Cinq travailleurs contaminés avec de l’eau de la station de traitement ALPS

Un liquide contaminé a giclé sur cinq travailleurs lors du lavage d’une canalisation de la station de traitement ALPS, le 25 octobre 2023 à 10h40. C’est une solution d’acide nitrique qui est utilisée pour cette opération. Le tuyau de la cuve de récupération des effluents s’est détaché et environ 100 ml de liquide contaminé a jailli. Les travailleurs portaient des vêtements de protection et un masque intégral et n’ont donc rien absorbé. En revanche, le liquide est entré en contact avec la peau de quatre travailleurs. Ils ont été immédiatement lavés, mais deux, qui n’avaient pas de combinaison étanche, ont dû être hospitalisés pour une décontamination plus poussée car leur niveau de contamination résiduelle n’était pas retombé sous le seuil de 4 Bq/cm2, même après 9 heures.

Tout le corps sauf le visage de la première personne, âgée d’un vingtaine d’années, a été exposé. Il aurait reçu une dose bêta de 6,6 mSv due. Pour l’autre personne, dans la quarantaine, le bas du corps et les deux bras ont été exposés. La dose bêta serait de 1,6 mSv. Ces deux personnes devraient rester une quinzaine de jours en observation à l’hôpital.

TEPCo a expliqué, lors d’une conférence de presse, que les deux personnes les plus exposées  ne portaient pas de combinaison étanche car elles n’étaient qu’observatrices. Une telle combinaison est obligatoire pour les travailleurs qui lavent les canalisations, pas pour les observateurs. Et le sous-traitant a choisi de ne pas en mettre à ces derniers.

TEPCo envisage désormais de rentre les combinaisons étanches obligatoires pour tout le monde.

Publicité mensongère à propos du charbon

Comme tous les pays riches, le Japon doit réduire massivement ses émissions de gaz à effet de serre. Et sa production d’électricité est très dépendante du charbon, particulièrement polluant. Alors, comme ailleurs, les promesses inaccessibles sont mises en avant pour retarder les actions en faveur du climat. JERA, filiale de TEPCo et Chûbu Electric, vient d’être accusé de publicité mensongère par le Kiko Network qui a saisi la Japan Advertising Review Organization. Lire son communiqué de presse.

Selon l’Asahi, les données de JERA montrent que l’entreprise produit 30 % de l’électricité au Japon en émettant plus de 100 millions de tonnes de dioxyde de carbone par an, soit plus de 10 % du total japonais. Alors, pour redorer son image, la compagnie vient de lancer une campagne de publicité où elle affirme faire du feu sans émission de CO2. Voici ce que l’on trouve en anglais sur son site Internet :

Ses explications sont loins d’être convaincantes : il s’agit de tester le remplacement de 20 % du charbon par le l’ammoniac qui n’émet pas de CO2 lors de sa combustion. On est encore loin de la combustion sans CO2 ! Et, surtout, JERA ne dit pas un mot sur les émissions de CO2 lors de la synthèse de l’ammoniac. Comme nous l’avions déjà souligné, le moyen le plus courant pour fabriquer l’ammoniac de nos jours utilise des énergies fossiles : la production d’une tonne d’ammoniac à partir de gaz naturel engendre l’émission de deux tonnes de CO2

Et puis la combustion de l’ammoniac émet des NOx qui sont toxiques. il faut donc aussi les brûler avant qu’ils rejoignent l’atmosphère. Bref, JERA fait des promesses à partir d’une solution non éprouvée tout en cachant les émissions de CO2 qui auront lieu dans d’autres pays.

Faute d’avoir agit durant des décennies, la réduction significative des émissions de gaz à effet de serre est une urgence. Il faut mettre en oeuvre les technologies disponibles sans compter sur des technologies non matures pour y arriver.

Polémiques à Fukui à propos des combustibles usés

Kansaï Electric (KEPCo) a redémarré trois réacteurs ayant plus de quarante années d’exploitation dans la province de Fukui (Mihama-3, Takahama-1 et -2). Les autorités régionales lui avaient demandé d’entreposer les combustibles usés dans une autre région avant de donner son feu vert. La compagnie s’était donc engagée à trouver un site avant la fin 2023 et à arrêter les trois réacteurs âgés autrement. Mais les réacteurs ont été remis en service sans avoir trouvé de solution pour les combustibles usés. Et, le 13 octobre 2023, Tatsuji Sugimoto, le gouverneur, a donné son accord à la nouvelle stratégie présentée par l’exploitant. Les trois réacteurs âgés peuvent donc être exploités.

En juin dernier, KEPCo pensait pouvoir calmer les élus locaux en promettant d’envoyer 200 tonnes de combustibles usés en France, où il y a aussi des problèmes de saturation des piscines. Mais les autorités régionales n’ont pas été satisfaites. 

Le gouverneur a donc rencontré le ministre de l’industrie, Yasutoshi Nishimura, et le PDG de KEPCo, Nozomu Mori avec qui il est arrivé à un nouvel accord : l’entreposage en dehors de la province, ce sera plutôt à l’horizon 2030 et, en attendant, le combustible restera sur place. Où ira-t-il ? A l’usine de retraitement de Rokkashô-mura, dans la province d’Aomori. Encore faut-il qu’elle puisse démarrer un jour… Elle accumule déjà 26 années de retard et il n’y a pas de débouché pour le plutonium qui pourrait y être séparé puisque seulement quatre réacteurs moxés ont été remis en service au Japon. Mais aussi en France où KEPCo dit vouloir envoyer plus de combustibles. Et, des combustibles pourront aussi être entreposés à sec sur le site des centrales.

Selon l’Asahi, le gouverneur a été fortement critiqué lors de la dernière assemblée régionale, de nombreux élus lui reprochant d’avoir donné son accord sans garantie.