailleurs à Fukushima daï-ichi
Données
Les données officielles sont ici en anglais sur le site internet du ministère du travail. Le nettoyage du site ainsi que le bétonnage et l’asphaltage ont permis de réduire l’exposition des travailleurs. Les mesures de protection nécessaires en fonction du zonage sont ici.
• Du 11 mars 2011 au 31 mars 2016, 46 956 travailleurs ont été exposés aux rayonnements ionisants sur le site de la centrale accidentée de Fukushima daï-ichi, dont 42 244 sous-traitants. Ce sont les sous-traitants qui prennent les doses les plus élevées, avec une moyenne qui varie de 0,51 à 0,56 mSv par mois entre Janvier et Février 2016. C’est entre 0,18 et 0,22 pour les salariés de TEPCo.
• Le 1er avril 2016, TEPCo a remis tous les compteurs à zéro, ce qui est une pratique surprenante. La limite de dose sur 5 ans est individuelle, pas collective. Selon le dernier bilan publié le 29 janvier 2021, entre le 1er avril 2016 et le 31 décembre 2020, 24 502 travailleurs ont été exposés aux rayonnements ionisants à la centrale de Fukushima daï-ichi, dont 22 058 sous-traitants (90%). Ils sont un peu moins de 7 000 par mois. Ce sont toujours les sous-traitants qui prennent les doses les plus élevées. Elle est, en moyenne individuelle, deux fois plus élevée que celle prise par les salariés de TEPCo. D’un point de vue collectif, les sous-traitants ont reçu 95% de la dose collective sur cette période, qui est de 158 hommes.sieverts. On ne sait pas combien avaient déjà été exposés lors des cinq premières années ni la dose cumulée sur 10 ans. Le dernier bilan publié donne aussi les répartitions par classes d’âge, ainsi que des données mensuelles depuis le début de la catastrophe.
La dose moyenne annuelle reçue par les intervenants est passée de 12,50 mSv en 2011 à 2,54 mSv en 2019. L’année fiscale 2020 n’étant pas encore terminée, le chiffre donné (2,07 mSv) ne peut pas être comparé aux années précédentes.
Les données relatives au droit du travail et à la radioprotection sont ici en anglais.
Dans son dernier bilan daté de juin 2020, l’inspection du travail de Fukushima rapporte le nombre de violations du droit du travail découvertes à la centrale de Fukushima daï-ichi en 2019. Sur 325 employeurs inspectés, 188 ont commis des infractions (57,8%). 16 cas étaient relatifs à la santé des travailleurs (vérification des heures de travail, médecine du travail…). Il y a beaucoup plus d’employeurs (148) qui ne respectent pas toutes leurs obligations liées à la gestion des ressources humains (primes de risque, heures supplémentaires, information…).
Travailleurs étrangers
Le Japon est en pénurie de main d’œuvre dans plusieurs secteurs et a introduit un nouveau visa pour faire venir des personnes qualifiées dans un nombre limités de domaines. En avril 2019, TEPCo avait incité ses sous-traitants à bénéficier de cette opportunité. Mais, le ministère du travail, de la santé et des affaires sociales a appelé TEPCo à la prudence en lui rappelant que les travailleurs étrangers bénéficient du même niveau de protection que les travailleurs japonais face aux rayonnements ionisants et à ce qu’ils doivent connaître suffisamment bien la langue pour pouvoir comprendre les instructions. La compagnie a finalement renoncé (source).
Maladies professionnelles
Pour les maladies professionnelles, pas de changement depuis l’an dernier : deux cas de cancer de la thyroïde ont été reconnus comme étant d’origine professionnelle parmi les travailleurs à la centrale accidentée (premier cas et deuxième cas). Il y a aussi trois leucémies (premier, deuxième et troisième cas) et un décès. 16 travailleurs en tout auraient fait une demande de reconnaissance de maladie professionnelle et 5 dossiers auraient déjà été rejetés.
Cartographie de la pollution radioactive
• La dernière cartographie aérienne de la pollution radioactive autour de la centrale accidentée de Fukushima daï-ichi effectuée par les autorités date d’octobre 2020 et est disponible en ligne sur le site dédié.
• L’Autorité de régulation nucléaire publie aussi des données sur les débits de dose ambiants dans différentes communes et des doses intégrées depuis le début de l’accident. La limite d’évacuation a été fixée à 3,8 µSv/h au Japon, ce qui est très élevé (lire nos explications sur ces limites). C’est cette même limite qui est utilisée pour autoriser le retour. Les chantiers de décontamination ont été lancés dans les zones où le débit de dose dépassait 0,23 µSv/h.
• Cette carte donne les débits de dose mesurés dans tout le pays. Elle est mise à jour toutes les heures.
• Le “soil project” propose une carte basée sur des prélèvements de sols effectués par le réseau de stations de mesure et de laboratoires indépendants. Chikurin, le laboratoire monté au Japon avec le soutien financier et technique de l’ACRO est membre de ce réseau.
• Safecast : cette organisation utilise un radiamètre “maison” branché sur un smartphone pour mesurer le débit de dose ambiant. La carte regroupant les données est ici.
Décontamination et déchets radioactifs
Décontamination
Les travaux de décontamination sont terminés depuis mars 2018, sauf dans les zones dites de retour difficile. Pas grand chose de neuf, donc. Une carte en japonais du ministère de l’environnement permet d’accéder à quelques données sur les travaux effectués. A noter que seules les zones habitées, les zones agricoles et leurs environs immédiats ont été décontaminés. Pas la forêt, qui couvre 70% de Fukushima.
Pour les zones de retour difficile, ce sont de petits îlots qui sont décontaminés, essentiellement pour des raisons idéologiques. C’est aussi le cas à proximité des gares le long de la ligne Jôban. La ligne a été entièrement rouverte en mars 2020 après la réhabilitation de la portion de 20,8 km située entre Tomioka et Namié. Le gouvernement a levé l’ordre d’évacuer à proximité des gares d’Ôno, à Ôkuma et de Futaba. Les dates sont le 4 mars 2020 pour Futaba, le 5 mars 2020 pour Ôkuma et le 10 mars pour Tomioka. Le train a repris du service à partir du 14 mars 2020.
Dans les zones de retour difficile, la démolition de nombreux bâtiments abandonnés est en cours. C’est le cas notamment pour les bâtiments publics d’Ôkuma, Namié, Tomioka, Iitaté et Katsurao, dans les zones qualifiées de bases spécifiques de reconstruction et réhabilitation. Le but est de lever les ordres d’évacuation dans ses bases aux printemps 2022 et 2023.
Les immenses volumes de déchets engendrés par les travaux de décontamination continuent de poser des problèmes insolubles. Voir le cahier d’acteur sur le sujet, que nous avons écrit pour le débat national sur le plan national de gestion des matières et déchets radioactifs (PNGMDR) qui a eu lieu en 2019.
Dans son dernier bilan, daté d’août 2020, le ministère de l’environnement fait état de 14 millions de mètres cubes de sols contaminés accumulés. Ces déchets ont vocation à être entreposés pendant 30 ans sur un site de 16 km2 (1 600 ha) qui entoure la centrale de Fukushima daï-ichi, en zone de retour difficile (voir le site Internet officiel). Le gouvernement aurait acheté ou loué 92% des terrains. 8,33 millions de mètres cube de terre y auraient déjà été transportés, à la fin juin 2020. En mars 2021, la presse japonaise mentionne 10,48 millions de mètres cube de terre transportés, soit 75% du stock. Le Japon espère avoir terminé en mars 2022.
Sur les anciens sites d’entreposage, dispersés un peu partout à Fukushima, le terrain est décontaminé et réhabilité, une fois les déchets partis.
Le transport se fait par camion de 10 tonnes essentiellement, qui protégés par une bâche avec une affiche verte à l’avant, comme sur cette photo prise par Chikurin, le laboratoire que l’ACRO a soutenu au Japon. En 2018, c’était environ 1 000 camions par jour ! Et entre 2 000 et 2 400 en 2019 !
Après, au bout de 30 ans, les autorités envisagent un “recyclage” de ces sols pour la construction de routes, digues… Cette politique fait l’objet d’une forte opposition, y compris parmi les experts officiels. Il est étonnant que d’énormes moyens soient déployés pour rassembler les déchets et les isoler du mieux possible, avant de les disperser dans tout le pays. La logique nous échappe. Deux projets tests sont en cours à Minami-Sôma et Iitaté.
Selon un sondage, 80% des habitants de la province de Fukushima ne croient pas à l’engagement du gouvernement de reprendre les déchets au bout de 30 ans.
Une équipe de chercheurs de l’Institut national pour les études environnementales a estimé que la gestion des 14 millions de mètres cube de sols contaminés va coûter 440 milliards de yens (3,4 milliards d’euros) si plus de 90% sont recyclés. Ils ont donc fait l’hypothèse qu’il faudrait en stocker 8%, ou 1,13 million de mètres cube. Et, si le taux de recyclage devait être inférieur, les coûts seront encore plus élevés.
Les déchets organiques, quant à eux, sont incinérés dans une vingtaine d’incinérateurs répartis dans toute la province de Fukushima :
Certains étaient dédiés aux déchets ménagers avant la catastrophe nucléaire et d’autres ont été construits spécialement. Les cendres seront mises en fûts bétonnés et stockées dans ce qui s’appelait le “Fukushima Eco Tech Clean Center”, un centre d’enfouissement de déchets industriels qui a été nationalisé depuis. Les autres déchets spéciaux y seront aussi stockés.
Le bilan du ministère de l’environnement fait état de 480 000 tonnes de déchets incinérés à la fin juin 2020.
De nombreux autres déchets, comme des boues de station d’épuration radioactives ou des cendres d’incinérateurs de déchets ménagers sont toujours en attente de solution dans de nombreuses provinces. A l’incinérateur d’Iwaki sud, les cendres sont simplement entreposées dans la cour :
Décontamineurs
Un suivi dosimétrique individuel a été introduit en novembre 2013 par la Radiation Effects Association, qui est l’organisme qui suit les travailleurs du nucléaire au Japon, pour les décontamineurs qui travaillent en zone évacuée et qui sont soumis aux mêmes limites de dose que les travailleurs du nucléaire (explications en anglais). Les données jusqu’en 2019 sont sur cette page en anglais.
Pour l’année 2019, ce tableau fait état de 30 807 décontamineurs qui ont pris une dose moyenne de 0,3 mSv. La dose maximale est de 9,3 mSv. La décontamination en 2019, a donc engendré une dose collective de 10 103,1 hommes.sieverts.
Pour la période 2017-2019, ce tableau donne 47 797 décontamineurs exposés à une dose moyenne de 0,5 mSv. 7 d’entre eux ont reçu une dose comprise entre 15 et 20 mSv. La dose moyenne en 2019 semble donc plus élevée. Ce doit être lié au fait qu’elle a lieu essentiellement dans les zones dites de retour difficile.
Il y a aussi des données qui vont de d’octobre 2019 à septembre 2020 où il y avait encore environ 20 000 décontamineurs exposés chaque trimestre. On n’a pas le nombre cumulé de travailleurs sur cette dernière année. Les doses moyennes sont de 0,1 mSv par trimestre et les doses maximales, de 2 mSv environ.
Zones évacuées et personnes déplacées
Le gouvernement avait introduit la limite d’évacuation la plus haute des recommandations internationales pour évacuer les populations : 20 mSv/an, même pour les bébés et les enfants qui sont plus sensibles aux radiations (voir nos explications sur les doses limites et normes). Il maintient cette même limite pour le retour alors que les recommandations internationales demandent une diminution progressive pour revenir à la limite normale qui est de 1 mSv/an.
Zonage
Les derniers ordres d’évacuer ont été levés au 1er avril 2017 à l’exception des zones dites de retour difficile où l’accès est interdit. Voici la dernière carte avec les zones où l’ordre d’évacuer a été levé et les “zones spéciales de reconstruction et de réhabilitation” indiquées par SZRR (source) :
Les SZRR consistent en quelques centaines d’hectares dans les communes les plus touchées pour maintenir l’illusion de la reconquête. Mais la décontamination y est beaucoup plus complexe.
En juin 2020, le gouvernement japonais envisageait de lever des interdictions d’accès dans la zone de retour difficile avant même d’avoir terminé les travaux de réhabilitation, à la condition que les habitants ne reviennent pas ! Et dans le district de Nagadoro de la commune d’Iitaté, les autorités veulent lever l’interdiction d’accès sans même décontaminer ! L’accès y sera contrôlé, un dosimètre sera exigé et les habitants ne pourront pas s’y réinstaller. Les autorités veulent y créer un “parc de réhabilitation” où des essais de “recyclage” des terres contaminées seront menés. Les 5 autres communes qui ont une partie de leur territoire classé en zone de retour difficile, ne veulent pas que ces nouvelles mesures soient appliquées sur leur territoire.
Voici les dates de levée des ordres d’évacuer :
Commune
Date de la levée de l’ordre d’évacuation
Tamura
1er avril 2014
Kawauchi
1er octobre 2014 pour une partie, puis 14 juin 2016
Naraha
5 septembre 2015
Katsurao
12 juin 2016
Minamisôma
12 juillet 2016
Iitate village
31 mars 2017
Kawamata village
31 mars 2017
Namie town
31 mars 2017
Tomioka town
1er avril 2017
personnes déplacées et Retour des populations
Le nombre de personnes déplacées n’est pas connu avec précision. Au tout début de la triple catastrophe, il y a eu jusqu’à 470 000 personnes dans des hébergements d’urgence. De nombreux autres s’étaient réfugiés dans des hôtels ou dans la famille et ne sont pas comptés. La seule catastrophe nucléaire a déplacé durablement 160 000 personnes environ. Le portail en anglais de la province de Fukushima annonçait encore 43 000 personnes déplacées en novembre 2018.
La presse japonaise rapporte qu’il y a encore 28 personnes qui vivent dans des préfabriqués : 23 à Iwaté et 5 à Fukushima. Il y en a eu jusqu’à 116 565 dans les trois provinces les plus touchées par la triple catastrophe.
Les personnes déplacées qui se sont installées ailleurs et ne bénéficient plus d’aide financière ne sont plus comptées comme déplacées. C’est le cas, en particulier, des personnes originaires de zones où l’ordre d’évacuer a été levé et les “auto-évacuées”, qui sont partis même s’ils n’habitaient pas une zone d’évacuation. En effet, en août 2014, l’Agence de reconstruction, avait demandé aux administrations de toutes les provinces japonaises de ne compter que les personnes qui désiraient retourner chez elles. Et d’ajouter que s’il était difficile d’estimer leur désir, il ne fallait pas compter les personnes qui s’étaient réinstallées en achetant un logement ou en bénéficiant d’un logement du parc public. Chaque province applique à sa façon ces instructions et les critères ne sont pas homogènes.
La triple catastrophe qui a frappé la province de Fukushima a accéléré le déclin accéléré de la population, comme on peut le voir sur le graphe ci-dessous (extrait de cette page en japonais). La dépopulation des zones rurales a commencé avant la catastrophe nucléaire. Cette dernière a fortement accéléré le processus.
Dans son dernier décompte, daté de janvier 2021, la province de Fukushima donne 28 959 personnes qui ont quitté la région à cause de l’accident. Il y aurait encore 36 000 personnes déplacées, en comptant celles qui sont restées dans la province de Fukushima. Les communes n’ont pas les mêmes critères et quand on fait la somme de leurs chiffres, on arrive à 67 000 personnes déplacées, selon l’agence Kyodo, reprise par le Maïnichi.
Le taux de retour dans les zones où les ordres d’évacuer ont été levés reste faible et la population totale diminue. Le gouvernement va donc soutenir financièrement les nouveaux habitants qui viendraient s’installer dans 12 communes de Fukushima.
Voici les données par commune :
Namié : Une grande partie du territoire de la commune est classée en zone de retour difficile et l’ordre d’évacuer n’a été levé que dans une petite partie. Il y avait 21 434 résidents le 11 mars 2011 (source). Au 31 janvier 2021, 20 072 personnes originaires de Namié étaient encore déplacées, dont 14 021 dans la province de Fukushima et 6 051 en dehors (source, archives). A Namié, il y a 1 579 personnes qui y habitent, sur 16 681 habitants enregistrés, soit 9,5% (source). Voir aussi la fiche d’information en japonais ;
Iitaté : Le district de Nagadoro est classé en zone de retour difficile, mais très peu de personnes y vivaient. L’ordre d’évacuer a été levé dans le reste du village. Il y avait 6 509 résidents le 11 mars 2011 (source). Il y a maintenant 5 247 habitants enregistrés dans la commune. Au 31 janvier 2021, 1 482 personnes habitaient à Iitaté et 3 744 personnes originaires de étaient encore déplacées, dont 3 548 dans la province de Fukushima et 196 en dehors (source, archives) ;
District d’Odaka (小高) à Minami-Sôma : Le district d’Odaka a été évacué et l’ordre d’évacuation est levé. En mars 2011, il y avait 71 561 habitants à Minami-Sôma (source), dont 12 840 dans le district d’Odaka (source). Au 1er janvier 2021, il y a désormais 52 765 habitants enregistrés à Minami-Sôma (source). Dans le district d’Odaka, sur 7 003 résidents enregistrés, 4 725 y vivent vraiment (2 201 ont plus de 65 ans). Les 2 278 autres résident en dehors de la ville (source, archives). En ce qui concerne la partie évacuée du district de Haramachi (原町), il y avait 1 439 résidents en mars 2011. Et sur 683 résidents enregistrés, 592 y vivent vraiment (source).
Kawamata, district de Yamakiya (山木屋) : Ce district a été évacué et l’ordre d’évacuation a été levé. Il y avait 1 252 résidents dans ce district en mars 2011 (source). Au 1er février 2021, il y a 343 résidents sur 724 personnes enregistrées (source). Ce tableau fait état de 670 personnes encore déplacées, dont 117 dans la commune et 176 en dehors de Fukushima.
Naraha : Il y avait 8 011 résidents le 11 mars 2011 (source). Début 2021, il y a 6 761 personnes enregistrés dans la commune (source), dont 4 038 y vivent vraiment (source). La répartition par quartier et par classe d’âges est aussi disponible.
Tomioka : Il y avait 15 960 habitants en mars 2011 (source). Au 1er février 2021, il y a 12 319 personnes enregistrées (source), mais 1 576 y vivent (source). La répartition des personnes déplacées est aussi ici. La plupart sont à Iwaki et Kôriyama.
Katsurao : Une partie de la commune est encore classée en zone de retour difficile. Il y avait, dans la commune, 1 567 résidents le 11 mars 2011 (source). Au 1er février 2021, sur 1 376 personnes enregistrées, 925 sont toujours évacuées (source). La plupart sont à Miharu et Kôriyama.
Kawauchi : Il y avait 3 038 habitants le 11 mars 2011 (source). La page d’accueil de la commune ne donne que le nombre de personnes enregistrées : 2 566. Les seules statistiques démographiques ne sont pas à jour et ne permettent pas de connaître le nombre de résidents présents.
Futaba : La commune est presque entièrement classée en zone de retour difficile. Il y avait 7 140 habitants le 11 mars 2011 (source). Toute la population est encore évacuée. Cette page donne la destination de 6 803 personnes déplacées au 31 janvier 2021. Le nombre de personnes enregistrées dans la commune mois après mois est ici en japonais : elles sont 5 773 en janvier 2021.
Ôkuma : La commune est presque entièrement classée en zone de retour difficile. Il y avait 11 505 habitants le 11 mars 2011 (source). Au 31 janvier 2021, il y a 10 249 personnes enregistrées (source). Cette page donne aussi la destination des personnes déplacées et mentionne 283 habitants enregistrés vivant dans la commune. Il y aurait aussi environ 863 personnes vivant dans la commune sans y être enregistrées. Ce sont fort probablement des travailleurs en mission.
Hirono : La commune de Hirono est situées au-delà des 20 km et il n’y a pas eu d’ordre d’évacuer, mais juste une recommandation. Il y avait 5 490 habitants le 11 mars 2011 (source). La page d’accueil de la commune fait état de 4 699 personnes enregistrées dont 4 216 y vivent vraiment. Il y a aussi 2 447 qui y vivent sans y être enregistrées. Il s’agit de personnes déplacées d’autres communes et de travailleurs.
Tamura : seule une petite partie de la commune a été évacuée, dans le district de Miyakojimachi (都路町). En mars 2011, il y avait 41 662 habitants, dont 380 dans la partie évacuée du district de Miyakojimachi, et 4 117 dans la bande comprise entre 20 et 30 km où il a été recommandé de partir (source). Au 31 janvier 2021, il y a 254 habitants enregistrés dans la partie qui a été évacuée dont 213 qui y vivent vraiment (source). Pour la bande comprise entre 20 et 30 km, il y a 3 060 personnes enregistrées au 31 janvier 2021, dont 2 885 qui y vivent vraiment (source).
Impact sanitaire
• Décès directs : Le nombre total de décès directs dus à la triple catastrophe, s’élève à 15 899 (9 543 à Miyagi, 4 675 à Iwaté, 1 614 à Fukushima et 67 dans les autres provinces). C’est deux de plus que l’an dernier, car deux corps ont pu être identifiés. Il y a aussi 2 529 disparus.
• Décès post-accidentels : Les derniers chiffres officiels de la province de Fukushima (lien direct, copie), qui datent du 12 février 2021 font état de 1 606 décès directs dus à la triple catastrophe et de 1 disparu. Il y a aussi 2 317 décès indirects dus à des suicides ou à une dégradation des conditions de santé suite à l’évacuation.
Pour les trois provinces les plus affectées par le séisme et le tsunami, à savoir Iwaté, Miyagi et Fukushima, le nombre de décès indirects était de 3 739 au 30 septembre 2019. Un quart concernait des personnes avec handicap, selon l’agence de presse Kyodo qui a contacté 42 communes. La part des personnes handicapées est de 7% au Japon et celle des personnes de plus de 65 ans, de 14%. Ces statistiques pointent la nécessité d’améliorer la prise en charge des personnes handicapées en cas de catastrophe.
240 suicides sont directement liés à la triple catastrophe, dont 54 à Iwaté, 58 à Miyagi et 118 à Fukushima. Sur ces 240 suicides, 54 ont eu lieu en 2011, 24 en 2012, 38 en 2013. Et pour ces dernières années, c’était 9 en 2018, 16 en 2019 et 5 en 2020 (source).
• Cancers de la thyroïde : L’université de médecine de Fukushima effectue une campagne de dépistage par échographie des cancers de la thyroïde chez les jeunes de Fukushima. Ce suivi s’effectue tous les 2 ans jusqu’à l’âge de 18 ans. Puis, un nouveau contrôle est prévu à partir de 25 ans.
Les derniers résultats sont ici sur notre site : le dépistage officiel a découvert de 252 cas de cancers de la thyroïde suspectés chez les jeunes de Fukushima, dont 202 ont été confirmés lors d’une intervention chirurgicale. Il n’y a toujours qu’un seul cas qui s’est révélé être bénin après l’intervention (première campagne).
Le nombre de cas nouveaux, qui n’ont été détectés qu’à partir de la seconde campagne de dépistage (136), est plus élevé que le nombre de cas détectés lors de la première campagne (116), qui peut inclure des cancers qui existaient déjà avant la catastrophe nucléaire.
Le tableau ci-dessous synthétise issues du dépistage officiel. Le taux de dépistage diminuant au fur et à mesure des campagnes, le nombre de cas réels est donc plus élevé.
Dépistages avec résultat
Examens complémentaires terminés
Cytoponctions
Nombre de cancers suspectés
Nombre de cancers confirmés
Première campagne
300 472
2 091
547
116
101
Deuxième campagne
270 529
1 826
207
71
54
Troisième campagne
217 920
1 060
78
31
27
Quatrième campagne
177 424
758
64
27
16
Cinquième campagne
41
0
0
0
0
Plus de 25 ans
5 234
160
13
7
4
Bilan des campagnes de dépistage du cancer de la thyroïde chez les jeunes de Fukushima au 30 juin 2020 ( 31 mars 2020 pour les plus de 25 ans)
Les dernières données relatives à la quatrième campagne de dépistage, publiées le 15 janvier dernier, font officiellement apparaître qu’un enfant de moins de 1 an et qu’un autre de 2 ans au moment de la catastrophe nucléaire, sont atteints d’un cancer de la thyroïde. Voir la figure ci-dessous. Difficile de prétendre que le cancer existait avant la catastrophe pour ces deux enfants !
Distribution par âge au moment de la catastrophe nucléaire des 27 cas de cancers de la thyroïde découverts lors de la quatrième campagne de dépistage. Les cases blanches correspondent aux filles et les cases grises, aux garçons.
Il y a désormais 8 cas de cancer de la thyroïde chez des enfants de Fukushima qui avaient 5 ans ou moins au moment de la catastrophe nucléaire. Si l’âge ne constitue pas une preuve qu’ils sont dus aux radiations, cette hypothèse ne peut pas être exclue.
Il convient de noter que le premier cas découvert par le fond de soutien n’est pas dans les statistiques officielles, car il n’a pas été pris en charge via le suivi mis en place par les autorités. Les données officielles sont donc incomplètes.
Pour en savoir plus, lire notre revue de la littérature scientifique sur le sujet. Si, dix ans après la catastrophe de Fukushima, il n’est toujours pas possible de tirer des conclusions définitives sur les raisons de la forte augmentation du taux de cancer de la thyroïde chez les jeunes de Fukushima, il n’est plus possible d’exclure que des cancers puissent être induits par les radiations.
Coût de la catastrophe
Coût total estimé
Les chiffres officiels relatifs au coût de la catastrophe ont été revus à la hausse en décembre 2016 pour atteindre 21 500 milliards de yens (175 milliards d’euros) et n’ont pas changé depuis. Cela inclut le démantèlement des réacteurs de Fukushima daï-ichi, à hauteur de 8 000 milliards de yens (65 milliards d’euros), 7 900 milliards de yens (64 milliards d’euros) pour les indemnisations, près de 4 000 milliards de yens (32,5 milliards d’euros) pour la décontamination et 1 600 milliards de yens (13 milliards d’euros) pour le centre d’entreposage temporaire des déchets radioactifs. Pour en savoir plus.
Les médias japonais ont rapporté qu’en décembre 2020, TEPCo avait déjà dépensé 1 443,8 milliards de yens (11 milliards d’euros au cours actuel) pour sécuriser et démanteler sa centrale nucléaire accidentée. Le coût total attendu est toujours de 8 000 milliards de yens. Il dépend de la technologie qui sera utilisée pour reprendre le corium.
En 2019, Japan Center for Economic Research estime que la facture pourra dépasser les 80 000 milliards de yens (640 milliards d’euros au cours actuel). La note explicative est en japonais seulement. Sur le coût total de 81 000 milliards de yens (648 milliards d’euros), 51 000 milliards (408 milliards d’euros) sont dédiés au démantèlement de la centrale accidentée. A comparer au 8 000 milliards de yens estimés par le ministère de l’économie. L’indemnisation des victimes devrait coûter 10 000 milliards de yens (80 milliards d’euros) selon le think tank et la décontamination 20 000 milliards de yens (160 milliards d’euros).
Si l’eau contaminée était simplement rejetée en mer après dilution, la facture totale pourrait être réduite de 40 000 milliards de yens (320 milliards d’euros) selon le think tank, pour atteindre 41 000 milliards de yens (328 milliards d’euros). La facture totale pourrait encore être abaissée à 35 000 milliards de yens (280 milliards d’euros) si les réacteurs accidentés n’étaient pas démantelés, mais mis sous un sarcophage, comme à Tchernobyl. Mais cette solution reporte sur les générations futures les coûts du démantèlement et ne résout pas le problème des eaux souterraines qui s’infiltrent et se contaminent.
Le gouvernement détient toujours 50,1% des parts de TEPCo.
Indemnisations
En janvier dernier, les autorités avaient déjà prêté 9 716,5 milliards de yens (77,1 milliards d’euros), à TEPCo pour que la compagnie puisse indemniser les victimes de la catastrophe nucléaire et cela ne suffira pas. Les intérêts sont à la charge des contribuables.
L’indemnisation du stress psychologique s’est terminée un an après l’évacuation pour les personnes originaires d’un point chaud situé au-delà des zones d’évacuation. Les habitants originaires des zones dites de retour difficile ont reçu l’équivalent de douze années d’indemnisation et pour les autres, originaires des zones où l’ordre d’évacuer a été levé, l’indemnisation s’est arrêtée au bout de 7 ans. Un adulte a reçu 1,2 million de yens par an (environ 10 000 euros). Il y a eu aussi une compensation pour la perte des biens et des revenus, qui varie d’une famille à l’autre.
De nombreuses personnes ne sont pas satisfaites par les indemnisations reçues et réclament plus. En septembre 2011, les autorités japonaises ont mis en place une commission de conciliation chargée d’arbitrer les contentieux. Ses avis ne sont pas contraignants, mais TEPCo avait alors annoncé vouloir les respecter. Mais, dans les faits, TEPCo refuse de nombreux arbitrages et la commission a clôt de nombreux dossiers non réglés : 72 entre 2013 et 2017 (tous des employés de TEPCo et leur famille), 18 en 2018 et déjà un en 2019. Le groupe le plus important qui avait saisi, en vain, cette commission est constitué de 16 000 habitants de Namié, commune qui a été entièrement évacuée.
Plus de 10 000 Japonais ont porté plainte contre le gouvernement et parfois aussi contre l’Etat afin de bénéficier d’une meilleurs indemnisation. Il y a une trentaine de plaintes collectives. TEPCo a été condamnée de nombreuses fois à mieux indemniser les victimes et le gouvernement aussi. 14 jugements ont déjà été rendus par des tribunaux régionaux et 3 par une cour d’appel.
Parc nucléaire japonais
Avant la catastrophe de Fukushima, le Japon comptait 54 réacteurs de production d’électricité plus des réacteurs de recherche. Une carte datant de 2010 est disponible ici.
6 réacteurs ont été détruits ou endommagés par la catastrophe nucléaire à la centrale de Fukushima daï-ichi et 15 autres ont été arrêtés définitivement depuis. Le Japon ne compte donc plus que 33 réacteurs nucléaires pour la production d’électricité : 16 ont leur dossier de sûreté validé et 9 ont été remis en service, dont 4 qui utilisent du combustible MOx. Mais, Ikata-3 a été suspendu par la justice en janvier 2020. Il n’y a donc plus que 8 réacteurs autorisés à fonctionner, dont 3 utilisent du MOx. Sur ces 33 réacteurs, certains ne seront fort probablement jamais remis en service, comme Tsuruga-2, qui est sur une faille sismique reconnue comme active par l’Autorité de régulation nucléaire.
Aucune remise en service de réacteur n’a en lieu en 2019, ni en 2020. Le nucléaire japonais est bloqué. Par ailleurs, l’Autorité de régulation nucléaire a refusé de laisser un délai supplémentaire aux compagnies d’électricité pour la mise en place de mesure de protection contre les attaques terroristes. Quatre réacteurs ont dû être arrêtés en 2020, le temps de faire les travaux : Sendaï-1 et -2, puis Takahama-3 et -4. En novembre 2020, il n’y avait qu’une seule tranche en service… D’autres arrêts suivront en 2021 (voir la liste ici). A priori, 7 des 9 réacteurs remis en service devront être arrêtés pour les mêmes raisons.
L’an dernier, les compagnies d’électricité japonaises avaient déjà dépensé 5 380 milliards de yens (45 milliards d’euros) pour améliorer la sûreté de leurs installations, avec un piètre résultat. De plus, selon l’agence Kyodo, un quart environ des employés des centrales nucléaires n’ont pas d’expérience d’exploitation suite aux arrêts prolongés. Cela atteint même 40% chez Tôhoku Electric, Chûbu Electric et Chûgoku Electric.
En décembre dernier, la justice a remis en cause l’évaluation du risque sismique validée par l’Autorité de régulation nucléaire. Lire notre article pour en savoir plus. C’est la première fois que la justice japonaise remet en cause l’instruction des dossiers de sûreté et l’application les règles de sûreté révisées en 2013, après la catastrophe de Fukushima. Cette décision pourrait faire jurisprudence.
Le gouvernement japonais voulait atteindre 20 à 22% de nucléaire dans le mix électrique à l’horizon 2030, mais il n’y arrivera pas. En novembre dernier, le ministre de l’industrie a reconnu qu’il ne sera pas possible d’engager la construction d’un nouveau réacteur nucléaire dans les 10 prochaines années, car l’opinion n’y est pas prête. Le gouvernement est en train de revoir la politique énergétique du pays, le plan actuel n’étant pas réaliste. En attendant, les communes sur lesquelles sont installées les centrales nucléaires reçoivent toujours plus d’argent…
• Le surgénérateur Monju a été arrêté définitivement. Il n’a fonctionné que 250 jours depuis sa mise en service en 1994. Une fuite de sodium avait entraîné son arrêt en 1995. La culture de sûreté y est défaillante (source).
• Les autorités n’ont pas encore abandonné l’usine de retraitement située à Rokkashô-mura dans la province d’Aomori dont la mise en service cumule déjà 25 années de retard depuis 1997, année de la première date de mise en service prévue (source). Le démarrage est désormais annoncé pour 2022 et le coût a été multiplié par 4.
Son dossier de sûreté est validé par l’Autorité de régulation nucléaire. Mais, même si cette usine démarre, elle devra tourner au ralenti car il n’y a pas de débouché pour le plutonium extrait. En effet, le gouvernement japonais s’est engagé à ne pas en extraire plus qu’il ne pouvait en consommer.
Les premiers déchargements de combutible MOx de l’histoire du Japon ont eu lieu en janvier 2020, dans les réacteurs d’Ikata-3 et Takahama-3.
• Faute de débouchés sur le marché intérieur, le Japon avait fait de l’exportation de sa technologie nucléaire une priorité pour sauver son industrie. Mais tous les projets de centrale nucléaire dans un pays étranger ont été abandonnés ou suspendus face aux coûts exorbitants.
Les conséquences médicales et écologiques de l’accident nucléaire de Fukushima, traduction en français des actes d’un colloque qui s’est tenu les 11 et 12 mars 2013 par Les éditions de Fukushima
Mon Troupeau Irradié : témoignages d’éleveurs de vaches de Fukushima, film disponible sur vimeo (code : 6353pi) à l’initiative de Nos voisins lointains.
Le témoignage de Masao Yoshida, ancien directeur de la centrale de Fukushima daï-ichi, traduit en français et désormais disponible en open edition par les presses des mines
Le Comité scientifique des Nations unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants (United Nations Scientific Committee on the Effects of Atomic Radiation, UNSCEAR), vient de publier un nouveau rapport sur l’impact des rejets radioactifs de la catastrophe de Fukushima. Il s’agit d’une mise à jour de son rapport de 2013. Le communiqué de presse est ici et le rapport accessible ici. Il fait 248 pages.
L’essentiel du travail effectué consiste en la modélisation des retombées radioactives, suivi du calcul de doses pour les populations et travailleurs, et de l’évaluation de l’impact sanitaire et de l’impact sur les écosystèmes. Les calculs du rapport 2013 ont été affinés.
En ce qui concerne les cancers de la thyroïde chez les enfants et adolescents, qui sont un sujet d’inquiétude et de débat, l’UNSCEAR a calculé l’augmentation théorique de l’incidence à partir des doses estimées et conclut que l’excès de risque attribuable à l’exposition aux rayonnements sera faible et ne pourra très probablement pas être observé statistiquement (§221 du rapport). Le Comité n’exclut donc pas des cancers de la thyroïde radio-induits. Il dit juste que leur nombre sera trop faible pour être confirmé statistiquement.
Par exemple, pour les femmes qui étaient âgées de 0 à 5 ans au moment de l’accident, et qui constituent le sous-groupe le plus sensible, environ 16 à 50 cas de cancer de la thyroïde attribuables aux rayonnements sont attendus au cours de leur vie. L’UNSCEAR ne publie aucune prédiction pour l’ensemble des enfants exposés.
Le rapport de l’UNSCEAR ne consacre que 5 pages sur 248 aux cancers de la thyroïde observés et les chiffres qu’il donne (§223) ne sont pas complets. Les 27 cas découverts lors de la quatrième campagne de dépistage et les 7 cas parmi les plus de 25 ans sont simplement ignorés, sans explication. Le rapport ne mentionne pas non plus que le décompte officiel n’est pas exhaustif. Comme nous l’avons rapporté dans notre revue de la littérature scientifique, il y a au moins 11 autres cas de cancer chez les jeunes de Fukushima qui ne sont pas pris en compte. Cela ne fait pas très sérieux pour un rapport qui prétend faire autorité sur le sujet !
Dans le §225, l’UNSCEAR apporte plusieurs éléments de preuve pour renforcer l’idée que l’excès détecté de cancers de la thyroïde n’est probablement pas lié à l’exposition aux rayonnements. Les arguments sont très classiques et certains ont été discutés dans notre rapport :
L’augmentation de l’incidence des cancers de la thyroïde observée à la suite de l’accident de Tchernobyl n’est apparue qu’au bout de quatre années. Mais il n’y a pas eu de dépistage durant ces premières années à Tchernobyl. Ces cancers auraient peut-être pu être découverts plus tôt s’ils avaient été recherchés.
De plus, les cancers découverts à partir de la deuxième campagne de dépistage à Fukushima sont apparus en moins de deux ans, car ils n’avaient pas été détectés lors du dépistage précédent. Ce ne sont donc pas des cancers qui se développent lentement. Ce point n’est même pas mentionné dans le rapport de l’UNSCEAR.
L’UNSCEAR ne rapporte qu’un seul cas survenu chez des enfants exposés âgés de 0 à 4 ans au moment de la catastrophe nucléaire à Fukushima, alors qu’il y en avait proportionnellement plus après Tchernobyl. Mais le chiffre officiel à Fukushima est de 8 cas de cancer chez les moins de 5 ans au moment de l’accident !
Dans son communiqué de presse, l’UNSCEAR estime que, compte tenu des preuves disponibles, la forte augmentation (par rapport à celle attendue) du nombre de cancers de la thyroïde détectés chez les enfants exposés n’est pas le résultat de l’exposition aux rayonnements. Mais sa démonstration est peu convaincante…
Pour les autres cas de cancer, il n’y a pas d’augmentation observée car les temps de latence sont plus longs. L’UNSCEAR a fait des calculs estimatifs. Par exemple, dans le sous-groupe des enfants in utero jusqu’à l’âge de 5 ans au moment de l’accident, qui est censé être le groupe le plus sensible à la leucémie, environ 10 à 50 cas supplémentaires sont attendus au cours de leur vie. Le nombre de référence (en l’absence d’exposition aux rayonnements due à l’accident nucléaire) est d’environ 640. Cela représente donc une augmentation de 1,6 à 7,8% du risque de développer une une leucémie au cours de la vie. L’UNSCEAR estime qu’une telle augmentation ne sera pas discernable statistiquement (§230).
The United Nations Scientific Committee on the Effects of Atomic Radiation (UNSCEAR), has released a new report on the impact of radioactive releases during the Fukushima accident. This is an update of its 2013 report. The press release is here and the report is available here. It is 248 pages long.
Most of the work done consists of modeling radioactive fallout, followed by dose calculations for populations and workers, and assessment of health impact and impact on ecosystems. The calculations in the 2013 report have been refined.
Regarding thyroid cancers in children and adolescents, which are a subject of concern and debate, UNSCEAR calculated the theoretical increase in incidence from the estimated doses and concluded that the excess risk attributable to radiation exposure will be small and most likely not statistically observable (§221 of the report). The Committee therefore does not exclude radiation-induced thyroid cancers. It just says that their number will be too small to be statistically confirmed.
For example, for women who were 0 to 5 years old at the time of the accident, and who are the most sensitive subgroup, about 16 to 50 cases of radiation-induced thyroid cancer are expected in their lifetime. UNSCEAR does not publish a prediction for all exposed children.
The UNSCEAR report devotes only 5 pages out of 248 to observed thyroid cancers and the figures it gives (§223) are not complete. The 27 cases discovered during the fourth screening campaign and the 7 cases among the over 25 years old are simply ignored, without explanation. Nor does the report mention that the official count is not exhaustive. As reported in our review of the scientific literature, there are at least 11 other cases of cancer in Fukushima youth that are not accounted for. This does not sound very serious for an authoritative report!
In §225, UNSCEAR provides several pieces of evidence to reinforce the idea that the detected excess of thyroid cancers is probably not related to radiation exposure. The arguments are very conventional and some have been discussed in our report:
The increase in thyroid cancer incidence observed following the Chernobyl accident was not apparent until four years after the accident. But there was no screening during those first years at Chernobyl. These cancers might have been discovered earlier if they had been looked for.
Moreover, the cancers discovered from the second screening campaign in Fukushima appeared in less than two years, because they had not been detected during the previous screening. So these are not cancers that develop slowly. This point is not even mentioned in the UNSCEAR report.
UNSCEAR reports only one case in exposed children aged 0-4 years at the time of the nuclear disaster in Fukushima, whereas there were proportionally more cases after the Chernobyl accident. But the official figure in Fukushima is 8 cases of cancer in children under 5 years old at the time of the accident!
In its press release, UNSCEAR believes that, given the available evidence, the large increase (compared to the expected one) in the number of thyroid cancers detected in exposed children is not the result of radiation exposure. But its demonstration is not very convincing…
For the other types of cancer, there is no observed increase because the latency is longer. UNSCEAR has made estimated calculations. For example, in the subgroup of children in utero up to the age of 5 years at the time of the accident, which is supposed to be the most sensitive group to leukemia, about 10 to 50 additional cases are expected during their lifetime. The baseline number (in the absence of radiation exposure from the nuclear accident) is about 640. This represents a 1.6 to 7.8% increase in the lifetime risk of developing leukemia. UNSCEAR believes that such an increase will not be statistically discernible (§230).
Deux villages de Hokkaïdô se sont récemment portés candidats pour que des études bibliographiques soient menées sur la géologie de leur territoire en vue d’y créer un centre d’enfouissement. Ce choix divise les communautés et a entraîné une opposition des villages voisins. Le but premier des communes candidates est de toucher les subsides associés (jusqu’à 2 milliards de yens lors de la première phase).
Selon l’Asahi, le conseil municipal de Suttsu a adopté une ordonnance pour l’organisation d’un référendum sur le sujet avant le passage à la deuxième phase des investigations géologiques. Le maire, à l’initiative de la candidature, voulait que ce référendum soit organisé avant la troisème et dernière phase des investigations pour pouvoir bénéficier aussi des 7 milliards de yens associés à la deuxième phase qui inclut des carottages. Mais, un élu a proposé deux référendums, un avant chacune des phases.
Ôkuma, où est partiellement implantée la centrale de Fukushima daï-ichi, est presque entièrement classée en zone de retour difficile. Le gouvernement japonais vient d’ouvrir l’accès à une petite partie, de 320 ha, située sur les districts de Shimonogami et Kuma. On peut s’y rendre librement, mais l’ordre d’évacuation n’est pas levé pour autant.
La Japan Atomic Power Co (JAPCo), qui possède la centrale de Tsuruga, avec deux réacteurs et celle de Tôkaï, avec un réacteur, n’a pas produit un watt d’électricité depuis près de 10 ans. Mais, selon l’Asahi, elle continue à financer deux bouts de route dans la province de Fukui. Ces nouvelles sections faisaient partie du projet d’extension de la centrale de Tsuruga, qui a été abandonné suite à la catastrophe de Fukushima. Mais pas la route…
La route parcourt la côte Est de la péninsule de Tsuruga, très peu peuplée. Après être passée par la centrale de Tsuruga, elle revient par la côte Ouest, en passant devant le surgénérateur Monju, arrêté définitivement et par la centrale de Mihama, qui n’a rien produit non plus depuis 2011. Cette dernière centrale est la propriété de Kansaï Electric (KEPCo). Voir notre état des lieux sur le parc nucléaire japonais.
JAPCo est une filiale de plusieurs compagnies d’électricité, dont TEPCo, qui sont aussi ses clients et ne faisait que produire de l’électricité nucléaire. Elle ne produit plus, mais continue à toucher de l’argent de ses clients, qui eux-mêmes répercutent les coûts sur les factures d’électricité.
Le projet de nouvelles routes remonte à 1993 et JAPCo a commencé à le soutenir financièrement à partir de 2009, quand la province de Fukui, la plus nucléarisée du Japon, a approuvé la construction de deux nouveaux réacteurs. De 2009 à 2013, JAPCo a “donné” 1,98 milliards de yens (15 millions d’euros au cours actuel). En 2014, ce fût 570 millions de yens. Les travaux ont ensuite été suspendus pendant 3 ans, faute de contribution financière. Les “dons” ont repris, depuis.
KEPCo contribue aussi au projet. A elles deux, ces compagnies auront versé un total de 4,06 milliards de yens (31,5 millions d’euros au cours actuel) à la fin 2021. La part de JAPCo est de 58% et celle de KEPCo, 42%.
Le réacteur n°1 de Tsuruga est arrêté définitivement. JAPCo veut redémarrer le n°2, mais il est sur une faille sismique considérée comme active par l’autorité de régulation nucléaire, ce qui est rédhibitoire. Quant au projet de réacteurs 3 et 4, il est suspendu.
Et, il n’y a que 520 habitants sur cette péninsule…
Le premier ministre japonais, Yoshihidé Suga, a rendu visite à la province de Fukushima en amont du dixième anniversaire. Il a garanti au maire d’Ôkuma, ville presque entièrement classée en zone de retour difficile où est implantée la centrale de Fukushima daï-ichi, que le gouvernement ne va pas changer sa politique qui consiste à permettre le retour de tous les habitants. Il n’y a plus à espérer qu’ils vivront assez longtemps…
Concernant la décision attendue du gouvernement sur le rejet en mer de l’eau accumulée à la centrale nucléaire de Fukushima daï-ichi, le premier ministre aurait déclaré qu’il ne voulait plus remettre à plus tard la décision et que le gouvernement décidera au moment opportun et de manière responsable… Les Japonais sont bien avancés !
Il y a deux centrales de Higashidôri dans la province d’Aomori, qui sont adjacentes : une avec un réacteur à l’arrêt et un autre en projet. La première appartient à Tôhoku Electric et l’autre est un projet de TEPCo, avec deux réacteurs. La construction du premier réacteur a débuté en janvier 2011 et est suspendue depuis mars 2011. Bien que ruinée, TEPCo veut reprendre les travaux, quitte à s’associer à d’autres compagnies d’électricité.
Pour garder de “bonnes relations” avec la commune, TEPCo envisage de lui verser 3 milliards de yens en plus sur 5 ans, selon l’agence Kyodo. En 2019 et en 2020, la compagnie a fait un don de 200 millions de yens.
Rappelons que la compagnie a dû être nationalisée pour éviter la faillite et a déjà reçu 9 733,8 milliards de yens (76 milliards d’euros au cours actuel) de prêts à taux zéro, les intérêts étant à la charge du contribuable. Cette tendance à verser plus d’argent aux communes où sont implantées les centrales nucléaires et donc particulièrement choquante dans le cas de TEPCo.
La commune d’Iitaté, située au-delà d’un rayon de 30 km, a été évacuée tardivement. L’ordre d’évacuer a été annoncé le 11 avril 2011 et les habitants avaient un mois pour partir (relire le suivi de la première année de la catastrophe). Pendant ce temps là, ceux qui n’avaient pas quitté les lieux par eux-mêmes ont été exposés aux retombées radioactives.
29 habitants d’Iitaté ont porté plainte contre TEPCo et l’Etat et demandent 200 millions de yens de dommages car les autorités leur avaient dit au début de la catastrophe qu’il n’était pas nécessaire de partir. L’absence d’information sur l’augmentation des niveaux de radiation les a privés de leur droit à évacuer et les a laissés exposés inutilement. Ils affirment également que l’évacuation de tout le village qui a suivi leur a fait perdre leurs maisons et leurs fermes, a détruit leur communauté et les a privés de leur ville natale.
Le chef des plaignants, Kanno Hiroshi, affirme qu’il a développé des maladies au cours des dix dernières années et que les inquiétudes concernant les effets des radiations ne s’estomperont jamais. Il tient le gouvernement et l’exploitant de la centrale comme responsables.
C’est la première plainte collective déposée pour demander une indemnisation suite à l’exposition aux radiations durant les premiers jours de l’accident nucléaire.
A noter que les premières mesures indépendantes effectuées par l’ACRO au Japon suite à la catastrophe nucléaire de Fukushima concernaient Iitaté. Voir les résultats et le communiqué de presse de l’époque. Ces résultats démontraient une situation alarmante. L’ACRO écrivait que la contamination par l’iode 131 était prépondérante, avec des niveaux tels qu’il serait prudent d’évacuer le village d’Iitate : au lieu dit Maeda, nous avions détecté 1,9 million de becquerels par mètre carré. Concernant le césium radioactif, presque toutes les zones contrôlées par l’ACRO étaient au-dessus de des limites fixées en Biélorussie pour ouvrir le droit à la migration.
L’ACRO a effectué une revue de la littérature scientifique à propos des cancers de la thyroïde chez les jeunes de Fukushima. Les dernières données publiées font état de 252 cas de cancer suspecté, dont 202 ont été confirmé après une intervention chirurgicale. Mais ces données officielles ne prennent en compte que les cas découverts dans le cadre du suivi sanitaire lancé en 2011 par la province de Fukushima et ne sont donc pas complètes. Il n’est pas possible de connaître le nombre exact de cas.
S’il y a consensus sur le fait que le nombre de cas de cancer de la thyroïde observé est beaucoup plus élevé que ce qui est observé généralement sans dépistage, et ce, dès la première campagne de dépistage, les explications de cette augmentation sont très controversées. L’un des principaux objectifs du suivi en cours, outre de rassurer les familles, est de déterminer si l’exposition à de faibles doses de rayonnements a des effets sur la santé. Cependant, l’ancien directeur du suivi sanitaire de Fukushima, Shunichi Yamashita, a déjà conclu que « bien que les effets sur la santé directement liés à l’exposition aux radiations soient très peu probables dans les circonstances actuelles et les niveaux de radiation à Fukushima, une augmentation des cas de cancer de la thyroïde chez les enfants à Tchernobyl due à l’exposition interne à l’iode radioactif a conduit à exagérer le risque sanitaire des radiations à faibles doses et a également suscité une peur des radiations ». Quels que soient les résultats obtenus, les organisateurs de l’enquête s’en tiennent à cette interprétation.
Plusieurs arguments ont été avancés pour expliquer que les cas de cancer de la thyroïde découverts au cours de la première campagne n’étaient pas le résultat d’une exposition aux radiations après l’accident de Fukushima dai-ichi. Premièrement, une grande part de la population cible a été exposée à de faibles doses. Cependant, l’UNSCEAR, qui a procédé à une évaluation des doses à la thyroïde, n’exclut pas quelques cas de cancer liés aux radiations. Deuxièmement, la latence prévue pour le cancer de la thyroïde radio-induit est de 4 à 5 ans. Mais la plupart des cancers découverts à partir de la deuxième campagne sont apparus en très peu de temps. Troisièmement, aucun cas de cancer n’a été découvert dans la tranche d’âge la plus jeune, de 0 à 5 ans, au cours de la première campagne. Depuis, plus de 8 cas de ce type ont été découverts lors des campagnes suivantes.
En ce qui concerne les corrélations statistiques avec les doses d’exposition, les données disponibles ne sont pas suffisamment détaillées pour permettre des études précises. Il est intéressant de noter que les études réalisées par les membres du groupe de suivi sanitaire de Fukushima ne trouvent jamais de corrélation avec les doses de radiation, alors que les études réalisées par des chercheurs externes ont trouvé de telles corrélations.
Les arguments avancés pour exclure tout lien avec les retombées radioactives sont contredits par les faits. Si, dix ans après la catastrophe de Fukushima, il n’est toujours pas possible de tirer des conclusions définitives sur les raisons de la forte augmentation du taux de cancer de la thyroïde chez les jeunes de Fukushima, il n’est plus possible d’exclure que des cancers puissent être induits par les radiations.
ACRO conducted a review of the scientific literature on thyroid cancers among young people in Fukushima. The latest published data shows 252 cases of suspected cancer, 202 of which were confirmed after surgery. However, these official data only take into account the cases discovered in the framework of the health survey launched in 2011 by the prefecture of Fukushima and are therefore not complete. It is not possible to know the exact number of cases.
While there is a consensus that the number of thyroid cancer cases observed is much higher than what is generally observed without screening, and this from the first screening campaign onwards, the causes of this increase are very controversial. One of the main objectives of the ongoing monitoring, in addition to reassuring families, is to determine whether exposure to low doses of radiation has any health effects. However, the former director of health survey in Fukushima, Shunichi Yamashita, has already concluded that “although health effects directly related to radiation exposure are very unlikely under the current circumstances and levels of radiation in Fukushima, an increase in cases of thyroid cancer in children in Chernobyl due to internal exposure to radioactive iodine has led to an exaggeration of the health risk of low-dose radiation and has also led to a fear of radiation”. Whatever the results, the organisers of the survey stick to this interpretation.
Several arguments have been put forward to explain that the cases of thyroid cancer discovered during the first campaign were not the result of radiation exposure after the Fukushima dai-ichi accident. First, most of the target population was exposed to low doses. However, UNSCEAR, which carried out an assessment of doses to the thyroid, did not exclude some cases of radiation-related cancer. Second, the expected latency for radiation-induced thyroid cancer is 4-5 years. However, most cancers discovered from the second campaign onwards appeared within a very short time. Third, no cases of cancer were found in the youngest age group, 0 to 5 years, during the first campaign. But since then, there have been more than 8 such cases discovered in subsequent campaigns.
With regard to statistical correlations with exposure doses, the available data are not sufficiently detailed to allow accurate studies. It is interesting to note that studies carried out by members of the Fukushima health survey group never found any correlation with radiation doses, whereas studies carried out by external researchers have found such correlations.
The arguments put forward to exclude any link with radioactive fallout are contradicted by the facts. While ten years after the Fukushima disaster, it is still not possible to draw definitive conclusions about the reasons for the sharp increase in thyroid cancer rates among young people in Fukushima, it is no longer possible to exclude radiation-induced cancers.