Les plans d’urgence restent le maillon faible du renforcement de la sûreté des installations nucléaires japonaises

Les exploitants et le gouvernement comptent toujours sur la remise en service de nombreux réacteurs nucléaires après le renforcement de la sûreté. Mais les plans d’urgence, qui constituent la dernière barrière du concept de défense en profondeur, restent les maillons faibles. Petit tour d’horizon.

Autour du réacteur Tôkaï-2, dans la province d’Ibaraki, 920 000 personnes résident dans un rayon de 30 km. Mito, la capitale régionale, est à une dizaine de kilomètres. Selon l’Asahi, l’exploitant, Japan Atomic Power Co, a considéré 22 scénarios différents d’accident et de conditions météo. Dans tous les cas, il faudra évacuer les 64 000 personnes qui résident à moins de 5 km de la centrale. Dans le scénario le plus optimiste, il n’y a pas d’évacuation supplémentaire. Mais en cas de rejet radioactif avec des vents soufflant vers le sud-ouest et de la pluie, il faudrait évacuer 105 000 personnes supplémentaires entre 5 et 30 km. Cela serait donc un total de près de 170 000 personnes. Aucune évacuation au-delà de 30 km n’a été envisagée.

La centrale d’Onagawa, dans la province de Miyagi, a été endommagée lors des séismes et tsunami de mars 2011. L’exploitant, Tôhoku Electric Power Co, a arrêté définitivement le réacteur n°1 et espère remettre en service la deuxième tranche en mai 2024. Il y a une troisième tranche (voir l’état des lieux du parc nucléaire japonais). Selon le Japan Times, la distribution de comprimés d’iode est limitée à un rayon de 5 km autour de la centrale pour les personnes de moins de 40 ans et les femmes enceintes. Les personnes qui doivent s’approcher à moins de 5 km de la centrale pour évacuer peuvent aussi bénéficier de cette prophylaxie. Et c’est tout ! Une coopérative de consommateurs, Ai Co-op, a donc distribué des comprimés au-delà de cette zone.

200 000 personnes résident dans un rayon de 30 km autour de cette centrale. En cas d’urgence, elles peuvent toutes être évacuées par bus ou véhicules personnels dans 31 communes des alentours. En cas de séisme et tsunami qui endommageraient les voies d’accès, une évacuation par la mer ou les airs est prévue. Une application a aussi été développée pour guider les gens.

La centrale de Kashiwazaki-Kariwa, située dans le province de Niigata, est exploitée par TEPCo. Trois réacteurs y sont à l’arrêt depuis le séisme de 2007 ! Les riverains s’inquiètent d’un accident grave lors d’un épisode de fortes neiges qui bloquerait les routes. L’an dernier, l’autoroute est restée fermée pendant 52 h et la route nationale, pendant 38 h, selon le Japan Times. Or, ce sont les deux principaux axes d’évacuation. 430 000 personnes résident dans un rayon de 30 km.

Les autorités régionales ont mis en place un groupe d’experts indépendants pour tirer les leçons de la catastrophe de Fukushima. Le sous-groupe en charge des plans d’urgence s’est réuni 24 fois depuis septembre 2017 et a rédigé un rapport avec 456 points, mais n’a pas évalué la faisabilité des plans d’évacuation… Le plan d’évacuation ne prend pas en compte le problème des personnes malades nécessitant une prise en charge particulière.

Dépistage du cancer de la thyroïde chez les jeunes de Fukushima – 49ème réunion du comité de suivi

Plusieurs fois par an, les autorités régionales publient des données relatives au dépistage du cancer de la thyroïde chez les jeunes de Fukushima. Les données présentées lors de la 49ème réunion du comité de suivi sont en ligne. Une traduction non-officielle en anglais sera disponible ici. Pour rappel, nous avions publié, en 2021, à l’occasion du dixième anniversaire de la catastrophe, une revue de littérature scientifique sur le sujet. Et le précédent bilan, issu de la 48ème réunion est ici.

Rappelons que tous les jeunes de Fukushima, qui avaient moins de 18 ans lors de la catastrophe nucléaire ou qui étaient encore dans le ventre de leur mère (c’est à dire, nés entre le 2 avril 1992 et le 1er avril 2012), peuvent bénéficier d’un dépistage par échographie tous les deux ans. Même si le taux de participation baisse, certains en sont à leur 6ème examen médical. Après 20 ans, le dépistage suivant se fait tous les 5 ans. Certains ont dépassé la trentaine et viennent d’apparaître dans le bilan.

Le tableau ci-dessous synthétise les données issues du dépistage officiel qui sont ici en japonais. Seuls les résultats des 5ème et 6ème campagnes de dépistage ont été mis à jour par rapport à la dernière publication. Ils sont datés du 30 juin 2023. Comme on peut l’observer, le taux de dépistage diminue au fur et à mesure des campagnes, le nombre de cas réel est forcément plus élevé. De plus, les cas de cancer détectés en dehors du programme de suivi ne sont pas pris en compte dans les données mises en ligne par les autorités régionales, même si l’intervention chirurgicale a eu lieu à l’université de médecine de Fukushima, en charge du suivi… Enfin, le dépistage gouvernemental n’a lieu que dans la province de Fukushima alors que les provinces voisines ont aussi été touchées par les retombées radioactives. Les cas de cancer de la thyroïde qui pourraient y apparaître échappent aussi aux données officielles.

  Dépistages avec résultat Examens complémentaires terminés Cytoponctions Nombre de cancers suspectés Nombre de cancers confirmés
Première campagne 300 472 2 091 547 116 101
Deuxième campagne 270 552 1 834 207 71 56
Troisième campagne 217 922 1 068 79 31 29
Quatrième campagne 183 410 1 016 91 39 34
Cinquième campagne 113 932 918 80 39 27
Sixième campagne 208 0 0 0 0
Examen à 25 ans 11 674 500 43 22 14
Examen à 30 ans 1 474 58 5 3 1
Bilan des campagnes de dépistage du cancer de la thyroïde chez les jeunes de Fukushima au 30 juin 2023 pour les données les plus récentes (5ème et 6ème campagnes).

On note 5 cas de cancers supplémentaires depuis la dernière fois, découverts lors de la cinquième campagne de dépistage, la sixième campagne débutant à peine. Selon le rapport dédié à la cinquième campagne, 45% des jeunes éligibles à un dépistage ont été examinés et ont reçu les résultats. Parmi eux, 39 cas de cancer de la thyroïde ont été découverts (10 garçons et 29 filles), dont 27 confirmés après chirurgie. Ce sont tous des carcinomes papillaires. Sur les 39 cas de cancer de la thyroïde découverts lors de cette campagne, 6 n’avaient pas été examinés lors de la quatrième campagne et les 33 autres n’avaient pas de cancer lors de l’examen précédent. 27 avaient même été classés A, c’est à dire ayant un nodule inférieur à 5 mm ou pas de nodule et un kyste de moins de 20 mm ou pas de kyste. Enfin, 13 jeunes parmi ces 39 car avaient 5 ans ou moins en mars 2011, au moment de l’accident nucléaire, et 9 avaient 6 ans.

Sur toutes les campagnes confondues, on arrive à un total de 321 cas de cancer de la thyroïde suspectés suite au dépistage exercé par l’université de médecine de Fukushima. Parmi eux, 262 jeunes ont subi une intervention chirurgicale qui a conduit à identifier 259 carcinomes papillaires, 1 carcinome peu différencié, 1 carcinome folliculaire et 1 autre cancer de la thyroïde. Rappelons que lors de la première campagne, un nodule s’est révélé bénin après chirurgie.

Dépistage du cancer de la thyroïde chez les jeunes de Fukushima – 48ème réunion du comité de suivi

Les dernières données officielles sur le dépistage du cancer de la thyroïde chez les jeunes de Fukushima ont été mises en ligne, suite à la 48ème réunion du comité de suivi. Une traduction non-officielle en anglais sera disponible ici. Pour rappel, nous avions publié, en 2021, à l’occasion du dixième anniversaire de la catastrophe, une revue de littérature scientifique sur le sujet. Et le précédent bilan, issu de la 47ème réunion est ici.

Rappelons que tous les jeunes de Fukushima, qui avaient moins de 18 ans lors de la catastrophe nucléaire ou qui étaient encore dans le ventre de leur mère (nés entre le 2 avril 1992 et le 1er avril 2012), peuvent bénéficier d’un dépistage tous les deux ans par échographie. Même si le taux de participation baisse, certains en sont à leur 5ème examen médical. Après 20 ans, le dépistage suivant se fait tous les 5 ans. Certains ont dépassé la trentaine et viennent d’apparaître dans le bilan.

Le tableau ci-dessous synthétise les données issues du dépistage officiel qui sont ici en japonais. Elles sont datées du 31 mars 2023 pour les dépistages les plus récents (5ème campagne, à 25 ans et 30 ans). Comme le taux de dépistage diminue au fur et à mesure des campagnes, le nombre de cas réel est forcément plus élevé. De plus, les cas de cancer détectés en dehors du programme de suivi ne sont pas pris en compte, même si l’intervention chirurgicale a eu lieu à l’université de médecine de Fukushima, en charge du suivi… Enfin, le dépistage gouvernemental n’a lieu que dans la province de Fukushima alors que les provinces voisines ont aussi été touchées par les retombées radioactives. Les cas de cancer de la thyroïde qui pourraient y apparaître échappent aussi aux données officielles.

  Dépistages avec résultat Examens complémentaires terminés Cytoponctions Nombre de cancers suspectés Nombre de cancers confirmés
Première campagne 300 472 2 091 547 116 101
Deuxième campagne 270 552 1 834 207 71 56
Troisième campagne 217 922 1 068 79 31 29
Quatrième campagne 183 410 1 016 91 39 34
Cinquième campagne 108 250 812 68 34 26
Examen à 25 ans 11 674 500 43 22 14
Examen à 30 ans 1 474 58 5 3 1
Bilan des campagnes de dépistage du cancer de la thyroïde chez les jeunes de Fukushima au 31 mars 2023 pour les données les plus récentes.

Le dépistage du cancer de la thyroïde chez les jeunes qui ont eu 25 ans a débuté en 2017 et n’a été effectué que chez 9,1% des personnes concernées, selon le rapport dédié. Le nombre de cas réels est donc plus élevé que les 22 cas découverts (4 garçons, 18 filles). 13 d’entre eux n’avaient pas encore été examinés.

Le dépistage du cancer de la thyroïde chez les jeunes qui viennent d’avoir 30 ans a débuté en avril 2022 et le premier rapport concerne ceux qui sont nés entre le 2 avril 1992 et le 1er avril 1993. Le dépistage n’a été effectué que chez 6,7% des personnes concernées. Les 3 cas de cancer ont été découverts chez 3 filles.

On arrive à un total de 316 cas de cancer de la thyroïde suspectés suite au dépistage exercé par l’université de médecine de Fukushima. Parmi eux, 261 jeunes ont subi une intervention chirurgicale qui a conduit à identifier 258 carcinomes papillaires, 1 carcinome peu différencié, 1 carcinome folliculaire et 1 autre cancer de la thyroïde. Rappelons que lors de la première campagne, un nodule s’est révélé bénin après chirurgie.

Selon le rapport dédié à la cinquième campagne de dépistage, sur les 34 cas de cancer de la thyroïde découverts, il y a 8 garçons et 26 filles. 5 d’entre eux n’avaient jamais été examinés. Les 29 autres n’avaient pas de cancer lors de l’examen précédent (4ème campagne). 10 jeunes avaient moins de 5 ans en mars 2011, au moment de l’accident nucléaire, et 8 avaient 6 ans. Sur toutes les campagnes confondues, on arrive à un total de 19 jeunes qui avaient moins de 5 ans en mars 2011. Les très jeunes enfants ont été particulièrement touchés par les retombées radioactives de Tchernobyl. Lors des premières années de la catastrophe de Fukushima, l’absence de cas de cancer chez les très jeunes enfants lors de l’accident était utilisé comme argument pour prétendre que la radioactivité n’était donc probablement pas à l’origine de l’élévation significative du nombre de cancers de la thyroïde. Ce point est passé sous silence maintenant que plusieurs cas ont aussi été découverts à Fukushima.

Cancers de la thyroïde chez les jeunes de Fukushima – bilan 2022

L’ACRO a effectué un suivi de la catastrophe de Fukushima et de ses conséquences pendant 11 ans de façon entièrement bénévole. Ce travail s’est arrêté au printemps 2022. Mais, suite à une demande de conférence sur le sujet, voici les dernières données disponibles concernant les cancers de la thyroïde chez les jeunes de la province de Fukushima.

Les dernières données officielles ont été mises en ligne en mars 2023, suite à la 47ème réunion  du comité de suivi. Une traduction non-officielle en anglais est disponible ici. Pour rappel, nous avions publié, en 2021, à l’occasion du dixième anniversaire de la catastrophe, une revue de littérature scientifique sur le sujet.

Rappelons que tous les jeunes de Fukushima, qui avaient moins de 18 ans lors de la catastrophe nucléaire ou qui étaient encore dans le ventre de leur mère (nés entre le 2 avril 1992 et le 1er avril 2012), peuvent bénéficier d’un dépistage tous les deux ans par échographie. Même si le taux de participation baisse, certains en sont à leur 5ème examen médical. Après 20 ans, le dépistage suivant se fait à l’âge de 25 ans.

Le tableau ci-dessous synthétise les données issues du dépistage officiel qui sont ici en japonais. Elles sont datées du 30 septembre 2022 pour les dépistages les plus récents (5ème campagne et plus de 25 ans). Comme le taux de dépistage diminue au fur et à mesure des campagnes, le nombre de cas réel est forcément plus élevé. De plus, les cas de cancer détectés en dehors du programme de suivi ne sont pas pris en compte, même si l’intervention chirurgicale a eu lieu à l’université de médecine de Fukushima, en charge du suivi… Enfin, le dépistage gouvernemental n’a lieu que dans la province de Fukushima alors que les provinces voisines ont aussi été touchées par les retombées radioactives. Les cas de cancer de la thyroïde qui pourraient y apparaître échappent aussi aux données officielles.

  Dépistages avec résultat Examens complémentaires terminés Cytoponctions Nombre de cancers suspectés Nombre de cancers confirmés
Première campagne 300 472 2 091 547 116 101
Deuxième campagne 270 552 1 834 207 71 56
Troisième campagne 217 922 1 068 79 31 29
Quatrième campagne 183 410 1 016 91 39 34
Cinquième campagne 82 368 615 54 26 16
Plus de 25 ans 10 201 416 36 19 11
Bilan des campagnes de dépistage du cancer de la thyroïde chez les jeunes de Fukushima au 30 septembre 2022.

On arrive donc à un total de 302 cas de cancer de la thyroïde suspectés suite au dépistage exercé par l’université de médecine de Fukushima. Parmi eux, 248 enfants ont subi une intervention chirurgicale qui a conduit à identifier 1 nodule bénin, 244 carcinomes papillaires, 1 carcinome peu différencié, 1 carcinome folliculaire et 1 autre cancer de la thyroïde.

Les cas détectés lors de la première campagne pouvaient exister avant la catastrophe nucléaire. Les cas découverts lors des campagnes suivantes n’existaient pas deux ans auparavant, lors du dépistage précédent. Or, le nombre de cas nouveaux, qui n’ont été détectés qu’à partir de la seconde campagne de dépistage (186), est plus élevé que le nombre de cas détectés lors de la première campagne (116). Ces nouveaux cancers se sont aussi développé rapidement, même s’il n’y avait pas encore de signes cliniques. Plusieurs récidives ont aussi été observées, entraînant parfois une deuxième intervention chirurgicale.

Le bilan synthétique indique aussi que 18 de ces enfants avaient moins de 5 ans au moment de l’accident. Les très jeunes enfants ont été particulièrement touchés par les retombées radioactives de Tchernobyl. Lors des premières années de la catastrophe de Fukushima, l’absence de cas de cancer chez les très jeunes enfants était utilisé comme argument pour prétendre que la radioactivité n’était donc probablement pas à l’origine de l’élévation significative du nombre de cancers de la thyroïde chez les jeunes. Ce point est passé sous silence maintenant que des cas ont aussi été découverts à Fukushima.

Tout le monde s’accorde pour constater qu’il y a beaucoup plus de cas de cancer de la thyroïde qu’attendu, car il est très rare chez les jeunes. En revanche, il n’y a pas consensus sur la cause de la sur-incidence. Le discours officiel met en avant le dépistage qui a permis de découvrir très tôt des cancers qui se seraient développés lentement autrement et joue sur le fait que l’on ne peut pas démontrer que la radioactivité en est à l’origine. Le discours officiel ne dit jamais que l’on ne peut cependant pas exclure non plus que certains de ces cancers soient radio-induits. Selon Libération, Shin’ichi Suzuki, le chirurgien qui a opéré la plupart des tumeurs cancéreuses découvertes par ce programme, optait initialement pour l’hypothèse du surdiagnostic. Il s’est depuis ravisé, au vu du nombre de cas mais aussi en observant ces dernières années des évolutions nettes des maladies, avec métastases et récidives. Sans en déduire catégoriquement que les radiations dues à la catastrophe nucléaire sont en cause, il écarte désormais clairement le surdiagnostic et exige que le suivi se poursuive encore des années.

A propos des décès provoqués par l’évacuation

Le Maïnichi a enquêté sur les décès provoqués par l’évacuation à Fukushima. La reconnaissance du décès post-catastrophe a lieu suite au dépôt d’un dossier par les familles endeuillées qui est examiné par une commission incluant des médecins. Selon l’Agence de reconstruction, 3 784 décès sont liés à la triple catastrophe de 2011 à la fin du mois de septembre 2021. Parmi eux, les 2 333 décès dans la province de Fukushima représentent plus de 60 % du total. En outre, les statistiques de l’Agence de reconstruction montrent que plus de 90 % des décès associés aux suites du tremblement de terre et du tsunami dans les zones gravement touchées des provinces d’Iwaté et de Miyagi concernent des personnes décédées dans l’année qui a suivi la catastrophe. En revanche, 40 % des décès certifiés dans la province de Fukushima sont survenus plus d’un an après le début de la catastrophe nucléaire, notamment à la suite d’une évacuation prolongée, et des demandes de certification de décès ont été continuellement déposées jusqu’à ce jour.

Le Mainichi Shimbun a fait une demande d’accès aux dossiers soumis par les familles endeuillées et a pu consulter les documents et données concernant 2 200 individus dans une vingtaine de communes. Le quotidien a examiné les informations relatives à un millier de personnes dont on connaissait les antécédents ayant conduit à leur décès. Ces rapports montrent la détresse suite au changement d’environnement dû à l’évacuation qui a affecté la santé de ces personnes. On peut lire, notamment, que “les hivers dans les logements temporaires étaient froids, leurs jambes et leurs reins s’affaiblissaient car ils n’avaient rien à faire”, ou, dans un autre dossier que “l’incertitude planait sur leur vie durant une évacuation prolongée et ils en venaient à boire de l’alcool pendant la journée.” 

Le journal cite aussi le cas d’un homme âgé de la ville de Namié qui est décédé environ un an après l’accident nucléaire. Selon le rapport le concernant, il était rentré chez lui temporairement à l’automne 2011, mais il était en état de choc mental lorsqu’il a vu sa maison en ruines et en enterrant les cadavres d’animaux de compagnie qu’il aimait sur le terrain de sa maison. Le rapport indique ensuite que c’est à cette époque qu’il a cessé de sortir.

Il cite aussi le cas d’un homme âgé de 83 ans, dont la condition physique s’est dégradée suite à l’évacuation et qui est mort d’une pneumonie. Sa femme a vu son état de santé s’affaiblir durant le déplacement prolongé, et elle est décédée à l’âge de 88 ans en 2021.

Si les personnes âgées de 80 ans ou plus représentent la majorité des décès certifiés, des personnes actives ont été affectées. Le Maïnichi présente le cas d’un vendeur de voitures de Futaba qui a vu sa vie changer brusquement. Il lui fallait des heures de route pour rendre visite à des proches dans des abris ou aller voir des clients dispersés dans tout le Japon. En plus, il a reçu l’ordre de quitter sa maison construite grâce à des prêts en raison de la construction d’une route, alors qu’il venait juste de commencer à la réparer. L’homme, qui aurait commencé à fumer davantage en raison du stress, est décédé d’un infarctus aigu du myocarde en septembre 2014. Il était âgé de 55 ans. 

Une évacuation prolongée s’accompagne de déménagements répétés, d’une séparation d’avec la famille, de changements de travail et de la perte des liens sociaux. Les dommages s’accumulent chaque fois que l’environnement de la victime change, et les personnes en situation de vulnérabilité sont éliminées, selon Masaharu Tsubokura, professeur à l’université de médecine de Fukushima.

Six personnes portent plainte contre TEPCo après un cancer de la thyroïde

Six personnes de Fukushima, qui avaient entre 6 et 16 ans en mars 2011 et qui ont développé un cancer de la thyroïde, ont porté plainte contre TEPCo car elles pensent que cette maladie est due aux retombées radioactives de la catastrophe nucléaire. Elles réclament 616 millions de yens d’indemnisation. Certains plaignants ont eu des difficultés à accéder à l’enseignement supérieur et à trouver un emploi, et ont même dû renoncer à leurs rêves d’avenir.

Selon l’Associated Press, Une plaignante a déclaré : “Je ne pouvais parler à personne de mon cancer car j’avais peur d’être victime de discrimination. Mais j’ai décidé de me manifester et de dire la vérité dans l’espoir d’améliorer la situation de près de 300 autres personnes qui souffrent également comme nous.” Et un des avocats d’ajouter que ceux qui s’expriment sont accusés d’entraver les efforts de redressement de la région. La mère d’un plaignant a déclaré lors de la conférence de presse, comme le rapporte l’Asahi, que plusieurs entreprises ont refusé d’embaucher son fils après qu’il leur a parlé de son cancer pendant sa recherche d’emploi.

Leur cancer a été diagnostiqué entre 2012 et 2018. Pour un des cas, le cancer a été découvert en dehors du programme de dépistage officiel mené par Université de médecine de Fukushima. Quatre de ces patients ont eu une ablation complète de la thyroïde et certains ont subi plusieurs interventions chirurgicales. Pour une de ces personnes, le cancer s’est propagé dans les poumons.

Le Tôkyô shimbun, traduit par l’association Nos voisins lointains, a recueilli de témoignage de cette dernière. On lui a diagnostiqué un cancer de la thyroïde en mars 2013, juste avant qu’elle ne commence sa troisième année de lycée, à l’âge de 17 ans. « On m’a dit que si je ne me faisais pas opérer, je risquais de ne pas vivre jusqu’à mes 23 ans. J’ai essayé de croire que tout irait bien, même si je me demandais : Pourquoi moi ? » Sa mère regrette de ne pas avoir quitté la province de Fukushima. Puis, elle a rechuté avec un développement du cancer sur le lobe restant de la glande thyroïde et dans les poumons. Elle a quitté l’université à l’âge de 19 ans pour se concentrer sur son traitement. Les deux opérations chirurgicales et une biopsie furent des épreuves difficiles à supporter. Elle a dû suivre trois séances de curiethérapie lors desquelles elle a été placée à l’isolement. « Je ne peux pas penser au mariage, à la naissance d’un enfant ou à quoi que ce soit d’autre à l’avenir », déclare-t-elle au journal.

Une autre patiente, diagnostiqué à l’âge de 19 ans en 2015, qui habite maintenant à Tôkyô, a dû faire de nombreux allers retours entre Fukushima et la capitale pour subir des examens, car la province de Fukushima prend entièrement en charge les frais médicaux couverts par l’assurance maladie, mais pas les frais de transport. Elle prenait donc des bus à longue distance, moins chers que le train à grande vitesse, mais ces déplacements devenaient physiquement de plus en plus éprouvants, selon le Tôkyô shimbun traduit par Nos voisins lointains. Après le diagnostic, en raison de sa méfiance à l’égard des hôpitaux de Fukushima, elle a préféré se faire opérer et subir des examens médicaux à Tôkyô. Chaque fois, ses parents l’ont accompagnée. Elle a dû payer de sa poche la totalité des frais de la chirurgie endoscopique destinée à réduire au maximum les cicatrices sur son cou, car celle-ci n’était pas couverte à l’époque par l’aide préfectorale. Avec toutes les contraintes imposées par son traitement, elle a omis de faire une demande de renouvellement de sa bourse d’études universitaires, et à partir de sa troisième année d’études, elle a dû régler l’ensemble de ses frais de scolarité. La jeune femme, qui a toujours peur d’une récidive, se sent très angoissée de ce qui lui arrivera à l’avenir et réclame donc un supplément d’aides.

L’Université de médecine de Fukushima et les autorités prétendent que l’on ne peut pas démontrer le lien entre les retombées radioactives et l’augmentation observée du nombre de cas et avancent un effet du dépistage. Mais, statistiquement, on ne peut pas exclure que certains cas soient dus au l’exposition aux rayonnements (voir notre revue de la littérature scientifique à ce sujet) et ce n’est jamais dit par les autorités. Suite à la pollution de la Baie de Minamata par du mercure, la compagnie responsable des rejets toxiques avait dû indemniser les victimes car elle n’avait pas pu prouver qu’il n’y avait pas de lien entre les maladies des plaignants et la contamination.

Le gouvernement a à peine mentionné les dommages sanitaires liés à l’exposition aux radiations dans ses directives provisoires sur l’indemnisation des victimes de la catastrophe nucléaire de 2013. En fonction de la décision de la justice, le gouvernement pourrait devoir revoir ses critères et offrir une réparation aux patients atteints d’un cancer de la thyroïde.

C’est la première fois qu’une plainte est déposée à propos des cancers de la thyroïde. Pour un avocat, “il y a une forte pression sociale pour croire que ce cancer n’est pas causé par l’accident, donc il a fallu beaucoup de courage aux six plaignants pour déposer plainte.”

Les dernières données officielles sur le nombre de cas ont été publiées en octobre dernier.

43ème réunion du comité de suivi sanitaire à Fukushima : 6 nouveaux cas de cancer de la thyroïde dépistés

Les autorités régionales de Fukushima ont mis en ligne les données présentées à la 43ème réunion du suivi sanitaire qui inclut la campagne de dépistage des cancers de la thyroïde chez les jeunes de la province. Les résultats détaillés sont ici en japonais. Une traduction officielle en anglais des principales données devrait être bientôt disponible et le blog Fukushima voices devrait proposer son propre résumé en anglais. Pour en savoir plus, lire ou relire notre revue de littérature scientifique sur le sujet.

Rappelons que tous les jeunes de Fukushima, qui avaient moins de 18 ans lors de la catastrophe nucléaire ou qui étaient encore dans le ventre de leur mère (nés entre le 2 avril 1992 et le 1er avril 2012), peuvent bénéficier d’un dépistage tous les deux ans par échographie. Même si le taux de participation baisse, certains en sont à leur 5ème examen médical. Après 20 ans, le dépistage suivant se fait à l’âge de 25 ans.

Les données précédentes, publiées lors de la 42ème réunion sont ici, à titre de comparaison. A noter que les dernières données mises à jour pour les quatrièmes et cinquièmes campagnes sont à la date du 30 juin 2021, alors pour les jeunes ayant plus de 25 ans pour lesquels c’est toujours à la date du 31 mars 2021. Les dernières données sont synthétisées dans ce document en japonais et font apparaître six nouveaux cas depuis la dernière fois.

Lors de la quatrième campagne de dépistage, dont les résultats sont détaillés ici en japonais, 3 nouveaux cas de cancer suspecté sont apparus, pour atteindre un total de 36 cas. Parmi eux, 29 ont été confirmés par une intervention chirurgicale, soit 2 de plus que la dernière fois. Ces résultats sont à la date du 30 juin 2021.

Lors de la cinquième campagne de dépistage, dont les résultats sont détaillés ici en japonais, 3 cas de cancer de la thyroïde ont été découverts, dont 1 a été confirmé suite à une intervention chirurgicale.

On arrive donc à un total de 266 cas de cancers de la thyroïde suspectés chez les jeunes de Fukushima, dont 221 ont été confirmés lors d’une intervention chirurgicale (carcinome papillaire : 218 ; carcinome peu différencié : 1 ; carcinome folliculaire : 1 ; autre carcinome thyroïdien : 1). Il n’y a toujours qu’un seul cas qui s’est révélé être bénin après l’intervention (première campagne).

Le nombre de cas nouveaux, qui n’ont été détectés qu’à partir de la seconde campagne de dépistage (150), est plus élevé que le nombre de cas détectés lors de la première campagne (116), qui peut inclure des cancers qui existaient déjà avant la catastrophe nucléaire.

Le tableau ci-dessous synthétise les données issues du dépistage officiel. Le taux de dépistage diminuant au fur et à mesure des campagnes, le nombre de cas réels est forcément plus élevé. De plus, les cas de cancer détectés en dehors du programme de suivi ne sont pas comptés, même si l’intervention chirurgicale a eu lieu à l’université de médecine de Fukushima, en charge du suivi… Enfin, le dépistage gouvernemental n’a lieu que dans la province de Fukushima alors que les provinces voisines ont aussi été touchées par les retombées radioactives. Les cas de cancer de la thyroïde qui pourraient y apparaître échappent aussi aux données officielles.

  Dépistages avec résultat Examens complémentaires terminés Cytoponctions Nombre de cancers suspectés Nombre de cancers confirmés
Première campagne 300 472 2 091 547 116 101
Deuxième campagne 270 552 1 834 207 71 55
Troisième campagne 217 922 1 068 79 31 29
Quatrième campagne 183 338 991 87 36 29
Cinquième campagne 24 882 144 7 3 1
Plus de 25 ans 7 260 227 17 9 6
Bilan des campagnes de dépistage du cancer de la thyroïde chez les jeunes de Fukushima au 30 juin 2021 pour les quatrième et cinquième campagnes, 31 mars pour les autres.

Le bilan synthétique indique aussi que 9 de ces enfants avaient moins de 5 ans au moment de l’accident. Les très jeunes enfants ont été particulièrement touchés par les retombées radioactives de Tchernobyl. Lors des premières années de la catastrophe de Fukushima, l’absence de cas de cancer chez les très jeunes enfants était utilisé comme argument pour prétendre que la radioactivité n’était donc probablement pas à l’origine de l’élévation significative du nombre de cancers de la thyroïde chez les jeunes. Ce point est passé sous silence maintenant que des cas ont aussi été découverts à Fukushima.

Rappelons que ce rapport en japonais mentionne qu’au 31 décembre 2018, 180 des patients ont été opérés de la thyroïde à l’Université de médecine de Fukushima. Sur ces 180 patients, 161 ont été adressés suite à au programme de dépistage de la thyroïde et 19 ont été adressés par d’autres sources. Ce qui signifie que ces 19 cas, qui représentent environ 10% des interventions, ne sont pas pris en compte dans les données ci-dessus.

Sur ces 180 cas, 175 étaient des carcinomes papillaires, 2 des carcinomes folliculaires, 1 un carcinome peu différencié et 2 autres types de cancers de la thyroïde. Une thyroïdectomie totale a été réalisée dans 8,9 % des cas et une unilobectomie dans 91,1 % des cas. Le nombre de cas à très faible risque qui auraient pu bénéficier d’un suivi non opératoire était très faible. Le rapport mentionne aussi que des métastases des ganglions lymphatiques ont été trouvées dans 72 % des cas, une invasion du tissu périthyroïdien dans 47 % des cas et des métastases pulmonaires dans 1,7 % des cas.

Le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies reconnaît que disposer d’un environnement propre, sain et durable est un droit humain

Dans sa résolution 48/13 (texte en anglais et en français), le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies a reconnu, pour la première fois, que disposer d’un environnement propre, sain et durable est un droit humain et a appelé les États du monde entier à travailler ensemble pour mettre en œuvre ce droit nouvellement reconnu. Lire le communiqué de presse en français et en anglais. La question va maintenant être soumise à l’Assemblée générale des Nations Unies à New York, pour un examen plus approfondi. Le communiqué rappelle que, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 24 % de tous les décès dans le monde, soit environ 13,7 millions de décès par an, sont liés à l’environnement, en raison de risques tels que la pollution atmosphérique et l’exposition aux produits chimiques.

Selon le compte-rendu en anglais, la résolution été adoptée par 43 voix pour et 4 abstentions de la Russie, de l’Inde, de la Chine et du Japon. Le message du Japon est donc clair pour les habitants de Fukushima : il préfère se retrouver en compagnie de pays gouvernés par des régimes peu démocratiques plutôt que de reconnaître ce droit à un environnement propre, sain et durable.

Le texte reste, pourtant, très général : il “considère que l’exercice du droit de bénéficier d’un environnement sûr, propre, sain et durable est un élément important de la jouissance des droits de l’homme” et engage les États à “renforcer leurs capacités en matière de protection de l’environnement”, à “continuer de mutualiser les bonnes pratiques observées” et à “adopter des politiques visant à permettre l’exercice du droit à un environnement sûr, propre, sain et durable”. Il ne traite pas des indemnisations pour lesquelles il y a de nombreuses actions judiciaires en cours.

42ème réunion du comité de suivi sanitaire à Fukushima : 4 nouveaux cas de cancer de la thyroïde dépistés

Les autorités régionales de Fukushima ont mis en ligne les documents de la 42ème réunion du comité de suivi sanitaire qui inclut la campagne de dépistage des cancers de la thyroïde chez les jeunes de la province. Les résultats détaillés sont ici en japonais. Une traduction officielle en anglais des principales données devrait être bientôt disponible et le blog Fukushima voices devrait proposer son propre résumé en anglais. Pour en savoir plus, lire ou relire notre revue de littérature scientifique sur le sujet.

Tous les jeunes de Fukushima, qui avaient moins de 18 ans lors de la catastrophe nucléaire ou qui étaient encore dans le ventre de leur mère, sont concernés (nés entre le 2 avril 1992 et le 1er avril 2012). Avec un dépistage tous les deux ans par échographie, certains jeunes en sont à leur 5ème examen médical. Après 20 ans, le dépistage suivant se fait à l’âge de 25 ans.

Les données publiées lors de la 41ème réunion sont ici, à titre de comparaison. A noter que lors de cette réunion, toutes les données, à l’exception de la première campagne de dépistage, ont été remises à jour à la date du 31 mars 2021 et sont synthétisées dans ce document en japonais.

Le nombre de cancers de la thyroïde détectés lors des deuxième et troisième campagnes de dépistage n’a pas changé, en revanche, il y a plus de cas confirmés après intervention chirurgicale : +1 pour la deuxième campagne (données en japonais mises à jour) et +2 pour la troisième (données en japonais mises à jour).

Lors de la quatrième campagne de dépistage, dont les résultats sont détaillés ici en japonais, 3 nouveaux cas de cancer suspecté sont apparus, pour atteindre un total de 33 cas. Parmi eux, 27 ont été confirmés par une intervention chirurgicale, soit 2 de plus que la dernière fois. Ces résultats sont à la date du 31 mars 2021. A noter que les autorités de Fukushima ont publié en même temps le bilan précédent, qui fait le point à la date du 31 décembre 2020.

Il n’y a toujours pas de cancer de la thyroïde détecté lors de la cinquième campagne de dépistage, dont les résultats sont détaillés ici en japonais, ce qui est une bonne nouvelle. Ces résultats sont à la date du 31 mars 2021. A noter que les autorités de Fukushima ont publié en même temps le bilan précédent, qui fait le point à la date du 31 décembre 2020.

Pour les jeunes qui avaient moins de 18 ans au moment de l’accident et qui ont maintenant plus de 25 ans, les résultats détaillés en japonais sont ici. Il y a 9 cas de cancer suspecté, soit un de plus que lors de la dernière mise à jour, dont toujours 6 confirmés par chirurgie.

On arrive donc à un total de 260 cas de cancers de la thyroïde suspectés chez les jeunes de Fukushima, dont 218 ont été confirmés lors d’une intervention chirurgicale (carcinome papillaire : 215 ; carcinome peu différencié : 1 ; carcinome folliculaire : 1 ; autre carcinome thyroïdien : 1). Il n’y a toujours qu’un seul cas qui s’est révélé être bénin après l’intervention (première campagne).

Le nombre de cas nouveaux, qui n’ont été détectés qu’à partir de la seconde campagne de dépistage (144), est plus élevé que le nombre de cas détectés lors de la première campagne (116), qui peut inclure des cancers qui existaient déjà avant la catastrophe nucléaire.

Le tableau ci-dessous synthétise les données issues du dépistage officiel. Le taux de dépistage diminuant au fur et à mesure des campagnes, le nombre de cas réels est forcément plus élevé. De fait, les cas de cancer détectés en dehors du programme de suivi ne sont pas comptés, même si l’intervention chirurgicale a eu lieu à l’université de médecine de Fukushima, en charge du suivi… Enfin, le dépistage gouvernemental n’a lieu que dans la province de Fukushima alors que les provinces voisines ont aussi été touchées par les retombées radioactives. Les cas de cancer de la thyroïde qui pourraient y apparaître échappent aussi aux données officielles.

  Dépistages avec résultat Examens complémentaires terminés Cytoponctions Nombre de cancers suspectés Nombre de cancers confirmés
Première campagne 300 472 2 091 547 116 101
Deuxième campagne 270 552 1 834 207 71 55
Troisième campagne 217 922 1 068 79 31 29
Quatrième campagne 183 239 972 82 33 27
Cinquième campagne 21 624 0 0 0 0
Plus de 25 ans 7 260 227 17 9 6
Bilan des campagnes de dépistage du cancer de la thyroïde chez les jeunes de Fukushima au 31 mars 2021

Le bilan synthétique indique aussi que 9 de ces enfants avaient moins de 5 ans au moment de l’accident, soit un de plus que la dernière fois. Il convient de noter que le premier cas découvert par le fond de soutien n’est pas dans les statistiques officielles, car il n’a pas été pris en charge via le suivi mis en place par les autorités. Les très jeunes enfants ont été particulièrement touchés par les retombées radioactives de Tchernobyl. Lors des premières années de la catastrophe de Fukushima, l’absence de cas de cancer chez les très jeunes enfants était utilisé comme argument pour prétendre que la radioactivité n’était donc probablement pas à l’origine de l’élévation significative du nombre de cancers de la thyroïde chez les jeunes. Ce point est passé sous silence maintenant que des cas ont aussi été découverts à Fukushima.

Ce rapport en japonais mentionne qu’au 31 décembre 2018, 180 des patients ont été opérés de la thyroïde à l’Université de médecine de Fukushima. Sur ces 180 patients, 161 ont été adressés suite à au programme de dépistage de la thyroïde et 19 ont été adressés par d’autres sources. Ce qui signifie que ces 19 cas, qui représentent environ 10% des interventions, ne sont pas pris en compte dans les données ci-dessus.

Sur ces 180 cas, 175 étaient des carcinomes papillaires, 2 des carcinomes folliculaires, 1 un carcinome peu différencié et 2 autres types de cancers de la thyroïde. Une thyroïdectomie totale a été réalisée dans 8,9 % des cas et une unilobectomie dans 91,1 % des cas. Le nombre de cas à très faible risque qui auraient pu bénéficier d’un suivi non opératoire était très faible. Le rapport mentionne aussi que des métastases des ganglions lymphatiques ont été trouvées dans 72 % des cas, une invasion du tissu périthyroïdien dans 47 % des cas et des métastases pulmonaires dans 1,7 % des cas.

41ème bilan sur les cancers de la thyroïde à Fukushima : 4 nouveaux cas

Les autorités régionales de Fukushima ont mis en ligne les documents de la 41ème réunion du comité de suivi sanitaire qui inclut la campagne de dépistage des cancers de la thyroïde chez les jeunes de la province. Les résultats détaillés sont ici en japonais. Une traduction officielle en anglais des principales données devrait être bientôt disponible et le blog Fukushima voices devrait proposer son propre résumé en anglais. Pour en savoir plus, lire ou relire notre revue de littérature scientifique sur le sujet.

Les données publiées lors du 40ème rapport sont ici, à titre de comparaison. Les nouvelles données sont à la date du 30 septembre 2020 et sont synthétisées dans ce document en japonais.

Tous les jeunes de Fukushima, qui avaient moins de 18 ans lors de la catastrophe nucléaire ou qui étaient encore dans le ventre de leur mère, sont concernés (nés entre le 2 avril 1992 et le 1er avril 2012). Avec un dépistage tous les deux ans par échographie, certains jeunes en sont à leur 5ème examen médical. Après 20 ans, le dépistage suivant se fait à l’âge de 25 ans. Il n’y a pas eu d’évolution dans les données des 3 premières campagnes.

Lors de la quatrième campagne de dépistage, dont les résultats sont détaillés ici en japonais, 3 nouveaux cas de cancer suspecté sont apparus, pour atteindre un total de 30 cas. Parmi eux, 25 ont été confirmés par une intervention chirurgicale, soit 9 de plus que la dernière fois. Ce sont tous des carcinomes papillaires. A noter que sur une population cible de 294 242 jeunes, il y a eu 181 130 examens médicaux avec résultats connus, soit 61.6%.

Les autorités de la province de Fukushima publient aussi les données relatives à la cinquième campagne de dépistage qui a débuté en avril 2020. Sur une population cible de 252 828 jeunes, il n’y a eu, au 30 septembre 2020, que 3 070 examens médicaux, avec 2 138 résultats connus. Il n’y a pas encore eu d’examen complémentaire.

Pour les jeunes qui avaient moins de 18 ans au moment de l’accident et qui ont maintenant plus de 25 ans, les résultats détaillés en japonais sont ici. Il y a 8 cas de cancer suspecté, soit de plus que lors de la dernière mise à jour, dont 6 confirmés par chirurgie, soit 2 de plus.

On arrive donc à un total de 256 cas de cancers de la thyroïde suspectés chez les jeunes de Fukushima, dont 213 ont été confirmés lors d’une intervention chirurgicale. Il n’y a toujours qu’un seul cas qui s’est révélé être bénin après l’intervention (première campagne).

Le nombre de cas nouveaux, qui n’ont été détectés qu’à partir de la seconde campagne de dépistage (140), est plus élevé que le nombre de cas détectés lors de la première campagne (116), qui peut inclure des cancers qui existaient déjà avant la catastrophe nucléaire. Les cancers apparus à partir de la deuxième campagne se sont développés rapidement puisqu’ils n’avaient pas été détectés deux ans auparavant. Et, il y a toujours 8 cas de cancer de la thyroïde chez des enfants de Fukushima qui avaient 5 ans ou moins au moment de la catastrophe nucléaire. Alors que l’on ne peut pas exclure qu’une partie de ces cancers soient radio-induits, comme nous l’avons expliqué, les autorités n’avancent que le dépistage comme explication de l’augmentation du nombre de cas détectés.

Le tableau ci-dessous synthétise les données issues du dépistage officiel. Le taux de dépistage diminuant au fur et à mesure des campagnes, le nombre de cas réels est forcément plus élevé. De fait, les cas de cancer détectés en dehors du programme de suivi ne sont pas comptés, même si l’intervention chirurgicale a eu lieu à l’université de médecine de Fukushima, en charge du suivi… Enfin, le dépistage gouvernemental n’a lieu que dans la province de Fukushima alors que les provinces voisines ont aussi été touchées par les retombées radioactives. Les cas de cancer de la thyroïde qui pourraient y apparaître échappent aussi aux données officielles.

  Dépistages avec résultat Examens complémentaires terminés Cytoponctions Nombre de cancers suspectés Nombre de cancers confirmés
Première campagne 300 472 2 091 547 116 101
Deuxième campagne 270 529 1 826 207 71 54
Troisième campagne 217 920 1 060 78 31 27
Quatrième campagne 181 130 868 74 30 25
Cinquième campagne 2 138 0 0 0 0
Plus de 25 ans 5 907 211 16 8 6
Bilan des campagnes de dépistage du cancer de la thyroïde chez les jeunes de Fukushima au 30 septembre 2020

Ce rapport en japonais mentionne qu’au 31 décembre 2018, 180 des patients ont été opérés de la thyroïde à l’Université de médecine de Fukushima. Sur ces 180 patients, 161 ont été adressés suite à au programme de dépistage de la thyroïde et 19 ont été adressés par d’autres sources. Ce qui signifie que ces 19 cas, qui représentent environ 10% des interventions, ne sont pas pris en compte dans les données ci-dessus.

Sur ces 180 cas, 175 étaient des carcinomes papillaires, 2 des carcinomes folliculaires, 1 un carcinome peu différencié et 2 autres types de cancers de la thyroïde. Une thyroïdectomie totale a été réalisée dans 8,9 % des cas et une unilobectomie dans 91,1 % des cas. Le nombre de cas à très faible risque qui auraient pu bénéficier d’un suivi non opératoire était très faible. Le rapport mentionne aussi que des métastases des ganglions lymphatiques ont été trouvées dans 72 % des cas, une invasion du tissu périthyroïdien dans 47 % des cas et des métastases pulmonaires dans 1,7 % des cas.