L’Autorité de régulation nucléaire du Japon vient d’interdire à TEPCo tout redémarrage de réacteur à sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa à cause de sérieuses failles dans la sécurité de l’installation. La compagnie doit remettre une analyse des failles détectées et une réponse dans les six mois, avec l’aide d’un tiers. L’instruction du dossier et les inspections devraient prendre plus d’un an. Pas de remise en service d’ici là. Il s’agit donc d’un revers sérieux pour la compagnie.
La décision disciplinaire est effective dès maintenant et interdit à TEPCo de transporter du combustible nucléaire vers sa centrale et de le charger dans ses réacteurs, tous à l’arrêt, car l’accès à la centrale n’est pas suffisamment sécurisé.
Le 20 septembre 2020, un employé a pu pénétrer dans la salle de contrôle d’un des réacteurs en utilisant la carte d’accès d’une autre personne. Comme il ne trouvait plus sa carte, il a simplement pris celle d’un collègue, à son insu. Les gardiens ont soupçonné un problème mais ne l’ont pas empêché d’entrer. Le lendemain, quand le vrai propriétaire de la carte d’accès a essayé d’entrer, le système lui a refusé l’accès. Le même gardien a compris l’erreur de la veille et a alerté sa hiérarchie. Lire le communiqué en anglais de TEPCo à ce sujet et une première analyse des failles.
TEPCo a signalé l’incident au secrétariat de l’autorité de régulation nucléaire dès le lendemain, le 21 septembre 2020, mais ce dernier n’a pas jugé que c’était suffisamment grave pour être signalé aux commissaires avant janvier 2021, selon l’Asahi. Ainsi, quand, le 23 septembre 2020, les commissaires ont estimé que la compagnie était apte à exploiter une centrale nucléaire, ils ne savaient rien de ce problème d’accès qui en dit long sur la culture de sûreté et de sécurité chez TEPCo.
Le 27 janvier 2021, un sous-traitant a, par inadvertance, cassé un appareil de détection des intrusions. L’incident a été signalé à l’autorité de régulation nucléaire et TEPCo a dû reconnaître que les systèmes de contrôle étaient défaillants en 15 points d’accès depuis au moins mars 2020. Et pour 10 d’entre eux, les défaillances ont duré pendant plus de 30 jours supplémentaires. Mais, la compagnie a prétendu avoir remédié au problème grâce à des mesures compensatoires. Lors d’une inspection surprise, tard le soir, un jour férié de février, l’autorité de régulation nucléaire a découvert que ces mesures étaient inefficaces et que le personnel en charge de la sécurité le savait. Les autorités ne veulent pas en dire plus sur les problèmes relevés, pour ne pas faciliter l’accès au site, mais elles ont classé les atteintes à la sécurité au niveau le plus élevé, qui est le rouge. Les investigations continuent.
Pour en savoir plus sur les évènements, lire un premier communiqué en anglais de TEPCo, daté du 16 mars 2021, et le document attaché. Dans un autre communiqué, daté du 18 mars, TEPCo ne conteste pas le classement de la faille de sécurité au plus haut niveau.
Même le premier ministre a fortement critiqué la compagnie, mettant en doute sa capacité à exploiter une centrale nucléaire. Et dire qu’en septembre dernier, l’Autorité de régulation nucléaire s’était déclarée satisfaite des engagements de TEPCo et l’avait jugée apte, malgré l’accident grave à la centrale de Fukushima daï-ichi.
Le dossier de sûreté des réacteurs 6 et 7 avait été validé par l’autorité de régulation en septembre 2017 et TEPCo compte beaucoup sur leur remise en service, même si les autorités locales s’y opposent. TEPCo espérait tout de même redémarrer la tranche 7 en juin 2021. En avril 2017, la compagnie annonçait vouloir relancer quatre tranches entre 2019 et 2021… Les réacteurs 2, 3 et 4 de cette centrale sont arrêtés depuis 2007, après un séisme de magnitude élevée.