Plan gouvernemental pour accompagner le rejet en mer de l’eau traitée

Le gouvernement a adopté un plan d’accompagnement des rejets en mer prévus à partir de 2023 de l’eau traitée qui s’accumule dans les cuves de la centrale nucléaire de Fukushima daï-ichi, quelques jours après que TEPCo ait soumis son plan de rejet à l’Autorité de régulation nucléaire (lien vers le communiqué en japonais). Le gouvernement espère ainsi répondre à l’inquiétude des pêcheurs et agriculteurs locaux ainsi qu’au tourisme et commerce face à ce qui est qualifié de “rumeurs néfastes” par les autorités en établissant, d’ici un an, des normes de compensation pour les pertes éventuelles et en renforçant la capacité de surveillance et la transparence. Le gouvernement va également mettre en place un fonds de 30 milliards de yens pour acheter des produits de la mer lorsque la demande baisse et promouvoir la vente en ligne de ces produits par les pêcheurs.

Le plan prévoit également la réalisation d’enquêtes en ligne ciblant les consommateurs en Corée du Sud, à Taïwan, à Hong Kong et ailleurs, afin de comprendre leur perception de l’eau traitée et des produits alimentaires provenant de la préfecture de Fukushima. Le gouvernement compte aussi s’appuyer sur le rapport de l’AIEA.

Il n’est pas sûr que ces mesures suffisent car cela plus de dix ans que la région est sinistrée et que nombreuses activités économiques souffrent encore de l’impact des retombées radioactives. Les agriculteurs de Fukushima craignent que le rejet en mer de l’eau provenant de la centrale accidentée ne ravive les craintes de contamination et n’affecte à nouveau le prix de leurs produits, réduisant à néant une décennie de lent redressement après la catastrophe nucléaire.

Comme l’explique le Maïnichi, la production de rondins pour la culture de shiitakés, par exemple, n’a pas repris et c’est un savoir-faire qui risque de disparaître. Les montagnes d’Abukuma, dans l’est de la province de Fukushima, étaient autrefois l’une des principales sources de ce bois. En 2010, Fukushima était le troisième plus grand producteur au Japon, avec quelque 4,78 millions de rondins expédiés. Mais la catastrophe nucléaire a changé la donne et, aujourd’hui encore, la préfecture ne produit qu’environ 140 000 rondins de culture par an. En cause, des contaminations en césium encore comprises compris entre 100 et 540 Bq/kg alors que le maximum autorisé est de 50 Bq/kg. Les chênes pour la culture du shiitaké sont récoltés lorsqu’ils mesurent environ 15 centimètres de diamètre et il faut environ 20 ans pour atteindre cette taille. Mais si les troncs sont trop épais, il devient difficile pour les nouvelles pousses de sortir de la souche. 

Ainsi, la production de rondins de culture de shiitakés est en dormance, tout comme les traditions locales de partage de plantes sauvages comestibles, de champignons et autres. Certains résidents âgés s’inquiètent du fait qu’il n’y a personne pour prendre la relève et qu’il n’y a aucun espoir d’un avenir lié aux montagnes. Ainsi, l’accident nucléaire a changé la valeur des montagnes, et le lien qu’entretiennent les habitants avec elles est devenu très ténu. Aucune indemnisation ne pourra compenser cette perte.

Dans un communiqué, TEPCo assure qu’“en ce qui concerne la compensation, si une atteinte à la réputation se produit malgré ces contre-mesures, nous répondrons de manière appropriée tout en écoutant attentivement les opinions des parties concernées.” Pour les indemnisations liées aux évacuations cela n’a pas toujours été le cas, malgré les recommandations de la structure en charge des conflits. Et d’ajouter, qu’“en tant que partie responsable de l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, TEPCO s’efforcera de rétablir la confiance qui est le fondement de [son] activité.” Cela pourrait commencer par autoriser des contrôles faits par des laboratoires choisis par les producteurs et consommateurs…

Travaux de soudure bâclés à la centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa

Selon l’Asahi, TEPCo a découvert que des soudures ont été bâclées par un sous-traitant à sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa. La compagnie a déclaré avoir été informée anonymement à plusieurs reprises depuis le mois de mars dernier et les soudures devraient être refaites sur environ 1 220 sections, un processus qui prendra probablement jusqu’à l’été prochain. TEPCO avait prévu de reprendre l’exploitation du réacteur n° 7 à l’automne 2022, mais ce plan est désormais caduc.

Du gaz aurait dû être injecté dans la tuyauterie lors des soudures pour éviter l’oxydation, mais les soudeurs ne l’ont pas pas fait, entraînant des risques de détérioration rapide sur le long terme. Et comme cela concerne un équipement d’extinction des incendies, cela a une importance primordiale sur la sûreté. Sur 194 points de soudures contrôlé, TEPCo a trouvé des problèmes pour 74 d’entre eux, soit environ 40 %

TEPCO a interrogé 17 soudeurs et neuf ont reconnu ne pas avoir utilisé de gaz lors des travaux. Un soudeur a même déclaré avoir fait semblant d’injecter du gaz en insérant un tuyau dans la tuyauterie, sans en libérer. Les soudeurs auraient trouvé fastidieux de trimballer des bonbonnes de gaz et de les retirer du réacteur après avoir terminé. Au début, ils n’ont libéré qu’un petit volume de gaz et, par la suite, la plupart des soudeurs n’ont pas pris la peine d’utiliser le moindre gaz. En outre, ils ont falsifié leurs comptes-rendus de travail pour faire croire qu’ils avaient effectué leurs tâches correctement.

Aucun superviseur de Tokyo Energy & Systems, qui a sous-traité le travail, n’était présent sur le site pour vérifier que les soudures étaient effectuées correctement. L’entreprise ne disposait que des rapports falsifiés pour confirmer que le travail avait été effectué dans les règles de l’art.

TEPCO a déclaré que les 1 220 points soudés par le sous-traitant devaient être refaits. Elle a également déclaré que 317 autres points de soudure réalisés par trois autres sociétés avaient contrôlé de manière inexacte la concentration d’oxygène dans la tuyauterie, ce qui signifie que le travail devra également être refait.

Mais bon, TEPCo continue de proclamer que la sûreté est sa priorité n°1…

119ème versement financier pour TEPCo

TEPCo annonce avoir reçu le 119ème versement financier de la part de la structure gouvernementale de soutien qui lui avance de l’argent pour les indemnisations : 33,1 milliards de yens (257 millions d’euros au cours actuel). Rappelons que cet argent est prêté sans intérêt.

En prenant en compte ce versement et les 188,9 milliards de yens venant de l’Act on Contract for Indemnification of Nuclear Damage Compensation, TEPCo a reçu un total de 10 203,8 milliards de yens (79 milliards d’euros au cours actuel) et cela ne suffira pas.

TEPCo a soumis le plan de rejet de son eau traitée

TEPCo a soumis à l’Autorité de régulation nucléaire son plan de rejet en mer de l’eau traitée accumulée dans des cuves. Comme cela a déjà été dit, le rejet se fera, à partir d’avril 2023, via un tunnel d’un kilomètre de long pendant une trentaine d’années à cause de la limite de rejet du tritium fixée à 22 TBq. Le stock est presque de 1,3 million de mètres cube.

Préparation à la levée des ordres d’évacuer dans les zones dites de retour difficile

Après Katsurao le 30 novembre dernier, il est possible de passer la nuit pour préparer son retour dans d’autres zones dites de retour difficile où le gouvernement devrait lever les ordres d’évacuation l’an prochain. Pour des communes comme Ôkuma et Futaba, qui sont presque entièrement classées en zone de retour difficile, outre les niveaux de radiation qui restent élevés, il n’y a pas de commerces ou médecins.

A Ôkuma, 7 600 personnes vivaient avant la catastrophe dans les zones où les ordres d’évacuer seront levés prochainement. Le gouvernement y espère la présence d’environ 2 600 personnes dans les 5 ans à venir. Mais, à ce jour, seulement 31 résidents dans 15 foyers ont demandé l’autorisation d’y passer la nuit. D’un autre côté, 1 150 habitations y ont été détruites. Et, comme nous l’avons déjà rapporté, la délimitation des zones qui seront rouvertes crée la confusion chez les anciens résidents.

Selon l’Asahi, les habitants se sont résignés et savent qu’ils ne retrouveront jamais les communautés et les conditions de vie d’il y a 11 ans.

Re-re-remise en service d’Ikata-3

Le réacteur nucléaire Ikata-3, situé dans la province d’Ehimé, a connu de nombreux déboires judiciaires qui ont entraîné plusieurs arrêts. Shikoku Electric vient de le remettre en marche alors qu’il était à l’arrêt depuis décembre 2019. C’est en mars dernier que la haute cour de Hiroshima a finalement autorisé son exploitation, après l’avoir arrêté en janvier 2020.

L’exploitant a dû reporter sa remise en service initialement prévue pour octobre suite à des violations des règles de sécurité par un de ses employés qui est sorti sans autorisation à cinq reprises entre 2017 et 2019 alors qu’il était en service de nuit.

Retour progressif autorisé dans la partie la plus contaminée de Katsurao

Alors que les autorités s’apprêtent à lever l’ordre d’évacuer des zones les plus contaminées de Katsurao, dites de “retour difficile”, au printemps prochain, les résidents peuvent demander l’autorisation de dormir chez eux pour y préparer leur retour. La zone concernée par cette décision fait 95 hectares et 83 personnes y habitaient dans une trentaine de foyers avant la catastrophe nucléaire.

Katsurao est la première commune ayant un territoire classé en retour difficile à autoriser le retour temporaire de ses résidents. Cinq autres communes sont concernées. Lors d’une réunion publique dédiée aux conditions de retour, il n’y avait que 18 participants. Et, à ce jour, un seul couple a demandé l’autorisation de passer la nuit dans sa maison. Il réside actuellement à Tôkyô mais à l’intention de revenir à Katsurao de façon permanente.

La commune espère pouvoir attirer de nouveaux habitants dans la zone. Dans le district de Noyuki, il y avait une quarantaine d’habitations, qui ont presque toutes été démolies. Il n’en reste plus que 4, dont une en construction.