Doses prises par les travailleurs à la centrale de Fukushima daï-ichi

A l’approche du 11ème anniversaire de la catastrophe nucléaire, voici un bilan sur le nombre de travailleurs exposés aux rayonnements ionisants à la centrale de Fukushima daï-ichi et des doses qu’ils ont prises. TEPCo publie tous les mois un tableau avec des données statistiques et notre dernier bilan remonte à octobre 2021. Rappelons que la compagnie remet les compteurs à zéro tous les cinq ans. Ainsi, suite au dixième anniversaire, elle vient de repartir pour une nouvelle période de cinq années. Une telle pratique est surprenante.

Les dernières données publiées sont à la date du 31 janvier 2022 et montrent qu’environ 6 800 travailleurs sont exposés chaque mois. La dose moyenne mensuelle reçue varie de 0,32 à 0,37 mSv, sachant que la limite annuelle est de 20 mSv en moyenne sur 5 ans. Ce sont les sous-traitants qui prennent les doses les plus fortes avec un maximum de 10,28 mSv sur le seul mois de janvier.

D’avril 2021 à janvier 2022, 9 628 ont été exposés, avec, comme toujours, une majorité de sous-traitants qui prennent les plus fortes doses : la dose moyenne des employés de TEPCo sur cette période est de 0,69 mSv et celle des sous-traitants de 2,31 mSv, avec un maximum à 17,08 mSv. Le tableau donne aussi les doses à la peau et à la cornée.

Pour mémoire, comme nous le rappelions dans notre dernier bilan chiffré annuel, pour la première période allant du 11 mars 2011 au 31 mars 2016, 46 956 travailleurs ont été exposés aux rayonnements ionisants sur le site de la centrale accidentée de Fukushima daï-ichi, dont 42 244 sous-traitants. Et les données publiées en avril 2021 permettent de connaître le nombre de travailleurs qui ont été exposés entre le 1er avril 2016 et le 31 mars 2021 : 25 024 dont 90% de sous-traitants (22 568). Sur ces cinq années, la dose externe moyenne reçue par les sous-traitants est de 6,96 mSv, alors qu’elle est de 3,28 mSv pour les employés de TEPCo. Les sous-traitants ont donc pris 95% de la dose externe collective correspondante, qui est de 165 hommes.sieverts.

121ème versement financier pour TEPCo

TEPCo annonce avoir reçu le 121ème versement financier de la part de la structure gouvernementale de soutien qui lui avance de l’argent pour les indemnisations : 19,7 milliards de yens (151,5 millions d’euros au cours actuel). Rappelons que cet argent est prêté sans intérêt.

En prenant en compte ce versement et les 188,9 milliards de yens venant de l’Act on Contract for Indemnification of Nuclear Damage Compensation, TEPCo a reçu un total de 10 226,2 milliards de yens (79 milliards d’euros au cours actuel) et cela ne suffira pas.

Taïwan assouplit l’interdiction d’importation de produits alimentaires japonais

Taiwan a assoupli l’interdiction d’importation de produits alimentaires japonais des provinces de Fukushima, Ibaraki, Gunma, Tochigi et Chiba. Mais certains produits, comme les champignons et le gibier demeurent interdits. Cela devrait faciliter son accès à l’accord de libre échange transpacifique.

Visite d’une délégation de l’AIEA à propos du rejet en mer de l’eau traitée accumulée

La nouvelle visite d’une délégation de l’AIEA, du 14 au 18 février, a été fortement médiatisée car elle fait partie de la stratégie des autorités pour faire accepter le rejet dans l’océan de l’eau traitée qui est accumulée dans des cuves à la centrale de Fukushima daï-ichi. Elle est composée de 15 membres, dont des représentants de la Corée et de la Chine.

TEPCo a mis en ligne des photos et une vidéo de la visite sans aucun intérêt, avec quelques explications. En amont, elle a aussi mis en ligne une brochure en plusieurs langues qui explique son étude d’impact des rejets prévus. Le gouvernement, quant à lui, a annoncé, selon l’Asahi, vouloir accroître sa surveillance de l’environnement en faisant passer le nombre de points de prélèvement d’une douzaine à une cinquantaine. Ils seront situés, pour la plupart, à moins de 10 km de l’émissaire. La fréquence, trimestrielle, devrait être augmentée, une fois les rejets commencés. Mais le gouvernement ne parle que de contrôle du tritium alors qu’il y a tous les autres radioéléments, qui ont été mal filtrés ou le carbone-14, qui n’est pas filtré. Il n’évoque pas non plus de contrôles indépendants. Tant que les autorités rabaisseront le sujet à un problème d’image, elles ne répondrons jamais aux préoccupations des personnes concernées.

Les autorités ne répondent pas non plus au fait que, malgré les rejets, l’eau devrait continuer à s’accumuler, comme nous l’avons déjà expliqué, à un rythme moins soutenu et qu’il faudra donc trouver de la place supplémentaire.

Lydie Evrard a expliqué, lors d’une conférence de presse, que l’AIEA ne prendrait pas position, car la décision est du ressort et de la responsabilité de chaque pays. C’est à l’Autorité de régulation japonaise d’accepter ou non ces rejets. L’AIEA est d’aider les pays à appliquer les recommandations internationales en termes de sûreté et radioprotection. Elle est à l’écoute des inquiétudes. Mais, à la question de savoir si la délégation avait rencontré des opposants au rejet en mer, Gustavo Caruso a répondu que c’était le gouvernement japonais qui choisissait leurs interlocuteurs…Pourtant, le but de la visite de 5 jours était, selon les éléments de communication, de mener une inspection “objective, crédible et scientifique [qui] contribuera à envoyer un message de transparence et de confiance à la population du Japon et d’ailleurs”…

Leur rapport sera publié en avril.

Rappelons que le rejet doit se faire à un kilomètre de la berge via un tunnel, mais les travaux ont déjà du retard, comme le souligne l’Asahi, et il est peu probable que l’installation soit prête pour avril 2023.

Images de l’intérieur de l’enceinte de confinement du réacteur n°1

TEPCo a envoyé un robot dans l’enceinte de confinement du réacteur n°1 et a publié des images de ce qui pourrait être du corium, ce mélange de combustibles fondu et de gravats, car c’est juste en dessous de la cuve. Une première tentative, en janvier 2022, avait dû être suspendue car un radiamètre dysfonctionnait.

Dans une première vidéo, prise le 8 février 2022, on voit l’installation d’anneaux pour empêcher les câbles attachés au robot de ce tordre. Les explications, sont ici en anglais.

Les images de la deuxième vidéo sont beaucoup plus impressionnantes : elles montrent un monde englouti depuis presque 11 ans avec des dépôts qui pourraient être du corium. Les explications sont ici en anglais. La vidéo a aussi été mise sur Youtube par le Blog de Fukushima :

 

Dépôts :

Il n’y a aucun niveau de dose indiqué sur les images mises en ligne, mais TEPCo évoque des valeurs pouvant atteindre 2 Sv/h, ce qui est une dose létale en quelques heures.

TEPCo espère pouvoir retirer quelques grammes de corium du réacteur n°2 avant la fin de l’année.

Reprise du soutien financier au combustible MOx

Le ministère de l’économie prévoit de rétablir son programme de subventions pour les régions qui acceptent que du combustible MOx, à base de plutonium recyclé, soit utilisé dans les centrales nucléaires de leur territoire. Selon l’Asahi, la fédération des compagnies d’électricité prévoit 12 réacteurs Moxés en 2030 alors que seulement 10 réacteurs ont été remis en service depuis l’accident nucléaire à la centrale de Fukushima daï-ichi, dont 4 consomment du MOx. Le gouvernement espère donc accélérer le calendrier grâce aux subventions.

Par le passé, les provinces qui avaient accepté le programme MOx, appelé pluthermal au Japon, avant 2008 pouvaient recevoir jusqu’à 6 milliards de yens de subventions. Et celles qui avaient accepté avant 2014 pouvaient recevoir un maximum de 3 milliards de yens. Huit provinces, dont Fukui, Ehimé et Saga, en ont bénéficié. Le gouvernement souhaite relancer ce mécanisme qui n’existe plus.

Au Japon, à chaque problème, une subvention, comme si l’argent pouvait tout régler ! Cela ne suffira pas pour accélérer la remise en service des réacteurs nucléaire ni le démarrage de l’usine de retraitement de Rokkashô-mura, qui a déjà 25 ans de retard.