Des habitants de Kawauchi autorisés à dormir chez eux

Le gouvernement autorise maintenant les habitants à dormir chez eux dans une partie du Kawauchi située à moins de 20 km de la centrale afin de préparer leur retour. Il compte lever l’ordre d’évacuer dans trois mois. Sur les 276 personnes concernées, issues de 134 foyers, seules 40, venant de 18 foyers, ont fait la demande de pouvoir rester.
La demande doit être renouvelée chaque mois. Les membres de la famille et les amis peuvent aussi faire une demande. On leur prête un dosimètre s’ils le souhaitent.
Les travaux de décontamination sont terminés depuis un mois, mais la limite pour le retour est toujours de 20 mSv/an, qui n’est pas acceptée par la majorité des résidents.
Des discussions sont en cours avec la municipalité et les habitants à propos du retour définitif. Ce serait la deuxième zone à moins de 20 km où les habitants seront autorisés à rentrer.

Référentiel de sûreté le plus strict au monde ?

Le gouvernement, pour faire accepter le redémarrage des réacteurs nucléaires, clame haut et fort que le nouveau référentiel de sûreté est le plus exigent au monde. Cette affirmation est critiquée, même à l’intérieur du parti au pouvoir, comme étant vide de sens.
L’ancien premier ministre, Naoto Kan, maintenant opposé à l’énergie nucléaire, a posé une question écrite au gouvernement où il lui demande de justifier ses affirmations. La réponse du gouvernement, publiée le 25 avril, redit qu’il s’agit des critères les plus stricts par comparaison à ce qui se fait à l’étranger, mais ne donne aucun argument ou exemple concret.
Interrogée, l’autorité de sûreté est prudente et se refuse à prétendre qu’il s’agit des standards les plus exigeants au monde. Les critères sont beaucoup plus stricts qu’avant, mais il est difficile de faire un classement mondial.
Voir l’Asahi.

Fond de réserve de KEPCo

Kansaï Electric (KEPCo) veut utiliser les 150 milliards de yens (1 milliard d’euros) qui lui restent sur son fond de réserve pour faire face à l’augmentation de ses coûts, les perspectives de redémarrer rapidement un réacteur nucléaire s’amenuisant. Ce fond de réserve était de 640 milliards en 2011 (4,6 milliards d’euros). C’est l’assemblée générale des actionnaires en juin prochain qui entérinera la décision.

Centrale de Sendaï : réunion d’information

Une première réunion a été organisée par les autorités régionales dans la commune d’Izumi située dans un périmètre de 30 km autour de la centrale de Sendaï (Kagoshima) à propos des mesures d’évacuation. Environ 130 habitants ont participé et ont exprimé leur doute quant au plan proposé : un habitant pense que les lieux d’évacuation peuvent à leur tour être contaminés en fonction des vents, comme cela s’est passé à Fukushima ; un autre pense que le lieu de rassemblement pour prendre les bus destinés aux personnes qui ne peuvent pas partir par elles-mêmes est trop éloigné des habitations.
Des réunions auront aussi lieu à Kagoshima, la capitale régionale, située à moins de 30 km de la centrale.

Retrait du corium

L’Institut de Recherche International sur le Démantèlement (IRID) mis récemment en place par le gouvernement avec l’industrie nucléaire a organisé une réunion sur le retrait du combustible fondu.
TEPCo envisage toujours de remplir l’enceinte de confinement d’eau pour réduire le rayonnement au moment des opérations de retrait. Mais cela est paru peu réaliste aux personnes présentes car l’enceinte est percée et il sera difficile de boucher tous les trous et fissures. En revanche, l’Institut n’a pas d’idée à proposer à la place et lance donc un appel international pour proposer des techniques sans noyage. Le gouvernement va accepter les propositions à partir de juin prochain.

Que faire des déchets radioactifs ?

Le gouvernement n’a toujours pas de site à proposer pour le stockage des 11 000 tonnes de déchets radioactifs générés par la catastrophe nucléaire. Ces déchets sont répartis dans 11 provinces et le gouvernement prévoit 5 sites de stockage, mais, partout, il fait face à l’opposition des riverains. Ces déchets attendent donc dans des sites d’entreposage temporaire où les autorités s’étaient engagées à les reprendre.
L’Asahi explique la situation à Miyagi. A Kurihara, où 930 tonnes de paille radioactive attendent, les autorités régionales avaient promis que l’entreposage sur les 5 sites ne durerait pas plus de 2 ans. Cela fera deux ans en mai prochain et il n’y a pas de solution alternative. Les autorités régionales se sont excusées pour le retard, lors d’une réunion publique, mais les habitants ont exprimé leur colère et exprimer leur sentiment de trahison.
Le gouvernement a rencontré toutes les communes de la province et retenu 3 sites potentiels où il possède des terrains. Un de ces sites est à Kurihara. Mais les riverains se mobilisent contre le projet. Le maire est contre et est prêt à risquer sa carrière contre ce projet. Les deux autres communes sélectionnées, Taïwa et Kami, sont aussi opposées.
Kurihara a un projet touristique à faire valoir. A Kami, le riz bénéficie d’une appellation. Quant à Taïwa, la commune s’interroge sur le choix du site situé à 2 km seulement d’un terrain d’entraînement de l’armée. Comment garantir sa sûreté dans ces conditions ?
Pour le moment, aucune étude de terrain n’a été menée et le ministère de l’environnement est incapable de fournir un calendrier.
La situation est similaire dans les 4 autres provinces concernées : Ibaraki, Tochigi, Gunma et Chiba. A Ibaraki et Tochigi, le gouvernement avait choisi un site, mais e dû faire marche arrière à cause de l’opposition locale. Il expérimente donc une autre méthode à Tochigi en discutant avec les populations sans donner de lieu. Des mesures d’accompagnement économique doivent d’abord être mises en place. Une fois que l’on est habitué à l’argent, il est plus difficile de dire non…
A Fukushima, comme les sites choisis sont dans la zone évacuée où les habitants ne pourront pas rentrer, cela a été plus facile. Mais les autorités ont promis que les déchets n’y resteront pas plus de 30 ans, le temps de trouver un site définitif en dehors de la province. Qui les croit ?

Le stock de tritium estimé à 150 années de rejet

Le 19 janvier dernier, un document de TEPCo mentionnait que l’inventaire en tritium de l’eau contaminée était de 875 TBq (875 000 milliards de becquerels). Comme l’autorisation de rejet en mer pour les 6 réacteurs est de 22 TBq, le stock de tritium représente donc 40 années de rejets à la limite.
Maintenant TEPCo estime à 3 400 TBq le stock de tritium dans les 4 réacteurs accidentés, en prenant en compte ce qu’il y a encore dans le combustible. Cela représente donc 150 ans de rejets à la limite autorisée !
Selon la présentation faite lors de la 8ième réunion du groupe de travail tritium du ministère de l’industrie, la plus grande partie du tritium se trouverait encore dans le combustible (2 500 TBq). La quantité de tritium dans l’eau aurait augmenté de 17 TBq depuis le dernier bilan de janvier 2014. Ce tritium s’échappe probablement du combustible fondu.
Voir aussi l’article en anglais du Maïnichi à ce propos.

Plusieurs records de la contamination de l’eau

Très nombreux records de contamination de l’eau souterraine :
–    dans le puits 3-2, situé en aval des réacteurs, il y a maintenant 2 300 Bq/L en bêta total. Il y a aussi 16,7 Bq/L en césium. Un record de contamination en césium est aussi battu dans le puits de pompage voisin avec 6,7 Bq/L. La contamination bêta total du puits 2-7 est passée à 940 Bq/L, sa plus forte valeur (prélèvements du 23 avril 2014).
–    dans le puits 1-8, il y a maintenant 17 000 Bq/L en tritium. Dans le 1-14, c’est la contamination bêta total qui atteint sa valeur la plus élevée avec 2 000 Bq/L. Il y a aussi 14 Bq/L d’Antimoine 125 (Sb125) dans l’eau du puits 1-16 (prélèvement du 21 et 24 avril 2014).
–    après des records battus 3 jours consécutifs, la contamination en tritium de l’eau du puits E-3, situé en aval des cuves, mais en amont des réacteurs, baisse légèrement à 6 500 Bq/L (prélèvement du 23 avril 2014).
–    près de la cuve qui a débordé en février dernier, les contrôles dans le puits G3 sont rares mais restent à la hausse. Un nouveau record vient d’être battu avec 320 Bq/L en tritium (prélèvement du 23 avril 2014).

Par ailleurs, TEPCo pompe l’eau souterraine en amont des réacteurs et la stocke dans des cuves tampon avant de d’espérer la rejeter en mer. La contamination de l’eau des cuves est donnée et comparée aux valeurs limites de rejet que la compagnie s’est fixées. Cela montre bien que TEPCo compte sur l’effet dilution pour le puits le plus contaminé. Les valeurs obtenues par le labo tiers sont aussi données (prélèvement du 15 avril 2014).

Evaluation du temps d’évacuation

Les autorités régionales de Shizuoka ont estimé qu’il fallait au moins 28 heures pour évacuer les 860 000 habitants dans un rayon de 30 km autour de la centrale. Pour obtenir ce résultat très optimiste, elles ont supposé que les habitants partiraient en bon ordre et suivaient les instructions pour éviter les embouteillages. Il y aurait aussi 3 personnes par véhicule ! Dans un cas moins optimiste, l’évacuation pourrait prendre deux jours selon la préfecture. Ce serait le cas suite à un fort séisme. Et donc, des habitants seraient fort probablement exposés.
Les 50 000 habitants à moins de 5 km mettraient environ 24 heures pour aller au-delà des 30 km.
Le temps passé dans la voiture, où l’on est moins bien protégé que dans un bâtiment en dur, va de 8 heures environ à une trentaine d’heures en fonction des hypothèses.
Ces chiffres ne prennent pas en compte l’endommagement du réseau routier ni l’évacuation des personnes dépendantes dans les hôpitaux et les maisons de retraite.
Nous en avions déjà parlé le 14 janvier dernier, un cabinet privé avait estimé que cette même évacuation pouvait prendre jusqu’à 6 jours si l’autoroute était coupée suite à un séisme par exemple et que tous les bus n’étaient pas disponibles.
La différence entre les deux estimations est énorme ! Demander l’estimation du temps d’évacuation, à l’instar de ce qui se fait aux Etats-Unis, est un progrès. La France devrait en prendre de la graine. Mais si cela conduit à des estimations basées sur des hypothèses irréalistes, cela ne sert à rien. Une contre expertise de ces travaux est donc indispensable.
A Hyôgo, les autorités régionales ont rendu publiques leur estimation de la dose à la thyroïde que les enfants pourraient recevoir en cas d’accident nucléaire dans la province voisine de Fukui. Dans 31 communes sur 41, cela pourrait dépasser la limite de 50 mSv à la glande pendant la première semaine. C’est à partir de cette limite qu’il faut prendre des pastilles d’iode. Pour cela, elle a, à chaque fois, supposé des conditions météo défavorables.
De son côté, le gouverneur de Niigata, où il y a la centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa avec ses 7 réacteurs, pense que, même si la sûreté des réacteurs est garantie par la NRA, les autorités locales ne sont pas prêtes à faire face en cas d’accident. Il sait de quoi il parle car il a dû faire face au séisme de 2007 qui avait entraîné l’arrêt prolongé de la centrale. Sa province a aussi accueilli de nombreux réfugiés de Fukushima.
Les chauffeurs de bus accepteront-ils d’aller chercher les gens dans des zones contaminées ? De quelle protection bénéficieront-ils ? Ne faut-il pas changer leur statut ?