85ième versement financier pour TEPCo

TEPCo annonce avoir reçu le 85ème versement financier de la part de la structure gouvernementale de soutien qui lui avance de l’argent pour les indemnisations : 20,8 milliards de yens (166,4 millions d’euros au cours actuel). Rappelons que cet argent est prêté sans intérêt.

TEPCo a déjà reçu un total de 8 768 milliards de yens (70,1 milliards d’euros au cours actuel) si l’on prend en compte le présent versement et cela ne suffira pas.

L’ordre d’évacuer devrait être levé dans deux districts d’Ôkuma

Les communes d’Ôkuma et de Futaba, qui hébergent la centrale nucléaire de Fukushima daï-ichi, sont les plus touchées par les retombées radioactives. Elles ont été presque entièrement classées en “zone de retour difficile” car l’exposition externe pouvait y dépasser les 50 mSv/an et le centre d’entreposage des déchets radioactifs issus de la décontamination y est installé. Il doit couvrir, à terme, 16 km2. Mais les autorités veulent absolument rouvrir une partie de ces communes pour qu’il ne soit pas dit qu’elles ont disparu.

A Ôkuma, l’ordre d’évacuer de deux districts devrait être levé en avril prochain. Il s’agit d’Ôgawara et Chûyashiki. Futaba espère pouvoir faire de même dans une petite zone en 2020.

Selon l’Asahi, à Ôkuma, ces deux districts couvrent environ 40% de la surface de la commune, mais seulement 374 personnes y vivaient, soit moins de 4% des 11 500 habitants de la commune. Les habitants peuvent rentrer chez eux pour préparer leur retour depuis avril 2018, mais à peine 46 d’entre eux se sont inscrits.

En revanche, TEPCo a construit à Ôgawara une résidence pour ses employés où 700 personnes peuvent être hébergées quand elles sont en mission à la centrale accidentée.

La commune espère qu’un millier d’habitants d’Ôkuma vont venir s’installer dans le district d’Ôgawara où un nouvel hôtel de ville est en construction. Elle compte aussi attirer 2 000 autres personnes. Il s’agit de projections très optimistes puisque seulement 10% de la population ont exprimé leur désir de rentrer et 60% de s’installer ailleurs. (Voir aussi les chiffres de 2015). Une réunion publique va être organisée et le maire espère convaincre les populations de rentrer. Comme d’habitude, on ne va pas leur demander leur avis, juste tenter d’obtenir leur assentiment…

TEPCo et l’Etat japonais une nouvelle fois condamnés à indemniser des personnes déplacées

Un groupe de 175 personnes déplacées par la catastrophe nucléaire de Fukushima ont porté plainte contre TEPCo et le gouvernement pour être mieux indemnisées. 125 sont reçu l’ordre d’évacuer et 50 sont des “auto-évacués”. Elles résident toutes dans la province de Kanagawa et réclament 20 millions de yens chacune (160 000€) pour le stress et 350 000 yens par mois (2 800€) en plus des indemnisations déjà reçues. Cela fait un total de 5,4 milliards de yens (43,2 millions d’euros).

Le juge du tribunal du district de Yokohama a demandé à TEPCo et au gouvernement de verser 419,6 millions de yens (3,4 millions d’euros) en tout à 152 plaignants.

Un des points que la justice a analysés était de savoir si TEPCo et les autorités auraient pu anticiper la catastrophe afin de l’éviter. Elle a estimé que le tsunami qui a déclenché l’accident nucléaire aurait pu être prédit dès 2009. La fusion des cœurs et les explosions hydrogène qui s’en sont suivies auraient pu être évitées si les générateurs diesel de secours avaient été placés en hauteur. Ils ont été noyés par le tsunami. Il aurait été possible de mettre en œuvre une telle mesure préventive avant le tsunami de 2011.

En ce qui concerne le gouvernement, le tribunal a ordonné le versement d’une indemnité aux victimes pour avoir violé leur droit à une vie paisible : il aurait pu ordonner à l’entreprise de renforcer la sûreté de ses installations, mais il ne l’a pas fait. Il est donc coupable de ne pas avoir exercé son devoir de régulation.

Les plaignants ont salué cette décision de justice et regrettent que le gouvernement se comporte comme si la catastrophe était terminée. L’Autorité de Régulation Nucléaire regrette de n’avoir pas été comprise par le tribunal… Quant à TEPCo, elle va étudier le jugement avant de se prononcer.

C’est la huitième fois que TEPCo est condamnée à mieux indemniser les victimes et le gouvernement, la cinquième fois. Une trentaine de procès sont en cours eu Japon à propos des indemnisations, impliquant plus de 10 000 personnes.

TEPCo a toujours une culture de sûreté défaillante

Selon l’Asahi, l’Autorité de Régulation Nucléaire, la NRA, vient de décider de lancer une enquête sur l’incapacité du siège de TEPCo à résoudre les problèmes signalés dans ses trois installations nucléaires, à savoir Kashiwazaki-Kariwa et Fukushima daï-ichi et daï-ni.

Les règles de sûreté internes de TEPCO stipulent que les incendies, les pannes de climatisation et autres problèmes dans les centrales nucléaires doivent être traités par le siège de la compagnie qui est tenu de trouver l’origine du problème et de prendre des mesures correctives pour assurer la sûreté de toutes ces installations nucléaires.

Mais, lors d’une inspection, la NRA a découvert que le siège de TEPCo avait négligé quatre problèmes qui étaient survenus à Fukushima daï-ni. Il s’agit notamment d’incendies dans les bâtiments de traitement des déchets des réacteurs 1 et 2 et de pannes du système de climatisation du réacteur n° 2. Un responsable de TEPCo a déclaré que l’entreprise avait reporté la résolution des problèmes parce que le délai pour traiter ces questions “n’était pas clairement indiqué”…

Ce n’est pas la première fois que cela arrive. Au cours des trois dernières années, il y aurait eu 17 négligences similaires à la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, et 5 à Fukushima daiï-ichi.

TEPCo a envoyé un robot au contact du corium du réacteur n°2

Comme annoncé récemment, TEPCo a envoyé un robot dans l’enceinte de confinement du réacteur n°2 afin d’évaluer la consistance du corium, ce mélange de combustible nucléaire fondu et de débris hautement radioactif. La compagnie ne rechigne pas sur la communication quand il s’agit de mettre en avant ses robots et les exploits techniques. Le jour même, elle a mis en ligne des photos, une fiche technique succincte et une vidéo impressionnante…

Les opérations ont duré presque huit heures. In fine, le robot a touché le corium à six endroits différents et a pu soulever cinq morceaux sur quelques centimètres avant de les laisser retomber. Chaque morceau faisait de 1 à 8 centimètres. En revanche, le dépôt sédimentaire au fond de l’enceinte semble collé à la paroi (lieu n°3). Il n’a pas pu être soulevé, ce qui signifie qu’il sera difficile de le retirer.

La deuxième partie de la vidéo montre des images prises sur la partie supérieure de la plateforme (les sous-titres indiquent プラットホーム上). Là encore, les dépôts semblent être soit des graviers faciles à prendre à un endroit, soit une masse compacte bien collée.

Au fond de l’enceinte de confinement, dans la première partie de la vidéo, on voit des gouttes d’eau tomber. On voit aussi les traces du rayonnement dû à la radioactivité sur les images enregistrées.

TEPCo est en train d’analyser les données recueillies (débit de dose, température, images…). Aucune indication n’est donnée pour le moment.

Mise à l’arrêt définitif de Genkaï-2

La compagnie Kyûshû Electric vient d’annoncer qu’elle voulait arrêter définitivement le réacteur Genkaï-2 situé dans la province de Saga. C’est un réacteur de 559 MWe mis en service en 1981 et à l’arrêt depuis janvier 2011. Le renforcement des mesures de sûreté auraient coûté 200 milliards de yens (1,6 milliard d’euros).

Le réacteur n°1 de cette centrale est déjà à l’arrêt définitif et les réacteurs 3 et 4, d’une puissance de 1 180 MWe chacun, ont été remis en service.

Au niveau national, 6 réacteurs ont été détruits ou endommagés par la catastrophe nucléaire à Fukushima daï-ichi, et 15 arrêtés définitivement. Le Japon ne compte donc plus que 33 réacteurs nucléaires pour la production d’électricité : 15 ont leur dossier de sûreté validé et 9 ont été remis en service. Voir le détail sur notre page dédiée.

Présentation de la prochaine visite d’un robot dans le réacteur n°2

TEPCo a mis en ligne une vidéo de présentation de la prochaine visite d’un robot dans le réacteur n°2 qui est sous-titrée en anglais. Comme nous l’avions déjà annoncé, ce robot devrait toucher le fond de l’enceinte de confinement afin d’entrer en contact avec le corium, ce mélange de combustible fondu et de débris, afin d’en évaluer la consistance, mais il ne devrait pas faire de prélèvement. Les opérations devraient débuter le 13 février 2019.

Un autre robot devrait être envoyé après octobre 2019 afin de faire des prélèvements de corium. Les dernières images prises à l’intérieur de l’enceinte de confinement de ce réacteur sont ici.