Dépistage du cancer de la thyroïde chez les jeunes de Fukushima – 48ème réunion du comité de suivi

Les dernières données officielles sur le dépistage du cancer de la thyroïde chez les jeunes de Fukushima ont été mises en ligne, suite à la 48ème réunion du comité de suivi. Une traduction non-officielle en anglais sera disponible ici. Pour rappel, nous avions publié, en 2021, à l’occasion du dixième anniversaire de la catastrophe, une revue de littérature scientifique sur le sujet. Et le précédent bilan, issu de la 47ème réunion est ici.

Rappelons que tous les jeunes de Fukushima, qui avaient moins de 18 ans lors de la catastrophe nucléaire ou qui étaient encore dans le ventre de leur mère (nés entre le 2 avril 1992 et le 1er avril 2012), peuvent bénéficier d’un dépistage tous les deux ans par échographie. Même si le taux de participation baisse, certains en sont à leur 5ème examen médical. Après 20 ans, le dépistage suivant se fait tous les 5 ans. Certains ont dépassé la trentaine et viennent d’apparaître dans le bilan.

Le tableau ci-dessous synthétise les données issues du dépistage officiel qui sont ici en japonais. Elles sont datées du 31 mars 2023 pour les dépistages les plus récents (5ème campagne, à 25 ans et 30 ans). Comme le taux de dépistage diminue au fur et à mesure des campagnes, le nombre de cas réel est forcément plus élevé. De plus, les cas de cancer détectés en dehors du programme de suivi ne sont pas pris en compte, même si l’intervention chirurgicale a eu lieu à l’université de médecine de Fukushima, en charge du suivi… Enfin, le dépistage gouvernemental n’a lieu que dans la province de Fukushima alors que les provinces voisines ont aussi été touchées par les retombées radioactives. Les cas de cancer de la thyroïde qui pourraient y apparaître échappent aussi aux données officielles.

  Dépistages avec résultat Examens complémentaires terminés Cytoponctions Nombre de cancers suspectés Nombre de cancers confirmés
Première campagne 300 472 2 091 547 116 101
Deuxième campagne 270 552 1 834 207 71 56
Troisième campagne 217 922 1 068 79 31 29
Quatrième campagne 183 410 1 016 91 39 34
Cinquième campagne 108 250 812 68 34 26
Examen à 25 ans 11 674 500 43 22 14
Examen à 30 ans 1 474 58 5 3 1
Bilan des campagnes de dépistage du cancer de la thyroïde chez les jeunes de Fukushima au 31 mars 2023 pour les données les plus récentes.

Le dépistage du cancer de la thyroïde chez les jeunes qui ont eu 25 ans a débuté en 2017 et n’a été effectué que chez 9,1% des personnes concernées, selon le rapport dédié. Le nombre de cas réels est donc plus élevé que les 22 cas découverts (4 garçons, 18 filles). 13 d’entre eux n’avaient pas encore été examinés.

Le dépistage du cancer de la thyroïde chez les jeunes qui viennent d’avoir 30 ans a débuté en avril 2022 et le premier rapport concerne ceux qui sont nés entre le 2 avril 1992 et le 1er avril 1993. Le dépistage n’a été effectué que chez 6,7% des personnes concernées. Les 3 cas de cancer ont été découverts chez 3 filles.

On arrive à un total de 316 cas de cancer de la thyroïde suspectés suite au dépistage exercé par l’université de médecine de Fukushima. Parmi eux, 261 jeunes ont subi une intervention chirurgicale qui a conduit à identifier 258 carcinomes papillaires, 1 carcinome peu différencié, 1 carcinome folliculaire et 1 autre cancer de la thyroïde. Rappelons que lors de la première campagne, un nodule s’est révélé bénin après chirurgie.

Selon le rapport dédié à la cinquième campagne de dépistage, sur les 34 cas de cancer de la thyroïde découverts, il y a 8 garçons et 26 filles. 5 d’entre eux n’avaient jamais été examinés. Les 29 autres n’avaient pas de cancer lors de l’examen précédent (4ème campagne). 10 jeunes avaient moins de 5 ans en mars 2011, au moment de l’accident nucléaire, et 8 avaient 6 ans. Sur toutes les campagnes confondues, on arrive à un total de 19 jeunes qui avaient moins de 5 ans en mars 2011. Les très jeunes enfants ont été particulièrement touchés par les retombées radioactives de Tchernobyl. Lors des premières années de la catastrophe de Fukushima, l’absence de cas de cancer chez les très jeunes enfants lors de l’accident était utilisé comme argument pour prétendre que la radioactivité n’était donc probablement pas à l’origine de l’élévation significative du nombre de cancers de la thyroïde. Ce point est passé sous silence maintenant que plusieurs cas ont aussi été découverts à Fukushima.