Vers une révision des plans d’urgence nucléaire suite au séisme de la péninsule de Noto

Les axes routiers à proximité de la centrale nucléaire de Shika ont été fortement endommagés lors du séisme qui a secoué la péninsule de Noto le 1er janvier dernier. C’est le cas, notamment de 7 des 11 routes d’évacuation prévues en cas d’accident grave. La nationale 249, qui permet d’accéder à Wajima depuis Shika, et la voie express Noto-Satoyama Kaido, qui mène à la capitale régionale Kanazawa, restent partiellement fermées plus d’un mois après le séisme.

Certaines zones étaient inaccessibles pendant une semaine. 435 personnes, habitant dans huit districts des villes d’Anamizu et de Wajima sont restées isolées plus d’une semaine après le tremblement de terre. Elles auraient été invitées à rester chez elles en cas d’urgence à la centrale de Shika. Mais, cela n’aurait pas toujours été possible car de nombreux bâtiments étaient endommagés. On dénombre environ 27 000 bâtiments résidentiels endommagés dans neuf communes situées dans un rayon de 30 kilomètres autour de la centrale.

Le chef du district de Fukurako dit n’avoir reçu aucune information relative à la centrale nucléaire situé à un kilomètre de là. Comme elle était à l’arrêt depuis 2011, il ne se faisait pas de soucis particulier, même si elle a été plus fortement secouée que ce qui est prévu. Ce serait problématique si un réacteur était remis en service. Le plan d’évacuation actuel prévoit que les habitants de ce district évacuent à Noto, vers le nord-est en cas d’accident nucléaire. Mais, le 1er janvier dernier cela aurait signifié s’approcher de l’épicentre !

L’Autorité de régulation nucléaire a donc décidé de revoir le plan d’urgence pour cette centrale. 

Mais il n’y a pas que la gestion des accidents nucléaires qui doit être révisée. Environ 70 % des communes susceptibles d’être évacuées en cas de tsunami n’ont jamais conduit d’exercice en hiver, selon l’agence de presse Kyodo News. Le sondage s’est concentré sur 108 communes de la moitié nord du Japon où il peut faire très froid avec beaucoup de neige et a révélé que 62 communes, soit 57 %, ont installé des appareils de chauffage dans tous les refuges relevant de leur compétence, tandis que 31, soit 29 %, disposent d’une literie d’hiver adéquate pour la capacité totale de leurs refuges. Selon la police, 14 % des victimes du séisme de la péninsule de Noto sont mortes de froid.

Des personnes déplacées voient leur indemnisation réduite en appel

En mars 2018, une quarantaine de personnes déplacées par la catastrophe nucléaire de Fukushima avaient fait condamner l’Etat et TEPCo et obtenu un dédommagement. La Cour d’appel de Tôkyô vient de considérer que seule TEPCo était responsable, disculpant ainsi l’Etat japonais. De plus, les dédommagements sont réduits de moitié environ, selon l’AP. TEPCo ne devra plus que verser 23,5 millions de yens (150 000 €) à 44 des 47 plaignants.

Cette décision est conforme à l’arrêt de la cour suprême qui, en juin 2022, avait estimé que l’Etat n’était pas responsable de l’accident nucléaire. C’est le quatrième jugement en ce sens depuis.

Les plans d’urgence restent le maillon faible du renforcement de la sûreté des installations nucléaires japonaises

Les exploitants et le gouvernement comptent toujours sur la remise en service de nombreux réacteurs nucléaires après le renforcement de la sûreté. Mais les plans d’urgence, qui constituent la dernière barrière du concept de défense en profondeur, restent les maillons faibles. Petit tour d’horizon.

Autour du réacteur Tôkaï-2, dans la province d’Ibaraki, 920 000 personnes résident dans un rayon de 30 km. Mito, la capitale régionale, est à une dizaine de kilomètres. Selon l’Asahi, l’exploitant, Japan Atomic Power Co, a considéré 22 scénarios différents d’accident et de conditions météo. Dans tous les cas, il faudra évacuer les 64 000 personnes qui résident à moins de 5 km de la centrale. Dans le scénario le plus optimiste, il n’y a pas d’évacuation supplémentaire. Mais en cas de rejet radioactif avec des vents soufflant vers le sud-ouest et de la pluie, il faudrait évacuer 105 000 personnes supplémentaires entre 5 et 30 km. Cela serait donc un total de près de 170 000 personnes. Aucune évacuation au-delà de 30 km n’a été envisagée.

La centrale d’Onagawa, dans la province de Miyagi, a été endommagée lors des séismes et tsunami de mars 2011. L’exploitant, Tôhoku Electric Power Co, a arrêté définitivement le réacteur n°1 et espère remettre en service la deuxième tranche en mai 2024. Il y a une troisième tranche (voir l’état des lieux du parc nucléaire japonais). Selon le Japan Times, la distribution de comprimés d’iode est limitée à un rayon de 5 km autour de la centrale pour les personnes de moins de 40 ans et les femmes enceintes. Les personnes qui doivent s’approcher à moins de 5 km de la centrale pour évacuer peuvent aussi bénéficier de cette prophylaxie. Et c’est tout ! Une coopérative de consommateurs, Ai Co-op, a donc distribué des comprimés au-delà de cette zone.

200 000 personnes résident dans un rayon de 30 km autour de cette centrale. En cas d’urgence, elles peuvent toutes être évacuées par bus ou véhicules personnels dans 31 communes des alentours. En cas de séisme et tsunami qui endommageraient les voies d’accès, une évacuation par la mer ou les airs est prévue. Une application a aussi été développée pour guider les gens.

La centrale de Kashiwazaki-Kariwa, située dans le province de Niigata, est exploitée par TEPCo. Trois réacteurs y sont à l’arrêt depuis le séisme de 2007 ! Les riverains s’inquiètent d’un accident grave lors d’un épisode de fortes neiges qui bloquerait les routes. L’an dernier, l’autoroute est restée fermée pendant 52 h et la route nationale, pendant 38 h, selon le Japan Times. Or, ce sont les deux principaux axes d’évacuation. 430 000 personnes résident dans un rayon de 30 km.

Les autorités régionales ont mis en place un groupe d’experts indépendants pour tirer les leçons de la catastrophe de Fukushima. Le sous-groupe en charge des plans d’urgence s’est réuni 24 fois depuis septembre 2017 et a rédigé un rapport avec 456 points, mais n’a pas évalué la faisabilité des plans d’évacuation… Le plan d’évacuation ne prend pas en compte le problème des personnes malades nécessitant une prise en charge particulière.

Personnes déplacées à Fukushima

L’ACRO a effectué un suivi de la catastrophe de Fukushima et de ses conséquences pendant 11 ans de façon entièrement bénévole. Ce travail s’est arrêté au printemps 2022. Mais, suite à une demande de conférence sur le sujet, voici les dernières données disponibles concernant les personnes déplacées de la province de Fukushima.

Ce document (copie), daté du 8 mars 2023, regroupe les données concernant les victimes de la triple catastrophe et les personnes déplacées dans la province de Fukushima :

  • Le nombre de victimes directes est de 1 605, auquel il faut ajouter 226 personnes dont le corps n’a pas été retrouvé, mais avec une confirmation claire du décès. Le nombre de décès postérieurs dus à l’évacuation et la détérioration des conditions de vie est de 2 335. A titre de comparaison, selon l’Asahi, le nombre de décès indirects liés à la catastrophe est 470 à Iwaté et 931 à Miyagi.
  • Il y a encore, officiellement, 27 399 personnes déplacées à Fukushima, dont 21 101 en dehors de la province.

Selon une étude menée par l’université de Waseda, rapportée par l’Asahi, environ 37% des personnes déplacées de Fukushima souffrent de troubles du stress post-traumatique. Ce résultat est basé sur un questionnaire renvoyé par 516 personnes. Parmi les sources de stress les plus citées, il y a le problème des indemnisations, le chômage et le statut de personne déplacée. 34,5% des répondants étaient sans emploi au moment de l’étude (Janvier-avril 2022), pour moitié environ à cause de problème de santé.

Selon l’Asahi, sur les 80 000 personnes qui ont été forcées à évacuer de 11 communes en 2011, seulement 16 000 y sont retournées une fois les ordres d’évacuation levés. Dans les zones les plus contaminées, le taux de retour est inférieur à 1%.

La zone dite de retour difficile, où le niveau de contamination entraînait une dose annuelle supérieure à 50 mSv en 2011, couvre une surface de 337 km2. Des bases de reconstruction et revitalisation ont été désignées afin de permettre à certaines communes d’exister encore. Les derniers ordres d’évacuer dans ces bases ont été levés le 1er mai 2023. Cela concerne, en tout, 27 km2 répartis sur 6 communes. Voici la carte de ces 6 bases (SRRBA) extraite de ce document daté d’avril 2023 :Si ces bases ne représentent que 8 % de la zone de retour difficile, elles regroupaient 60 % de ses habitants avant la catastrophe nucléaire. Très peu de retours y sont attendus dans ces zones. Selon l’Asahi, 158 personnes, soit environ de 1,2 % de la population, sont rentrées là où les ordres d’évacuer ont déjà été levés, alors que les travaux de décontamination et de réhabilitation ont coûté 320 milliards de yens (2,1 milliards d’euros).

Le gouvernement ne continuera à décontaminer et réhabiliter les zones les plus contaminées que si les populations reviennent. Les 6 communes concernées espéraient le retour d’environ 8 000 personnes, mais 2 % sont revenues. Dans le district de Nagadoro d’Iitaté, où l’ordre d’évacuer vient d’être levée, seulement 7 habitants sur 197 ont demandé l’autorisation à passer la nuit chez eux pour se préparer au retour. La suite des travaux semble donc être compromise.

A propos des décès provoqués par l’évacuation

Le Maïnichi a enquêté sur les décès provoqués par l’évacuation à Fukushima. La reconnaissance du décès post-catastrophe a lieu suite au dépôt d’un dossier par les familles endeuillées qui est examiné par une commission incluant des médecins. Selon l’Agence de reconstruction, 3 784 décès sont liés à la triple catastrophe de 2011 à la fin du mois de septembre 2021. Parmi eux, les 2 333 décès dans la province de Fukushima représentent plus de 60 % du total. En outre, les statistiques de l’Agence de reconstruction montrent que plus de 90 % des décès associés aux suites du tremblement de terre et du tsunami dans les zones gravement touchées des provinces d’Iwaté et de Miyagi concernent des personnes décédées dans l’année qui a suivi la catastrophe. En revanche, 40 % des décès certifiés dans la province de Fukushima sont survenus plus d’un an après le début de la catastrophe nucléaire, notamment à la suite d’une évacuation prolongée, et des demandes de certification de décès ont été continuellement déposées jusqu’à ce jour.

Le Mainichi Shimbun a fait une demande d’accès aux dossiers soumis par les familles endeuillées et a pu consulter les documents et données concernant 2 200 individus dans une vingtaine de communes. Le quotidien a examiné les informations relatives à un millier de personnes dont on connaissait les antécédents ayant conduit à leur décès. Ces rapports montrent la détresse suite au changement d’environnement dû à l’évacuation qui a affecté la santé de ces personnes. On peut lire, notamment, que “les hivers dans les logements temporaires étaient froids, leurs jambes et leurs reins s’affaiblissaient car ils n’avaient rien à faire”, ou, dans un autre dossier que “l’incertitude planait sur leur vie durant une évacuation prolongée et ils en venaient à boire de l’alcool pendant la journée.” 

Le journal cite aussi le cas d’un homme âgé de la ville de Namié qui est décédé environ un an après l’accident nucléaire. Selon le rapport le concernant, il était rentré chez lui temporairement à l’automne 2011, mais il était en état de choc mental lorsqu’il a vu sa maison en ruines et en enterrant les cadavres d’animaux de compagnie qu’il aimait sur le terrain de sa maison. Le rapport indique ensuite que c’est à cette époque qu’il a cessé de sortir.

Il cite aussi le cas d’un homme âgé de 83 ans, dont la condition physique s’est dégradée suite à l’évacuation et qui est mort d’une pneumonie. Sa femme a vu son état de santé s’affaiblir durant le déplacement prolongé, et elle est décédée à l’âge de 88 ans en 2021.

Si les personnes âgées de 80 ans ou plus représentent la majorité des décès certifiés, des personnes actives ont été affectées. Le Maïnichi présente le cas d’un vendeur de voitures de Futaba qui a vu sa vie changer brusquement. Il lui fallait des heures de route pour rendre visite à des proches dans des abris ou aller voir des clients dispersés dans tout le Japon. En plus, il a reçu l’ordre de quitter sa maison construite grâce à des prêts en raison de la construction d’une route, alors qu’il venait juste de commencer à la réparer. L’homme, qui aurait commencé à fumer davantage en raison du stress, est décédé d’un infarctus aigu du myocarde en septembre 2014. Il était âgé de 55 ans. 

Une évacuation prolongée s’accompagne de déménagements répétés, d’une séparation d’avec la famille, de changements de travail et de la perte des liens sociaux. Les dommages s’accumulent chaque fois que l’environnement de la victime change, et les personnes en situation de vulnérabilité sont éliminées, selon Masaharu Tsubokura, professeur à l’université de médecine de Fukushima.

Préparation à la levée des ordres d’évacuation à Futaba

Après Katsurao et Ôkuma en décembre, c’est au tour de Futaba de permettre aux anciens résidents de certaines zones de passer la nuit chez eux pour préparer leur retour. La décontamination et reconstruction n’ont été effectués que sur 780 hectares, soit 15% de la surface de la commune, situés autour de la gare. Il y avait 4 376 résidents dans cette zone avant l’accident. 3 613 y étaient encore enregistrés en décembre dernier, mais seulement 15, dans 11 foyers, ont demandé l’autorisation de passer la nuit chez eux à ce jour.

L’ordre d’évacuation avait déjà été levé en mars 2020 pour une toute petite partie de 220 hectares autour de la gare. Pour la zone étendue dont il est question ici, l’ordre d’évacuer devrait être levé en juin prochain. Et, pour les autres territoires habités de la commune, aussi classés en zone de retour difficile, le gouvernement compte lever les ordres d’évacuation dans la décennie à venir.

Retour progressif autorisé dans la partie la plus contaminée de Katsurao

Alors que les autorités s’apprêtent à lever l’ordre d’évacuer des zones les plus contaminées de Katsurao, dites de “retour difficile”, au printemps prochain, les résidents peuvent demander l’autorisation de dormir chez eux pour y préparer leur retour. La zone concernée par cette décision fait 95 hectares et 83 personnes y habitaient dans une trentaine de foyers avant la catastrophe nucléaire.

Katsurao est la première commune ayant un territoire classé en retour difficile à autoriser le retour temporaire de ses résidents. Cinq autres communes sont concernées. Lors d’une réunion publique dédiée aux conditions de retour, il n’y avait que 18 participants. Et, à ce jour, un seul couple a demandé l’autorisation de passer la nuit dans sa maison. Il réside actuellement à Tôkyô mais à l’intention de revenir à Katsurao de façon permanente.

La commune espère pouvoir attirer de nouveaux habitants dans la zone. Dans le district de Noyuki, il y avait une quarantaine d’habitations, qui ont presque toutes été démolies. Il n’en reste plus que 4, dont une en construction.

Fin progressive de la prise en charge des soins de santé pour les personnes déplacées de Fukushima

Selon l’Asahi, l’Agence de reconstruction veut cesser progressivement la prise en charge des soins médicaux des personnes déplacées par la catastrophe nucléaire et a entamé des discussions avec les autorités locales, comme l’a reconnu le ministre en charge du dossier.

Actuellement, les résidents de 13 municipalités de Fukushima qui ont dû évacuer obligatoirement ou par recommandation bénéficient d’une réduction totale ou partielle de leurs frais de santé ou de soins infirmiers. Le nombre de personnes évacuées de ces municipalités s’élevait à 150 000 en août 2011. Cette assistance devrait être réduite progressivement à partir de 2023 pour les personnes des zones où les ordres d’évacuer ont été levés avant avril 2017. Elle serait encore maintenue pour les 22 000 personnes originaires des zones dites de retour difficile.

Dans certaines communes, comme Minami-Sôma ou Tamura, les seuls bénéficiaires sont les personnes qui ont dû évacuer. Les “évacués volontaires”, qui sont partis d’eux-mêmes, n’en bénéficient pas. 

La fin des aides inquiète certains qui ont vu leurs conditions de santé s’aggraver suite à l’évacuation. Elles devraient être mieux ciblées vers les personnes qui en ont besoin, quel que soit leur statut d’origine.

La future levée partielle des ordres d’évacuation à Ôkuma crée la confusion

La commune d’Ôkuma, sur laquelle est installée une partie de la centrale accidentée de Fukushima daï-ichi, est classée en zone dite de “retour difficile” et est toujours évacuée. Le gouvernement, qui a toujours promis un retour aux habitants, ne veut pas rayer cette commune de la carte. Il a donc engagé des travaux de décontamination et s’apprête à y lever les ordres d’évacuer. Mais la nouvelle frontière divise les communautés et crée de la confusion, selon l’Asahi.

Le quartier Machi va être partiellement rouvert dans quelques mois. Les habitants de l’enclave réhabilitée pourront rentrer chez eux et leurs voisins, parfois juste de l’autre côté de la rue, non, ou, pas avant la fin de la décennie. Sur les quelques 140 hectares de la zone, seuls 20 ont été décontaminés. Il y avait 90 foyers en tout dans ce district avant la catastrophe nucléaire et la moitié environ seront autorisés à rentrer. Selon un sondage effectué au mois de mai dernier, seulement 11 foyers souhaitaient revenir chez eux, mais tous ne le pourront pas.

Ce district est situé le long de la nationale 6, à 3 km au Sud-Est de la gare d’Ôno, qui était au centre ville. La route, qui longe le centre d’entreposage des déchets radioactifs issus de la décontamination, est empruntée par de nombreux camions et des voitures, mais l’accès aux rues adjacentes demeure interdit. La plupart des 860 hectares de terrains décontaminés pour permettre la reconquête de la ville sont situés près de la gare et Machi est à l’écart, comme on peut le voir sur la carte de l’Asahi :

Les élus d’Ôkuma souhaitaient une décontamination de toutes les zones qui étaient habitées avant la catastrophe, mais le gouvernement n’y était pas favorable à cause du coût. Le découpage actuel résulte donc d’un compromis entre le gouvernement et le conseil municipal. Et c’est le gouvernement qui a proposé d’inclure une partie de Machi dans le périmètre, car c’est là qu’était située la commune de Kumamachi, avant sa fusion avec d’autres communes pour former Ôkuma.

Les travaux de décontamination n’ont pas permis d’abaisser partout le débit de dose ambiant au-dessous du seuil fixé par les autorités japonaises, à savoir 3,8 µSv/h, ce qui correspond à une dose annuelle de 20 mSv (lire nos explications sur les limites de dose) : sur 1 269 sites, ou 2,7% des points de contrôles, le débit de dose était plus élevé que la limite.

La municipalité voulait autoriser les habitants à dormir chez eux pour pouvoir préparer leur retour, mais l’autorisation d’accès, prévue pour octobre, a dû être repoussée.

La zone dite de retour difficile couvre 33 700 hectares en tout, sur 7 communes. Au printemps prochain, l’ordre d’évacuer devrait être levé sur à peine 1 510 hectares situés dans les communes d’Ôkuma, Futaba et Katsurao. Il devrait être levé dans 3 autres communes (1 237 hectares) en 2023.

A Futaba aussi, le débit de dose dépasse la limite sur 563 sites ou 1% des points de contrôle. Il faudra donc redécontaminer. La remise en état des services (eau, électricité…) est plus lente que prévu et l’ordre d’évacuer ne sera probablement pas levé avant juin 2022.

Les trois anciens dirigeants de TEPCo plaident toujours non coupable en appel

Les trois anciens dirigeants de TEPCo avaient été acquittés en première instance en septembre 2019 par le tribunal de Tôkyô, qui avait estimé que Tsunéhisa Katsumata, Ichirô Takékuro et Sakae Mutô, n’étaient pas coupables de négligences ayant entraîné la mort et des blessures. Il avait notamment jugé qu’“il serait impossible d’exploiter une centrale nucléaire si les exploitants étaient obligés de prévoir toutes les éventualités liées aux tsunamis et de prendre les mesures nécessaires”. Les avocats commis d’office, agissant en qualité de procureurs, avaient requis 5 ans de prison en décembre 2018, la peine maximale, et les trois anciens dirigeants avaient plaidé non coupables, mais c’étaient excusés… Les trois accusés ont été inculpés pour avoir continué à exploiter la centrale alors qu’ils étaient en mesure de prévoir les dangers du tsunami, ce qui a, notamment, entraîné la mort de 44 patients d’un hôpital voisin qui ont dû être évacués en raison de l’accident.

Lors du procès en appel, qui vient de débuter, les anciens dirigeants ont encore plaidé non coupable. Tsunéhisa Katsumata était absent pour raison de santé. Le débat tourne toujours autour du fait de savoir si l’ampleur du tsunami qui a déclenché l’accident nucléaire était prévisible et si TEPCo a été négligente en ne renforçant pas les mesures de protection. Les avocats des accusés ont expliqué que même si les travaux avaient été lancés, ils n’auraient pas été terminés à temps.