Les autorités régionales de Fukushima ont mis en ligne les documents de la 42ème réunion du comité de suivi sanitaire qui inclut la campagne de dépistage des cancers de la thyroïde chez les jeunes de la province. Les résultats détaillés sont ici en japonais. Une traduction officielle en anglais des principales données devrait être bientôt disponible et le blog Fukushima voices devrait proposer son propre résumé en anglais. Pour en savoir plus, lire ou relire notre revue de littérature scientifique sur le sujet.
Tous les jeunes de Fukushima, qui avaient moins de 18 ans lors de la catastrophe nucléaire ou qui étaient encore dans le ventre de leur mère, sont concernés (nés entre le 2 avril 1992 et le 1er avril 2012). Avec un dépistage tous les deux ans par échographie, certains jeunes en sont à leur 5ème examen médical. Après 20 ans, le dépistage suivant se fait à l’âge de 25 ans.
Les données publiées lors de la 41ème réunion sont ici, à titre de comparaison. A noter que lors de cette réunion, toutes les données, à l’exception de la première campagne de dépistage, ont été remises à jour à la date du 31 mars 2021 et sont synthétisées dans ce document en japonais.
Le nombre de cancers de la thyroïde détectés lors des deuxième et troisième campagnes de dépistage n’a pas changé, en revanche, il y a plus de cas confirmés après intervention chirurgicale : +1 pour la deuxième campagne (données en japonais mises à jour) et +2 pour la troisième (données en japonais mises à jour).
Lors de la quatrième campagne de dépistage, dont les résultats sont détaillés ici en japonais, 3 nouveaux cas de cancer suspecté sont apparus, pour atteindre un total de 33 cas. Parmi eux, 27 ont été confirmés par une intervention chirurgicale, soit 2 de plus que la dernière fois. Ces résultats sont à la date du 31 mars 2021. A noter que les autorités de Fukushima ont publié en même temps le bilan précédent, qui fait le point à la date du 31 décembre 2020.
Il n’y a toujours pas de cancer de la thyroïde détecté lors de la cinquième campagne de dépistage, dont les résultats sont détaillés ici en japonais, ce qui est une bonne nouvelle. Ces résultats sont à la date du 31 mars 2021. A noter que les autorités de Fukushima ont publié en même temps le bilan précédent, qui fait le point à la date du 31 décembre 2020.
Pour les jeunes qui avaient moins de 18 ans au moment de l’accident et qui ont maintenant plus de 25 ans, les résultats détaillés en japonais sont ici. Il y a 9 cas de cancer suspecté, soit un de plus que lors de la dernière mise à jour, dont toujours 6 confirmés par chirurgie.
On arrive donc à un total de 260 cas de cancers de la thyroïde suspectés chez les jeunes de Fukushima, dont 218 ont été confirmés lors d’une intervention chirurgicale (carcinome papillaire : 215 ; carcinome peu différencié : 1 ; carcinome folliculaire : 1 ; autre carcinome thyroïdien : 1). Il n’y a toujours qu’un seul cas qui s’est révélé être bénin après l’intervention (première campagne).
Le nombre de cas nouveaux, qui n’ont été détectés qu’à partir de la seconde campagne de dépistage (144), est plus élevé que le nombre de cas détectés lors de la première campagne (116), qui peut inclure des cancers qui existaient déjà avant la catastrophe nucléaire.
Le tableau ci-dessous synthétise les données issues du dépistage officiel. Le taux de dépistage diminuant au fur et à mesure des campagnes, le nombre de cas réels est forcément plus élevé. De fait, les cas de cancer détectés en dehors du programme de suivi ne sont pas comptés, même si l’intervention chirurgicale a eu lieu à l’université de médecine de Fukushima, en charge du suivi… Enfin, le dépistage gouvernemental n’a lieu que dans la province de Fukushima alors que les provinces voisines ont aussi été touchées par les retombées radioactives. Les cas de cancer de la thyroïde qui pourraient y apparaître échappent aussi aux données officielles.
Dépistages avec résultat | Examens complémentaires terminés | Cytoponctions | Nombre de cancers suspectés | Nombre de cancers confirmés | |
Première campagne | 300 472 | 2 091 | 547 | 116 | 101 |
Deuxième campagne | 270 552 | 1 834 | 207 | 71 | 55 |
Troisième campagne | 217 922 | 1 068 | 79 | 31 | 29 |
Quatrième campagne | 183 239 | 972 | 82 | 33 | 27 |
Cinquième campagne | 21 624 | 0 | 0 | 0 | 0 |
Plus de 25 ans | 7 260 | 227 | 17 | 9 | 6 |
Le bilan synthétique indique aussi que 9 de ces enfants avaient moins de 5 ans au moment de l’accident, soit un de plus que la dernière fois. Il convient de noter que le premier cas découvert par le fond de soutien n’est pas dans les statistiques officielles, car il n’a pas été pris en charge via le suivi mis en place par les autorités. Les très jeunes enfants ont été particulièrement touchés par les retombées radioactives de Tchernobyl. Lors des premières années de la catastrophe de Fukushima, l’absence de cas de cancer chez les très jeunes enfants était utilisé comme argument pour prétendre que la radioactivité n’était donc probablement pas à l’origine de l’élévation significative du nombre de cancers de la thyroïde chez les jeunes. Ce point est passé sous silence maintenant que des cas ont aussi été découverts à Fukushima.
Ce rapport en japonais mentionne qu’au 31 décembre 2018, 180 des patients ont été opérés de la thyroïde à l’Université de médecine de Fukushima. Sur ces 180 patients, 161 ont été adressés suite à au programme de dépistage de la thyroïde et 19 ont été adressés par d’autres sources. Ce qui signifie que ces 19 cas, qui représentent environ 10% des interventions, ne sont pas pris en compte dans les données ci-dessus.
Sur ces 180 cas, 175 étaient des carcinomes papillaires, 2 des carcinomes folliculaires, 1 un carcinome peu différencié et 2 autres types de cancers de la thyroïde. Une thyroïdectomie totale a été réalisée dans 8,9 % des cas et une unilobectomie dans 91,1 % des cas. Le nombre de cas à très faible risque qui auraient pu bénéficier d’un suivi non opératoire était très faible. Le rapport mentionne aussi que des métastases des ganglions lymphatiques ont été trouvées dans 72 % des cas, une invasion du tissu périthyroïdien dans 47 % des cas et des métastases pulmonaires dans 1,7 % des cas.