On le sait, faute de solution à long terme pour les 22 millions de mètres cube de déchets radioactifs générés par les travaux de décontamination, le gouvernement envisage d’en recycler une partie dans la construction de routes, digues… Le seuil envisagé pour la réutilisation serait, au maximum, de 8 000 Bq/kg, ce qui correspond au seuil introduit après la catastrophe de Fukushima à partir duquel ces déchets sont considérés comme radioactifs. Avant la catastrophe, le seuil de libération pour chaque césium était de 100 Bq/kg… Dans la pratique, le ministère de l’environnement a annoncé, le 7 juin 2016, un seuil de 6 000 Bq/kg si la terre recyclée est couverte de béton et de 5 000 Bq/kg si elle est couverte de terre propre et plantée d’arbres. Des tests vont être menés afin de mesurer le débit de dose ambiant dans le but d’obtenir la « compréhension du public » pour reprendre les expressions officielles.
Mais le césium radioactif va-t-il rester confiné à long terme ? Selon des documents internes aux groupes d’experts qui réfléchissent au problème obtenus par le Maïnichi, les structures comme les digues, routes… ont une durée de vie de 70 ans environ. Or, en prenant en compte la seule décroissance radioactive du césium-137 (le césium-134 aura quasiment disparu en 20 ans), il faut 170 ans pour passer de 5 000 Bq/kg à 100 Bq/kg. C’est 177 ans si l’on part de 6 000 Bq/kg et 190 depuis 8 000 Bq/kg. Ce qui signifie qu’il faudrait « gérer » ce sol contaminé pendant plus d’un siècle au-delà du confinement prévu.
Le sous-groupe de travail mis en place par le ministère de l’environnement, en charge des déchets, comprend une vingtaine de membres et s’est réuni six fois entre janvier et mai 2016. Ce problème de la gestion du sol après l’existence de la route ou digue a été posé dès la deuxième réunion, le 27 janvier. Mais la discussion n’est jamais allée au-delà de ce constat. Un autre sous-groupe, orienté vers les problèmes d’ingénierie, a reconnu qu’il serait impossible de garantir la traçabilité de ces sols contaminés. Malgré cela, le 7 juin, le groupe plénier a avalisé l’option « recyclage », en reportant à plus tard la stratégie de gestion à long terme. Le ministère de l’environnement en prendra la responsabilité. Pas très rassurant !