Le Japon va limiter l’extraction du plutonium à ce qui peut être consommé

Pressé par les Etats-Unis de réduire son stock de plutonium, le Japon, qui a un stock de près de 47 tonnes, cherche des solutions. La Japan Atomic Energy Commission (JAEC) vient donc de réviser, pour la première fois en 15 ans, sa politique sur le sujet. Si l’usine de Rokkashô-Mura dans la province d’Aomori devrait démarrer un jour, elle ne sera autorisée à extraire que la quantité de plutonium qui peut être consommé.

La règle précédente, qui date de 2003, stipulait que le Japon ne devait pas extraire le plutonium sans perspective d’utilisation. L’industrie nucléaire a toujours des perspectives, même si elles ne sont pas réalistes… La nouvelle règle stipule clairement la volonté de réduire le stock de plutonium, mais ne fixe aucune limite ni calendrier. Elle dit juste que le niveau actuel ne doit pas être dépassé.

Cette décision aura un impact sur la politique de retraitement. L’usine de Rokkashô accuse déjà 24 années de retard pour sa mise en service qui n’aura pas lieu avant 2021. Elle permettrait d’extraire 8 tonnes de plutonium par an, à pleine capacité et il faut 16 à 18 réacteurs pour consommer ce plutonium sous forme de MOx. Or, actuellement, seulement 10 réacteurs sont autorisés à utiliser ce combustible et 4 ont été remis en service (Takahama 3 et 4, Genkaï 3 et Ikata 3, suspendu par la justice depuis). Ces trois réacteurs consomment environ une tonne de plutonium chaque année. Et comme le stock de plutonium est de 47 tonnes, il n’y a donc pas besoin de cette usine avant longtemps. Mais comme elle n’est pas fonctionnelle et qu’elle doit démontrer qu’elle satisfait aux nouvelles règles de sûreté, tout cela reste très virtuel pour le moment.

Si la décision de la JAEC est lourde de conséquence pour le retraitement, cette dernière ne va pas jusqu’à recommander d’abandonner cette voie sans avenir et réviser entièrement sa politique nucléaire. Cela permettrait pourtant de clarifier les choses et de repartir sur de bonnes bases. Mais, comme pour la politique énergétique, le Japon préfère les plans irréalistes aux débats francs et ouverts.

TEPCo va ouvrir un musée de l’accident nucléaire à Tomioka

TEPCo veut ouvrir un musée de la catastrophe nucléaire et du démantèlement dans la ville de Tomioka. Sur deux niveau, ce musée devrait montrer de nombreuses images qui reconstituent différents évènements qui ont marqué et qui marquent la catastrophe nucléaire. Pas de doute qu’il sera à la gloire de TEPCo et des efforts qu’elle déploie.

L’ouverture est prévue pour Novembre prochain et l’entrée sera gratuite. La surface dédiée à l’exposition est de 1 900 m2.

Réouverture de J-Village

J-Village, le complexe sportif dédié au foot; situé sur les communes de Hirono et Naraha, avait servi de base pour les intervenants à la centrale de Fukushima daï-ichi après la catastrophe nucléaire. Les autorités veulent rendre ce complexe au sport avant les JO de 2020 à Tôkyô et un appel aux dons avait été lancé.

Un match de foot inaugural a eu lieu le 28 juillet dernier avec des équipes locales, conformément à la date d’ouverture annoncée. Un millier de spectateurs étaient présents.

Les débits de dose en deux points sont indiqués tout en bas du site Internet de J-Village :

  • 0,085 µSv/h sur le terrain n°2 ;
  • 0,126 µSv/h devant l’hôtel.

A titre de comparaison, le bruit de fond, à savoir la radioactivité naturelle avant l’accident induit un débit de dose de l’ordre de 0,04 µSv/h. 0,23 µSv/h induit une dose supplémentaire de 1 mSv/an, si l’on reste 8 h par jour dehors. Voir notre article dédié au sujet des doses et des normes.

Canicule au Japon : les économies d’énergies sont oubliées

Après la catastrophe de Fukushima, le gouvernement japonais avait demandé de faire des économies d’énergie et de ne pas exagérer avec la climatisation. Les universités avaient imposé des températures supérieures à 28°C pour la clim. Les magasins et restaurants étaient devenus raisonnables et il ne fallait plus prendre un pull.

Cet été, cela semble bien loin. Il faut de nouveau prendre un pull pour aller au restaurant, dans les trains ou dans certains magasins. Et comme le Japon fait face à une canicule, la demande en électricité a fortement augmenté. De vieilles centrales très polluantes ont dû être remises en route.

Le gouvernement, qui avait mis en avant le réchauffement climatique en avant après 2011 pour demander au Japonais de faire attention, n’a pas fait de campagne pour limiter la climatisation cette année, même si les rejets de gaz à effet de serre augmentent. A l’époque, il voulait surtout vanter la reprise du nucléaire. Le réchauffement climatique n’était donc qu’un prétexte.

Réacteur n°2 : un robot va aller toucher le corium

Le réacteur n°2 a subi un fusion de son cœur, tout comme les réacteurs 1 et 2. Les images prises à l’intérieur de l’enceinte de confinement par un robot montrent que le corium, ce mélange de combustible fondu et de débris jonche le sol de l’enceinte de confinement. TEPCo veut y envoyer un nouveau robot qui doit aller toucher le corium pour déterminer s’il est solide ou plutôt de type sédiment. C’est nécessaire pour concevoir les robots qui iront chercher ce corium.

Les opérations devraient avoir lieu cet automne au plus tôt. Il n’est pas question de retirer des débris pour le moment. Ce n’est qu’en 2019 que des échantillons pourraient être prélevés pour analyse.

TEPCo a aussi envoyé un robot à proximité de la chambre de suppression, cette pièce toroïdale qui entoure la base du réacteur, ainsi qu’à l’intérieur. Equipé de caméra, de lasers pour mesurer les distance et de dosimètre, il a entièrement filmé et repéré son parcours. La Japan Atomic Energy Agency (JAEA) a ensuite reconstitué l’intérieur afin de permettre de se déplacer virtuellement à l’intérieur. Cela devrait permettre aux intervenants de s’entraîner dans une chambre de réalité virtuelle avant de pénétrer, afin de limiter la dose prise.

Ayant fait un déplacement virtuel dans le laboratoire de la JAEA de Naraha, les débits de dose enregistrés pouvaient, de mémoire, atteindre 400 mSv/h, ce qui est gigantesque quand on sait que la limite annuelle est de 20 mSv en moyenne pour les travailleurs. C’était plutôt de l’ordre de 50 mSv/h dans la chambre. L’envoi de personnes n’est pas pour demain. De fait, peu de personnes ont utilisé cet outil pour le moment. Surtout des chercheurs ou des étudiants, pas des intervenants, selon la JAEA.

Exercice de crise à Kashiwazaki-Kariwa : TEPCo obtient la note la plus basse

L’Autorité de Régulation Nucléaire (NRA) a effectué des exercices de crise avec les exploitants du nucléaire en 2017 et TEPCo a obtenu la note la plus basse pour sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa. Pour un membre de la NRA, que la compagnie responsable de l’accident à la centrale de Fukushima daï-ichi obtienne la note la plus basse est impardonnable.

Pour la NRA, le partage d’information est un point crucial dans son évaluation car la crise de 2011 a été aggravée par des lacunes graves en ce domaine. TEPCo ne semble donc pas en avoir tiré les leçons. Lors de la crise, le personnel sur place a pris des mesures pour rétablir la situation sans en informer le siège à Tôkyô. Cela n’empêche pas la compagnie de vouloir redémarrer les réacteurs 6 et 7 de cette centrale.

Quant à Fukushima daï-ni, qui n’était pas encore arrêtée à l’époque, elle a obtenu une note moyenne.

Deux nouveaux bateaux garde-côtes pour protéger les centrales nucléaires

Le Japon, qui n’a officiellement pas d’armée, mais des forces d’auto-défense qui sont équipées et entraînées comme une vraie armée, va investir dans plusieurs patrouilleurs afin de protéger les centrales nucléaires du terrorisme. Les deux premiers bateaux seront déployés en 2019 et 2020 dans le mer du Japon, au large de la province de Fukui, qui concentre de nombreuses centrales nucléaires. Ils coûtent chacun 6 milliards de yens (46 millions d’euros).

Ces patrouilleurs devaient aussi être utilisés pour lutter contre la pêche illégale par la Corée du Nord dans les eaux japonaises et pour évacuer des populations en cas d’accident nucléaire grave.

78ième versement financier pour TEPCo

TEPCo annonce avoir reçu le 78ème versement financier de la part de la structure gouvernementale de soutien qui lui avance de l’argent pour les indemnisations : 13,4 milliards de yens (103 millions d’euros au cours actuel). Cet argent est prêté sans intérêt.

TEPCo a déjà reçu un total de 8 362 milliards de yens (plus de 64,3 milliards d’euros au cours actuel) si l’on prend en compte le présent versement et cela ne suffira pas.

24 plages ont rouvert depuis le tsunami dans les zones dévastées

24 plages ont rouvert dans les zones endommagées, voire dévastées par le tsunami du 11 mars 2011 sur les 70 utilisées avant la catastrophe. Pour cela, il a fallu construire une digue, planter des arbres, nettoyer les plages et préparer un plan d’évacuation en cas de tsunami.

A Fukushima aussi, quatre plages ont rouvert : Haragamaobama à Sôma et trois autres à Iwaki, alors que 14 plages restent fermées dans la province. Pour certaines, ce pourrait être définitif.

Aucune contamination n’aurait été détectée dans l’eau de mer. L’eau du Pacifique près de Fukushima est donc moins contaminée que La Manche avec ses nombreuses installations nucléaires, comme le montrent les résultats de la surveillance citoyenne effectuée par l’ACRO.

Hong-Kong lève partiellement l’interdiction d’importer des aliments du Japon

Après la catastrophe à la centrale nucléaire de Fukushima daï-ichi, Hong-Kong avait, à l’instar de nombreux autres pays, interdit l’importation d’aliments de plusieurs provinces japonaises à cause de la contamination radioactive. Une partie de ces interdictions viennent d’être levées.

Les produits alimentaires d’Ibaraki, Tochigi, Chiba et Gunma sont maintenant autorisés, avec un certificat attestant que le niveau de contamination radioactive ne dépasse pas les niveaux maximum admissibles. Les produits de Fukushima restent interdits.

Hong-Kong serait le premier marché à l’export pour l’industrie agroalimentaire japonaise.