C’est officiel : Fukushima daï-ni va être arrêtée définitivement et démantelée

Le 24 juillet dernier, les médias japonais avaient annoncé que TEPCo s’apprêtait à entamer les procédures pour mettre à l’arrêt définitif des quatre réacteurs de sa centrale nucléaire de Fukushima daï-ni, située à une douzaine de kilomètres de la centrale accidentée de Fukushima daï-ichi.

Le Président de TEPCo, Tomoaki Kobayakawa, a rencontré Masao Uchibori, le gouverneur de Fukushima, qui a, bien entendu, donné son accord puisqu’il réclamait cet arrêt définitif. La décision a ensuite été validée par le directoire de la compagnie. Voir le communiqué en anglais de TEPCo.

La compagnie annonce que les travaux de démantèlement devraient prendre plus d’une quarantaine d’années car ils se feront au même rythme que le démantèlement de la centrale accidentée, plus complexe. La compagnie n’a pas les ressources humaines pour aller plus vite. Et personne ne sait ce qu’il sera fait des déchets radioactifs. Pour les combustibles usés, TEPCo veut construire un centre d’entreposage à sec d’une capacité de 10 000 assemblages. Le gouverneur a donné son accord. Le site reste à trouver… Ce sera fort probablement à proximité d’une des deux centrales.

Dans son bilan financier présenté ce même jour, TEPCo a inclut une perte exceptionnelle de 95,6 milliards de yens (807 millions d’euros) due à la mise à l’arrêt définitif des quatre réacteurs de Fukushima daï-ni. Le démantèlement devrait coûter 280 milliards de yens (2,4 millions d’euros).

Cette mise à l’arrêt définitif signifie aussi la fin de la subvention gouvernementale pour les deux communes qui hébergent la centrale, Tomioka et Naraha. Elles perdront ainsi environ un milliard de yens (8,4 millions d’euros) par an chacune. Si l’on additionne toutes les taxes et subventions, la centrale de Fukushima daï-ni représentait 25% des ressources de Naraha et 40% de celles de Tomioka. Le gouverneur de la province va demander une subvention exceptionnelle pour ces deux communes qui avaient été évacuées lors de la catastrophe nucléaire.

TEPCo avait 17 réacteurs nucléaires avant la catastrophe, il ne lui en reste plus que 7, à la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, dans la province de Niigata. Il est peu probable qu’elle puisse les redémarrer les sept.

Depuis mars 2011, 21 réacteurs sur 54 ont été détruits ou arrêtés définitivement au Japon. Seulement 9 ont été remis en service. Voir notre page sur l’état des lieux du parc nucléaire japonais.

A noter que Tôhoku Electric, a déposé, le 29 juillet dernier, sa demande de mise à l’arrêt définitif de son réacteur Onagawa-1, situé dans la province de Miyagi. L’annonce de cet arrêt avait été faite en octobre dernier.

TEPCo devrait lancer la procédure d’arrêt définitif de Fukushima daï-ni et son démantèlement

Après avoir procrastiné à cause du coût, TEPCo devrait décider, selon les médias japonais, d’arrêter définitivement sa centrale nucléaire de Fukushima daï-ni et de la démanteler. Les autorités régionales avaient voté plusieurs résolutions demandant l’abandon de cette centrale et le gouvernement avait acquiescé. Mais c’était à la compagnie d’enclencher les procédures.

L’arrêt définitif de Fukushima daï-ni avait été annoncé par le président de la compagnie en juin 2018. TEPCo estime maintenant avoir les ressources financières et humaines pour mener les travaux de démantèlement. La demande d’arrêt définitif sera déposée avant mars 2020.

Le démantèlement devrait prendre une trentaine d’années et coûter 280 milliards de yens (2,3 milliards d’euros), selon la compagnie. Les quatre réacteurs de la centrale ont une puissance totale de 4 400 MWe. Il ont été mis en service en 1982 et 1987. Cette centrale, située à 12 km au Sud de Fukushima daï-ichi, avait aussi été inondée par le tsunami de 2011.

Depuis mars 2011, 21 réacteurs sur 54 ont été détruits ou arrêtés définitivement. Seulement 9 ont été remis en service. Voir notre page sur l’état des lieux du parc nucléaire japonais.

TEPCo a toujours une culture de sûreté défaillante

Selon l’Asahi, l’Autorité de Régulation Nucléaire, la NRA, vient de décider de lancer une enquête sur l’incapacité du siège de TEPCo à résoudre les problèmes signalés dans ses trois installations nucléaires, à savoir Kashiwazaki-Kariwa et Fukushima daï-ichi et daï-ni.

Les règles de sûreté internes de TEPCO stipulent que les incendies, les pannes de climatisation et autres problèmes dans les centrales nucléaires doivent être traités par le siège de la compagnie qui est tenu de trouver l’origine du problème et de prendre des mesures correctives pour assurer la sûreté de toutes ces installations nucléaires.

Mais, lors d’une inspection, la NRA a découvert que le siège de TEPCo avait négligé quatre problèmes qui étaient survenus à Fukushima daï-ni. Il s’agit notamment d’incendies dans les bâtiments de traitement des déchets des réacteurs 1 et 2 et de pannes du système de climatisation du réacteur n° 2. Un responsable de TEPCo a déclaré que l’entreprise avait reporté la résolution des problèmes parce que le délai pour traiter ces questions “n’était pas clairement indiqué”…

Ce n’est pas la première fois que cela arrive. Au cours des trois dernières années, il y aurait eu 17 négligences similaires à la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, et 5 à Fukushima daiï-ichi.

TEPCo et ses autres centrales nucléaires

Que faire de la centrale de Fukushima daï-ni et ses quatre réacteurs qui ont aussi été inondés par le tsunami ? Les autorités régionales ne veulent entendre parler de redémarrage. Le 21 décembre dernier, l’assemblée régionale a adopté, à l’unanimité, une résolution demandant au gouvernement son démantèlement rapide avec comme argument qu’elle est un obstacle à la revitalisation de la région. Depuis 2011, cette même assemblée a déjà demandé à maintes reprises le démantèlement de tous les réacteurs de Fukushima.

Le gouvernement estime que c’est à TEPCo de décider et il n’a pas les moyens légaux d’ordonner l’arrêt définitif. Il craint aussi que s’il répondait favorablement pour Fukushima daï-ni, il serait alors submergé de demandes similaires pour les autres réacteurs du pays. Mais, en tant qu’actionnaire majoritaire de TEPCo, il a les moyens d’influencer les décisions de la compagnie.

TEPCo a fort à faire avec la centrale accidentée de Fukushima daï-ichi et ne peut pas s’engager actuellement dans le démantèlement de Fukushima daï-ni. Même à Fukushima daï-ichi, le démantèlement des réacteurs 5 et 6 n’a pas débuté et celui du réacteur n°4 a été suspendu après le retrait des combustibles usés de la piscine de décroissance.

Cette histoire peut encore traîner quelques années, jusqu’à ce que les réacteurs de Fukushima daï-ni, mis en service entre avril 1982 et août 1987, aient atteint l’âge limite de 40 ans.

A Kashiwazaki-Kariwa, dans la province de Niigata, TEPCo compte toujours sur un redémarrage « rapide » des réacteurs 6 et 7 pour des raisons économiques. Mais, aucun des sept réacteurs n’est autorisé à redémarrer pour le moment. Lors d’une rencontre entre la direction de TEPCo et le gouverneur, Ryuichi Yonéyama, ce dernier a rappelé son opposition à tout redémarrage tant que toute la lumière n’a pas été faite sur les causes de l’accident à la centrale de Fukushima daï-ni et que le plan d’urgence n’a pas été évalué. Il estime que cela prendra plusieurs années.

Il y a aussi le projet de centrale nucléaire à Higashidôri, dans la province d’Aomori, qui est dans les limbes. Mais TEPCo l’a pris en compte dans ses biens et dans ses factures d’électricité. Une partie a servi à rémunérer ses actionnaires. Cela a coûté 2,2 milliards de yens par an aux consommateurs…

Fort séisme suivi d’un petit tsunami à Fukushima

Un fort séisme, d’un magnitude de 7,4, a secoué le Nord-Est du Japon à 5h59. L’épicentre était au large des côtes japonaises à 25 km de profondeur. Une plaque aurait glissé verticalement à 60 km au large d’Iwaki. Une alerte au tsunami a aussitôt été émise.

Un petit tsunami est arrivé sur les côtes un peu plus tard. Il était d’un mètre de hauteur à Fukushima à 6h34 et jusqu’à 1,4 m ailleurs dans la baie de Sendaï, dans la province de Miyagi où la vague est arrivée deux heures après le séisme, à 8h03. Des images du mascaret remontant les fleuves sont disponibles sur le site du Asahi et du Maïnichi. Fort heureusement, on ne déplore aucun dégât majeur. Une quinzaine blessés ont été recensés.

L’alerte au tsunami a été levée 4 heures après la secousse initiale. Elle a entraîné l’évacuation préventive de plus de 10 000 personnes vers des centres de regroupement qui a parfois été entravée par des embouteillages. L’Agence météorologique avait sous-estimé la hauteur de la vague à Sendaï : elle a d’abord annoncé un mètre, avant de revoir sa prévision après avoir observé la vague au large. C’était finalement 1,4 m. Elle va donc revoir sa méthode de prévision.

TEPCo annonce n’avoir détecté aucune anomalie, si ce n’est un arrêt du refroidissement de la piscine de combustibles du réacteur n°3 de la centrale de Fukushima daï-ni qui contient 2 544 assemblages. Il a été remis en service à 7h47. La température de l’eau était de 28,7°C avant l’arrêt et de 29,5°C au moment de la reprise. Il aurait fallu attendre plusieurs jours sans refroidissement pour atteindre le seuil d’alerte de 65°C. La compagnie a mis deux heures à informer les médias de cet arrêt.

A la centrale de Fukushima daï-ichi, le pompage de l’eau contaminée a été préventivement stoppé afin d’éviter une fuite en cas d’endommagement sur un tuyau. Tout le personnel a été évacué vers les hauteurs et il n’était pas possible de vérifier l’état des canalisations.

En revanche, un endommagement des piscines non encore vidées des réacteurs 1 à 3 de la centrale de Fukushima daï-ichi, pourrait avoir de graves conséquences s’il y a des fissures qui empêchent le refroidissement. Les débits de dose dans ces réacteurs sont aussi trop élevés pour empêcher toute intervention humaine.

Cet évènement a réveillé les pires cauchemars chez les habitants du Nord-Est du Japon et vient rappeler la fragilité de la centrale accidentée face aux agressions externes. Il y a aussi le problèmes des déchets radioactifs qui sont entreposés près des côtes.

Vidéos sur le site de l’Asahi en langue japonaise :

L’AIEA publie son rapport sur la catastrophe nucléaire à la centrale de Fukushima daï-ichi

L’AIEA a publié son rapport sur la catastrophe nucléaire à la centrale de Fukushima daï-ichi. Il y a 1 200 pages en tout réparties en

avec des annexes.

En feuilletant rapidement certaines parties, il apparaît que ce rapport a beaucoup puisé dans les rapports des commissions d’enquête gouvernementale et parlementaire et n’apporte pas beaucoup d’information nouvelle.

Dans sa communication, l’AIEA a mis en avant deux points repris par les médias :

  • une trop grande confiance dans la sûreté des installations nucléaires et un manque de préparation pour faire face à l’accident (il aurait été difficile de dire l’inverse…)
  • qu’il est peu probable qu’il y ait une augmentation du nombre de cancers de la thyroïde chez les enfants de Fukushima.

Reprise des travaux à Fukushima daï-ni

TEPCo avait suspendu les travaux dans ses deux centrales de Fukushima suite aux deux décès. Elle a effectué un stage sur la sécurité et mis des barrières autour des lieux à risque. Elle vient de reprendre très partiellement les travaux à Fukushima daï-ni. A daï-ichi, les inspections et mesures de protection ne sont pas terminées.

TEPCo a remis quelques photos « avant-après » en ligne.

Suspension des travaux de démantèlement

Suite aux deux décès qui viennent de survenir dans les centrales de Fukushima daï-ichi et daï-ni, TEPCo a suspendu les travaux de démantèlement, le temps de mener une inspection de sécurité. La compagnie n’est pas capable de proposer un calendrier. Bien entendu, le refroidissement des réacteurs et le traitement de l’eau n’est pas suspendu car c’est simplement impossible.

Rappelons qu’un homme a fait une chute mortelle de 10 m dans une cuve qu’il était en train d’inspecter. Il portait un harnais de sécurité, il ne s’était pas attaché. L’autre était en train d’inspecter la centrale de Fukushima daï-ni quand il a été heurté à la tête par un objet suspendu à une grue.

Tous les deux étaient sous-traitants.

Décès d’un deuxième travailleur

Un homme d’une quarantaine d’année est décédé des suites de ses blessures à la centrale de Fukushima daï-ni. Il a été heurté à la tête par une machine lors d’une inspection. Il est mort à l’hôpital après avoir été transporté par hélicoptère.

C’est le deuxième décès en deux jours.

Voir les explications de TEPCo en japonais et le communiqué en anglais.