TEPCo a publié le résultat de calculs d’impact du rejet en mer prévu de l’eau traitée contenue dans les cuves. Voir son communiqué de presse et les documents attachés : une présentation des principaux résultats et un rapport d’une soixantaine de pages. Il y a aussi une vidéo montrant le panache calculé dans l’océan. Il est possible d’envoyer un commentaire avant le 18 décembre.
TEPCo confirme que l’eau sera filtrée de façon à ce que la concentration résiduelle de 62 radioéléments soit inférieure aux limites. Ce n’était pas le cas il y a quelques années et la compagnie doit filtrer à nouveau 67% de son stock d’eau qui s’élève à presque 1,3 millions de mètres cube. Elle mentionne des contrôles sur 64 radioéléments avant rejet, les 62 filtrés plus le carbone-14 et le tritium (hydrogène radioactif).
Le tritium, qui ne peut pas être filtré, sera dilué : la concentration des effluents ne dépassera pas 1 500 Bq/l et la quantité annuelle restera inférieure à 22 TBq, comme avant la catastrophe. Et le rejet se fera via un tunnel qui fait environ 1 km de long. Pour son calcul d’impact, la compagnie a retenu deux scénarios : un basé sur les seuls radioéléments mesurés et un basé sur une eau hypothétique constituée de 8 radioéléments qui dominent la dose des consommateurs de fruits de mer et sur-estime leur concentration : Sn-126, Sn-123, Sn-119m, Fe-59, Cd-115m, Cd-113m, C-14 et Ag-110. A l’exception du carbone-14, ces éléments n’ont pas été identifiés, mais il est supposé qu’ils sont présents. TEPCo ajoute ensuite le Zn-65, qui est le neuvième radioélément le plus pénalisant, pour atteindre la limite autorisée.
TEPCo suppose ensuite un rejet continu tout au long de l’année et modélise la dispersion du tritium en supposant que les autres radioéléments se comportent de la même façon, ce qui n’est pas nécessairement correct. La concentration en tritium au-dessus de l’exutoire du tunnel de rejet devrait être inférieure à 30 Bq/L. La dilution fait rapidement chuter cette concentration quand on s’éloigne.
Deux régimes alimentaires sont pris en compte dans le calcul de dose : un mangeur moyen de produits de la mer, et un gros mangeur. La dose la plus élevée avec la contamination mesurée de l’eau est de 0,31 µSv/an pour les adultes gros mangeurs et de 2,1 µSv/an avec l’eau hypothétique. C’est inférieur à l’objectif limite fixé à 0,05 mSv/an (50 µSv/an).
Il est important de noter que cette évaluation ne prend pas en compte la pollution existante, ni les fuites continues via l’eau souterraine qui se rejette dans la mer.
Dans la note explicative, TEPCo signale que les rejets en sortie de cuve sont limités à 500 m3 par jour. C’est optimiste, puisqu’avec une concentration en tritium de 200 000 Bq/L, TEPCo dépasserait l’autorisation annuelle de rejet. Pour les cuves où la concentration en tritium est de 820 000 Bq/L, le rejet ne pourra pas dépasser 73 m3 par jour. C’est moins que la quantité d’eau accumulée quotidiennement et cela ne permet pas de réduire le stock d’eau : il croît juste moins rapidement, comme nous l’avons déjà souligné.
Cette consultation coïncide avec une nouvelle visite d’une délégation de l’AIEA, réduite à 6 personnes à cause de la pandémie. La dernière visite a eu lieu en septembre dernier. TEPCo a mis en ligne des photos sans intérêt. A noter qu’une autre équipe serait venue faire des prélèvements, selon un communiqué de l’AIEA.
Pour rappel, le portail de TEPCo sur l’eau contaminée est ici en anglais.
Mise à jour du 16 décembre 2021 : Greenpeace Japon a soumis une analyse critique de ce travail à retrouver ici en anglais.