La presse l’avait déjà annoncé au conditionnel en décembre dernier et c’est maintenant officiel : Hitachi suspend son projet de centrale nucléaire à Wylfa Newydd sur l’île d’Anglesey au pays de Galles, car la compagnie n’a pas trouvé d’investisseurs pour le financer. Le coût des deux réacteurs à eau bouillante est estimé à 3 000 milliards de yens (24 milliards d’euros). Hitachi n’est qu’un constructeur et il n’a pas trouvé non plus d’exploitant.
Selon le Yomiuri, l’arrêt du projet pourrait entraîner une perte de 300 milliards de yens (2,4 milliards d’euros) à cause des sommes déjà inverties.
Le PDG de Hitachi a déclaré, le 1er janvier dernier, que l’on ne peut pas forcer une démocratie à accepter cette énergie. Selon le Japan Times, très peu de médias japonais ont repris ces propos qui vont à l’encontre de la politique gouvernementale japonaise, qui a mis le nucléaire au cœur de sa stratégie, même si c’est irréaliste. Le PDG de Hitachi ne se préoccupait pas beaucoup de la démocratie quand il tentait de vendre ses centrales. Face à l’échec, il tente d’en reporter la faute sur les autres.
Lors du Forum économique mondial de Davos, le PDG de Hitachi a aussi déclaré que la seule façon de voir projet économiquement viable était sa nationalisation (Japan Times). Le gouvernement britannique était pourtant prêt à financer un tiers du projet sous forme de prêts garantis. Le gouvernement japonais le soutenait aussi financièrement. Mais cela n’a pas suffi : le nucléaire n’intéresse plus les investisseurs privés. A noter que la valeur de l’action Hitachi a augmenté de 13% après l’annonce du gel du projet d’Anglesey.
Tous les projets de centrales nucléaires japonaises à l’étranger sont donc arrêtés ou suspendus. Et comme il n’y a plus de marché intérieur pour la construction de nouvelles unités, c’est toute l’industrie nucléaire japonaise qui doit revoir sa stratégie. Mais le ministre de l’industrie du Japon a tout de suite affirmé vouloir maintenir sa politique d’exportation…
Selon le Maïnichi, la compagnie TEPCo, quant à elle, a appelé à une réorganisation de l’industrie nucléaire japonaise trop divisée. Elle souhaite une fusion entre exploitants et constructeurs. Il n’est pas sûr que les partenaires potentiels soient intéressés par fusionner avec une compagnie criblée de dettes.
A noter que Hitachi a aussi annoncé son retrait de la production d’éoliennes car le marché domestique est trop restreint et la concurrence internationale trop forte. Cela en dit long sur la politique énergétique japonaise.