Le rejet en mer se fera à un kilomètre via un tunnel sous-marin

TEPCo prévoit de creuser un tunnel sous-marin jusqu’à 1 km du rivage pour rejeter l’eau contaminée, pardon “traitée”, dans l’océan afin de permettre une meilleure dilution. Rappelons que cette eau sera déjà diluée en amont, avant rejet, de façon à avoir moins de 1 500 Bq/L de tritium, même si les contrôles ne seront faits qu’a posteriori. L’eau utilisée pour la dilution ne sera pas pompée dans le port, qui est contaminé, mais à proximité du réacteur n°5.

Un tunnel serait plus robuste qu’un simple tuyau en cas de séisme ou tsunami. Il devrait faire 2,5 m de diamètre. Les investigations géologiques devraient commencer en septembre et les travaux pourraient durer jusqu’en 2023. Les rejets ne débuteront qu’après cette date. Le coût d’un tel projet n’est pas donné. Voir ce document en anglais (copie) et celui-ci en japonais pour avoir des informations un peu plus détaillées.

TEPCo et le gouvernement espèrent ainsi réduire les “rumeurs néfastes” qui pourraient affecter les produits de la mer (lire le communiqué en anglais de TEPCo). Le but est plutôt de réduire la contamination près de la côte, mais ce mot est tabou ! Il s’agit, surtout, d’éloigner les rejets des prises d’eau de mer afin de ne pas repomper du tritium dans l’eau utilisée pour diluer le tritium des cuves.

Le gouvernement a aussi annoncé qu’il achèterait les invendus de la pêche pour les congeler si les ventes diminuent à cause de la “désinformation”. Pour les produits qui ne peuvent pas être congelés, il trouvera de nouveaux marchés. Le montant du fond d’aide et les conditions pour en bénéficier restent à déterminer. Et si ces efforts ne suffisent pas, TEPCo indemnisera les pêcheurs.

TEPCo s’était engagée à compenser les éventuelles baisses dans les ventes en faisant des études statistiques sur les marchés et en prenant en compte la crise sanitaire, comme l’explique l’Asahi. Voir aussi ce document en japonais. D’une manière générale, jusqu’à présent, c’est TEPCo qui indemnisait les pertes de revenus, mais la compagnie rechignait souvent à mettre la main à la poche, refusant même parfois de suivre les recommandations de la commission de conciliation. Les pêcheurs n’avaient donc pas confiance dans les promesses de TEPCo. Et donc, à la fin, ce sont les contribuables qui vont prendre en charge une partie des coûts éventuels qui auraient incomber à l’exploitant, comme le souligne l’Asahi.

Le gouvernement met aussi en avant les contrôles de l’AIEA qui seront faits de manière transparente. Cette agence de l’ONU n’a jamais rien trouvé à redire de l’action du Japon depuis le début de la catastrophe, même quand il minimisait le niveau de l’accident durant les premiers mois. Il n’y a donc rien à en attendre.

Le gouvernement avait déjà tenté, à l’aide d’une grande agence de communication, Dentsu, de faire passer le tritium pour un mignon petit poisson, ce qui avait fait scandale. La lutte contre les “rumeurs néfastes” n’est pas facile ! D’autant plus que l’on ne construit pas un tunnel sous-marin pour lutter contre ces rumeurs. C’est complètement ridicule. Il serait temps de bien nommer les choses afin de permettre le débat sur le sujet sans systématiquement stigmatiser les personnes qui expriment des inquiétudes.

En juillet dernier, TEPCo a publié une brochure d’une trentaine de pages en anglais qui présente 10 années d’efforts pour gérer l’eau contaminée. Cela vient compléter le portail internet dédié.