TEPCo à nouveau autorisée à exploiter des réacteurs nucléaires

En mars 2021, l’Autorité de régulation nucléaire (NRA) avait interdit à TEPCo d’exploiter des réacteurs nucléaires suite à la découverte de failles importantes dans la sécurité. La compagnie avait alors annoncé une nouvelle réforme de sa gouvernance. Deux ans et demi plus tard, l’Autorité de régulation nucléaire vient de lever cette interdiction. TEPCo espère pouvoir relancer deux des sept réacteurs de sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa dans la province de Niigata dont le dossier de sûreté avait été validé.

La NRA avait estimé, en 2017, que TEPCo était apte à exploiter du nucléaire, malgré la catastrophe de Fukushima. Les sept engagements pris alors par la compagnie avaient suffi à la convaincre. Mais, de la parole aux actes, le chemin est difficile. 

La remise en service des tranches n’est pas pour tout de suite, même si Le Figaro juge la centrale “prête à redémarrer”. La compagnie doit encore faire ses preuves durant des inspections à venir. Et les autorités régionales n’ont pas encore donné leur accord. Sur ce dernier point, le gouvernement va distribuer des subventions, comme d’habitude, afin d’obtenir l'”assentiment” des élus locaux. L’Asahi mentionne un total d’un milliard de yens (6,5 millions d’euros).

Des personnes déplacées voient leur indemnisation réduite en appel

En mars 2018, une quarantaine de personnes déplacées par la catastrophe nucléaire de Fukushima avaient fait condamner l’Etat et TEPCo et obtenu un dédommagement. La Cour d’appel de Tôkyô vient de considérer que seule TEPCo était responsable, disculpant ainsi l’Etat japonais. De plus, les dédommagements sont réduits de moitié environ, selon l’AP. TEPCo ne devra plus que verser 23,5 millions de yens (150 000 €) à 44 des 47 plaignants.

Cette décision est conforme à l’arrêt de la cour suprême qui, en juin 2022, avait estimé que l’Etat n’était pas responsable de l’accident nucléaire. C’est le quatrième jugement en ce sens depuis.

Révision à la hausse du coût de l’accident nucléaire

Sans surprise, le coût de la catastrophe nucléaire augmente : selon le Japan Times, l’emprunt gouvernemental pour avancer les frais d’indemnisation devrait se monter à 15 400 milliards de yens (100 milliards d’euros), soit 1 300 milliards de yens (8,4 milliards d’euros) de plus que prévu précédemment. Ce serait dû à une révision des règles d’indemnisation en décembre 2022 et à l’indemnisation des pêcheurs suite au rejet en mer de l’eau radioactive qui débuté cet été.

Selon le dernier communiqué de TEPCo, daté de mai 2023, la compagnie a déjà reçu 11 021,6 milliards de yens (71,1 milliards d’euros) d’avance de la part de l’Etat japonais. Cet argent est prêté sans intérêt.

600 milliards de yens (4 milliards d’euros) supplémentaires sont dédiés à l’entreposage des déchets radioactifs issus des chantiers de décontamination. Le démantèlement des réacteurs accidentés de la centrale de Fukushima daï-ichi devrait coûter 8 000 milliards de yens (52 milliards d’euros). Cela fait donc un total de 23 400 milliards de yens (151 milliards d’euros) pour cet accident. Et tout n’est pas pris en compte dans ce calcul.

Contamination d’un travailleur à la centrale de Fukushima daï-ichi

Une contamination radioactive a été découverte sur le nez d’un travailleur à la centrale de Fukushima daï-ichi lors du contrôle de routine en sortie de site. Il portait bien sa combinaison et un masque intégral sur le chantier de décontamination situé à proximité du réacteur n°2. Il s’est donc probablement contaminé en se déshabillant.

Les plans d’urgence restent le maillon faible du renforcement de la sûreté des installations nucléaires japonaises

Les exploitants et le gouvernement comptent toujours sur la remise en service de nombreux réacteurs nucléaires après le renforcement de la sûreté. Mais les plans d’urgence, qui constituent la dernière barrière du concept de défense en profondeur, restent les maillons faibles. Petit tour d’horizon.

Autour du réacteur Tôkaï-2, dans la province d’Ibaraki, 920 000 personnes résident dans un rayon de 30 km. Mito, la capitale régionale, est à une dizaine de kilomètres. Selon l’Asahi, l’exploitant, Japan Atomic Power Co, a considéré 22 scénarios différents d’accident et de conditions météo. Dans tous les cas, il faudra évacuer les 64 000 personnes qui résident à moins de 5 km de la centrale. Dans le scénario le plus optimiste, il n’y a pas d’évacuation supplémentaire. Mais en cas de rejet radioactif avec des vents soufflant vers le sud-ouest et de la pluie, il faudrait évacuer 105 000 personnes supplémentaires entre 5 et 30 km. Cela serait donc un total de près de 170 000 personnes. Aucune évacuation au-delà de 30 km n’a été envisagée.

La centrale d’Onagawa, dans la province de Miyagi, a été endommagée lors des séismes et tsunami de mars 2011. L’exploitant, Tôhoku Electric Power Co, a arrêté définitivement le réacteur n°1 et espère remettre en service la deuxième tranche en mai 2024. Il y a une troisième tranche (voir l’état des lieux du parc nucléaire japonais). Selon le Japan Times, la distribution de comprimés d’iode est limitée à un rayon de 5 km autour de la centrale pour les personnes de moins de 40 ans et les femmes enceintes. Les personnes qui doivent s’approcher à moins de 5 km de la centrale pour évacuer peuvent aussi bénéficier de cette prophylaxie. Et c’est tout ! Une coopérative de consommateurs, Ai Co-op, a donc distribué des comprimés au-delà de cette zone.

200 000 personnes résident dans un rayon de 30 km autour de cette centrale. En cas d’urgence, elles peuvent toutes être évacuées par bus ou véhicules personnels dans 31 communes des alentours. En cas de séisme et tsunami qui endommageraient les voies d’accès, une évacuation par la mer ou les airs est prévue. Une application a aussi été développée pour guider les gens.

La centrale de Kashiwazaki-Kariwa, située dans le province de Niigata, est exploitée par TEPCo. Trois réacteurs y sont à l’arrêt depuis le séisme de 2007 ! Les riverains s’inquiètent d’un accident grave lors d’un épisode de fortes neiges qui bloquerait les routes. L’an dernier, l’autoroute est restée fermée pendant 52 h et la route nationale, pendant 38 h, selon le Japan Times. Or, ce sont les deux principaux axes d’évacuation. 430 000 personnes résident dans un rayon de 30 km.

Les autorités régionales ont mis en place un groupe d’experts indépendants pour tirer les leçons de la catastrophe de Fukushima. Le sous-groupe en charge des plans d’urgence s’est réuni 24 fois depuis septembre 2017 et a rédigé un rapport avec 456 points, mais n’a pas évalué la faisabilité des plans d’évacuation… Le plan d’évacuation ne prend pas en compte le problème des personnes malades nécessitant une prise en charge particulière.