Ce n’est pas une information nouvelle, mais c’est devenu officiel : cinq réacteurs nucléaires vont être arrêtés définitivement. Mardi 17 mars, l’annonce concernait les réacteurs n°1 et 2 de Mihama exploités par Kansaï Electric et le réacteur n°1 de Tsuruga exploité par Japan Atomic Power Co (JAPCo), tous dans la province de Fukui. Mercredi 18, c’était au tour du réacteur n°1 de Genkaï exploité par Kyûshû Electric dans la province de Saga et du réacteur n°1 de Shimané exploité par Chûgoku Electric.
Ce n’est qu’un début car d’autres réacteurs ne satisferont jamais aux nouveaux critères de sûreté. Même Reuters pense qu’in fine, le Japon pourrait ne redémarrer qu’un tiers de son parc nucléaire.
Ces cinq réacteurs sont vieux et génèrent peu d’électricité. Une remise aux nouvelles normes de sûreté coûterait trop cher.
Il n’y a pas de site pour stocker les déchets issus du démantèlement. Le ministre de l’économie s’inquiète et demande aux compagnies d’électricité d’avoir un rôle actif dans la recherche de solutions. Le porte-parole du gouvernement a rajouté que les compagnies sont responsables de leurs déchets et doivent trouver un site de stockage. A Fukui, les élus locaux concernés par ces arrêts définitifs s’inquiètent aussi pour leurs finances qui sont très dépendantes du nucléaire. Presque toute l’économie locale est tournée vers cette industrie. Le maire de Mihama estime qu’il va perdre 600 millions de yens de revenu annuel. Et comme l’argent coulait à flot, la commune a investi dans les infrastructures surdimensionnées dont l’entretien lui coûte cher. Une piste potentielle ? Si vous voulez des sous, gardez les déchets… A Saga, d’après l’Asahi, ils accueillent favorablement la décision de l’arrêt définitif.
En un peu plus de quatre ans, le Japon est donc passé de 54 à 43 tranches. Outre les 6 réacteurs de Fukushima daï-ichi, il y a trois autres réacteurs en cours de démantèlement : ce sont les réacteurs n°1 et 2 de Hamaoka (Shizuoka) et le n°1 de Tôkaï (Ibaraki). A Tôkaï, l’exploitant veut enterrer une partie des déchets (12 300 tonnes) sur le site de la centrale. A Hamaoka, 4 000 tonnes déchets sont entreposés sur place en attendant de trouver une solution.
Le démantèlement des 5 réacteurs dont l’arrêt définitif vient d’être confirmé devrait engendrer plus de 20 000 m3 de déchets radioactifs.
Tout le parc japonais est arrêté depuis plus de 18 mois. L’agence de régulation nucléaire, la NRA, vient d’approuver des documents concernant les mesures de protection contre les séismes pour le réacteur n°1 de la centrale de Sendaï (Kagoshima). Il y a encore des documents à soumettre, mais les inspections vont pouvoir commencer. Il n’y a pas de redémarrage prévu avant juin 2015, au plus tôt.
Kansaï Electric a aussi déposé une demande d’autorisation de redémarrage pour les réacteurs n°1 et 2 de sa centrale de Takahama et pour le réacteur n°3 de celle de Mihama, tous dans la province de Fukui. Ils ont été mis en service en 1974, 1975 et 1976 respectivement. Comme la loi japonaise limite à 40 ans la durée d’exploitation des réacteurs, sauf demande exceptionnelle de prolongation jusqu’à 60 ans après avoir effectué des inspections supplémentaires, la compagnie semble être bien optimiste.
TEPCo va agrandir son siège régional de Niigata afin de convaincre les élus locaux et la population de l’intérêt de redémarrer sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa. Voir le communiqué de presse en anglais.