Le réacteur n°2 de Tôkaï (Ibaraki) est l’un des plus vieux du Japon. Il date de 1978. Je l’avais classé parmi les réacteurs qui ne redémarreront jamais. L’isolant de ses câbles électriques est inflammable. C’était toléré avant 2011 et ce n’est plus permis maintenant. Il y a des milliers de kilomètres de câbles. Il y a aussi presque 1 million d’habitants dans un rayon de 30 km autour de la centrale. Comment les évacuer en cas d’accident ? Et puis cette centrale a été affectée par le séisme et tsunami du 11 mars 2011 : des diesels de secours ont été noyés et une turbine endommagée.
Japan Atomic Power Company (JAPCo), l’exploitant, a décidé de déposer une demande d’autorisation de redémarrage. Pourquoi un tel acharnement thérapeutique ?
Cette compagnie, filiale des compagnies qui distribuent l’électricité, ne fait que produire du courant à partir de nucléaire. La situation de son autre centrale, à Tsuruga (Fukui), est encore plus désespérée : un des réacteurs a plus de 40 ans et l’autre est sur une faille reconnue active par la NRA. C’est donc la survie même de cette compagnie qui est en jeu.
La compagnie veut donc couvrir 18,5 km de câbles avec un retardateur de feu et prétend que la qualité sera la même qu’avec un isolant inflammable. Elle estime aussi que le réacteur peut supporter une secousse de 901 gals contre 600 précédemment. Elle va aussi construire une nouvelle digne qui devrait pouvoir arrêter un tsunami de 17,2 m. Il y a aussi les filtres à air à ajouter et une salle de contrôle décentrée et protégée. Il y en aurait pour 78 milliards de yens (557 millions d’euros) pour une durée de fonctionnement forcément réduite. Ce coût est probablement sous-évalué et la compagnie espère sûrement dépasser les 40 années de fonctionnement.
Les élus locaux, qui ont donné leur feu vert au dépôt du dossier, ont bien précisé qu’il ne s’agit pas d’un feu vert au redémarrage. Il n’y a toujours pas de plan d’évacuation.