Vidéos de TEPCo sur les progrès réalisés

TEPCo a mis en ligne deux vidéos sur les progrès réalisés à la centrale de Fukushima daï-ichi.

La première en anglais, donne un aperçu général des travaux de sécurisation du site. Les images du tout début de la catastrophe sont toujours aussi impressionnantes. Tout se passe bien et le mot “radioactivité” n’est utilisé que quand il y a une solution, comme pour les débris le long du littoral, qui ont été retirés depuis et pour l’eau qui est traitée. La phrase de conclusion est de la belle langue de bois : “Nous allons continuer à démanteler de façon sûre”, comme si tout avait été fait de façon sûre jusqu’à maintenant…

La deuxième vidéo, sous-titrée en anglais, traite de l’eau contaminée. Cette vidéo n’explique pas le traitement de l’eau radioactive, ni de ce qui est envisagé pour le million de mètres cubes d’eau accumulée. La seule donnée, est que la quantité d’eau accumulé quotidiennement a été divisée par 4.

Analyse des notions de confiance et d’expertise dans le domaine du nucléaire

L’IRSN a mis en ligne un premier rapport du projet de recherche Shinraï qui s’intéresse aux conséquences politiques et sociales de l’accident de Fukushima daï-ichi, au Japon. Le rapport consiste en une revue de la littérature sur les notions de confiance et d’expertise dans le domaine du nucléaire.

Selon le résumé, la notion de confiance est une des clefs pour analyser la gestion post-accidentelle et ses conséquences sociales et politiques. Ce rapport tranche avec tout ce qu’a publié l’IRSN jusqu’à présent, car il aborde la perte de confiance envers les autorités japonaises et leurs experts et la lie, notamment, à une politique qui ne reconnaît pas suffisamment l’incertitude des connaissances sur les faibles doses et leurs effets. Retenir l’hypothèse la plus « optimiste » ou la moins « précautionneuse » (pas de risque en dessous de 100 mSv) est dénoncé par de nombreux citoyens comme un choix délibéré de servir d’autres intérêts, que la préservation de la santé des populations.

De plus, ce rapport met en avant l’émergence d’une contre-expertise associative ou citoyenne, porteuse de visions différentes, qui s’est développée face à un type de scientifique ou d’expert apparaissant comme insuffisamment soucieux de la prise en compte des intérêts des individus. Selon ce rapport, cette contre-expertise est apparue plus digne de confiance car elle intègre implicitement une forme de précaution dans un contexte d’incertitudes. La principale caractéristique de ces contre-experts, au-delà de leur diversité, est qu’ils ne sont jamais apparus comme visant d’abord à rassurer sur le risque radiologique. Pour certains citoyens, les contre experts ont été considérés comme les seuls acteurs prenant en compte leurs intérêts dans une situation à risque.

Waouh. L’IRSN reconnaît que l’ACRO peut être plus digne de confiance pour certains citoyens… Le rapport mentionne que cette émergence d’une contre-expertise et les interactions qu’elle entretient avec l’expertise institutionnelle seront approfondies dans la suite du projet.

Le rapport complet est ici au format pdf.

Centrale d’Ôï : les plaignants ne feront pas appel et le transfert de combustibles vers d’autres réacteurs autorisé par la NRA

Au début du mois, la branche de Kanazawa de la haute cour de Nagoya a annulé l’injonction d’un tribunal de Fukui de suspendre le redémarrage de la centrale d’Ôï. Les plaignants ont décidé de ne pas faire appel auprès de la Cour suprême. Cette décision de justice est donc définitive.

Par ailleurs, l’Autorité de régulation nucléaire, la NRA, vient d’autoriser Kansaï Electric, l’exploitant, à transférer des assemblages de combustible des réacteurs 1 et 2 d’Ôï, qui sont arrêtés définitivement, vers les réacteurs 3 et 4 qui ont redémarré. La compagnie veut ainsi récupérer 264 assemblages sur les 629 qu’il y avait dans les réacteurs les plus anciens. De plus, 216 assemblages neufs, préparés pour les tranches 1 et 2, seront utilisés dans les tranches 3 et 4.

Reconduction du pacte américano-japonais concernant le plutonium

En juillet 1988, les Etats-Unis et le Japon avaient signé un pacte autorisant ce dernier à enrichir l’uranium et extraire le plutonium des combustibles usés. D’une durée de 30 ans, ce pacte a été reconduit tacitement le 16 juillet 2018.

Chaque partie peut désormais se retirer avec un préavis de 6 mois, ce qui rend la situation instable pour le Japon, qui est le seul pays ne possède pas l’arme atomique à pouvoir extraire le plutonium. Mais, comme nous l’avons signalé récemment, le Japon a des problèmes avec son plutonium qui s’accumule sans réelle perspective de voir le stock se réduire rapidement.

Cancer de la thyroïde chez les jeunes de Fukushima : 162 cas confirmés sur 198 suspectés

Avec presque un mois de retard, voici les derniers résultats concernant le dépistage du cancer de la thyroïde chez les jeunes de Fukushima qui ont été rendus public en japonais le 18 juin dernier. Un résumé officiel en anglais est aussi disponible. Et comme d’habitude, Fukushima Voices a publié son résumé en anglais.

Ainsi, au 31 mars 2018, il y avait 162 cas de cancers de la thyroïde confirmés sur 198 suspectés, plus toujours un seul cas qui s’est révélé bénin après la chirurgie. C’est deux de plus pour les confirmés et deux de plus pour les suspectés par rapport à la publication précédente.

Rappelons que les autorités en sont à la troisième campagne de dépistage par échographie. Contrairement à la fois précédente, les données relatives aux deux premières campagnes sont en ligne après une mise à jour. Le nombre de cancers confirmés ou suspectés à l’issue des deux premières campagnes n’ont pas changé, même si le nombre d’examens complémentaires a augmenté (données en japonais pour la première campagne et pour la deuxième campagne). Voir aussi le tableau ci-dessous.

La troisième campagne a concerné 216 358 jeunes de moins de 18 ans au moment de l’accident sur 336 368 concernés, ce qui fait un taux de dépistage de 64,3%. Il y a eu 803 examens complémentaires d’effectués sur 1 367 recommandés et 689 ont eu leurs résultats. Les 35 cytoponctions effectuées ont permis de découvrir 12 cas de cancers suspectés, soit deux de plus que la fois précédente. 9 d’entre eux ont été confirmés après chirurgie, ce qui fait deux de plus que la fois précédente.

Le bilan des trois campagnes de dépistage donne :

Première campagne Deuxième campagne Troisième campagne
Dépistage avec résultat

300 472

270 540

216 358
Examens complémentaires effectués 2 130 1 874 689
Cytoponctions 547 207 35
Nombre de cancers suspectés 116 71 12
Nombre de cancers confirmés 101 52 9

 

Déjà 4 compagnies ont envoyé des stagiaires vietnamiens en zone contaminée

Suite au scandale des apprentis vietnamiens envoyés illégalement sur des chantiers de décontamination ou à la centrale de Fukushima daï-ichi, le ministère de la justice a débuté une enquête auprès de 1 002 compagnies du bâtiment dans 8 ou 9 provinces qui prennent part au programme de formation de stagiaires étrangers. Selon un bilan provisoire, sur 182 compagnies, 4 auraient envoyé des stagiaires étrangers sur des chantiers de décontamination.

Par ailleurs, pour ce qui concerne la compagnie de Morioka dans la province d’Iwaté, par qui le scandale est arrivé, elle n’est plus autorisée à prendre des stagiaires dans le cadre de ce programme pendant 5 ans. Le ministère précise qu’elle a envoyé plusieurs apprentis vietnamiens décontaminer la zone évacuée alors que ce n’était pas dans leur programme de formation et qu’elle ne leur a pas versé de prime de risque. Ils recevaient 2 000 yens (15€) par jour alors que le gouvernement versait à la compagnie une prime de risque de 6 600 yens (51€) par jour et par personne.

Si telle est la sanction, cela signifie que ce programme de formation est très avantageux pour les compagnies, alors qu’il devrait d’abord bénéficier aux apprentis… Pour les trois autres compagnies, deux à Fukushima et une à Chiba, la sanction n’a pas encore été décidée.

L’enquête devrait se terminer fin septembre prochain. De nombreux autres cas pourraient être découverts d’ici là.

Selon l’AFP, le Japon comptait un peu plus de 250 000 de ces apprentis fin 2017. Ils sont cependant de plus en plus nombreux à quitter leur employeurs de manière précipitée (7 089 l’an dernier, contre 2 005 en 2012). Beaucoup ont justifié leur départ par la faible rémunération perçue.

Trois actionnaires saisissent la justice pour que TEPCo cesse de financer Tôkaï-2

Trois actionnaires de TEPCo ont saisi un tribunal de Tôkyô pour que la compagnie cesse de financer le renforcement de la sûreté de Tôkaï-2. Ils estiment que les intérêts de TEPCo et de ses actionnaires seront menacés qui un soutien financier est fourni à la Japan Atomic Power Co (JAPCo) qui possède Tôkaï-2.

Bien que l’Autorité de régulation nucléaire vienne d’estimer que Tôkaï-2 satisfaisait au nouveau référentiel de sûreté, le réacteur va avoir 40 ans en novembre et il ne peut espérer obtenir qu’une extension de la durée d’exploitation de 20 ans tout au plus. Et même si cette extension était accordée, les plaignants estiment que TEPCo ne pourra jamais être remboursée. Les travaux à effectuer, en cas d’avis positif de l’Autorité de régulation nucléaire, atteignent 174 milliards de yens (1,3 milliard d’euros).

Selon la loi japonaise, les compagnies ne doivent pas prendre des décisions qui peuvent nuire aux actionnaires. Mais TEPCo et les 4 autres compagnies qui possèdent JAPCo craignent la faillite de cette dernière si Tôkaï-2 ne redémarre pas.

Comme l’Etat est actionnaire majoritaire de TEPCo, la décision est aussi politique. L’opposition réclame que TEPCo utilisent cet argent pour indemniser les victimes de la catastrophe, plutôt que d’investir à fonds perdus dans Tôkaï-2.

Les microparticules riches en césium perdent leur radioactivité à haute température

Nous avons déjà mentionné à plusieurs reprises ces microparticules vitreuses riches en césium rejetées lors de l’accident nucléaire à la centrale de Fukushima daï-ichi. Et, comme nous l’avons déjà signalé, elles peuvent facilement être remises en suspension et inhalées. Elle restent alors plus longtemps dans les poumons et peuvent avoir un impact sanitaire plus pénalisant. La télévision publique japonaise avait consacré un documentaire.

Selon une étude récente, disponible en libre accès, une fois chauffées à haute température dans un incinérateur, le césium radioactif a tendance à se désorber, ce qui entraîne une baisse significative de sa concentration. Pour cela, les auteurs ont chauffé entre 600 et 1 000°C six microparticules et ont mesuré leur radioactivité et ont trouvé qu’il y avait une baisse à partir de 600°C et qu’elle avait presque disparu à 1 000°C. Voir la figure ci-dessous extraite de l’article :

Cela signifie que lors de l’incinération des déchets organiques issus de la décontamination, le césium contenu dans ces microparticules est libéré et n’est pas piégé dans les cendres.

Tôkaï-2 satisfait aux nouvelles règles de sûreté

L’Autorité de Régulation Nucléaire (NRA) a estimé que le réacteur Tôkai-2, situé dans la province d’Ibaraki, satisfaisait aux nouvelles règles de sûreté. Cet avis va être soumis à la consultation du public sur Internet pendant un mois, comme d’habitude. C’est ici pour participer.

La demande d’autorisation de redémarrage avait été déposée en mai 2014. Mais la remise en service n’est pas pour tout de suite car ce réacteur aura 40 ans en novembre 2018. Son exploitant, la Japan Atomic Power Co (JAPCo), filiale de plusieurs compagnies d’électricité japonaises, a déposé une demande « exceptionnelle » de prolongation de 20 ans de la durée d’exploitation en novembre 2017. La procédure d’évaluation est toujours en cours. Et même en cas d’avis favorable, le réacteur ne pourra pas être remis en route avant 2021 car il faudra effectuer les travaux de renforcement de la sûreté. Il y en a pour 180 milliards de yens (1,4 milliard d’euros). TEPCo et Tôhoku Electric devraient prendre en charge une partie de ces coûts. C’est choquant pour TEPCo, qui a de graves problèmes financiers depuis la catastrophe nucléaire.

Il s’agit d’un réacteur à eau bouillante, comme ceux de Fukushima, et d’une puissance de 1 100 MWe. C’est le 15ième réacteur à satisfaire au nouveau référentiel de sûreté et le 3ième à eau bouillante, après Kashiwazaki-Kariwa 6 et 7.

La remise en service de ce réacteur relève de l’acharnement thérapeutique. Outre ses équipements vétustes, comme les kilomètres de câbles inflammables, il a subi les séisme et tsunami de 2011. La vague de tsunami faisait 5,4 m de hauteur et un générateur diesel de secours a été endommagé. Il a fallu 3 jours et demi pour l’arrêter grâce aux deux autres générateurs.

Et puis, il y a presque un million d’habitants dans un rayon de 30 km, dont Mito, la capitale de la province d’Ibaraki. En cas d’accident grave, il sera difficile d’évacuer les populations. Le plan d’urgence doit encore être établi. Seules 3 communes sur 14 ont un plan d’évacuation. La ville de Mito, avec ses 270 000 habitants, a trouvé un abri pour seulement 90 000 d’entre eux. Mais, avoir un plan d’urgence, n’est pas une condition requise pour remettre en route un réacteur.

Mais la compagnie, filiale de 5 énergéticiens japonais, n’a plus que ce réacteur : Tsuruga 1 et Tôkaï 1 ont été arrêtés définitivement, et Tsuruga-2 est sur une faille sismique considérée comme active par l’Autorité de régulation nucléaire.

Une haute cour rejette la suspension des réacteurs d’Ôï

En 2014, la justice avait suspendu la remise en service de la centrale d’Ôï dans la province de Fukui car elle estimait que les risques sismiques avaient été sous-évalués. Furieux, le PDG de KEPCo, l’exploitant, avait alors annoncé vouloir passer outre cette décision. La compagnie avait fait appel de cette décision qui s’oppose au redémarrage des réacteurs 3 et 4 de sa centrale d’Ôï. Tant que la procédure suivait son cours, le jugement n’était pas suspensif.

Le tribunal de Kanazawa de la Haute cour de Nagoya vient de débouter les plaignants et a annulé l’injonction de suspendre la remise en service de deux réacteurs de cette centrale nucléaire. Les plaignants estimaient que l’exploitant avait sous-estimé le risque sismique et avaient présenté, comme témoin, Kunihiko Shimazaki, un ancien membre de l’Autorité de Régulation Nucléaire, qui a expliqué devant le tribunal que KEPCo pourrait sous-estimer l’amplitude de séisme de référence.

Ces deux réacteurs ont été remis en service récemment : mars 2018 pour le 3 et mai 2018 pour le 4. Rappelons que les réacteurs 3 et 4 d’Ôï avaient redémarré durant l’été 2012, avant même le nouveau référentiel de sûreté entré en vigueur le 8 juillet 2013, pour être arrêtés à nouveau en septembre 2013. Cela avait provoqué de fortes manifestations au Japon.