Un séisme d’une magnitude de 7,6 sur l’échelle japonaise a secoué la péninsule de Noto le 1er janvier à 16h10. Une alerte au tsunami a immédiatement été lancée. Les dégâts sont importants : de nombreuses maisons anciennes n’ont pas résisté et des incendies se sont déclarés en plusieurs endroits. Environ 33 000 foyers se sont retrouvés sans électricité. Le bilan humain a augmenté jour après jour pour atteindre plus de 200 décès, le 9 janvier et plus de 100 disparus. A cette même date, il y a encore 60 000 foyers sans accès à l’eau courante et plus de 15 000 sans électricité.
Un petit tsunami d’une hauteur de 1,2 m a été observé à Wajima, ville côtière au nord de la péninsule, le 1er janvier à 16h21. Le ras de marée faisait 80 cm à Toyama et 40 cm à Kashiwazaki où il y a une centrale nucléaire de TEPCo. Il a aussi atteint les côtes coréennes. Mais l’alerte a été maintenue car d’autres vagues, potentiellement plus élevées sont possibles suite aux nombreuses répliques.
La centrale nucléaire de Shika, exploitée par Hokuriku Electric Power Co (Rikuden), est située sur la côte ouest de la péninsule, à une soixantaine de kilomètres de l’épicentre. Ses deux réacteurs sont à l’arrêt depuis mars 2011. La centrale de Kashiwazaki-Kariwa, exploitée par TEPCo dans la province de Niigata, est à 120 km environ. Ses réacteurs sont arrêtés depuis 2007 pour certains et 2011 pour d’autres, suite à des séismes. La centrale de Tsuruga, dans la province de Fukui, est à environ 220 km. Ses deux réacteurs sont arrêtés depuis 2011, le plus ancien, définitivement. Enfin, les centrales nucléaires de Kansai Electric Power Co., aussi situées dans la province de Fukui, sont à plus de 250 km. Certains réacteurs ont été remis en route : voir l’état du parc japonais.
Dès les premières heures, tous ces exploitants nucléaires ont communiqué pour signaler qu’aucune anomalie n’avait été détectée dans leurs installations. TEPCo a même signalé que tout allait bien à la centrale de Fukushima daï-ichi, située à plus de 300 km de l’épicentre, car un séisme de magnitude 3 a été ressenti dans la province de Fukushima. Mais, rapidement, il est apparu que la centrale de Shika avait subi des dommages : l’autorité de régulation nucléaire (NRA) a signalé qu’une explosion et une odeur de brûlé ont été observées près du transformateur électrique du réacteur n*2 qui est indisponible. Le transformateur du réacteur n°1 est aussi indisponible suite à une fuite d’huile.
Lors d’une conférence de presse tenue le 2 janvier, Rikuden a expliqué que la secousse la plus forte enregistrée avait une accélération de 336,4 gals horizontalement et 329,9 gals verticalement, ce qui est moins que les accélérations maximales envisagées dans le dossier de sûreté, à savoir 600 gals horizontalement et 405 gals verticalement. L’exploitant a confirmé les fuites d’huile sur les deux transformateurs : 3 600 litres pour le réacteur n°1 et 3 500 litres pour le n*2. Et le 5 janvier, la fuite au niveau du réacteur n°2 s’avère être de 19 800 litres !
Ces transformateurs servent à l’alimentation électrique depuis l’extérieur. Ainsi, les systèmes branchés sur ces deux transfo ne sont pas alimentés. En revanche, d’autres sources d’électricité sont disponibles pour les équipements importants pour la sûreté. Et les diesels de secours ont assez de carburant pour tenir 7 jours. Le refroidissement des combustibles usés est assuré. Au 5 janvier, l’alimentation électrique extérieure n’était toujours pas rétablie.
Et il a fallut attendre le 3 janvier soir pour que Rikuden explique que le niveau de l’eau de mer était monté de 3 mètres à la centrale, entre 17h45 et 18h. Le matin, la compagnie avait affirmé qu’aucune élévation du niveau de la mer n’avait été enregistrée… Et d’ajouter que le mur de protection du réacteur n*1, haut de 4 m, était incliné de plusieurs centimètres. La centrale est à 11 m au-dessus de la mer.
La centrale nucléaire de Shika a fait l’objet d’une controverse à propos de la faille sismique qui passe sous les réacteurs. Est-elle active, comme l’estime la NRA, – ce qui empêcherait la remise en service du réacteur n°1 et imposerait le renforcement de la résistance aux séismes du réacteur n°2 – ou est-elle inactive, comme l’affirme l’exploitant ? En octobre dernier, Rikuden espérait redémarrer le réacteur n°2 en 2026. Avec ce séisme, rien n’est moins sûr.