Débordement d’une cuve pleine : les mesures prises par TEPCo

Suite de l’affaire de la cuve qui a débordé suite à une accumulation d’erreurs humaines. Dans un nouveau document mis en ligne (en japonais uniquement), on voit une photo de l’étendue de la flaque. TEPCo a pompé l’eau qui a fui et a retiré la terre contaminée. Il y a aussi des photos. Elle a récupéré 42 m3 d’eau sur 100 m3 qui auraient fui et retiré 130 m3 de terre. De la terre contaminée inaccessible aux engins reste. TEPCo veut aussi creuser 3 puits pour surveiller l’eau souterraine à proximité.

La compagnie suspecte toujours un acte de malveillance concernant les vannes qui étaient ouvertes alors qu’elles n’auraient pas dû l’être. Elle a mis des cadenas et montre les photos. Elle va aussi installer des caméras de surveillance.

Doses prises par les travailleurs

TEPCo a mis en ligne des statistiques sur les doses enregistrées par les travailleurs sur le site de sa centrale. En janvier 2014, il y a eu 924 employés de TEPCo et 5 813 sous-traitants qui prennent les doses les plus fortes. Aucun employé de TEPCo n’a pris plus de 5 mSv en un mois alors que c’est le cas de 247 sous-traitants.
Ils sont 32 034 à être passés sur le site depuis le début de la catastrophe.

La pêche à la rascasse est suspendue

Les pêcheurs de Fukushima ne pêchent que 32 espèces, les font contrôler avant de les mettre sur le marché. Ils ont adopté une limite de 50 Bq/kg, qui est la moitié de la limite gouvernementale. Mais ils ont récemment pêché une rascasse à 110 Bq/kg au large d’Iwaki. Les 13,2 kg pêchés ne seront pas commercialisés et les 2,5 kg de la veille seront repris, même s’ils ne dépassaient pas la limite. La pêche à la rascasse est suspendue.

Voici les dernières données sur les sédiments marins devant la centrale qui sont toujours fortement contaminés en césium.

Retards dans la décontamination

La levée de l’ordre d’évacuer les villages d’Iitaté et de Katsurao va être reportée d’un an à cause du retard pris dans les travaux de décontamination. 2 120 personnes vivaient dans les zones concernées de ces deux villages, où l’exposition externe devrait être inférieure à 20 mSv/an. La nouvelle date annoncée, mars 2015, n’est pas sûre. Pour les zones plus contaminées, où l’exposition externe pourrait atteindre une valeur comprise entre 20 et 50 mSv/an, le gouvernement garde l’objectif de mars 2016.
Ce n’est pas le seul endroit où les retards s’accumulent.

Ouverture du marché de l’électricité

Le gouvernement a approuvé la loi de libéralisation du marché de l’électricité. Actuellement, 10 compagnies d’électricité se partagent le marché avec un monopole régional. Une nouvelle entité va être mise en place pour coordonner l’offre et la demande. En 2016, ce sera l’ouverture du marché pour les petits consommateurs. Puis, entre 2018 et 2020, les compagnies devront séparer le réseau de distribution de la production pour faciliter l’entrée sur le marché de nouveaux producteurs.

Exposition des habitants vivant près des zones évacuées

Une équipe de chercheurs japonais a étudié les doses reçues par des habitants vivant en bordure de la zone évacuée. Les résultats ont été publiés dans une revue scientifique en libre accès. Des données complémentaires sont ici.

Ils ont sélectionné 483 personnes vivant à Kawauchi et dans le district de Haramachi à Minami-Sôma, situés entre 20 et 30 km de la centrale de Fukushima daï-ichi, ainsi qu’à Tamano, commune de Sôma, située plus loin, en bordure d’Iitaté. Ces personnes ont porté un dosimètre pendant deux mois en Août-Septembre 2012. Les résultats ont été relevés et la contribution de la radioactivité naturelle soustraite. Ils ont aussi contrôlé la nourriture de 117 personnes et les poussières pour évaluer l’exposition interne.

L’exposition externe varie beaucoup d’un individu à l’autre. A Kawauchi, la dose reçue varie de 0,04 mSv à 1,2 mSv pour deux mois (0,24 mSv à 7,2 mSv si l’on extrapole à l’année). La personne qui a pris le plus est retournée régulièrement dans sa maison située en zone évacuée. La deuxième plus forte dose à Kawauchi a été prise par une personne qui va travailler en forêt. D’autres, avec des doses élevées ont participé à des travaux de décontamination.

A Haramachi, les doses étaient comprises entre 0,14 mSv et 0,40 mSv sur deux mois (0,84 mSv et 2,4 mSv si l’on extrapole à un an). A Tamano, c’était compris entre 0,17 mSv et 1,1 mSv sur deux mois (1,02 mSv et 6,6 si l’on extrapole sur un an).

L’exposition interne liée à la nourriture ou à l’inhalation de poussières a été calculée à partir des mesures et conduit à des valeurs plus faibles. La valeur maximale pour la nourriture est de 0,120 mSv par an. Il faut noter que ce calcul est très approximatif car la contamination des aliments varie beaucoup en fonction de la saison. Or les mesures ont été faites sur tous les aliments consommés pendant 24 heures. La consommation d’un ou deux aliments plus contaminés que la moyenne un autre jour peut conduire à de forts changements.

En ce qui concerne l’inhalation de poussières, les auteurs de l’étude évaluent la contribution la plus élevée à 0,023 mSv/an pour un adulte et à,027 mSv/an pour un enfant.

Cette étude confirme donc d’autres études qui montrent que c’est bien l’exposition externe qui domine et que les variations peuvent être très grandes d’un individu à l’autre.

Les auteurs comparent ces résultats à l’exposition naturelle, mais les règles de radioprotection n’y font pas référence car cela s’ajoute. Ils se hasardent ensuite à calculer la dose sur 10 ans, jusqu’en 2022 et à calculer le nombre de cancers engendrés. Ces derniers calculs doivent être pris avec précaution, surtout en ce qui concerne l’impact sanitaire des faibles doses encore mal compris.

Le Japon accepte de rendre le plutonium prêté par les Etats-Unis

Le Japon possède 331 kg de plutonium de qualité militaire qui vient du Royaume Uni et qui lui a été fourni par les Etats-Unis pendant la guerre froide. Depuis 2010, les Etats-Unis réclament au Japon de rendre ce matériau proliférant. Le Japon a finalement cédé et demande du plutonium de moins bonne qualité à la place pour continuer son effort de recherche. Dire qu’il a une usine toute neuve d’extraction de plutonium qui n’a jamais servi car elle ne fonctionne pas.

Ce plutonium est à Tôkaï (Ibaraki). L’annonce officielle devrait être faite au sommet sur le sécurité nucléaire de La Hague les 24 et 25 mars 2014.

Premiers tests pour le gel des sous-sols

Suite aux scandales à répétition lors de l’été 2013 concernant les fuites d’eau en mer, le gouvernement s’était engagé à prendre les choses en main et a proposé de financer une barrière souterraine gelée tout autour des 4 réacteurs pour isoler les sous-sols des écoulements souterrains.

Il s’agit de creuser les puits d’une trentaine de mètres de profondeur, d’y faire circuler un liquide réfrigérant à -40°C. Le projet coûterait plus de trente milliards de yens (214 millions d’euros).

Les premiers tests devraient avoir lieu bientôt et seront lancés, au plus tôt, le 11 mars prochain, jour anniversaire. Ils concerneront une surface de 100 m2 seulement à proximité du réacteur n°4. Le gel devrait prendre un mois. Il s’agit de tester l’étanchéité de la solution malgré la présence de tuyaux, galeries… Les travaux à grande échelle devront démarrer plus tard durant l’année. Le mur devrait alors aller jusqu’à 35 m de profondeur car de la contamination a été détectée si bas.

Personne ne sait si cette solution ne va pas modifier la stabilité des sols, ni elle est pérenne car le chantier est là pour des décennies.