La piscine du réacteur n°3 est enfin vide !

TEPCo a annoncé avoir terminé le retrait des 566 assemblages qui étaient dans la piscine du réacteur n°3. Le retrait avait débuté en avril 2019, alors que le planning initial prévoyait fin 2014. A la fin, les opérateurs travaillaient jour et nuit.

Lire la note en anglais de TEPCo.

C’est une bonne nouvelle car les combustibles sont désormais dans une piscine au niveau du sol qui risque moins d’être endommagée en cas d’agression extérieure que la piscine des réacteurs perchée dans un bâtiment endommagé.

Rappelons que le retrait des 1 533 assemblages du réacteur n°4 est terminé depuis décembre 2014. Mais des humains pouvaient y travailler. Ce n’était pas possible pour le réacteur n°3 à cause des niveaux d’exposition trop élevés. Il a donc fallu enlever les débris et reconstruire un bâtiment réacteur avec des engins télécommandés.

TEPCo doit encore retirer les combustibles des réacteurs 1 avec 392 assemblages et 2 avec 615 assemblages. Elle espère avoir terminé en 2031… Pour le réacteur n°1, il y a de nombreux débris et pour le réacteur n°2, les débits de dose sont particulièrement élevés.

109ème versement financier pour TEPCo

TEPCo annonce avoir reçu le 109ème versement financier de la part de la structure gouvernementale de soutien qui lui avance de l’argent pour les indemnisations : 17,3 milliards de yens (135 millions d’euros au cours actuel). Rappelons que cet argent est prêté sans intérêt.

En prenant en compte ce versement et les 188,9 milliards de yens venant de l’Act on Contract for Indemnification of Nuclear Damage Compensation, TEPCo annonce avoir reçu un total de 9 733,8 milliards de yens (76 milliards d’euros au cours actuel) et cela ne suffira pas.

Le communiqué de TEPCo est accompagné d’un tableau avec les sommes versées au titre des indemnisations, mais sans explications. Le total s’élève à 9 702,8 milliards de yens (76,9 milliards d’euros).

Baisse de pression dans le réacteur n°1 suite au séisme du 13 février dernier – Sismographes en panne

Une première version de cet article a été publiée le 22 février 2021

Le fort séisme du 13 février dernier a finalement eu un impact sur les réacteurs accidentés de la centrale nucléaire de Fukushima daï-ichi. Il y a deux jours, TEPCo a noté une baisse continue du niveau d’eau dans l’enceinte de confinement des réacteurs 1 et 3. Cette baisse se poursuit, ce qui confirme l’hypothèse d’une aggravation des fuites.

Maintenant, c’est une baisse de pression qui est annoncée : TEPCo a confirmé que la pression dans l’enceinte de confinement du réacteur n°1 a baissé de 1,2 hectopascal à 0,9 hectopascal. La compagnie va donc injecter plus d’azote pour augmenter la pression et réduire le risque d’une explosion hydrogène. Elle pense que la baisse du niveau d’eau a peut-être exposé une partie endommagée qui permet à l’air de fuir.

Lire la note en anglais de TEPCo au sujet de la baisse des niveaux d’eau et de pression.

L’important, c’est que les coriums restent refroidis. La centrale a tenu cette fois-ci. Jusqu’à quelle magnitude peut-être supporter un séisme ? Il est fort probable que personne ne peut répondre à cette question.

Par ailleurs, TEPCo a admis devant l’Autorité de régulation nucléaire que deux sismographes installés dans le bâtiment réacteur n°3, au rez de chaussée et au 4ème étage, étaient en panne et qu’ils n’avaient pas été réparés. Installés en mars 2020, l’un est tombé en panne en juillet et l’autre en octobre derniers et ils n’ont pas pu enregistrer le séisme du 13 février dernier. Ce point avait été omis lors de la conférence de presse liée au séisme ou dans sa communication en ligne. Tous les sismographes installés avant mars 2011 dans les réacteurs 1 à 4 ont été détruits lors de la catastrophe et n’ont pas été remplacés. La compagnie utilise actuellement les sismomètres installés dans les réacteurs 5 et 6. Lire la note en anglais de TEPCo à propos des données sismiques du réacteur n°3.

Dix ans après la catastrophe nucléaire, TEPCo reste TEPCo… Sa culture de sûreté a encore des marges de progrès !

La compagnie a aussi indiqué que 53 réservoirs avaient glissé de 3 à 19 cm à cause du séisme, qu’un conteneur de stockage transportant des déchets radioactifs avait basculé et que le revêtement en asphalte de la centrale était fissuré. Lire la note en anglais de TEPCo sur le déplacement des cuves et de certains tuyaux de couplage.

Le séisme du 13 février a aussi provoqué un décès dans la ville de Fukushima.

Retrait de combustibles endommagés de la piscine du réacteur n°3

Comme nous l’avons déjà mentionné, plusieurs assemblages de combustibles usés ont été endommagés par la chute de débris dans la piscine du réacteur n°3. Pour quatre d’entre eux, le crochet était trop tordu et il a fallu concevoir un nouveau système d’accroche. TEPCo annonce avoir retiré ces quatre assemblages désormais.

Selon la page de suivi du retrait des combustibles de cette piscine, il ne resterait plus que 22 assemblages usés à enlever.

TEPCo et l’Etat japonais à nouveau reconnus responsables en appel

En septembre 2017, un tribunal de Chiba avait condamné TEPCo à mieux indemniser des personnes déplacées par la catastrophe nucléaire suite à une plainte déposée en mars 2013 par 45 personnes qui se sont installées dans la province de Chiba. Le tribunal avait accordé des indemnités à 42 d’entre elles.

Le principal point de contentieux était lié à la responsabilité de l’Etat et de la compagnie qui n’avaient pas renforcé les mesures de protection contre les tsunamis, malgré un rapport de 2002 qui réévaluait le risque à la hausse. Le tribunal avait notamment estimé qu’ils auraient pu prédire le risque dû au tsunami, mais que l’accident était inévitable puisque les protections supplémentaires auraient été insuffisantes. Il avait conclu que l’Etat n’était pas coupable et que TEPCo n’avait pas commis de négligences graves. En revanche, il avait reconnu la perte de la commune, des habitations et de la vie sociale des plaignants qui mérite compensation.

Les plaignants avaient fait appel et la cour d’appel de Tôkyô vient de considérer que TEPCo et l’Etat japonais étaient tous les deux responsables et qu’ils devaient mieux indemniser 43 personnes. Le juge a estimé que l’Etat n’a pas usé de ses prérogatives pour obliger TEPCo à renforcer la sûreté de ses centrales face aux agressions extérieures. SI des travaux avaient été entrepris après le rapport de 2002, l’impact du tsunami aurait été moins important et le refroidissement des réacteurs aurait pu être maintenu.

Il y a déjà eu 14 jugements par des tribunaux régionaux et il n’y a pas accord entre eux sur la responsabilité de l’Etat. En revanche, ce n’est que la troisième cour d’appel qui se prononce et c’est la deuxième fois que l’Etat et l’exploitant sont tous les deux reconnus responsables de l’accident nucléaire. Les deux autres décisions ont eu lieu en septembre 2020 et en janvier 2021. A la fin, ce sera la Cour suprême qui devra trancher.

Cette fois-ci, l’Etat et TEPCo devront payer conjointement 278 millions de yens, dont 135 millions pour l’Etat. C’est moins que les 376 millions de yens octroyés par le tribunal de Chiba. Les plaignants avaient réclamé 2,8 milliards de yens.

Baisse du niveau de l’eau dans les enceintes de confinement des réacteurs 1 et 3 de Fukushima daï-ichi

TEPCo a remarqué que le niveau de l’eau dans les enceintes de confinement des réacteurs 1 et 3 de la centrale de Fukushima daï-ichi a baissé. Elle soupçonne le séisme du 13 février dernier d’avoir élargi les fissures qui laissent fuir l’eau de refroidissement des combustibles fondus dans les sous-sols des bâtiments réacteur.

Lire son communiqué en anglais. Les investigations continuent.

Dans le réacteur n°1, TEPCo a trouvé une baisse du niveau de l’eau de 40 à 70 cm depuis le 15 février dernier. Et, dans le réacteur n°3, c’est 30 cm depuis le 17 février. Le niveau continuerait à baisser de quelques centimètres par jour. Il se pourrait donc que la compagnie soit obligée d’augmenter le débit de l’eau injectée pour refroidir les combustibles fondus, qui est de 3 m3/h pour chaque réacteur, ou 72 m3/j.

Pour le réacteur n°2, TEPCo ne sait pas s’il y a une baisse du niveau d’eau car elle a retiré les jauges pour préparer le retrait du corium, qui a pris du retard. C’est ballot !

TEPCo souligne qu’il n’y a pas d’augmentation de la température au fond des enceintes de confinement, ni des niveaux de radiation ambiant. Elle en déduit qu’il y a bien refroidissement du corium. Les températures et les débit d’injection d’eau peuvent être consultées en ligne : réacteur 1, réacteur 2, réacteur 3.

Fukushima+10 : Contamination radioactive de la poussière d’aspirateur – une étude du laboratoire citoyen Chikurin

En attendant la mise en place du laboratoire citoyen d’analyse de la radioactivité, l’ACRO a, lors des deux premières années de la catastrophe nucléaire, effectué de nombreuses mesures dans des échantillons envoyés du Japon. Tous les résultats sont en ligne. Parmi les échantillons très variés analysés, il y a eu, notamment, des poussières d’aspirateur.

A l’occasion du dixième anniversaire de la catastrophe de Fukushima, le laboratoire citoyen Chikurin a effectué une nouvelle campagne d’analyse de la contamination radioactive des poussières d’aspirateur dans 153 maisons. Tous les résultats sont en ligne en japonais. Cette étude est en complément d’autres projets de surveillance citoyenne de la radioactivité auxquels Chikurin est aussi associé :
– la cartographie de la contamination des sols par le réseau Minna no data
– le relevé des débits de dose ambiants par le Fukuichi Environmental Radiation Monitoring Project.
Ce projet a pour but d’évaluer la contamination intérieure en mesurant la concentration en césium dans la poussière des aspirateurs domestiques, 10 ans après l’accident nucléaire. L’exposition des habitants par inhalation de ces poussières vient s’ajouter aux autres expositions à la radioactivité.

Les résultats sont disponibles dans ce tableau en japonais où les sites sont classés du plus contaminé au moins contaminé. Ils peuvent aussi être visualisés sur cette carte qui indique la zone proche de la maison, de sorte que les personnes ne puissent pas être identifiées :

 

Les maisons numérotés 1, 3 et 7 dans le tableau sont situées dans la zone dite de retour difficile et personne n’y habite depuis 2011. Les résultats sont donnés à titre indicatif. La contamination la plus élevée, dans la maison 1, est de 45 000 Bq/kg.

Dans 5 maisons habitées, situées dans les quartiers Haramachi de Minamisôma et Komiya d’Iitaté-mura, la contamination dépasse 8 000 Bq/kg, qui est le seuil fixé après la catastrophe à partir duquel un déchet doit être géré comme un déchet radioactif. Le niveau le plus élevé, dans la maison n°2 située à Minami-Sôma, est de 29 000 Bq/kg.

Le seuil de libération fixé à 100 Bq/kg pour des matériaux issus du démantèlement des installations nucléaires est dépassé pour des poussières prélevées dans des maisons situées dans les provinces de Fukushima, Ibaraki, Niigata, Chiba, Miyagi, Iwaté et Tôkyô.

Les maisons 29 et 30, situées respectivement dans les provinces d’Ibaraki et de Niigata, ont une contamination de l’ordre de 1 100 Bq/kg, qui est élevée par rapport aux autres maisons environnantes. Mais dans les deux cas, les habitants sont originaires de Minami-Sôma et ont probablement emporté des poussières radioactives lors de leur déménagement et de leurs allées et venues.

Ces poussières domestiques peuvent être inhalées par les habitants et rester bloquées dans les alvéoles pulmonaires. En effet, seule une faible partie du césium est soluble. Comme décrit dans ce document en japonais, des linges en lin ont été déposés en haut de placards ou armoires dans des maisons pour collecter de la poussière. Ils ont ensuite été rincés, et l’eau de rinçage filtrée, avant d’être analysée pour déterminer la part soluble du césium dans les poussières. Il en ressort qu’environ 75 % ou plus du césium de la poussière à l’intérieur n’est pas soluble dans l’eau. Cela signifie qu’il y a une forte possibilité que du césium non soluble reste dans les alvéoles pulmonaires pendant une longue période lorsque de petites particules de poussière domestique sont inhalées.

Chikurin demande que cette voie d’exposition soit prise en compte et conteste la façon dont les doses sont évaluées pour permettre le retour dans les zones évacuées.

Fort séisme à Fukushima – pas d’alerte au tsunami

Un séisme de magnitude 7,3 (niveau réévalué) a frappé le Nord-Est du Japon le 13 février à 23h08, heure locale. L’épicentre est à une soixantaine de kilomètres au large de Fukushima, à une profondeur de 55 km. Les provinces de Fukushima et de Miyagi ont été particulièrement secouées et la longue secousse a été ressentie jusqu’à Tôkyô. Il n’y a pas d’alerte au tsunami.

Voir les informations en anglais données par l’agence météorologique japonaise sur ce séisme et des répliques (comme celle de 23h56). Cette secousse pourrait être, elle-même, liée au séisme de mars 2011.

A minuit, heure japonaise, jusqu’à 950 000 foyers ont été sans électricité : 90 000 dans le Tôhoku et 860 000 dans le grand Tôkyô à 23h30. A 2h du matin, il y avait encore environ 60 00 foyers sans électricité à Miyagi, Fukushima, et 1 000 foyers à 5h du matin. L’eau est aussi coupée par endroits dans ces deux provinces.

L’autoroute Jôban, qui traverse la zone la plus contaminée de Fukushima, est bloquée par un éboulement au niveau de la commune de Sôma. Elle a donc été entièrement fermée à la circulation.

Un bilan le 14 février soir fait état de 155 blessés. Aucun décès n’est à déplorer.

TEPCo a contrôlé ses centrales nucléaires : pas d’anomalie majeure découverte à Fukushima daï-ichi et à daï-ni jusqu’à présent. Pas de changement dans les relevés de radiations des postes de surveillance autour de la centrale non plus. En ce qui concerne la centrale nucléaire d’Onagawa, située dans la province de Miyagi, qui est actuellement à l’arrêt, il n’y a pas de problème d’alimentation électrique et aucune anomalie majeure n’a été détectée dans les installations. Il n’y a eu aucun changement dans les relevés de radiations des postes de surveillance situés autour de la centrale, selon l’exploitant, Tôhoku Electric. Pas d’anomalie détectée non plus dans les installations nucléaires de Tôkaï-mura, dans la province d’Ibaraki.

TEPCo a annoncé qu’une patrouille a découvert un petit débordement à côté de la piscine du réacteur n°1 de la centrale Fukushima daï-ni, qui est arrêté définitivement. La quantité d’eau dans la flaque est estimée à 160 ml. Selon l’Autorité de régulation nucléaire, le niveau de radiation est si faible qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter pour l’exposition des travailleurs. L’eau a aussi débordé des piscines des réacteurs 5 et 6 de la centrale de Fukushima daï-ichi. Des fuites ont également été trouvées dans les réservoirs de stockage de l’eau contaminée dans les réacteurs n°5 et n°6, mais les fuites étaient contenues dans des déversoirs installés autour. Lire le communiqué de TEPCo en anglais.

Le 14 février à 18h, heure locale, une quarantaine de répliques ont été enregistrées par l’agence météorologique, dont une assez importante. Il est possible qu’une réplique d’une magnitude similaire au séisme survienne dans la semaine.

TEPCo condamnée à un peu mieux indemniser des personnes déplacées

Le tribunal régional de Fukushima à Iwaki vient de condamner TEPCo a un peu mieux indemniser des personnes déplacées qui ont perdu leur commune d’origine. Les 297 plaignants réclamaient un total de 14,7 milliards de yens (117 millions d’euros) et 271 d’entre eux recevront un total de 600 millions de yens (4,76 millions).

Le juge a estimé que les indemnisations prévues par la loi étaient raisonnables et a refusé toute compensation supplémentaire, si ce n’est deux millions de yens en plus aux personnes (16 k€) qui ont perdu leur commune.

Le tribunal a aussi refusé de considérer TEPCo comme responsable pour n’avoir pas su prévenir l’accident grave.

Les plaignants devraient faire appel.

Le retrait des combustibles usés de la piscine du réacteur n°3 touche à sa fin

TEPCo arrive au bout du retrait des combustibles usés du réacteur n°3 de la centrale de Fukushima daï-ichi. Le dernier bilan, daté du 10 février 2021, rapporte que 483 assemblages usés sur 514 ont été retirés. La compagnie a déjà fini depuis longtemps de retirer les 52 assemblages neufs. Les opérations ont débuté en 2019.

Le crochet de 16 assemblages a été endommagé par la chute de débris suite à l’explosion hydrogène qui a détruit le bâtiment réacteur en mars 2011, dont 4 avec une forte déformation. TEPCo et Toshiba ont donc dû concevoir un équipement spécifique pour les retirer, avec un crochet adapté. Voici une vidéo de présentation en anglais, mise en ligne par TEPCo le 7 janvier dernier :

TEPCo espère avoir vidé cette piscine avant la fin mars 2021.