Microparticules vitreuses riches en césium autour de Fukushima

En février dernier, un article scientifique mentionnait la présence de microparticules vitreuses riches en césium autour de la centrale de Fukushima daï-ichi. Une communication à un congrès scientifique qui vient d’avoir lieu au Japon, permet d’en savoir plus (voir le résumé scientifique sur le site de la conférence et le communiqué repris par des sites scientifiques) sur ces particules qui peuvent atteindre la taille nanométrique.

Selon ces travaux, les retombées radioactives sur Tôkyô auraient été dominées par cette “suie vitreuse” formée lors de la fusion des cœurs des réacteurs. Ainsi, le césium radioactif retombé sur la capitale n’aurait donc pas été dissout dans l’eau l’eau de pluie. L’analyse de plusieurs filtres à air collectés à Tôkyô le 15 mars 2011 montre que 89% de la radioactivité était contenue dans cette “suie vitreuse”.

Une des conséquences est que la pollution n’aurait pas été emportée directement par les eaux de ruissellement et qu’il a fallu une action de nettoyage pour s’en débarrasser. Pour le principal auteur, cela justifie a posteriori l’intérêt des travaux de décontamination effectués à Tôkyô.

Les analyses ont montré que cette suie est surtout composée de nanoparticules qui auraient été formées lors de l’interaction du corium (cœur fondu) avec le béton des réacteurs accidentés. La concentration en césium peut atteindre 4,4×1014 Bq/kg.

Selon les auteurs de cette étude, ces découvertes imposent de revoir certaines hypothèses concernant les rejets en situation accidentelle ainsi que l’impact sanitaire de ces retombées sous forme de nano- et microparticules qui pourraient rester plus longtemps dans les poumons que du césium soluble.

Problèmes de câbles plus graves que prévu sur plusieurs installations

Suite à la découverte par TEPCo d’une violation des règles de sûreté relatives aux câbles électriques, l’Autorité de régulation nucléaire, la NRA, avait ordonné le contrôle de toutes les installations nucléaires. Fin mars 2016, 19 réacteurs répartis dans 6 centrales nucléaires et l’usine de retraitement étaient concernés par ce problème. En effet, les câbles reliés aux équipements importants pour la sûreté doivent être séparés des autres câbles électriques pour les protéger en cas d’incendie.

Selon le Maïnichi, de nouvelles inspections effectuées par les exploitants et la NRA ont permis de découvrir qu’il y avait un total de 5 344 violations relatives aux câbles dans ces installations. Pour quatre centrales, cette violation était particulièrement grave car les exploitants n’avaient pas les contrôles et correctifs nécessaires après que les nouvelles règles aient été introduites en octobre 2003. Et donc, la NRA a classé cette violation au niveau 2 sur une échelle de 4. Sont concernées, la centrale de Kashiwazaki-Kariwa à Niigata, appartenant à TEPCo, Fukushima daï-ni, appartenant aussi à TEPCo, Onagawa à Miyagi, appartenant à Tôhoku Electric et Hamaoka à Shizuoka, appartenant à Chûbu Electric.

53ième versement financier pour TEPCo

TEPCo annonce avoir reçu le 53ième versement financier de la part de la structure gouvernementale de soutien qui lui avance de l’argent pour les indemnisations : 85,2 milliards de yens (747 millions d’euros). Cet argent est prêté sans intérêt.

TEPCo a déjà reçu un total de 6 246 milliards de yens (presque 55 milliards d’euros) et cela ne suffira pas.

La commune de Chiba demande le déclassement de ses déchets radioactifs

La commune de Chiba, dans la province de Chiba, a accumulé 7,7 tonnes de déchets radioactifs suite à la catastrophe nucléaire. La contamination serait passée sous la barre des 8 000 Bq/kg et la commune demande donc le déclassement en déchets ordinaires. C’est la première fois qu’une telle demande est faite. La réponse est attendue d’ici un mois environ.

Quelle gestion à long terme du sol radioactif « recyclé » ?

On le sait, faute de solution à long terme pour les 22 millions de mètres cube de déchets radioactifs générés par les travaux de décontamination, le gouvernement envisage d’en recycler une partie dans la construction de routes, digues… Le seuil envisagé pour la réutilisation serait, au maximum, de 8 000 Bq/kg, ce qui correspond au seuil introduit après la catastrophe de Fukushima à partir duquel ces déchets sont considérés comme radioactifs. Avant la catastrophe, le seuil de libération pour chaque césium était de 100 Bq/kg… Dans la pratique, le ministère de l’environnement a annoncé, le 7 juin 2016, un seuil de 6 000 Bq/kg si la terre recyclée est couverte de béton et de 5 000 Bq/kg si elle est couverte de terre propre et plantée d’arbres. Des tests vont être menés afin de mesurer le débit de dose ambiant dans le but d’obtenir la « compréhension du public » pour reprendre les expressions officielles.

Mais le césium radioactif va-t-il rester confiné à long terme ? Selon des documents internes aux groupes d’experts qui réfléchissent au problème obtenus par le Maïnichi, les structures comme les digues, routes… ont une durée de vie de 70 ans environ. Or, en prenant en compte la seule décroissance radioactive du césium-137 (le césium-134 aura quasiment disparu en 20 ans), il faut 170 ans pour passer de 5 000 Bq/kg à 100 Bq/kg. C’est 177 ans si l’on part de 6 000 Bq/kg et 190 depuis 8 000 Bq/kg. Ce qui signifie qu’il faudrait « gérer » ce sol contaminé pendant plus d’un siècle au-delà du confinement prévu.

Le sous-groupe de travail mis en place par le ministère de l’environnement, en charge des déchets, comprend une vingtaine de membres et s’est réuni six fois entre janvier et mai 2016. Ce problème de la gestion du sol après l’existence de la route ou digue a été posé dès la deuxième réunion, le 27 janvier. Mais la discussion n’est jamais allée au-delà de ce constat. Un autre sous-groupe, orienté vers les problèmes d’ingénierie, a reconnu qu’il serait impossible de garantir la traçabilité de ces sols contaminés. Malgré cela, le 7 juin, le groupe plénier a avalisé l’option « recyclage », en reportant à plus tard la stratégie de gestion à long terme. Le ministère de l’environnement en prendra la responsabilité. Pas très rassurant !

Plaignants contre le MOx déboutés

La haute cour de justice de Fukuoka a confirmé la décision de la cour de Saga de débouter des citoyens japonais qui avaient porté plainte contre l’utilisation prévue de combustible MOx, à base de plutonium et d’uranium, dans le réacteur n°3 de la centrale de Genkaï.

En 2009, ce réacteur fut le premier, au Japon, à utiliser ce type de combustible contenant du plutonium issu du retraitement. Il a ensuite été arrêté en 2010 pour maintenance et n’a pas redémarré depuis. L’exploitant, Kyûshû Electric, a déposé une demande d’autorisation de redémarrage qui est en cours d’instruction par l’Autorité de régulation nucléaire.

Les plaignants contestent la légalité du MOx, car un espace entre le combustible et sa gaine pourrait se développer, entraînant une perte de refroidissement et un accident. Mais la cour de Saga a estimé qu’il n’y pas d’évidence que ce combustible augmente le risque d’accident grave.

Les maladies radio-induites « négligeables », un nouveau paradigme

Dans un texte lumineux, Abraham Béhar, président de l’Association des Médecins Français pour la prévention de la Guerre Nucléaire, présente la nouvelle limite pour les faibles doses : les maladies radio-induites “négligeables”. Ainsi, on ne nie plus la survenue des maladies radio induites aux faibles doses, mais on les déclare négligeables devant le nombre de maladies provoquées par d’autres causes.

A lire sur le site Vivre après Fukushima.

Le Japon peut avoir rapidement la bombe nucléaire, selon le vice président américain

Joe Biden, le vice-président des Etats-unis, a demandé à la Chine de faire pression sur la Corée du Nord pour qu’elle abandonne son programme nucléaire. Si cette dernière devenait une menace sérieuse pour la région, le Japon pourrait aussi développer une arme nucléaire très rapidement, selon lui.

C’est un secret de polichinelle qui explique l’acharnement du Japon à maîtriser l’extraction du plutonium et la surgénération malgré les déboires techniques. Le gouvernement japonais a rappelé que sa politique est basée sur la non-production, la non-possession de l’arme nucléaire et l’interdiction d’en avoir sur son territoire.

Début du chargement du réacteur n°3 d’Ikata

Shikoku Electric a commencé à charger le combustible nucléaire dans son réacteur n°3 de la centrale d’Ikata, situé dans la province d’Ehimé. Il y a 16 assemblages de MOx sur 157 assemblages en tout. Les équipes se relaient sans arrêt sur place pour terminer le chargement le 27 juin prochain.

La compagnie espère démarrer le réacteur le 26 juillet si tout va bien. Il devrait alors produire de l’électricité trois jours plus tard. Ce sera alors le troisième réacteur mis en service au Japon. Il est à l’arrêt depuis avril 2011.

Des citoyens ont saisi la justice en mai dernier pour suspendre ce redémarrage.