TEPCo affiche un résultat positif

Pour la première fois depuis le début de la catastrophe, TEPCo a affiché un résultat excédentaire pour l’année fiscale 2013. Le profit net du groupe est de 438,65 milliards de yens (3 milliards d’euros). La compagnie a coupé drastiquement dans ses coûts et a vu ses profits augmenter grâce à l’augmentation de ses tarifs.
En revanche, 6 autres compagnies d’électricité ayant des centrales nucléaires sont encore dans le rouge. Kansaï Electric affiche une perte de 97,4 milliards de yens (700 millions d’euros). C’est la troisième année consécutive. Le PDG a admis que les perspectives de redémarrage des réacteurs étaient sombres.
Kyûshû Electric et Hokkaïdô Electric vont demander un soutien financier à la Banque de développement du Japon. Après trois années consécutives de pertes, la loi japonaise interdit l’obtention de prêts auprès des établissements financiers. Les deux compagnies se retournent donc vers un établissement public.

Records du jour de la contamination de l’eau

Records du jour de la contamination radioactive de l’eau souterraine :
–    dans le puits 3-2, il y a maintenant 2 700 Bq/L en tritium (prélèvement du 23 avril 2014).
–    dans les puits 1-14 et 1-17, il y a respectivement 2 300 et 8 700 Bq/L en bêta total (prélèvements du 28 avril 2014).
–    la contamination en césium 137 de l’eau de mer bat aussi un record en deux points situés en deçà de la barrière de protection : il y a maintenant 93 et 39 Bq/L (prélèvements du 28 avril 2014).
–    dans le puits E3, situé en aval des cuves, la contamination en tritium continue de monter de façon anormale : 7 500 Bq/L le 27 avril et 7 700 Bq/L le 28 avril 2014.

Visite à Miyakoji

Le district de Miyakoji, dans la commune de Tamura, est situé entre 20 et 30 km de la centrale de Fukushima, avec un petite partie à moins de 20 km. Dans les premiers jours de la catastrophe, il y a eu ordre d’évacuer jusqu’à 20 km, puis de se confiner entre 20 et 30. Le confinement a duré trop longtemps et a été suivi d’un conseil à l’évacuation. Miyakoji n’a finalement pas été fortement touché par les retombées radioactives. Pour la partie située au-delà de 20 km, les habitants ont pu rentrer à partir de septembre 2011. Et pour la partie située en deçà de 20 km l’ordre d’évacuer a été levé le 1er avril 2014, après des travaux de décontamination. Pour ces derniers, les indemnisations s’arrêteront dans un an.
Le New-York Times est allé enquêter dans ce village où il y avait 3 000 habitants. Un tiers seulement est rentré. Les autres rechignent à cause de la crainte des radiations et de l’absence de commodités (médecin, commerces…). Ils vont finir par rentrer, contraints et forcés, pour des raisons économiques. Leur maison ne vaut plus rien et il est souvent difficile de refaire sa vie ailleurs. Pour ceux qui sont restés loin, les dommages dus au séisme aggravés par l’abandon de la maison font que leur habitation s’est fortement dégradée. L’indemnisation n’est pas suffisante pour les mettre en état ou pour emménager ailleurs.
Les habitants se sentent pris au piège et accusent TEPCo de ne pas leur rembourser la valeur de la maison. Et pour faire pression, le gouvernement a promis 9 000 dollars supplémentaires à ceux qui rentreront.
Le maire de Tamura est outré : ils sont victimes et doivent encore mendier ce qu’ils estiment être leur dû. 500 habitants originaires de Miyakoji ont donc entamé une action en justice.
A tout cela s’ajoute l’inquiétude des parents avec de jeunes enfants à cause de la pollution radioactive.
Dans les zones plus contaminées, mais non évacuées car étant au-delà de 20 km, les habitants ont aussi un sentiment d’injustice, car eux, n’ont pas pu partir et n’ont presque pas été indemnisés.
La gestion de la catastrophe par les autorités a conduit à une situation inextricable à cause de règles trop rigides et des traitements contradictoires en fonction du lieu d’habitation. Leur seule proposition maintenant, est le retour, quel que soit l’avis des populations.

Familles séparées

Selon une étude commandée par les autorités régionales et reprise par les médias japonais, 50% des familles évacuées sont encore séparées et 67,5% ont un membre qui souffre de stress physique et mental.
En janvier et février dernier, la région a envoyé à un questionnaire à 62 812 familles vivant à Fukushima ou ailleurs. Elle a reçu 20 680 réponses, dont 16 965 (82%) vivaient dans les zones évacuées. Les 18% restants (3 683 familles) sont parties de leur propre décision. Il y a un doute pour 32 familles.
48,9% des familles qui ont répondu disent vivre séparées depuis la catastrophe. Pour 15,6% des familles, l’éclatement familial est sur plus de 3 lieux.
Les raisons de la séparations sont multiples : logements provisoires trop petits pour accueillir tout le monde, volonté de protéger les plus jeunes, volonté de se rapprocher d’une école ou du travail pour certains membres de la famille…
Certaines personnes se retrouvent seules, inquiètes pour leur avenir. 50% des familles disent que certains de leurs membres ont des troubles du sommeil ou perdu leur joie de vivre. Le sentiment de frustration et de dépression touche 40% d’entre elles. Enfin, 34,8% des réponses signalent une aggravation des maladies chroniques qui les affectent.
L’enquête montre aussi que 50,6% des familles qui sont parties de leur propre chef ont changé de résidence administrative alors que 86% des familles qui ont été forcées à partir ne l’ont pas fait. Cela est probablement lié aux aides financières.
Enfin, parmi les familles qui sont parties d’elles-mêmes, seulement 17,1% veulent rentrer. 27% veulent s’installer où elles ont trouvé refuge et 36,3% sont indécises.
Voir l’Asahi et le Maïnichi.

Premier été sans nucléaire

Il ne devrait y avoir aucun réacteur nucléaire en fonctionnement cet été, quand la demande est la plus forte. Cela constitue un test pour le Japon, car l’approvisionnement énergétique est fragile. En cas de pannes, la situation sera tendue.
Dans le Kansaï, la compagnie d’électricité KEPCo avait pu démarrer deux réacteurs à Ôï les deux étés passés. Il n’y en aura pas cet été. Des échanges sont prévus avec les producteurs voisins, mais restent limités par le fait qu’une moitié du Japon est à 50 Hz et l’autre à 60 Hz. KEPCo compte cependant sur l’approvisionnement de TEPCo ! Elle estime aussi que la baisse de la consommation depuis l’accident suite aux efforts faits par les consommateurs permet de se passer de 2 réacteurs et demi.

Accord nucléaire entre le Japon et la France

Le premier ministre japonais vient en tournée européenne et sera en France le 5 mai prochain. Il devrait signer un accord sur le développement des réacteurs nucléaires de quatrième génération, qui consiste en un remake de Superphénix.
Le CEA aurait demandé à utiliser le surgénérateur moribond Monju pour tester son projet ASTRID. Rappelons que le réacteur Monju a mis en service en 1994, qu’il est tombé en panne en 1995 et qu’il est à l’arrêt depuis. Il y a eu une tentative de redémarrage avant Fukushima, qui a été arrêtée suite à de graves lacunes en terme de sûreté. Bref un projet très prometteur !
Le CEA est tombé bien bas pour s’accrocher à Monju. Il doit y avoir une participation financière dans ASTRID en échange. Et puis montrer que cela intéresse un autre pays permet de valoriser le projet en interne.
ASTRID n’est rien d’autre qu’un Superphénix amélioré. Les recherches sur cette technologie ont commencé dans les années 1950. Si cela devait aboutir dans le calendrier avancé par le CEA, il y aura donc eu un siècle de R&D. Qui est prêt à investir dans une telle technologie qui a connu de nombreux échecs et peu de succès encourageants ?
L’intérêt de faire croire à l’avènement des ces réacteurs et de classer une grosse partie de ce qui sort des centrales nucléaires en « matières valorisables » et pas en « déchets », même si elles ne sont pas valorisées. Monju et ASTRID participent donc au processus de blanchiment des déchets nucléaires.

Contamination des thons de la côte Ouest des Etats-Unis

Une université américaine a mesuré des traces de césium dans des thons pêchés au large des Etats-Unis entre 2008 et 2012. La contamination était présente dans deux spécimens sur deux analysés en 2011 et dans 10 sur 17 en 2012. Avant Fukushima, il n’y avait pas de césium dans le thon.
La concentration maximale détectée est de 1,18 Bq/kg pour la somme des deux césiums. C’est très faible. Mais le communiqué de presse de l’université d’Oregon est complètement stupide : pour rassurer la populace, il fait des comparaisons avec l’exposition au potassium 40 en dormant à côté de son conjoint. Il oublie le potassium 40 du thon dans son calcul qui ne veut donc rien dire. Affligeant.
Comment communiqueront-ils s’il y a un jour une contamination plus forte des aliments ?
L’article scientifique est en accès payant.