La décision de justice concernant le redémarrage d’Ôï fait des vagues. Elle stipule implicitement qu’il n’est pas possible de garantir la sûreté nucléaire. Il y aura toujours des évènements imprévus, comme des séismes d’une magnitude plus forte qu’estimée. Et par conséquence, au nom du droit à la vie, garanti par la constitution, il ne faut pas exploiter du nucléaire.
Kansaï Electric (KEPCo), l’exploitant, a estimé que le plus fort séisme entraînerait une secousse de 700 gals et que sa centrale peut supporter une secousse de 1 260 gals. Le tribunal conteste cette affirmation, considérant qu’en 2008, la plus forte secousse enregistrée lors d’un séisme à Iwaté et Miyagi, dans le Nord-Est du Pays, avait une accélération de 4 022 gals. De plus, depuis 2005, 4 centrales nucléaires ont été plus secouées qu’initialement envisagé. Le centre des activités sismiques est souvent très profond et les connaissances sont donc limitées. Les calculs reposent sur des hypothèses trop simplificatrices.
Cette décision remet donc en cause le nouveau référentiel de sûreté japonais en suggérant qu’il n’est pas possible de faire des prédictions scientifiques suffisamment sûres et pourrait faire jurisprudence. Il y a d’autres procès en cours. Elle remet aussi en cause la possibilité d’exploiter du nucléaire au Japon, pays où les séismes sont fréquents.
KEPCo a fait appel de cette décision qui s’oppose au redémarrage des réacteurs 3 et 4 de sa centrale d’Ôï. Tant que la procédure suit son cours, le jugement n’est pas suspensif. Si l’exploitant devait obtenir un accord de la NRA et des élus locaux, il pourrait redémarrer ses réacteurs. Il en est loin pour le moment. Dans le passé, deux jugements avaient donné raison aux plaignants et la cour d’appel avait permis l’exploitation des réacteurs.
Quant au gouvernement, il a clairement exprimé son intention de ne rien changer à sa politique énergétique et de pousser au redémarrage des réacteurs qui seront autorisés par la NRA. Il ne compte pas changer, non plus, les règles de sûreté qu’il proclame comme étant les plus strictes au monde, ce qui reste à prouver. Il serait intéressant que le procès en appel s’intéresse à ce sujet.
Les journaux opposés au nucléaire saluent ce jugement et ceux en faveur d’un redémarrage rapide parlent d’irrationalité. Il en est de même pour les élus locaux.