Démantèlement du réacteur n°1

TEPCo envisage de commencer les travaux de démantèlement du réacteur n°1 à partir du 15 mai prochain. La compagnie va commencer par retirer le chapiteau qu’elle a construit tout autour, puis elle va retirer les débris de la partie supérieure avec des engins télécommandés, comme elle l’a fait pour le réacteur n°3. En effet, toute intervention humaine est impossible sur les réacteurs 1 à 3.

Comme les opérations similaires ont entraîné des rejets significatifs de poussières radioactives pour le réacteur n°3, par pure négligence – TEPCo avait renoncé à asperger des résines fixatrices ou avait fortement dilué le produit – la compagnie promet de faire attention cette fois-ci. Elle a mené des tests en ce sens.

TEPCO a aussi mis en ligne de nouvelles images de l’intérieur du réacteur n°1 obtenue par les deux robots abandonnés. Elles sont commentées en japonais.

Demande de prolongation « exceptionnelle » au-delà de 40 ans

La loi japonaise, adoptée après 2011, limite à 40 ans l’exploitation des réacteurs. Il est possible de demander une prolongation « exceptionnelle » de 20 ans après avoir effectué des contrôles supplémentaires. Kansaï Electric (KEPCo) a déjà terminé ces contrôles pour ses réacteurs 1 et 2 de Takahama et vient de déposer une demande de prolongation. Pour l’exploitant, tout va bien, bien-sûr. C’est le premier dépôt de dossier en ce sens. Le réacteur n°1 a eu 40 en novembre dernier et le numéro 2 les aura en novembre prochain.

Rappelons que la cour de Fukui a suspendu la procédure de redémarrage des réacteurs 3 et 4 de cette même centrale. Le profit a toujours primé sur la sûreté au Japon et il semble que ce soit encore le cas. Les câbles électriques de ces réacteurs sont inflammables et c’est maintenant interdit. L’autorisation de prolongation doit être donnée avant juillet 2016, ce qui n’est pas gagné. Autrement, ce sera l’arrêt définitif. Si la compagnie obtient un feu vert dans les temps, le redémarrage ne sera pas possible avant 2019 car il y a de nombreux travaux à effectuer avant. Outre les câbles mentionnés, il faut aussi construire une deuxième salle de contrôle bunkérisée.

Encouragée par la politique énergétique affichée par le gouvernement, KEPCo vient d’informer les autorités locales qu’elle va effectuer les mêmes tests pour le réacteur n°3 de Mihama, aussi situé dans la province de Fukui, qui aura 40 ans en décembre 2016. Une fois ces contrôles effectués, elle déposera une demande d’autorisation de redémarrage.

La compagnie a annoncé avoir perdu 148 milliards de yens (un milliard d’euros) l’an passé…

Début du gel du sol en amont des réacteurs

Quelques jours après avoir obtenu le feu vert de l’autorité de régulation nucléaire, TEPCo a commencé à geler le sol en amont du réacteur n°4. Le but est de limiter les infiltrations d’eau souterraine dans les sous-sols des réacteurs.
La compagnie veut faire 1 700 trous environ allant jusqu’à une trentaine de mètres de profondeur et y faire circuler un liquide réfrigérant à -30°C. Si le sol gèle, cela devrait arrêter les écoulements et limiter les échanges. En amont des réacteurs, l’installation est presque terminée. En revanche, en aval, c’est loin d’être gagné car il y a de nombreuses galeries souterraines pleines d’eau contaminée.
Pour le moment, le test n’a lieu que sur 18 points. Pour ce faire, elle va utiliser 58 tuyaux sur une soixantaine de mètres. TEPCo a choisi des points où le gel devrait être plus complexe à cause de la structure du sous-sol. Un premier bilan est prévu à la mi-mai.
Si cela marche en amont, le niveau de la nappe phréatique pourrait s’abaisser et l’eau des réacteurs ressortir plus facilement. TEPCo n’est pas au bout de ses peines…
En attendant, il y a toujours 300 m3 d’eau souterraine qui pénètre chaque jour dans les sous-sols où elle se mélange avec l’eau de refroidissement fortement contaminée. Cette eau est pompée et stockée dans des cuves.
Voir quelques photos des installations de refroidissement.

Renaissance de la poterie Ôbori Sôma yaki

Les poteries appelées Ôbori Sôma yaki étaient une des spécialités de Namié, maintenant totalement évacuée. 25 potiers maintenaient la tradition caractérisée par une double couche pour les tasses, le dessin d’un cheval qui courre vers la gauche et des craquelures bleues en surface. Ces dernières étaient obtenues en utilisant une pierre spéciale de la région appelée toyamaishi qui est devenue inaccessible à cause la radioactivité.

Les potiers ont réussi à faire un autre vernis à l’aide d’un mélange qui donne le même effet. La tradition, qui remonte à l’époque d’Edo a donc pu être préservée.

Une dizaine de potiers ont repris leurs activités en différents lieux de Fukushima. D’autres ont abandonné définitivement.

Mix électrique pour 2030 fixé

Après des mois de tergiversations, d’hésitations, de négociations voire marchandages, de lobbying intense, le ministère de l’industrie, du commerce et de l’économie a fini par annoncer le mix électrique auquel il rêve pour 2030. Cela correspond aux chiffres parus dans les médias la semaine dernière :

  • la part du nucléaire à 20-22%
  • la part des énergies renouvelables à 22-24%
  • le reste par les énergies fossiles.

La part des énergies renouvelables est actuellement de l’ordre de 10%.

Le gouvernement devrait adopter ce plan d’ici un mois, avant le sommet du G7 de juin en Allemagne. Comme nous l’avons déjà signalé, ce scénario est complètement irréaliste. La part du nucléaire était de 29% avant la catastrophe de Fukushima avec 54 réacteurs. Il n’y en a plus que 43 : les six de Fukushima daï-ichi sont arrêtés définitivement et 5 autres aussi. Le gouvernement table implicitement sur le redémarrage de tous les autres, ce qui est impossible : certains sont des failles jugées actives, comme à Tsuruga, Kashiwazaki-Kariwa… D’autres sont trop vétustes et n’obtiendront probablement pas le feu vert de l’autorité de sûreté. Il y a, par exemple, le problème des câbles électriques inflammables.

Et même en redémarrant les 43 réacteurs restant et en respectant la règle de 40 ans d’exploitation, la part du nucléaire serait de 15% en 2030. Ainsi, pour attendre 20 à 22% en 2030, il faudrait construire de nouveaux réacteurs, sans que personne ne sache combien et il ne reste que 15 ans pour cela avec une opinion publique contre.

Pour tenter de convaincre l’opinion, le ministère a sorti une étude économique qui tente de démontrer que le nucléaire est le moins cher, même en prenant en compte le coût des accidents. C’est très contestable, il suffit de voir la situation en Europe et le récent rapport de l’Ademe pour la France.

Les habitants de Fukushima sont furieux. La ville de Fukushima, par exemple, s’est fixée 40% d’électricité d’origine renouvelable d’ici 2030 et 50% en 2040. Actuellement, c’est 23 à 24% grâce à l’hydroélectrité.

Dans les faits, ce sont les compagnies d’électricité qui fixent la politique énergétique et elles investissent massivement dans le charbon actuellement. Une centrale dure plus de 15 ans. Ces nouvelles unités vont être arrêtées en 2030 ? En revanche, il y a de nombreuses initiatives locales en faveur des énergies renouvelables.

Pour la réduction des émissions de gaz à effets de serre, le gouvernement est aussi peu ambitieux, comme nous l’avons déjà signalé.

Le gouvernement reste englué dans son ancienne vision et n’est pas capable de faire face à la nouvelle donne. Il ne mentionne, par exemple, aucune politique de réduction de la consommation d’électricité. Les faits sont têtus.

Autorisation de tester le gel du sol en amont des réacteurs accidentés

On le sait, un des principaux défis auxquels fait face TEPCo, c’est celui de l’eau contaminée. Pour limiter les infiltrations de l’eau souterraine dans les sous-sols des réacteurs, où elle se mélange avec l’eau de refroidissement, fortement contaminée, la compagnie tente plusieurs mesures qui ne sont pas très efficaces jusqu’à maintenant et les fuites en mer continuent.

Un de ses projets est de geler le sol tout autour des réacteurs accidentés pour limiter les échanges. En aval des réacteurs, c’est plus complexe, car il y a de nombreuses galeries souterraines pleines d’eau. Les tentatives de gel ont échoué.

En amont, des trous ont été creusé pour y faire circuler du liquide réfrigérant qui doit geler le sol. TEPCo vient d’obtenir l’autorisation de mener des tests sur 18 puits. Si tout va bien, ce sera étendu à d’autres puits.

In fine, si le mur geler peut entourer les 4 réacteurs, il devrait faire 1,5 km. Mais TEPCo n’est pas capable de donner un calendrier pour cette réalisation complète.

La compagnie a mis des photos en ligne, commentées en japonais uniquement pour le moment.

En attendant, TEPCo continue à injecter, chaque jour, 101 m3 dans le réacteur n°1, 100 m3 dans le 2 et 108 m3 dans le 3 pour les refroidir. Dans son document faisant le bilan de l’eau contaminée, elle n’indique pas combien elle pompe chaque jour dans les sous-sols pour éviter les débordements en mer. En revanche, elle a presque 400 000 m3 d’eau partiellement décontaminée où le tritium est le contaminant majeur. Elle a aussi presque 160 000 m3 où elle a retiré le césium et le strontium uniquement. Il y a aussi près de 65 000 m3 d’eau contaminée dans les sous-sols des réacteurs, 20 000 m3 dans d’autres bâtiments et plus de 46 000 m3 dans des cuves en attente de traitement.

La compagnie a aussi accumulé presque 600 m3 de boues radioactives.

Le dernier bilan officiel sur la contamination de l’eau de mer est ici en anglais.

Nouveau site de stockage de déchets prévu, nouveau groupe d’opposants

Alors que les autorités pensaient avoir trouvé la solution pour les déchets radioactifs de la province de Chiba, près de Tôkyô, à savoir le site d’une centrale thermique de TEPCo, un groupe local vient d’être créé pour s’opposer au projet. Il est allé protesté auprès de la région en arguant qu’il y a des failles sismiques à proximité et qu’en cas d’accident, ce sera la Baie de Tôkyô qui sera affectée. Il y a aussi une école et une zone résidentielle à moins de 3 km.
Il s’agit des déchets dus à la catastrophe nucléaire dont la contamination en césium dépasse 8 000 Bq/kg. Dans les autres provinces touchées, la situation est bloquée car personne ne veut de ces déchets.

L’arrêt définitif de cinq réacteurs est officiel

Ce n’est pas nouveau, mais c’est maintenant effectif, le parc nucléaire du Japon compte quatre réacteurs de moins. Un cinquième, à Shimané, sera déclassé le 30 avril prochain.
Le pays n’aura plus que 43 réacteurs, contre 54 avant la catastrophe de 2011. Les 6 réacteurs de Fukushima daï-ichi avaient déjà été déclassés. D’autres devraient suivre, même si les compagnies d’électricité rechignent.

Drone revendiqué

Un habitant de Fukui, la région japonaise la plus nucléarisée avec 14 réacteurs, a revendiqué l’envoi d’un drone sur le toit de la résidence du premier ministre. Il s’est rendu à la police de Fukui et a déclaré être l’auteur de cet acte de protestation contre le nucléaire.

La police l’a arrêté et les médias ont publié son nom et sa photo. Il n’y a pourtant rien d’illégal au Japon où faire voler des drones est autorisé jusqu’à 250 m de hauteur.

La fiole contenait environ 100 grammes de sable radioactif de Fukushima. Sur son blog, l’auteur explique que le drone y est depuis le 9 avril… Comme les médias ne réagissaient toujours pas, il se préparait à y envoyer un second drone. Et d’ajouter que les services de sécurité du premier ministre sont incompétents.

Toujours selon son blog, il aurait aussi tenté de survoler la centrale de Sendaï à Kagoshima en octobre 2014, mais la distance était trop grande pour transmettre des images de l’installation nucléaire.

Avenir énergétique du Japon : un plan peu ambitieux

Le METI, qui est le ministère de l’industrie et de l’économie, converge sur l’avenir énergétique du pays. En ce qui concerne la réduction des émissions de gaz à effet de serre, il envisage une réduction de 25% en 2030 par rapport au niveau de 2005 ou de 26% par rapport au niveau de 2013. Cela ferait une réduction de 18% par rapport au niveau de 1990 qui a servi de référence au protocole de Kyôto. C’est très peu ambitieux par rapport à l’engagement européen qui est de 40% de réduction par rapport au niveau de 1990. Même les Etats-Unis annoncent 26 à 28% de réduction par rapport à 2005 pour l’année 2025.

En ce qui concerne le mix électrique, il converge vers 20 à 22% de nucléaire à l’horizon 2030 et 22 à 24% de renouvelable. La part du nucléaire était de 28,6% avant 2011. Le chiffre avancé n’est pas atteignable sans construire de nouveaux réacteurs, sauf réduction drastique de la consommation. Cela semble peut réaliste. Le reste devrait être essentiellement couvert par le charbon pour 26% et le gaz pour 27%.

En attendant, les compagnies d’électricité investissent surtout dans le charbon. De nouveaux arrivants préfèrent le renouvelable grâce au tarif de rachat avantageux.