TEPCo répète tout le temps que la sûreté est sa priorité n°1, mais la succession de scandales montre que ce n’est malheureusement pas le cas. Le dernier en date concerne une centaine de détecteurs de fumée mal placés à la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, située dans la province de Niigata. Les défauts de la protection incendie avaient déjà fait scandale en juin dernier, et TEPCo avait promis, comme d’habitude, qu’elle ne recommencerait plus et que patati et patata…
Les nouvelles règles de sûreté imposent de mettre les détecteurs de fumée à plus de 1,5 m des bouches d’aération et d’autres ouvertures. En février dernier, des inspecteurs de l’Autorité de régulation nucléaire ont découvert un détecteur de fumée situé à environ 1 m de la ventilation de la pièce d’entreposage des batteries du réacteur n°7. La compagnie l’a déplacé et a contrôlé les autres détecteurs. Mais, lors d’une autre inspection en avril, deux autres détecteurs étaient mal placés ! TEPCo a donc effectué une vérification complète des quelques 2 000 détecteurs de fumée de sa centrale et en aurait trouvé une centaine qui ne respecteraient pas les règles de sûreté, selon ce qu’elle a rapporté à l’Autorité de régulation nucléaire le 16 septembre dernier.
Mais bon, TEPCo s’était engagée, par écrit, à respecter un nouveau code de sûreté en 7 points et l’Autorité de régulation nucléaire en avait déduit que la compagnie était apte à exploiter du nucléaire. En mars dernier, cette même Autorité avait interdit à TEPCo d’exploiter une centrale nucléaire à cause de failles dans la sécurité cette fois-ci et, en juillet, la compagnie s’était, une nouvelle fois, engagée à réformer sa gouvernance…
Et le 22 septembre, TEPCo a remis son rapport à l’Autorité de régulation nucléaire dans lequel elle admettrait presque ne pas être en mesure de mettre en œuvre les mesures de sécurité requises pour exploiter une centrale nucléaire, selon l’Asahi. Le document concerne une série de dysfonctionnements des équipements antiterroristes du réacteur n° 7. TEPCO aurait identifié trois causes principales des problèmes qui ont affecté l’installation : une conscience insuffisante des risques liés à la protection des matières nucléaires, l’incapacité des cadres supérieurs à comprendre la situation de l’usine de Niigata et l’incapacité générale de l’entreprise à se corriger.
L’un des principaux problèmes mis au jour dans le rapport concerne les dysfonctionnements des équipements destinés à détecter les intrusions dans la centrale. Au moins 10 sites ont connu des défaillances d’équipement qui n’ont pas été corrigées pendant au moins 30 jours.
Dans l’intervalle, des caméras de sécurité ont été utilisées pour garder un œil sur les personnes qui entraient dans les différentes pièces, mais plutôt que d’affecter des employés à la surveillance constante de ces images vidéo, on a demandé à un employé de balayer un certain nombre d’écrans différents tout en effectuant d’autres tâches en même temps. Le rapport indique aussi que le personnel avait supposé que les mesures temporaires mises en place signifiaient qu’il n’était pas nécessaire de réparer rapidement les équipements de détection défectueux.
Le rapport a également noté que la centrale de Kashiwazaki-Kariwa présentait un nombre nettement plus important de problèmes avec son équipement de détection d’entrée et qu’il fallait beaucoup plus de temps pour effectuer les réparations par rapport aux autres centrales nucléaires. L’une des principales causes de ce retard tient aux mesures de réduction des coûts mises en œuvre par TEPCO.
Le directeur de TEPCo, Tomoaki Kobayakawa, et Shigenori Makino, directeur général de chargé de superviser les opérations nucléaires, verront leurs salaires réduits de 30 % pendant trois mois. S. Makino a également été démis de ses fonctions de chef de la division de l’énergie nucléaire. Quant à Takeo Ishii, le directeur de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, il a été relevé de ses fonctions.
Lors d’une conférence de presse, le président de TEPCO, Yoshimitsu Kobayashi, a présenté ses excuses et a déclaré : “Nous mettrons en œuvre des mesures (pour éviter qu’une telle situation ne se reproduise) en sachant que ce sera notre dernière chance.”
Lire communiqué de presse en anglais de TEPCo et les documents présentés lors de la conférence de presse.