Centrale Nucléaire de Fukushima dai-ichi : Reconstitution des évènements

Après avoir réussi à pénétrer dans les réacteurs, TEPCo a récupéré de nombreuses données qu’elle a rendues publiques le 16 mai. Cela a permis de réécrire les évènements qui ont conduit à la catastrophe nucléaire. Nous tentons ici de reconstruire une chronologie précise et factuelle à partir des éléments publiés dans la presse japonaise pour l’essentiel.
Elle est encore très lacunaire et sera complétée petit à petit en fonction de notre temps disponible.
Page mise à jour régulièrement, veuillez actualiser pour les dernières nouvelles.


Dimanche 24 juillet 2011, l’autorité de sûreté nucléaire japonaise a rendu publiques sur son site Internet les cartes d’estimation des rejets jours après jours depuis le début de la catastrophe. Il y en a environ 600. C’est en japonais…

19 décembre 2001

TEPCo exclut en une note d’une page qu’un tsunami puisse endommager la centrale. Cela a suffi aux autorités. Ce document ne sera jamais remis à jour, malgré les progrès en sismologie.

7 mars 2011

TEPCo, consciente depuis 2008 qu’une vague de plus de dix mètres peut venir frapper la centrale de Fukushima, a remis à l’autorité de sûreté nucléaire des simulations d’un tel scénario. Ces travaux remontent à avril – mai 2008, mais la compagnie n’a rien fait pour protéger la centrale. Les simulations étaient basées sur une vague de 10,2 mètres frappant les réacteurs n°5 et 6, de 9,3 mètres pour le réacteur n°2 et 8,4 mètres pour les réacteurs 1, 3 et 4. Le séisme envisagé était d’une magnitude de 8,2.
La commission en charge de faire un diagnostique ds causes de l’accident a trouvé ce document à la fin août 2011. Cela contredit les affirmations de TEPCo qui qualifiait de séisme d'”inimaginable”.


Avant le tremblement de terre du 11 mars 2011, seuls les réacteurs n°1, 2 et 3 fonctionnaient. Les réacteurs n°4, 5 et 6 étaient à l’arrêt. Le coeur du réacteur n°4 étaient entièrement déchargé.

Vendredi 11 mars 2011

14h46 : Tremblement de terre d’une magnitude de degré 9,0. Quelques secondes plus tard, l’arrêt d’urgence est enclenché dans les 3 réacteurs en fonctionnement. Le groupe électrogène de la cellule de crise de la centrale, située à Okumamachi à 5 km de la centrale, démarre automatiquement quand l’électricité est coupée. Il ne fonctionnera qu’une heure environ.

Vers 14h50 : Yukio Edano, secrétaire général et porte-parole du gouvernement japonais, arrive à résidence du premier ministre et se rend immédiatement au centre de crise. Le Premier Ministre arrivera peu de temps après.

14h52 : Le circuit de refroidissement de secours du réacteur n°1 s’est enclenché automatiquement.

15h03 : La pression baisse soudainement dans le réacteur n°1. TEPCo a confirmé que le système de refroidissement de secours a été arrêté manuellement, conformément aux procédures. Les enregistrements de pression dans ce réacteur conduisent TEPCo à penser que ce système de refroidissement a été remis en route puis arrêté plusieurs fois avant l’arrivée du tsunami.

Vers 15h : le pression remonte dans le réacteur n°1. Le groupe électrogène de la cellule de crise tombe en panne. Sans électricité, plus aucun accès aux données importantes n’est possible. Il n’était pas protégé contre les séismes… Les officiels de l’Agence de Sûreté nucléaire (NISA) s’intallent dans les locaux du Environmental Radioactivity Monitoring Center.

15h02 : Un système de refroidissement de secours s’enclenche sur le réacteur n°2. Il a été conçu pour que l’eau circule passivement, sans électricité. Par la suite, il sera actionné manuellement par les employés pour tenter de maintenir le niveau d’eau. Les batteries qui servent à le contrôler fonctionneront presque 3 jours.

15h27 : Plusieurs vagues de tsunami déferlent sur la centrale. La première, de 4 mètres, est arrêtée par la digue. La vague qui arrive 8 minutes plus tard, inonde la centrale. TEPCo a publié le 19 mai des photos destinées à la presse de l’arrivée du tsunami et de l’inondation de la centrale. Voir la page pour des photos de presse.
Les générateurs diesel de secours se sont tous arrêtés.

15h37 : Un mémo sur un tableau blanc de la salle de contrôle des réacteurs 1 et 2 indique SBO pour “station blackout”, ce qui signifie rupture de l’alimentation électrique. Le premier ministre a convoqué sa cellule de crise.

15h50 : Un mémo sur un tableau blanc de la salle de contrôle des réacteurs 1 et 2 indique “niveau d’eau inconnu”. TEPCo est incapable de connaître les autres paramètres du réacteur n°1.

15h52 : L’équipe A note pour le réacteur n°2 : injection d’eau du circuit de refroidissement de secours impossible.

Vers 16h30 : TEPCo aurait envoyé le message suivant à la résidence du premier ministre : “Il n’y a pas de problème pendant 8 heures, même sans refroidissement des réacteurs”. 8 heures correspond à la durée que les batteries de secours peuvent tenir en cas de rupture de l’alimentation électrique.

16h36 : Un mémo sur un tableau blanc de la salle de contrôle des réacteurs 1 et 2 indique “impossibilité d’injecter de l’eau dans le système de refroidissement de secours”. Cette information est parvenue immédiatement au gouvernement.

16h46 : L’état d’ugence est déclaré à la centrale de Fukushima : c’est la première fois au Japon.

Vers 16h40 : Les barres de combustible du réacteur n°1 auraient commencé à être exposées selon une estimation faite par la NISA le 6 juin à partir des données de TEPCo.

Vers 17h, TEPCo a appelé ses centrales voisines pour qu’elles envoient des camions générateur d’électricité à la rescousse, soit 80 minutes après la perte de l’alimentation électrique. Les camions tardent à arriver à cause des routes endommagées et des bouchons.
Le Premier Ministre Naoto Kan s’adresse à la nation pour lui dire : “Alors que des centrales nucléaires se sont arrêtées automatiquement, il n’y a pas eu de confirmation de rejet radioactif dans l’atmosphère pour le moment”. Son opinion reflète l’avis des experts du gouvernement.
Selon l’évaluation faite le 6 juin 2011 par la NISA, les barres de combustible du réacteur n°1 commencent à être exposées.

17h12 : Le directeur de la centrale, Masao Yoshida, donne l’ordre d’étudier les différentes possibilités d’injecter de l’eau dans les réacteurs n°1 et 2, y compris à l’aide de camions pompier.

17h16 : Plus de lumière dans la salle de contrôle du réacteur n°2

Vers 17h30 : Selon l’estimation faite a posteriori, l’eau s’est évaporée dans la cuve du réacteur n°1. Le coeur chauffe.
TEPCo a mesuré une augmentation de la radioactivité ambiante dans les environs de la centrale, mais n’aurait pas transmis cette information au gouvernement avant 21h.

17h50 : Augmentation soudaine de radioactivité dans la salle de contrôle du réacteur n°1 et le bâtiment turbine.

18h12 : Impossibilité de connaître le niveau de l’eau dans le réacteur n°2

18h18 : Des employés ont ouvert la valve d’évacuation de la vapeur vers un condenseur où l’eau obtenue doit retourner vers le réacteur pour le refroidir. Les employés sont incapables de confirmer qu’il y a de l’eau dans le condenseur et que le système le fonctionne normalement : ils refermeront la valve à 18h25 pour éviter d’endommager la tuyauterie et entraîner des fuites radioactives. Le directeur de la centrale n’a, semble-t-il, pas été informé de la manoeuvre. Ce n’est que vers minuit que le directeur réalisera que ce système de refroidissement a été arrêté manuellement. Et c’était le seul système de refroidissement disponible…
Par ailleurs, TEPCo découvrira, en octobre 2011, que le condenseur en question est plein à 65%…
La compagnie a expliqué en novembre 2011 que sans les condenseurs, la fusion aurait eu lieu en 4 heures, et qu’avec l’utilisation des condenseurs vers 18h, elle aurait eu lieu en 7 heures, soit avant 22h. On se demande à quoi ils servent…

18h20 : TEPCO demande à la compagnie de production d’électricité du Tohoku d’envoyer des camions de production de l’électricité.

Vers 18h30 : La température du coeur du réacteur n°1 a atteint 2 800°C selon une estimation faite a posteriori par TEPCo (contradictoire avec l’info de 18h18…)

18h42 : Impossibilité d’utiliser les téléphones mobiles.

Vers 19h : Installation de la cellule de crise des autorités régionnales. Faute d’électricité, cette cellule et celle de la NISA utiliseront les mêmes locaux et se gèneront mutuellement.

19h03 : La possibilité d’une fusion du coeur semble être évoquée pour la première fois dans la cellule de crise auprès du premier ministre. Accusé de n’avoir pas garder les minutes ni fait de compte rendu de ses réunions de crise, le gouvernement a rassemblé des notes éparses prises par plusieurs participants et a publié un rapport de 76 pages en mars 2012. C’est dans ces notes qu’il est rapporté que quelqu’un a évoqué sérieusement la fusion du coeur. Cette hypothèse ne sera jamais rendue publique.

Vers 19h30 : Début estimé a posteriori de la fusion du coeur du réacteur n°1 (cela correspond à l’heure de la première estimation qui a été révisée depuis).

19h45 : Koichiro Nakamura de la NISA a déclaré lors d’une conférence de presse : “Bien que l’eau continue à être pompée dans les réacteurs, nous ne connaissons pas le niveau”. Le secrétaire et porte parole du gouvernement, Yukio Edano, explique pourquoi l’état d’urgence a été déclaré à la centrale de Fukushima : “Si l’on peut répondre à la crise en un temps donné, les soucis et problèmes seront résolus. Pour le moment, la situation est telle que les dommages sont peu probables. Parce que les effets de ce qui pourrait se produire sur de grandes distances sont très graves, nous avons répondu par la déclaration [d’urgence] pour être sûr que rien de mal ne se passera”. Et d’ajouter : “Il n’y a pas de fuite radioactive et il n’y aura pas de fuite”.

Vers 20h : La fusion du coeur du réacteur n°1 aurait eu lieu selon une estimation faite par la NISA le 6 juin à partir des données de TEPCo. La cuve est abimée.

20h45 : Les autorités de la province de Fukushima ne peuvent plus attendre les instructions du gouvernement central et demandent l’évacuation des habitants vivant dans un rayon de 2 km autour de la centrale. C’est le rayon utilisé lors des exercices de crise.

Vers 21h15 : Des employés tentent de ventiler le réacteur n°1, mais échouent.

21h23 : Le gouvernement ordonne l’évacuation dans un rayon de 3 km et confine les habitants vivant entre 3 et 10 km. Aucune fuite n’aurait été détectée selon le gouvernement.

Vers 21h30 : Des employés notent qu’ils ont essayé de ventiler le réacteur n°1, mais que le niveau de radiations était trop élevé et ils ont dû abandonner.
Des employés rouvrent la valve d’évacuation de la vapeur vers un condenseur (cf 18h18 plus haut).
La Japan Nuclear Energy Safety Organization (JNES), chargée par la NISA d’étudier l’évolution de coeurs de réacteurs, envoie les résultats de ses simulations effectuées grâce au Emergency Report Support System (ERSS) à la NISA pour le réacteur n°2. Ces prédictions disaient : à 22h50 le coeur du réacteur va être exposé à l’air ; à 24h50, fusion du coeur. Ces résultats seront transmis au cabinet du premier ministre mais ne seront pas utilisés. Ils seront rendus publics le 2 septembre 2011…

21h51 : TEPCo interdit l’entrée dans le réacteur n°1 à cause du trop fort niveau de radiations : jusqu’à 290 millisieverts par heure ont été détectés dans le bâtiment réacteur. L’ordre venait directement du PDG de TEPCo, Masataka Shimizu. Ce niveau de radiation laisse penser que la fusion du coeur avait commencé et qu’il y a des fuites de gaz radioactif et d’hydrogène. Mais la compagnie n’en a pas informé la NISA avant minuit ce même jour. Les données pour le réacteur n°3 seront aussi transmises, mais pas celles pour le réacteur n°1…

22h : Suite à l’accident de criticité de Tokai-mura, des centres de crise ont été installés à proximité de chaque centrale nucléaire au Japon. Celui de Fukushima dai-ichi, situé à 5 km de la centrale, n’était quasiment pas fonctionnel : le générateur diesel de secours n’a pas démarré et le débit de dose était élevé. A 22h, il n’y avait que 3 organisations présentes sur la vingtaine attendue.

Selon le rapport de la commission d’enquête parlementaire sur la catastrophe de Fukushima, moins de 20% des habitants des 12 municipalités situées à moins de 20 km sont au courant qu’il y a un problème à la centrale nucléaire. Dans certaines municipalités, il faudra presque 2 jours pour que la moitié des habitants soient prévenus.

22h44 : La NISA transmet au cabinet du 1er ministre les résultats de la simulation Japan Nuclear Energy Safety Organization (JNES) prédisant une fusion rapide du coeur (voir 21h30).

23h : Les camions générateur d’électricité de la compagnie du Tohoku arrivent à la centrale. Ils ont eu du mal à avancer car la nuit, les flaques d’eau du tsunami, les débris… ont géné leur progression. Une fois sur place, il est difficile de brancher les camions sur les circuits électriques de la centrale à cause de l’inondation. De plus, le cable électrique était trop court.

Vers 24h : Le vice-ministre de l’Industrie, Motohisa Ikeda, arrive de Tokyo à la cellule de crise avec des officiels de la NISA. Ils s’intallent dans les locaux provisoires, les seuls alimentés en électricité. La liaison directe avec Tokyo est coupée.

Samedi 12 mars 2011

0h06 : Le directeur de la centrale, Masao Yoshida, donne l’ordre de se préparer à ventiler le réacteur n°1 car la pression monte. Mais il n’y a pas de procédure écrite pour ouvrir les valves manuellement en cas de rupture complète de l’alimentation électrique. La compagnie a dû envoyer des employés dans le réacteur pour aller chercher les plans de la valve et vérifier si elle pouvait être actionnée manuellement. Heureusement, c’était bien le cas.

0h17 : La NISA transmet à nouveau au cabinet du 1er ministre les résultats de la simulation Japan Nuclear Energy Safety Organization (JNES) prédisant une fusion rapide du coeur (voir 21h30 la veille).

Vers 1h30 : Le président de la Commission de sûreté nucléaire, Haruki Madarame, et des cadres de TEPCo se rendent à la résidence du premier ministre et informent Naoto Kan et Banri Kaieda, le Ministre de l’industrie, que la pression montait dans le réacteur n°1. Madarame explique qu’il vaut décompresser le réacteur et donc ventiler des gaz vers l’extérieur pour garantir l’intégrité de l’enceinte de confinement. Bien que cela risque d’entraîner des rejets radioactifs, Kan et les autres représentants du gouvernement donnent leur accord car c’est inévitable.
La NISA a aussi avec elle des prévisions de retombées radioactives issues du logiciel SPEEDI, conçu pour aider à la décision concernant l’évacuation. Ces données, accompagnées d’une note les qualifiant de “pas très fiables”, ne seront pas transmises au premier ministre ni utilisées.

1h48 : Le refroidissement du réacteur n°1 s’arrête à cause d’un problème de pompe. La pression monte.

1h57 : La Japan Nuclear Energy Safety Organization (JNES) transmet à la NISA ses prédictions sur l’évolution du coeur du réacteur n°1. Ces données très utiles ne seront jamais retransmises au cabinet du 1er ministre. Elles ne seront donc jamais utilisées et ne seront connues que le 2 septembre 2011.

Vers 2h30 : La pression dans le réacteur n°1 approche les 0,853 MPa (8,53 bar), soit le double de la pression normale. C’est le seuil à partir duquel le manuel d’urgence impose une décompression du réacteur.

Vers 3h : Un électricien arrive à redémarrer le groupe électrogène des locaux de la cellule de crise. La pompe qui alimente en diesel avait un commutateur mal réglé. Elle avait été inspectée en février 2011… La NISA devra évacuer cette cellule de crise dans la journée à cause du niveau ambiant de radioactivité et du manque d’eau et nourriture.

3h12 : Yukio Edano, le secrétaire et porte parole du gouvernement, évoque la ventilation du réacteur n°1 lors d’une conférence de presse. Il annonce aussi la visite du premier ministre sur le site de la centrale. On lui a demandé si la ventilation aurait lieu avant la visite du premier ministre. Edano a répondu que TEPCo se préparait à ventiler et que cela aurait lieu prochainement.

3h45 : Des ouvriers ont ouvert la double porte d’entrée du réacteur n°1 pour mesurer le taux de radiation et se préparer à ventiler le réacteur, mais après avoir aperçu une “brume blanche” à l’intérieur, ils l’ont immédiatement refermée, de peur d’être exposés.

Vers 5h : Les 4 inspecteurs de la NISA (autorité de sûreté nucléaire japonaise) qui étaient présents sur le site de la centrale au déclenchement de la catastrophe, quittent les lieux. Il reviendront le lendemain matin pour repartir le soir du 14 mars.

Les balises de contrôle de la radioactivité de la province de Fukushima ne peuvent, pour la plupart, par transmettre leurs données. Mais une vingtaine d’entre elles ont survécu au séisme et enregistré des données rendues publiques beaucoup plus tard. Il apparaît que le débit de dose dans plusieurs districts de la ville de Futaba augmente fortement. C’est le cas pour le district de Koriyama, situé à 2,5 km de la centrale : il passe de 0,04 ou 0,05 microsievert par heure à 0,48. C’est bien avant tout rejet massif “contrôlé”.

5h44 : Décision par le Premier Ministre d’évacuer dans un rayon de 10 km. Mais l’évacuation des 50 000 personnes concernées ne commencera pas avant 8h environ.

5h46 : De l’eau est injectée dans le réacteur n°1 à l’aide de camions incendie, soit 12 heures environ après que l’ordre ait été donné par le directeur de la centrale, Masao Yoshida. La principale cause de ce retard serait due à une cuve transportée par le tsunami qui barrait la route d’accès aux camions. 80 tonnes d’eau douce seront injectées pendant 9 heures, jusqu’à tarissement de la source d’eau.

Vers 6h : Selon l’estimation faite a posteriori par TEPCo, le coeur du réacteur n°1 a entièrement fondu. De l’eau douce est injectée dans le réacteur. Aucune information sur la ventilation du réacteur n°1 n’est arrivée à la résidence du premier ministre.

Le débit de dose au niveau de la balise des autorités régionales située dans le district de Koriyama de la ville de Futaba à 2,5 km de la centrale est de 2,94 microsieverts par heure (contre 0,04 – 0,05 en temps normal). C’est avant tout rejet massif “contrôlé”.

Selon le rapport de la commission d’enquête parlementaire sur la catastrophe de Fukushima, seulement 36% des habitants d’Ôkuma et 29% de ceux de Futaba sont au courant de l’accident.

6h14 : Le premier ministre Naoto Kan ne peut plus attendre et décide de se rendre sur le site de la centrale avec un hélicoptère des forces armées.

6h50 : Le ministre de l’industrie a ordonné à TEPCo d’actionner manuellement la valve pour ventiler le réacteur n°1.

7h11 : Arrivée du premier ministre sur le site de la centrale où il se serait mis en colère et aurait exigé que la ventilation du réacteur ait lieu au plus vite. Le directeur de la centrale, Masao Yoshida, a réussi à rassurer le premier ministre en lui promettant une décision d’ici une heure. Après, les fonctionnaires du cabinet du premier ministre ont traité directement avec M. Yoshida, ce qui a élargi le fossé avec la direction de TEPCo à Tokyo.

Vers 8h : Les données de mesure de pression à l’intérieur de l’enceinte de confinement du réacteur n°1 analysées fin mai suggèrent qu’une brèche de 3 cm de large est apparue.
L’exode massif dans la zone évacuée sur ordre du premier ministre (10 km) commence.

Vers 8h39 : Du tellure 132 est détecté à Namié, située à 6 km de la centrale, à une concentration de 73 becquerels par mètre cube. C’est la signature que le combustible a atteint une température supérieure à 1 000°C et commencé à fondre. Information rendue publique le 3 juin 2011, par la NISA qui a reconnu l’avoir caché.

Vers 9h : La température de la cuve du réacteur n°1 a atteint 300°C, ce qui est plus du double que ce qu’elle est supposée pouvoir supporter (138°C). A cette température, les joints sont endommagés et l’étanchéité est perdue. De l’eau très radioactive a fui. La température a continué à monter.

15 microsieverts par heure sont mesurés dans le district de Sakaï à Namié par les autorités régionales et 14 microsievert par heure dans le district de Takasé (6 heures avant l’explosion hydrogène !). De nombreux réfugiés sont présents. Personne n’est au courant.

Le débit de dose au niveau de la balise des autorités régionales située dans le district de Koriyama de la ville de Futaba à 2,5 km de la centrale est de 7,8 microsieverts par heure (contre 0,04 – 0,05 en temps normal). C’est avant tout rejet massif “contrôlé”.

9h04 : Des travailleurs sont envoyés pour commencer les opérations visant à ventiler de la vapeur d’eau du réacteur n°1 afin de faire baisser la pression et éviter ainsi un endommagement de la cuve. Faute d’électricité, ils ne peuvent pas le faire à distance et ils sont retardés par de fortes radioactivités. Le premier ministre a quitté la centrale depuis une heure environ.

9h15 : La valve MO de dépressurisation de l’enceinte de confinement du réacteur n°1 est ouverte manuellement à 25%. 15 minutes plus tard les ouvriers renoncent à ouvrir manuellement la valve AO à cause du niveau trop élevé de radiations.

Vers 10h : Le débit de dose au niveau de la balise des autorités régionales située dans le district de Yamada de la ville de Futaba à 5,5 km de la centrale est de 32,47 microsieverts par heure (contre 0,04 – 0,05 en temps normal). C’est avant tout rejet massif “contrôlé”.

10h17 : Les ouvriers auraient réussi à ouvrir la petite vannes AO et à ventiler le réacteur n°1 à partir la salle de contrôle. 10 minutes plus tard, le niveau de radiation à l’extérieur du réacteur n°1 augmente rapidement. L’opération semble un succès. Les niveaux sont redevenus normaux près de 30 minutes plus tard. La pression à l’intérieur de l’enceinte de confinement ne semble pas avoir baissé et TEPCo ne peut pas dire s’il y a eu ventilation ou non.

11h36 : Le système de refroidissement de secours (reactor core isolation cooling, RCIC) du réacteur n°3 s’arrête.
Le niveau de l’eau dans le réacteur commence à baisser.

Vers 12h : TEPCo envisage d’injecter de l’eau de mer dans le réacteur n°1. Les données sur la pression du réacteur n°2 analysées fin mai suggèrent qu’une brèche d’une dizaine de cm de diamètre est apparue dans l’enceinte de confinement.

Peu après 12h : La pression dans l’enceinte de confinement du réacteur n°1 atteint les 600 kilopascals, ce qui est plus que la limite prévue de 427 kilopascals.

12h35 : Un système de refroidissement de secours à haute pression (high-pressure coolant injection, HPCI) est mis en route automatiquement dans le réacteur n°3. La pression est descendue sous les niveaux standards et le réacteur a commencé à vibrer anormalement. La personne en charge du système arrêtera donc le HPCI manuellement, de peur des fuites.
La population est complètement évacuée dans un rayon de 3 km.

Vers 13h : La NISA a estimé que si TEPCo n’arrive pas à ventiler le réacteur n°1, l’enceinte de confinement ne tiendra pas plus de dix heures. Une rupture de cette enceinte pourrait entraîner des rejets massifs et rendre la centrale inaccessible. Cette information n’a été rendue publique que le 13 septembre 2011. Elle avait été faxée à la Nuclear Safety Commission of Japan à 14h02 le jour même.

Vers 14h : TEPCo envoie de l’air comprimé dans la grande valve MO du réacteur n°1 afin de l’ouvrir. Des sources internes mettent en doute l’ouverture de la valve car la pression de l’air comprimé n’était pas assez forte (Mainichi Shimbun, 24 juin).
Koichiro Nakamura, de la NISA, a annoncé, lors d’une conférence de presse : “C’est une fusion du coeur. Nous pensons que le combustible a commencé à fondre [dans le réacteur n°1]”. Cet avis est basé sur le fait que du césium a été détecté en dehors des réacteurs.
Plus tard, la NISA reviendra sur ces affirmations, en affirmant avoir des doutes sur la fusion. Ce n’est que le 7 juin que la NISA a reconnu qu’il y a bien eu fusion du coeur et le 30 novembre que presque tout le combustible [68 tonnes] a fondu, a traversé la cuve et a érodé le béton de l’enceinte de confinement sur une profondeur pouvant aller jusqu’à 65 cm.

14h30 : Tepco a procédé à une décompression volontaire du réacteur n°1 par un rejet atmosphérique “contrôlé et filtré”. La pression est passée de 755 kilopascals à 530 kilopascals dans l’enceinte de confinement. C’est toujours au dessus de la limite prévue. L’injection d’eau douce est stoppée. De la vapeur d’eau est visible au-dessus du réacteur n°1 : les personnes sur place applaudissent. C’est aussi le premier rejet massif de radioactivité “contrôlé”.

Vers 14h40 : Des détecteurs à l’extérieur du site mesurent du césium puis de l’iode radioactifs, ce qui suggère que le combustible est endommagé.

14h53 : Arrêt de l’injection d’eau douce dans le réacteur n°1, faute d’eau disponible. Le directeur de la cenrale, Masao Yoshida, donne l’ordre d’injecter de l’eau de mer.

Vers 15h : Les camions générateur sont branchés et le courant est revenu. TEPCo est prête à injecter de l’eau de mer borée dans le réacteur n°1. La compagnie annonce que la ventilation du réacteur n°1 a été un succès. Mais la pression a cessé de baisser dans l’enceinte de confinement du réacteur n°1 et recommence à monter lentement. Le gouvernement mentionne ce succès dans le rapport qu’il a rédigé pour l’AIEA sans faire de vérifications par lui-même. Comme le niveau de radioctivité ambiant n’aurait pas augmenté, des sources internes remettent en cause le succès de l’opération. De fait, TEPCo ne peut pas confirmer l’ouverture de la valve MO. (Mainichi Shimbun, 24 juin).

Le débit de dose au niveau de la balise des autorités régionales située dans le district de Kamihatori de la ville de Futaba est de 1 591 microsieverts par heure (contre 0,04 – 0,05 en temps normal).

15h20 : La NISA reçoit un fax de TEPCo qui l’informe de l’intention de la compagnie de ventiler le réacteur n°1. Il y a aussi une note en marge indiquant la possibilité d’injecter de l’eau de mer dans le réacteur n°1 aussitôt les préparatifs finis. Ce fax n’aurait été transmis au cabinet du premier ministre.

15h30 : Le réacteur n°2 vient tout juste d’être rebranché sur un camion-générateur. Il a fallu 40 personnes pour dérouler un cable de 200 mètres de long et pesant une tonne entre le camion et le tableau de distribution. 6 minutes plus tard, les débris de l’explosion du réacteur n°1 ont sectionné le cable, le rendant inutilisable…

15h36 : Une forte explosion hydrogène détruit partiellement le bâtiment abritant le réacteur n°1. Elle détruit le toit et les murs du bâtiment, et aussi les cables d’alimentation, coupant à nouveau le courant. 4 ouvriers ont été blessés. L’accident sera classé au niveau 4 de l’échelle INES (heure non précisée). L’information est transmise immédiatement au centre de crise gouvernement. La NISA n’y croit pas. Il lui faudra plusieurs heures pour accepter la réalité.

Vers 16h : La municipalité de Minami-Soma reçoit le message radio suivant : “Nous avons appris qu’il y a eu une explosion à centrale nucléaire de Fukushima dai-ichi. Ne sortez-pas”.

16h30 : La municipalité de Minami-Soma reçoit un autre message radio annulant le précédent : “L’information à propos de l’explosion est fausse”.

17h30 : Le directeur de la centrale, Masao Yoshida, donne l’ordre de se préparer à ventiler les réacteurs n°2 et 3.

Vers 18h : Informé de l’intention de TEPCo d’utiliser de l’eau de mer pour refroidir les réacteurs, le Premier Ministre japonais, Naoto Kan, aurait demandé à la NISA d’examiner si l’eau de mer peut favoriser le déclenchement d’une réaction nucléaire en chaîne.

18h25 : L’évacuation dans un rayon de 20 km de Fukushima dai-ichi et 10 km de Fukushima dai-ni a été ordonnée par le premier ministre.

Vers 19h : Selon le rapport de la commission d’enquête parlementaire sur la catastrophe de Fukushima un tiers des habitants de Minami-Sôma, ville qui doit partiellement être évacuées et 60% de ceux d’Iitaté savent qu’il y a un accident nucléaire en cours.

19h04 : TEPCo commence à injecter de l’eau de mer dans le réacteur n°1. Elle aurait prévenu la NISA par téléphone qui n’en a pas gardé de trace.

19h25 : A cause des craintes du premier ministre, TEPCo suspend l’injection d’eau de mer. Le premier ministre a démenti avoir joué un rôle dans cette suspension. Il sera révélé le 26 mai que le directeur de la centrale, Masao Yoshida, n’a pas stoppé l’injection d’eau de mer, comme le siège à Tokyo le pensait.

19h40 : La NISA rassure le premier ministre : l’eau de mer ne va pas favoriser le déclenchement d’une réaction nucléaire en chaîne.

19h55 : Le premier ministre japonais demande au ministre de l’économie et de l’industrie, Banri Kaieda, d’autoriser TEPCo à reprendre l’injection d’eau de mer.

20h20 : Le siège à Tokyo de TEPCo pense que l’injection d’eau de mer dans le réacteur n°1 a repris, après un arrêt de 55 minutes. Dans les faits, elle n’aurait pas été arrêtée, à en croire le directeur de la centrale. La pression serait de 0,35 MPa.

20h40 : L’explosion du bâtiment réacteur n°1 est annoncé par Yukio Edano (secrétaire général et porte-parole du gouvernement) lors d’une conférence de presse.

Dimanche 13 mars 2011

Heure non indiquée : Les travailleurs auraient essayé de ventiler de la vapeur d’eau par deux fois entre le 13 et 15 mars dans le réacteur n°2, mais TEPCO ne peut pas confirmer que la pression a bien baissé. Plusieurs tentatives de ventilation du réacteur n°3 auraient eu lieu après le 12 mars.
Les autorités françaises recommandent aux ressortissants français de l’éloigner de la région du Kanto.
La Nuclear Safety Commission (NSC) aurait envoyé deux fax dans la journée demandant au gouvernement de donner des comprimés d’iode aux personnes ayant une contamination supérieure à 10 000 cpm (coups par minute). Ces instructions n’ont jamais été transmises aux personnes sur le terrain.

Vers 2h42 : Arrêt du refroidissement de secours à haute pression du coeur du réacteur n°3 pour utiliser des pompes incendie à la place. Les intervenants auraient dû contrôler la pression à l’intérieur de la cuve : si elle est supérieure à environ 7 atmosphères, les pompes à incendie ne peuvent pas injecter de l’eau.
Il s’avère que la pression était de 40 atmosphères et que l’eau injectée ne pouvait pas pénétrer dans la cuve du réacteur. Les ouvriers ont donc tenté de rétablir le système de refroidissement de secours à haute pression, mais il n’a pas redémarré car ses batteries étaient faibles. Ils ont donc essayé de faire baisser la pression. L’injection d’eau par des camions-pompier sera finalement possible à 9h25. (reconstitution faite par la commission en charge de comprendre l’accident, 2 décembre 2011).

5h10 : TEPCo signale aux autorités que l’alimentation en eau du réacteur n°3 s’est arrêtée et que la pression à l’intérieur a commencé à monter. Elle a doublé par rapport au niveau normal.

5h15 : Le directeur de la centrale, Masao Yoshida, donne l’ordre de ventiler le réacteur n°3.

Vers 6h30 : La Japan Nuclear Energy Safety Organization (JNES) transmet à la NISA ses prédiction sur l’évolution du coeur du réacteur n°3. Ces données seront retransmises 20 minutes plus tard au cabinet du 1er ministre. Ces données ne seront jamais utilisées et ne seront connues que le 2 septembre 2011.

Vers 7h : Les barres de combustibles commencent à être exposées selon un estimation de TEPCo.

7h30 : Les barres de combustible dans le coeur du réacteur n°3, d’une longueur de 4 mètres, sont exposées sur une hauteur de 2,95 mètres. TEPCo a prévenu les autorités (heure non précisée).

8h20 : TEPCo a mesuré 882 microsieverts par heure au niveau du portail principal d’accès à la centrale qui est situé à 1,5 km du réacteur n°3. C’est au-delà du seuil d’alerte de 500 microsieverts par heure. TEPCo a alerté les autorités (heure non précisée).

8h41 : Début des opérations de ventilation du réacteur n°3. Un ouvrier a dû apporter sa batterie de voiture à la salle de contrôle pour pouvoir ouvrir la vanne.

Vers 9h : Début probable de la fusion du coeur du réacteur n°3, s’il a bien fondu suite au dénoyage du combustible. Les opérateurs ont commencé à décompresser la cuve dans l’enceinte de confinement.

9h20 : TEPCO a commencé à ventiler l’enceinte de confinement du réacteur n°3 pour faire baisser la pression et les gaz radioactifs ont été libérés par la cheminée de 120 m de haut. La pression baisse.

9h25 : TEPCo a commencé à injecter de l’eau douce borée dans le coeur du réacteur n°3 à l’aide de camions pompier alors que les barres de combustible semblent partiellement ou complètement dénoyées. Il a été estimé a posteriori que cela faisait 6 heures qu’elles étaient dénoyées.

10h15 : Le directeur de la centrale, Masao Yoshida, donne l’ordre de ventiler le réacteur n°2.

10h30 : Le directeur de la centrale, Masao Yoshida, donne l’ordre de se préparer à injecter de l’eau de mer dans le réacteur n°3.

10h46 : La NSC (Nuclear Safety Commission) a faxé à la NISA, chargée de la gestion de la crise, un document recommandant la distribution de pilules d’iodure de potassium à la population âgée de moins de 40 ans afin de protéger la thyroïde. Cette recommandation restera lettre morte, car elle n’a jamais été transmise plus loin. Cette note a été mise en ligne en septembre 2011 et la NISA a annoncé enquêter sur cette erreur attribuée au chaos règnant dans la cellule de crise.

11h17 : Une valve de ventilation du réacteur n°3 s’est refermée car le piston qui doit l’actionner n’a plus d’air.

11h30 : Le niveau d’eau dans le réacteur n°3 serait repassé au dessus des barres de combustible.

12h05 : Le directeur de la centrale, Masao Yoshida, donne l’ordre de se préparer à injecter de l’eau de mer dans le réacteur n°2.

Vers 12h30 : Ouverture de la valve de ventilation du réacteur n°3 après remplacement du piston.

Vers 13h10 : Préparation de l’injection d’eau de mer dans le réacteur n°3 à l’aide de camions de pompier.

13h17 : 300 millisieverts par heure ont été mesurés dans le bâtiment réacteur n°3. Cette donnée, qui laisse penser à une fuite de gaz radioactifs dans le bâtiment réacteur et donc à la possibilité d’une nouvelle explosion hydrogène, n’a pas été transmise par TEPCo aux autorités.

13h52 : 1 557 microsieverts par heure ont été mesurés (lieu non précisé). C’est passé à 184 microsieverts par heure au même endroit 50 minutes plus tard.

14h07 : Une note écrite de TEPCo mentionne la possibilité d’une accumulation d’hydrogène dans le bâtiment réacteur n°3. Cette note ne sera pas transmise aux autorités.

Dans l’après midi : TEPCo passe de l’eau douce à l’eau de mer pour le réacteur n°3.

Lundi 14 mars 2011

La pression montre dans le réacteur n°3. Il reste 475 personnes dans des hôpitaux et centres de soin dans le zone des 20 km.

1h10 : L’injection d’eau de mer dans les réacteurs 1 et 3 a été stoppée par manque d’eau dans la cuve. Cela a entraîné une augmentation de la pression dans les cuves des réacteurs et des débits de dose ambiant.

2h20 : Le débit de dose a atteint 751 microsieverts par heure et donc dépassé la limite d’alerte à une balise près de la clôture du site.

2h40 : Le débit de dose a atteint 650 microsieverts par heure et donc dépassé la limite d’alerte à une autre balise près de la clôture du site.

Vers 3h : Fin estimée par TEPCo de la fusion du coeur du réacteur n°3, s’il y a bien eu fusion complète.

3h20 : L’injection d’eau de mer a repris dans le réacteur n°3. Il est fort probable que les barres de combustible aient été dénoyées pendant ce temps là.

5h20 : Ventilation du réacteur n°3. La direction centrale de TEPCo à Tokyo ordonne à la hiérarchie locale de mesurer à nouveau la concentration d’hydrogène. Cette information ne sera pas transmise aux autorités.

Vers 6h : Les données de mesure de pression à l’intérieur de l’enceinte de confinement du réacteur n°1 analysées fin mai suggèrent que la brèche de 3 cm de large apparue 50 heures plus tôt fait une dizaine de centimètres.
Elevation brusque de la pression dans le réacteur n°3. Le directeur de la centrale a demandé aux personnes sur place d’évacuer le réacteur, de crainte d’une explosion. TEPCo a préparé un communiqué pour la presse, mais la NISA lui a demandé de ne pas le diffuser tout de suite. L’interlocuteur sur place n’arrivait pas à joindre son supérieur… L’annonce aura lieu 3 heures plus tard, deux heures avant l’explosion hydrogène.

Avant 8h : La pression à l’intérieur de l’enceinte de confinement du réacteur n°3 a atteint des niveaux dangereux. Les cadres de TEPCo sur place en ont informé le siège de la compagnie à Tôkyô. Cette information ne sera pas rendue publique avant 9h15, le temps d’obtenir l’accord de diffusion des autorités.

Vers 9h : TEPCo estime a posteriori que la cuve du réacteur n°3 commence à être endommagée.

10h00 : Une nouvelle secousse de magnitude 5,8 a secoué le Nord Est du Japon. L’épicentre était au large d’Ibaraki.

11h01 : Une explosion hydrogène a eu lieu dans le bâtiment abritant le réacteur n°3. 11 ouvriers ont été blessés. 3 d’entre eux ont été refusés par des hôpitaux par crainte de la contamination radioactive. Ils ont finalement été acceptés par l’hôpital universitaire de Fukushima, une vingtaine d’heures après l’explosion. Ils n’étaient pas fortement contaminés…
L’explosion a été suivie d’un panache de vapeur d’eau, ce qui est typique d’une explosion hydrogène, puis de fumées grisatres faisant penser à un incendie.
L’injection d’eau de mer continue. Le gouvernement a ordonné à 500 personnes qui étaient encore dans la zone des 20 km et qui attendaient d’être évacuées de se calfeutrer à nouveau.
Une valve servant à ventiler le réacteur n°2 voisin est endommagée. Les tuyaux des véhicules de pompier sont endommagés.

11h20 : Une nouvelle alerte au tsunami a été lancée après la localisation d’une vague de 3 mètres.

11h30 : Le niveau d’eau dans la cuve du réacteur n°3 est situé à 1,8 mètres sous le haut des barres de combustibles. Le débit de dose au niveau du portail d’entrée principal de la centrale est 50 millisieverts par heure.

11h44 : Le débit de dose est de 20 microsieverts par heure au niveau du portail d’entrée principal de la centrale.

Vers 13h : L’alerte au tsunami a été levée.

Vers 13h25 : Le système de refroidissement de secours du réacteur n°2 s’arrête ou est arrêté.

16h18 : La température de la piscine de combustible du réacteur n°4 a atteint 85°C alors qu’elle est inférieure à 40°C habituellement.

Vers 16h30 : Reprise de l’injection d’eau de mer dans le réacteur n°3.

16h34 : TEPCo a commencé à asperger de l’eau de mer dans le réacteur n°2 à partir de camions de pompier. Le niveau de l’eau diminue. Seulement une pompe sur 5 marche. Les autres ont dû être endommagées par l’explosion du réacteur n°3.

Vers 17h : Les 8 personnes de la NISA présentes sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi depuis le 11 mars 2011 décident de fuir de leur propre initiative. A partir de ce moment là, les autorités doivent se contenter des seules informations de l’exploitant. Une peu plus tard, se sera au tour de TEPCo de demander l’autorisation de se retirer de la centrale, ce qui a été refusé par le premier ministre.

Vers 18h : Le haut des barres de combustible du réacteur n°2 commencent à être dénoyées. Il s’agit d’une estimation faite a posteriori sur un scenario pessimiste.

18h22 : L’information que les barres de combustible du réacteur n°2 sont dénoyées est arrivée à la cellule décentralisée de la centrale de Fukushima.

18h30 : Le niveau d’eau aurait baissé rapidement dans le réacteur n°2, exposant complètement les barres de combustible à l’air libre pendant deux heures et trente minutes.

19h54 : Début de l’injection d’eau de mer dans le réacteur n°2 à l’aide de camion pompier.

Vers 20h : Début estimé du processus de fusion du coeur du réacteur n°2, s’il a bien fondu suite à un dénoyage des barres de combustible.

20h22 : Les cadres de la cellule de crise décentralisée ont été informés de la possibilité d’une fusion du coeur du réacteur n°2.

21h37 : Un débit de dose de 3 130 microsieverts par heure a été enregistré (lieu non précisé).

22h22 : Les cadres de la cellule de crise décentralisée ont été informés de la possibilité d’un endommagement de l’enceinte de confinement du réacteur n°2. A peu près au même moment, la direction de TEPCo informe le cabinet du premier ministre qu’elle envisage d’évacuer les employés du site de la centrale. Kan aurait dit : “Est-ce que TEPCo veut cesser d’être une compagnie de production d’électricité ? Appelez le PDG.”

Vers 22h10 : Heure estimée le 6 juin par la NISA de la fusion du coeur du réacteur n°3. La cuve est abimée.

Vers 22h50 : Heure estimée le 6 juin par la NISA de la fusion du coeur du réacteur n°2. La cuve est abimée.

Vers 23h : La pompe incendie qui injectait de l’eau de mer dans le réacteur n°2 a manqué de fioul et les barres de combustible auraient à nouveau été exposées.

Dernières heures de la journée : Masao Yoshida, le directeur général de la centrale de Fukushima daï-ichi, a ordonné de préparer un bus pour évacuer les travailleurs présents sur le site en cas de “syndrome chinois”, c’est à dire percement de l’enceinte de confinement du réacteur n°2 par le corium (combustible en fusion). Il s’agissait d’évacuer tous les travailleurs en cas de menace, sauf quelques uns, indispensables.

Mardi 15 mars 2011

Une tentative de ventilation du réacteur n°2 a eu lieu, mais TEPCO ne peut pas dire si cela a fonctionné ou non.
TEPCo a éloigné presque tous les ouvriers de la centrale. Il ne reste qu’une cinquantaine de personnes sur place.
Les autorités ont reconnu le 4 juin avoir caché qu’elles avaient détecté ce jour une contamination massive en iode 131 jusqu’à 50 km au Nord-Ouest de la centrale : par exemple 123 millions de becquerels par kilo d’herbe à 38 km. Cela aurait dû entraîner une évacuation plus large et plus rapide.
Le ministre des sciences et technologies a décidé de ne pas rendre publiques les prédictions sur la dispersion des rejets radioactifs pour ne pas paniquer les populations.

1h10 : TEPCo a réussi à ouvrir une valve et a repris le pompage d’eau de mer dans le réacteur n°2. Les valves s’étaient refermées sans raison apparente.

3h00 : La pression dans la cuve du réacteur n°2 a baissé. TEPCo pense que l’eau de mer atteint le coeur du réacteur et le refroidit, même si elle ne sait pas le niveau d’eau dans la cuve a monté.

Vers 3h00 : Selon le premier ministre (dans une interview à la presse datée du 5/9/2011), le ministre de l’industrie aurait prévenu son cabinet que TEPCo voulait abandonner la centrale de Fukushima à son triste sort, ce qui aurait entraîné une catastrophe sans aucune commune mesure avec ce qui c’est passé. Shimizu, le directeur général de TEPCo, dira par la suite, qu’il était évident pour lui qu’évacuer ne signifiait pas évacuer tout le monde, mais laisser quelques personnes clés sur place.

4h00 : 23,7 microsieverts par heure ont été enregistrés à Iwaki.

Vers 6h : Une explosion a eu lieu dans le réacteur n°4. Le toit a été endommagé. Le feu a été confirmé au Nord-Ouest du 3ième étage (niveau 4 au Japon). Il y avait environ 800 travailleurs sur le site à ce moment là. Seule la cinquantaine de personnes affectées aux pompages sont restées, les autres ont été évacuées.

6h14 : Encore une explosion hydrogène a eu lieu à la centrale de Fukushima dai-ichi. Il s’agit du réacteur n°2 cette fois-ci. Le premier ministre Naoto Kan n’a été prévenu qu’une heure plus tard, après les télévisions.

6h28 : L’eau dans la cuve du réacteur n°2 recouvrerait les barres de combustible sur une hauteur de 1,2 mètres. Les barres font 4 mètres.

6h54 : Le débit de dose détecté au portail d’entrée principal est monté à 8 217 microsieverts par heure.

Vers 7h00 : 96 personnes sont restées à l’hôpital de Futaba situé dans la zone des 20 km.

7h50 : TEPCO annonce 1 941 microsieverts par heure détectés au portail d’entrée principal et que la pression dans la chambre de supression, est passé de 3 atmosphères (qui est la pression normale) à une atmosphère, ce qui suggère que cette chambre a été abimée par l’explosion et ne serait plus étanche. Dans l’enceinte de confinement, la pression est restée à 7,3 atmosphères.

8h30 : 8 217 microsieverts par heure ont été détectés au portail principal.

Vers 9h : 11 930 microsieverts par heure ont été détectés au portail principal. C’est un record !

9h40 : Un feu s’est déclaré dans le réacteur n°4. Il a été maîtrisé.

10h22 : 400 millisieverts par heure (ou 400 000 microsieverts par heure !) ont été enregistrés près du réacteur n°3 et 100 millisieverts par heure près du n°4.

11h : Lors d’une conférence de presse, le premier ministre japonais, Naoto Kan, a exorté les 136 000 personnes vivant entre 20 et 30 km de la centrale de rester calfeutrées chez elles.

Vers 15h30 : Le premier ministre interroge ses collaborateurs sur l’idée de se rendre au siège de TEPCo. Il a été décidé de créer une cellule de crise commune au siège de TEPCo.

Vers 19h : Masao Yoshida, le directeur de la centrale, a évacué 650 travailleurs présent sur le site vers la centrale daï-ni (n°2). Il ne reste que 50 personnes sur le site.

Vers 20h : Fin estimée par TEPCo de la fusion complète du coeur du réacteur n°2, s’il a bien fondu.

Mercredi 16 mars 2011

Vers 4h : La cuve du réacteur n°2 commence à être endommagée selon l’estimation faite a posteriori par TEPCo.

5h30 : Le premier ministre Naoto Kan se rend au siège de TEPCo où il déclare : “le retrait n’est pas une option. Nous voulons que vous montriez votre détermination. Si vous décidez de vous retirer, c’est l’effondrement total de TEPCo.” Naoto Kan est resté 3 heures dans les locaux de TEPCo où il se serait endormi. Il n’est pas encore rentré chez lui depuis le début de la crise.

Vers 5h45 : Un travailleur a aperçu des flammes dans le réacteur n°4.

Vers 8h30 : De la vapeur commence à s’échapper du réacteur n°3. Le premier ministre Naoto Kan retourne à sa résidence.

Vers 10h : De la vapeur d’eau s’échappant du réacteur n°3 est montrée à la télévision.

10h40 : Le débit de dose au niveau du portail d’entrée a battu un nouveau record : 10 000 microsieverts par heure. Un changement d’unité va s’imposer : 10 millisieverts par heure.

Vers 12h : Le ministre de la défense Toshimi Kitazawa, qui hésite à utiliser les hélicoptères de l’armée pour asperger de l’eau, reçoit l’ordre du premier ministre de le faire.

Après midi : la pression dans l’enceinte de confinement du réacteur n°2 augmente. Le coeur en fusion aurait percé la cuve et pénétré dans l’enceinte de confinement.

16h : Le débit de dose au niveau du portail d’entrée se serait stabilisé autour de 1 500 microsieverts (1,5 millisieverts) par heure.

Vers 16h : Des hélicoptères de l’armée volent vers la centrale de Fukushima avec de l’eau, mais le niveau de radiation est tel qu’ils ne peuvent pas s’approcher : 250 millisieverts par heure à 30 mètres d’altitude.

Vers minuit : La pression dans la cuve du réacteur n°3 a presque atteint le niveau de la pression atmosphérique. Simultanément, elle bondit dans l’enceinte de confinement, comme pour le réacteur n°2. TEPCo pense que du combustible fondu a traversé la paroi de la cuve à travers des tuyaux endommagés.

Dans la journée, l’ambassade des Etats-Unis demande à ses ressortissants de quitter la zone d’un rayon de 80 km autour de la centrale. Le gouvernement délocalise le centre de crise à une soixantaine de kilomètres de la centrale à cause du fort niveau de radiations.

Jeudi 17 mars 2011

Les Etats-Unis et d’autres pays recommandent à leur ressortissants d’évacuer la zone dans un rayon de 80 km autour de la centrale.

9h48 : Deux hélicoptères de l’armée japonaise ont largué 4 fois 7,5 tonnes d’eau chacun sur le réacteur n°3. A 10h, les opérations, qui ont duré 12 minutes, étaient terminées. La piscine du réacteur n°3 était prioritaire car TEPCo est convaincue qu’il reste de l’eau dans la piscine du réacteur n°4. Le premier largage a eu lieu à 90 mètres de hauteur environ. Le débit de dose y était de 87,7 millisieverts par heure. A 300 mètre de hauteur, il était de 4,13 millisieverts par heure.

Le ministre de la Défense, Toshimi Kitazawa, a appelé le premier ministre pour l’informer du succès de l’opération, même si les membres de l’administration japonaise étaient conscients que cela ne refroidirait pas le réacteur n°3.

Vers 10h : Le président américain, Barack Obama, appelle le premier ministre japonais et lui précise que la conversation ne sera pas de pure forme. Il propose toute l’assistance possible des Etats-Unis. Cette conversation est très différente de celle du 12 mars où le président Obama a adressé ses condoléances.

10h22 : Le premier ministre japonais Naoto Kan téléphone au président américain Barack Obama (même conversation que la précédente?) pour l’informer de l’intervention des hélicoptères de l’armée. Le but de l’opération apparaît a posteriori comme un gage du Japon aux Etats-Unis que le gouvernement prenait la situation au sérieux. Selon une source interne au gouvernement japonais citée par le quotidien Asahi du 21 mai (version anglaise), quelques jours auparavant, une note confidentielle américaine émanant de quelqu’un de haut placé dans l’administration américaine transmise au premier ministre japonais, aurait menacé d’évacuer tous les Américains du Japon si le gouvernement japonais ne s’impliquait pas plus dans la crise.
18 heures plus tard, Barack Obama se serait rendu à l’ambassade du Japon aux Etats-Unis pour rendre un hommage aux victimes japonaises et a proposé son aide à l’ambassadeur.

12h30 : Le débit de dose est de 351,4 microsieverts par heure à 1 km à l’Ouest du réacteur n°2.

15h55 : TEPCo a mesuré 3,699 sieverts par heure dans un bâtiment au Nord du réacteur n°1.

Vers 19h : Il y a 3,63 millisieverts par heure à 500 mètres du réacteur n°3, près du camion des forces armées, avant l’aspersion d’eau.
30 tonnes d’eau ont été aspergées à une distance d’environ 80 mètres par les camions de l’armée.

20h10 : L’aspersion sur le réacteur n°3 d’eau est terminée. Le débit de dose est de 3,59 millisieverts par heure au même endroit.

20h40 : Le débit de dose est de 292,2 microsieverts par heure à 1 km à l’Ouest du réacteur n°2.

Soirée : Arrivée de 6 camions de pompier de l’armée. Le premier Ministre demande l’aide des pompiers au gouverneur de Tokyo. Les pompiers de Tokyo avaient anticipé la demande et s’étaient entraîné la veille pour déterminer la meilleure façon de limiter l’irradiation des personnes sur place.
Le premier camion anti-émeute de la police municipale de Tokyo est en place pour asperger de l’eau. La priorité va être donnée au réacteur n°3, à la demande de TEPCo. En effet, un hélicoptère de l’armée a vu de l’eau dans la piscine du réacteur n°4.

Vendredi 18 mars 2011

La NISA relève au niveau 5 sur l’échelle INES le niveau de l’accident. 320 personnes déblayent les débris et tirent des cables. Il y a environ 580 personnes en tout sur le site. Dans la journée (heure non précisée), TEPCo a mesuré 200 millisieverts par heure au contact d’eau fuyant dans les sous-sols du bâtiment turbine du réacteur n°1.

11h : Le débit de dose est de 265 microsieverts par heure à 1 km à l’Ouest du réacteur n°2

Vers 14h : 7 camions de pompier appartenant à l’armée sont déployés sur le site de la centrale. Il commencent à asperger le réacteur n°3.
La température de la piscine du réacteur n°5 est de 66,3°C.

14h45 : Une équipe d’une dizaine de personnes, incluant des membres de la NISA, de la Japan Nuclear Energy Safety Organization et du ministère de l’industrie, est arrivée à la conclusion qu’il y a eu fusion complète des réacteurs 1 à 3. Cette version ne sera officielle que 2 mois plus tard. Le groupe a commencé à travailler le 14 mars, mais le rapport n’a été obtenu par l’Asahi qu’en mars 2012 et publié par le journal le 4. La NISA explique qu’elle n’a pas rendu cette analyse officielle car l’équipe était informelle. TEPCo admettra la fusion complète du réacteur n°1 le 15 et celle des réacteurs 2 et 3 le 24 mai. La NISA entérinera ensuite les analyses de la compagnie.

15h20 : 30 unités de pompiers de Tokyo quittent la capitale pour Fukushima. Il y a 139 personnes, toutes âgées de plus de 40 ans et ayant donné leur accord pour intervenir. L’un des véhicules peut asperger jusqu’à 3,8 tonnes d’eau par minute à une hauteur maximale de 22 mètres.
Ils ont aspergé le réacteur n°3 avec 2 400 tonnes d’eau pendant 13 heures et demie.

Vers 17h : A 500 m au Nord du réacteur n°3, il y a 5 millisieverts par heure. Arrivée des pompiers de Tokyo. Les débris qui jonchent le sol les empêchent de positionner leur véhicule comme ils voulaient, à savoir entre le réacteur n°3 et la mer.

23h30 : Une quarantaine de pompiers entrent à nouveau sur le site et positionnent le camion à un autre endroit. Le tuyau est alors trop court de 350 mètres environ. Une vingtaine de pompiers doivent alors sortir pour brancher un autre tuyau.

Samedi 19 mars 2011

1h50 : A 500 m au Nord du réacteur n°3, il y a 3,18 millisieverts par heure.

4h22 : Le deuxième générateur diesel de secours du réacteur n°6 est réparé. Cela a permis de remettre en route le circuit de refroidissement de la piscine du réacteur n°5. Jusqu’à maintenant, seul le premier générateur fonctionnait pour refroidir les piscines des réacteurs 5 et 6, mais cela ne suffisait pas : la température continuait de monter. La température de la piscine du réacteur n°5 a baissé de 1°C (heure non précisée).

8h10 : Il y a 830,8 microsieverts par heure près de l’entrée Ouest située à 1,1 km du réacteur n°3.

9h00 : Il y a 364,5 microsieverts par heure près de l’entrée Ouest située à 1,1 km du réacteur n°3.

12h30 : Les pompiers de Tokyo commencent à asperger 60 tonnes d’eau de mer vers la piscine du réacteur n°3. L’opération dure 20 minutes. Une cinquantaine de pompiers ont pénétré deux fois sur le site : la plus forte dose reçue par un pompier est de 27 millisieverts. 3 autres ont reçu des doses comprises entre 14 et 16 millisieverts. 45 autres ont été exposés à des doses d’une dizaine de millisieverts ou moins. La limite fixée pour les pompiers est de 30 millisieverts en une seule fois en cas d’accident nucléaire.

14h : Il y a 3,443 millisieverts par heure à 500 m au Nord du réacteur n°2.

14h05 : Les pompiers de Tokyo reprennent les opérations. Il s’agirait d’une nouvelle équipe de 102 personnes et 14 camions.

Dimanche 20 mars 2011

1h10 : La pression dans l’enceinte de confinement du réacteur n°3 est de 2,8 atmosphères.

3h40 : Les pompiers de Tokyo ont envoyé 2 000 tonnes d’eau dans la piscine du réacteur n°3 qui a une contenance de 1 400 tonnes. Les opérations ont duré pendant plus de 13 heures. Il y a 2,758 millisieverts par heure à 500 mètres au Nord du réacteur n°1.

4h30 : La pression dans l’enceinte de confinement du réacteur n°3 est de 3,4 atmosphères.

5h00 : Le nombre d’employés de TEPCo ayant reçu une dose supérieure à 100 millisieverts est de 7.

7h : Les piscines des réacteurs 5 et 6 ont une température de 37,1 et 41,0°C respectivement.

8h20 : Début de l’aspersion d’eau dans la piscine du réacteur n°4 par les forces armées.

9h40 : Fin de la première aspersion d’eau dans la piscine du réacteur n°4 par les forces armées. L’opération, qui a envoyé de 82 tonnes d’eau, a duré un peu moins d’une heure. 10 camions pompier des forces armées japonaises et un camion de l’armée américaine ont été impliqués dans l’opération.

11h00 : Il y a 2,579 millisieverts par heure à 500 m au Nord du réacteur n°2.

Vers midi : La pression dans l’enceinte de confinement du réacteur n°3 semble s’être stabilisée.

15h46 : L’électricité est revenue au niveau du réacteur n°2.

18h20 : Reprise de l’aspersion d’eau sur le réacteur n°4 par les forces armées. Un total de 160 tonnes d’eau est aspérgé dans la journée.

Lundi 21 mars 2011

Arrivée de deux tanks de l’armée pour déblayer les débris qui gènent les interventions. Une lame a été fixée comme sur un bulldozer. A l’intérieur, les conducteurs sont protégés par du métal épais. L’eau de mer à proximité commence à être radioactive.

Entre 1h et 3h : La pression dans la cuve du réacteur n°3 est montée soudainement à 110 atmosphères. Selon Fumiya Tanabe, ancien chercheur au Japan Atomic Energy Research Institute qui a travaillé sur l’accident de Three Mile Island, il y eu le début d’une deuxième fusion du coeur à ce moment là.

4h : Suspension de l’aspersion d’eau dans la piscine du réacteur n°3 par les pompiers de Tokyo et d’ailleurs. 1 130 tonnes d’eau ont été aspergées pendant 6 heures et demie lors de cette troisième opération. 3 700 tonnes d’eau ont été aspergées en tout dans cette piscine.

5h : La température des piscines des réacteurs 5 et 6 est de 39,5 et 32°C respectivement. Ces températures sont considérées comme normales.

6h40 : Les forces armées recommencent à asperger de l’eau dans la piscine du réacteur n°4. Cette nouvelle opération dure environ 2 heures. 12 camions de pompier de l’armée japonaise et un de l’armée américaine sont utilisés. Ce sont des employés de TEPCo quiconduisent le camion américain. 90 tonnes d’eau ont été aspergées.

11h30 : L’électricité est revenue au niveau du panneau électrique du réacteur n°5.

Vers 13h : L’alimentation électrique du réacteur n°5 est passée des générateurs de secours au réseau électrique. Le réacteur n°6 devrait suivre rapidement.

14h30 : De l’eau de mer collectée à cette heure à 100 mètres au Sud du point de rejet a une concentration en iode 131 de 5 066 becquerels par litre. Il y a aussi les césiums 134 et 137.

15h55 : De la fumée grise s’élève au dessus du réacteur n°3. TEPCo évacue ses employés. La fumée disparaît d’elle même au bout d’un peu moins de 3 heures.

18h20 : De la vapeur s’échappe du réacteur n°2 à travers un trou dans le toit. Augmentation de la radioactivité ambiante.

18h30 : Le débit de dose au niveau du portail d’entrée principale de la centrale est de 1 932 microsieverts par heure. Il est à environ 1 km du réacteur n°2.

Soirée : Les pompiers et l’armée se préparent à reprendre les aspersions d’eau le lendemain matin. Arrivée de trois camions pompe à béton avec un bras de 50 mètres.

Mardi 22 mars 2011

Une cellule de crise américano-japonaise a été mise en place. Elle inclut des politiciens, des membres des autorités de sûreté des deux pays, l’armée américaine et l’exploitant. Celle cellule est présidée par Goshi Hosono, le conseiller spécial du premier ministre japonais. La méfiance semble avoir limité l’échange d’information. Selon le quotidien Asahi du 21 mai (version anglaise), un ingénieur de la NISA (autorité de sûreté japonaise) aurait déclaré : “Les Etats-Unis n’ont pas construit de nouvelle centrale nucléaire depuis l’accident de Three Mile Island (1979). Le Japon a continué à améliorer sa technologie qui est du plus haut niveau”. Mais comme ni le gouvernement, ni TEPCo n’arrivaient à proposer des solutions, les décisions prises par cette cellule auraient toutes été mises en place. Comme par exemple, injecter de l’eau douce au lieu de l’eau de mer. L’idée d’injecter de l’azote a aussi été suggérée par les Etats-Unis.

6h : Le débit de dose au niveau du portail d’entrée principale de la centrale est de 264 microsieverts par heure. Il est à environ 1 km du réacteur n°2.

7h : Reprise des travaux pour rétablir l’alimentation électrique des réacteurs 3 et 4.

8h : Reprise des travaux pour rétablir l’alimentation électrique des réacteurs 1 et 2.

10h35 : L’électricité est revenue au niveau du réacteur n°4.

11h : La pression dans l’enceinte de confinement du réacteur n°1 est de 1,7 atmosphère.

21h52 : Les instruments de mesure du réacteur n°4 sont à nouveau alimentés par le réseau électrique.

Fin de journée : L’électricité est revenue à l’entrée de tous les réacteurs. TEPCo a rebranché l’éclairage dans la salle de contrôle du réacteur n°3. Les réacteurs 5 et 6 sont alimentés par le réseau électrique. Le réacteur n°1 est monté en température (400°C) et il a fallu injecter plus d’eau de mer.

Mercredi 23 mars 2011

1h40 : Les instruments de mesure du réacteur n°1 sont à nouveau alimentés par le réseau électrique.

2h30 : L’eau de mer est injectée dans le réacteur n°1 par la tuyauterie d’alimentation du réacteur.

6h00 : La température du réacteur n°1 dépasse les 400°C, ce qui est plus que le maximum de 302°C prévu par le constructeur. Pour le réacteur n°2, elle est entre 102 et 109°C. Pour le réacteur n°3, c’est entre 253 et 279°C. L’injection d’eau de mer dans le réacteur n°1 passe de 2 à 18 tonnes par heure.

Peu avant 9h : Survol d’un hélicoptère de l’armée pour mesurer les températures.

10h00 : La température du réacteur n°1 est de 390°C, ce qui est toujours plus que le maximum de 302°C prévu par le constructeur.
Reprise de l’injection d’eau dans la piscine du réacteur n°4 à l’aide d’une pompe à béton. 150 tonnes ont été injectées la veille avec cette pompe.

Vers 16h20 : De la fumée noire a été aperçue au dessus du réacteur n°3. Cela a entraîné l’évacuation des employés. Une heure plus tard, on ne voyait plus rien. Il n’y a pas eu d’augmentation de la radioactivité ambiante.

18h : La pression dans l’enceinte de confinement du réacteur n°1 est montée à 3,6 atmosphères. Elle était de 1,7 atm deux jours plus tôt.

Jeudi 24 mars 2011

1h : La température du réacteur n°1 est redescendue à 243°C.

2h30 : La quantité d’eau injectée dans le coeur du réacteur n°1 est descendue à 10 tonnes par heure.

5h : Plus aucune fumée noire n’est visible.

7h51 : L’ordre d’évacuation de la centrale est levé.

Vers 10h30 : Trois sous-traitants de TEPCo commencent à tirer des cables électriques dans les sous-sols du réacteur n°3. Ils seront fortement contaminés aux jambes après avoir pataugé entre 40 et 50 minutes dans une flaque d’eau radioactive d’une profondeur de 15 cm environ. Il y avait 400 millisieverts par heure à la surface de l’eau. L’analyse faite plus tard donne une contamination de 3,9 milliards de becquerels par litre. Cela signifie que le réacteur n°3 fuit.

11h30 : La salle de contrôle du réacteur n°1 est à nouveau alimentée par l’électricité du réseau. L’éclairage de la salle de contrôle du réacteur n°3 a aussi été rebranché sur le réseau électrique externe.

Le débit de dose à la surface de l’eau trouvée dans les sous-sols du réacteur n°3 est de 400 millisieverts par heure.

Vendredi 25 mars 2011

6h10 : La température du réacteur n°1 est de 204,5°C.

15h37 : Début de l’injection d’eau douce dans le réacteur n°1 à l’aide d’une pompe externe.

18h02 : Début de l’injection d’eau douce dans le réacteur n°3 à l’aide d’une pompe externe.

Le gouvernement demande aux personnes confinées entre les rayons de 20 et 30 km autour de la centrale de partir volontairement car il est difficile de les ravitailler.
De l’eau douce est maintenant injectée dans les coeurs des réacteurs n°1 et 3.

Samedi 26 mars 2011

La contamination de la mer continue de monter.

Le débit de dose mesuré à la surface de l’eau des sous-sols du réacteur n°3 est passé à 750 millisieverts par heure. Le débit de dose à la surface de l’eau très contaminée des sous-sols du bâtiment turbine du réacteur n°1 est de 1 sievert par heure, ce qui prouve que cette eau a été en contact avec du combustible fondu.

10h10 : Début de l’injection d’eau douce dans le réacteur n°2 à l’aide d’une pompe externe.

14h30 : De l’eau de mer prélevée à ce moment là à 330 mètres au sud du point de rejet des réacteurs 1 à 4 contient de l’iode 131, des césiums 134 et 137, du barium 140, du lanthane 140 et du tellure 132. La présence de ces produits de fission est la preuve d’un endommagement conséquent du combustible. Comme le lanthane est très peu volatil, cette pollution est très certainement due à une eau qui a été au contact des combustibles fondus.

Dimanche 27 mars 2011

Découverte d’eau extrêmement contaminée dans les sous-sols du réacteur n°2 : 13 milliards de becquerels par litre pour l’iode 131 et 2,3 milliards pour les césiums 134 et 137. Avec un tel niveau de contamination, l’eau doit provenir du coeur qui a fondu. Le débit de dose à proximité de cette eau est supérieur à 1 sievert par heure (1 000 millisieverts par heure).
La contamination de l’eau de mer continue de monter.

Soirée : TEPCo a réduit la quantité d’eau injectée dans le réacteur n°2 de 17 à 7 tonnes par heure dans le but de réduire les fuites d’eau très radioactive. La température de la cuve est de 125°C environ.

Lundi 28 mars 2011

Les autorités japonaises ont reconnu que le niveau de contamination de l’eau découverte dans les sous-sols du réacteur n°2 ne pouvait être dû qu’à une fusion partielle du réacteur n°2. La compagnie a aussi reconnu pour la première fois que les cuves pouvaient être endommagées car l’eau ne monte pas comme prévu malgré la quantité injectée. Mais elle ne connaît pas l’origine des dommages…

7h24 : Secousse de magnitude 6,5 au large de Sendai suivie d’une mise en garde au tsunami. Une hauteur de 50 cm est possible.

19h : La température de la cuve du réacteur n°2 est passée à 148°C suite à la réduction de l’injection d’eau.

Soirée : Augmentation de la quantité d’eau injectée dans le réacteur n°1 suite à l’augmentation de température notée la veille.

Mardi 29 mars 2011

2h : La température de la cuve du réacteur n°2 continue à monter et est passée à 152°C suite à la réduction de l’injection d’eau. La température et la pression dans le réacteur n°1 sont “instables”.

6h : La température de la cuve du réacteur n°1 s’est stabilisée vers 323,3°C.

Après midi : Une forte concentration en iode 131 a été détectée dans la mer à proximité de la centrale, suggérant une fuite : 3 355 fois sla norme légale à 300 mètres au sud de la centrale.

Dimanche 17 avril 2011

13h : Selon le quotidien Asahi du 21 mai (version anglaise), Hilari Clinton, la secrétaire d’Etat aux affaires étrangères et l’ambassadeur des Etats-Unis au Japon se rendent à la résidence du Ministre des affaires étrangères japonais. La feuille de route rédigée par TEPCo a été remise à l’ambassadeur des Etats-Unis 2 heures avant être rendue publique.

Mardi 10 mai 2011

Vers 2h : Début probable d’une fuite du réacteur n°3 vers la mer.

Mercredi 11 mai 2011

19h : Colmatage de la fuite vers la mer du réacteur n°3 : 250 tonnes d’eau et 20 térabecquerels (20 millions de millions de becquerels) auraient fui selon TEPCo.

Samedi 28 mai 2011

TEPCo a rétabli le système de refroidissement pour les piscines des réacteurs 1 à 4. Le réacteur n°1 est le dernier à être rétabli. TEPCo a fait circulé 5 tonnes d’eau à titre de test ce jour.

21h : TEPCo découvre qu’une pompe du système de refroidissement de la piscine de combustibles usés et du coeur du réacteur n°5 a cessé de fonctionner. C’est l’eau de mer qui refroidit le circuit primaire qui ne circule plus.

Dimanche 29 mai 2011

8h : Début des travaux d’installation de la nouvelle pompe du réacteur n°5.

11h : La température du réacteur n°5 est 92,2°C, ce qui représente une augmentation de 24°C par rapport à la veille. Pour la piscine de combustibles usés n°5, c’est 45,7°C, soit 4,7°C d’augmentation.

Vers 12h : 93,6°C pour le réacteur n°5 et 46°C pour la piscine. On est proche de la température d’ébullition pour le réacteur.

12h50 : La nouvelle pompe installée par TEPCo pour le refroidissement de réacteur n°5 fonctionne. La compagnie surveille les températures.

14h : La température du réacteur n°5 est redescendue à 76,5°C.

Jeudi 7 avril 2011

1h31 : Début de l’injection d’azote dans le réacteur n°1 pour prévenir tout nouveau risque d’explosion hydrogène.

Dimanche 15 mai 2011

TEPCo admet qu’il y a eu fusion complète du coeur du réacteur n°1.

Mardi 24 mai 2011

TEPCo admet qu’il y a eu fusion complète du coeur des réacteurs n°2 et 3.

Mardi 31 mai 2011

8h : Découverte d’une fuite de fioul. La nappe s’étend sur 200 à 300 mètres à l’intérieur des barrières de protection en mer. La fuite, provenant d’une canalisation située près des réacteurs 5 et 6 a été rapidement colmatée.

Vers 14h30 : Un bruit d’explosion a été entendu du côté Sud du réacteur n°4. TEPCo dit que c’est une bombonne d’oxygène qui a explosé après avoir été heurtée par un engin qui déplaçait des débris. Cela n’aurait pas provoqué de dégât au réacteur ni de blessure au personnel.

17h21 : TEPCo a démarré le premier système de refroidissement à circuit fermé et échangeur de chaleur depuis le 11 mars pour refroidir la piscine du réacteur n°2. La compagnie espère faire passer la température de 70 à 40°C et ainsi réduire l’humidité et la chaleur dans le bâtiment réacteur.

Mardi 28 juin 2011

18h06 : Début de l’injection d’azote dans le réacteur n°2 pour prévenir un risque d’explosion hydrogène.

Jeudi 30 juin 2011

19h47 : Démarrage du nouveau système de refroidissement à circuit fermé et échangeur de chaleur pour refroidir la piscine du réacteur n°3.

Jeudi 14 juillet 2011

18h01 : Début de l’injection d’azote dans le réacteur n°3 pour prévenir un risque d’explosion hydrogène.

24 février 2013

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Fukushima, deux ans après, retour à l’anormal

ACRO.eu.org

Les autorités japonaises rêvent d’une catastrophe réversible : le gouvernement a engagé un immense programme de « décontamination » et a promis un retour à une partie des 160 000 personnes qui ont quitté leur habitation pour fuir les dangers de la radioactivité. Dans d’autres zones, non évacuées, mais aussi contaminées de 8 régions du Japon, ce sont les municipalités qui ont la charge des travaux qui consistent à laver, frotter, couper les herbes, arbustes, gratter la terre… Pour les zones évacuées, le gouvernement a lancé des appels d’offres et ce sont les majors du BTP, sans aucune expérience, mais pouvant mobiliser une large main d’œuvre, qui ont été retenues. L’une d’entre elles avait la charge du génie civil lors de la construction des réacteurs de la centrale de Fukushima. Comme toujours, ce sont des sous-traitants qui font les sales travaux.

L’Asahi, un des principaux quotidiens du Japon, a enquêté et révélé ce que tout le monde savait sur place : le travail est bâclé. Les déchets sont parfois seulement rejetés un peu plus loin, l’eau de lavage n’est pas récupérée… le débit de dose n’est pas toujours contrôlé à la fin des travaux. Les ouvriers ne sont pas mieux traités : le ministère du travail a trouvé que le droit du travail est violé dans 45% des cas. Non paiement de la prime de risque absorbée dans le mille-feuille des intermédiaires pour des centaines, voire des milliers d’entre eux, équipements de protection individuelle pas toujours utilisés, contrats caducs, absence de visite médicale… Pas étonnant qu’il y ait une pénurie de main d’œuvre. Seulement 10% des postes sont pourvus.

Seul l’appât du gain intéresse les compagnies retenues, qui n’ont subi aucune sanction. Personne n’a été sanctionné suite à cette catastrophe. Les cadres dirigeants limogés de TEPCo, l’exploitant de la centrale accidentée, se sont recasés dans des filiales et la compagnie espère toujours pouvoir continuer à exploiter son autre centrale nucléaire. On retire le permis de conduire à un chauffard, pas à un exploitant du nucléaire. TEPCo, s’accroche à ses 7 réacteurs de sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa, sur la mer du Japon, dans la province de Niigata, même si deux d’entre eux sont situés sur une faille sismique qui a été requalifiée en faille active suite aux révisions des critères de sûreté. Les autres, à eau bouillante, de la même technologie que ceux de Fukushima, nécessitent des investissements massifs et des années de travaux de remise aux normes durcies par la nouvelle autorité de sûreté. TEPCo n’a pas renoncé non plus à ses réacteurs non accidentés de Fukushima, même s’ils ont été noyés par de l’eau de mer corrosive lors du tsunami de mars 2011 et même si les autorités locales n’en veulent plus. Des milliers de travailleurs y sont exposés à des doses inutiles pour tenter de les remettre en état de marche.

Les autres compagnies d’électricité ne sont pas en reste. 14 réacteurs ont été arrêtés par les séisme et tsunami du 11 mars 2011 et ceux de Hamaoka ont été arrêtés sur ordre du 1er ministre en mai 2011. Et les autres n’ont pas été autorisés à redémarrer suite à l’arrêt programmé tous les 13 mois. Le gouvernement a finalement autorisé le redémarrage de deux réacteurs durant l’été 2012, même s’ils n’étaient pas aux normes provisoires. Il est passé outre l’opinion publique et les manifestations massives. Le pays aurait pu passer l’été sans. Ils seront à nouveau arrêtés après 13 mois de fonctionnement durant l’été 2013 et le pays sera de nouveau sans nucléaire. La validation d’un nouveau référentiel de sûreté, la remise aux nouvelles normes des réacteurs et les inspections vont prendre du temps. Nombreux réacteurs, situés sur des failles sismiques jugées actives suite à une réévaluation ou étant câblés avec des câbles inflammables ne redémarreront probablement jamais. Il se pourrait que la moitié du parc nucléaire japonais ne redémarre jamais et c’est même certain pour plus d’un quart du parc.

Les compagnies d’électricité font un lobbying intense pour obtenir un assouplissement des règles de sûreté et une période de grâce, comme si elles n’avaient rien retenu de la catastrophe en cours. Elles ne veulent pas non plus entendre parler de l’ouverture du marché de l’électricité et garder leur monopole très lucratif. Elles mettent en avant les coûts élevés des énergies fossiles de remplacement comme argument principal. Mais ce sont les réacteurs nucléaires, devenus inutiles, qui leur coûtent cher. Les seules compagnies qui ne sont pas dans le rouge sont celles qui n’ont pas ou peu de nucléaire !

L’industrie nucléaire, qui a sa part de responsabilité dans la catastrophe, mais qui n’a pas déboursé un yen pour venir en aide aux populations touchées, espère toujours vendre des réacteurs à l’étranger, le marché intérieur étant fermé pour longtemps. Les modèles en catalogue n’ont pas évolué depuis Fukushima.

Pour les populations touchées par la catastrophe la vie est toujours anormale. Les déplacés volontaires ne bénéficient de quasiment aucune aide. On ne sait même pas combien ils sont, nombre d’entre eux n’allant pas s’enregistrer sur le nouveau lieu de vie. Pour ceux qui sont restés par force ou par choix, la vie dans les territoires contaminés est difficile. L’alimentation est toujours un sujet d’inquiétude. Les enfants ne jouent presque plus dehors et prennent du poids. Pour les réfugiés, qui ont dû évacuer sur ordre des autorités, la vie est aussi difficile dans le logement provisoire, souvent exigu. Comment refaire sa vie quand on ne sait pas combien de temps cette attente va durer, quand on ne sait pas si l’on pourra rentrer un jour chez soi ? Pour les agriculteurs, l’espoir de retrouver une ferme est très mince.

L’indemnisation des personnes déplacées de force coûte cher aux autorités qui avancent l’argent à TEPCo. Comme il est fort probable qu’elle ne pourra jamais rembourser, ce sera le contribuable qui, in fine, paiera. Alors que les autorités ont baissé les concentrations limites de césium radioactif dans l’alimentation, pour tenter de regagner la confiance des consommateurs, elles refusent de baisser la limite d’évacuation, pourtant beaucoup trop élevée. Fixée à 20 mSv/an, comme pour les travailleurs du nucléaire, elle s’applique maintenant à toute la population, même les personnes les plus vulnérables comme les enfants. Pire, le gouvernement a gardé cette limite pour autoriser le retour des populations. Il a vaguement promis une limite plus basse à long terme, sans donner aucun calendrier.

Dans certaines zones, les habitants sont autorisés à rentrer chez eux durant la journée, pour remettre en état leur habitation, mais à pas à dormir sur place car les services comme l’eau, l’électricité, endommagés par le séisme, n’ont pas pu être rétablis à cause de la radioactivité. Le gouvernement a donc engagé un programme de « décontamination » à marche forcée.

Même en cas de travail soigné, avec récupération des déchets, la décontamination semble être une mission impossible. Avec 70% de montagnes et de forêts, le débit de dose dans les zones nettoyées ne diminue que modestement, sauf à raser de grandes étendues. Souvent, il y a recontamination avec la pluie, le vent. Et il n’y a toujours pas de solution pour les déchets engendrés.

Ce n’est pas mieux dans les zones non évacuées : selon le ministère de l’environnement, fin décembre 2012, seulement 23% des 103 000 habitations contaminées des 7 provinces autres que Fukushima, qui sont aussi touchées, ont été « décontaminées ». Et l’on ne connaît pas l’impact des travaux en terme de dose.

La mer continue à se contaminer sans que l’on n’y puisse rien. Les infiltrations d’eau souterraine polluent le rivage sur le site de la centrale et le lessivage des sols par les eaux de pluie entraîne une augmentation de la contamination des sédiments dans l’embouchure des fleuves. C’est particulièrement flagrant dans la Baie de Tôkyô où la contamination croît de jour en jour. Le pire est peut-être à venir : TEPCo est contrainte d’injecter d’énormes quantités d’eau pour refroidir les combustibles fondus des réacteurs 1 à 3 de la centrale de Fukushima daï-ichi. Cette eau se contamine, s’infiltre dans les sous-sols des bâtiments réacteur et menace de déborder dans la mer. TEPCo la pompe donc continuellement, la décontamine très partiellement et la réinjecte. Mais de l’eau souterraine s’infiltre aussi, se contamine et augmente les stocks. La compagnie ne sait plus où mettre les cuves pleines d’eau contaminée sur son site. Elle n’a d’autre perspective que de la rejeter en mer à plus ou moins longue échéance, après une décontamination plus poussée, promet-elle, mais toujours partielle. La station de traitement, prévue pour septembre 2012, ne fonctionne toujours pas.

Sur place, ce sont les ouvriers sous-traitants qui payent le plus lourd tribut. Ce sont eux qui prennent les plus fortes doses de radioactivité et leur statut précaire les pousse à tricher en minimisant l’enregistrement des doses reçues. Avec environ 3 000 personnes par jour sur le site, plus de 25 000 personnes y sont passées.

Quant aux habitants évacués, ils n’en peuvent plus. Ils ne croient plus à un retour à la normale. De nombreux habitants, surtout ceux avec de jeunes enfants, se sont résignés et ne rentreront jamais. Quelle sera leur vie quand les indemnités s’arrêteront ? Quel sera leur état de santé à long terme ? Il y a déjà, officiellement, trois cas de cancer de la thyroïde avérés chez les enfants de Fukushima, qui ont subi une intervention chirurgicale. 7 autres cas suspects sont en cours d’analyses complémentaires. Cela ne va qu’empirer, le pic du nombre de cas étant apparu 4 à 5 ans après les rejets massifs à Tchernobyl.

Combien seront-ils au Japon ? Pour eux, comme pour beaucoup, aucun retour à la normale n’est possible.

Le titre est inspiré d’un article d’Alissa Decotes-Toyosaki dans Zoom Japon de février 2013