TEPCo va manquer de place à partir de 2022 pour ses cuves remplies d’eau contaminée sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi et la solution retenue par les autorités est le rejet en mer, comme cela a finalement été officiellement annoncé en avril dernier. Mais, comme le souligne l’Asahi, un simple calcul permet de montrer que cela ne suffira pas et que la quantité d’eau stockée va continuer à augmenter. Il faudra donc trouver de la place autour de la centrale.
La contamination résiduelle de l’eau qui va être rejetée, en supposant que TEPCo l’a correctement traitée cette fois-ci, est dominée par le tritium, de l’hydrogène radioactif que l’on peut difficilement séparer. La concentration moyenne est de 620 000 Bq/L et le stock total dans les cuves de 780 TBq (source). Or, l’autorisation de rejet annuelle est de 22 TBq. En supposant que les autorités ne comptent pas les rejets en tritium via les nappes phréatiques et que cette autorisation soit entièrement utilisée pour l’eau des cuves, TEPCo ne pourra se débarrasser que de 35 000 m3 par an, ou 97 m3 par jour pendant une trentaine d’années. C’est moins que la quantité journalière d’eau qui s’accumule.
En effet, sur son portail dédié à l’eau contaminée, TEPCo table sur une augmentation moyenne de 150 m3 par jour jusqu’en 2022 :
La quantité d’eau qui s’accumule dépend des précipitations et, ces derniers temps, les données hebdomadaires publiées font état d’une augmentation qui varie de 719 à 2 300 m3 par semaine, soit de 100 à plus de 300 m3 par jour.
Même avec le rejet en mer, le stockage va donc continuer à augmenter et TEPCo devra trouver de la place. La concentration de 620 000 Bq/L n’est qu’une moyenne et l’on imagine que TEPCo va commencer par l’eau la moins contaminée afin de se débarrasser de plus grands volumes au début. Il se peut aussi que l’autorisation de rejet soit relevée, une fois les rejets commencés. Mais, il y a de fortes chances pour que TEPCo doive trouver des terrains autour de sa centrale pour y mettre des cuves…
Le stock d’eau dans les cuves au 15 avril 2021 est, selon le portail, de 1 255 771 m3. Une grande partie a été traitée, mais mal traitée, et la contamination résiduelle dépasse les concentrations maximales autorisées pour un rejet en mer. Dans un document mis en ligne le 27 avril (copie), TEPCo vient de redéfinir sa terminologie pour qualifier l’eau entreposée dans les cuves. Ainsi, l’expression “eau traitée par ALPS” est désormais réservé à l’eau qui a été correctement traitée et dont la contamination résiduelle des 62 radioéléments retirés et du carbone-14 ne dépasse pas les concentrations maximales autorisées. Au 31 décembre 2020, cette eau représentait un volume de 323 900 m3 sur un total de 1 156 800 m3, soit à peine 28% ! Quant à l’eau qui doit être traitée une deuxième fois, majoritaire, elle n’a pas de nom officiel… Mais dans la suite du document, TEPCo parle d'”eau traitée par ALPS, etc”. Tout est dans le “etc” ! Cela doit faire partie des subtilités de la communication.