Les plans d’urgence restent le maillon faible du renforcement de la sûreté des installations nucléaires japonaises

Les exploitants et le gouvernement comptent toujours sur la remise en service de nombreux réacteurs nucléaires après le renforcement de la sûreté. Mais les plans d’urgence, qui constituent la dernière barrière du concept de défense en profondeur, restent les maillons faibles. Petit tour d’horizon.

Autour du réacteur Tôkaï-2, dans la province d’Ibaraki, 920 000 personnes résident dans un rayon de 30 km. Mito, la capitale régionale, est à une dizaine de kilomètres. Selon l’Asahi, l’exploitant, Japan Atomic Power Co, a considéré 22 scénarios différents d’accident et de conditions météo. Dans tous les cas, il faudra évacuer les 64 000 personnes qui résident à moins de 5 km de la centrale. Dans le scénario le plus optimiste, il n’y a pas d’évacuation supplémentaire. Mais en cas de rejet radioactif avec des vents soufflant vers le sud-ouest et de la pluie, il faudrait évacuer 105 000 personnes supplémentaires entre 5 et 30 km. Cela serait donc un total de près de 170 000 personnes. Aucune évacuation au-delà de 30 km n’a été envisagée.

La centrale d’Onagawa, dans la province de Miyagi, a été endommagée lors des séismes et tsunami de mars 2011. L’exploitant, Tôhoku Electric Power Co, a arrêté définitivement le réacteur n°1 et espère remettre en service la deuxième tranche en mai 2024. Il y a une troisième tranche (voir l’état des lieux du parc nucléaire japonais). Selon le Japan Times, la distribution de comprimés d’iode est limitée à un rayon de 5 km autour de la centrale pour les personnes de moins de 40 ans et les femmes enceintes. Les personnes qui doivent s’approcher à moins de 5 km de la centrale pour évacuer peuvent aussi bénéficier de cette prophylaxie. Et c’est tout ! Une coopérative de consommateurs, Ai Co-op, a donc distribué des comprimés au-delà de cette zone.

200 000 personnes résident dans un rayon de 30 km autour de cette centrale. En cas d’urgence, elles peuvent toutes être évacuées par bus ou véhicules personnels dans 31 communes des alentours. En cas de séisme et tsunami qui endommageraient les voies d’accès, une évacuation par la mer ou les airs est prévue. Une application a aussi été développée pour guider les gens.

La centrale de Kashiwazaki-Kariwa, située dans le province de Niigata, est exploitée par TEPCo. Trois réacteurs y sont à l’arrêt depuis le séisme de 2007 ! Les riverains s’inquiètent d’un accident grave lors d’un épisode de fortes neiges qui bloquerait les routes. L’an dernier, l’autoroute est restée fermée pendant 52 h et la route nationale, pendant 38 h, selon le Japan Times. Or, ce sont les deux principaux axes d’évacuation. 430 000 personnes résident dans un rayon de 30 km.

Les autorités régionales ont mis en place un groupe d’experts indépendants pour tirer les leçons de la catastrophe de Fukushima. Le sous-groupe en charge des plans d’urgence s’est réuni 24 fois depuis septembre 2017 et a rédigé un rapport avec 456 points, mais n’a pas évalué la faisabilité des plans d’évacuation… Le plan d’évacuation ne prend pas en compte le problème des personnes malades nécessitant une prise en charge particulière.