Arithmétique nucléaire

Le Japon vient de passer 18 mois consécutifs sans énergie nucléaire et il n’est pas prévu de redémarrage avant quelques mois, au mieux. Petit bilan.

Il y avait 54 réacteurs de production de l’électricité au Japon avant le 11 mars 2011. Quatre ont été détruits à Fukushima daï-ichi et deux arrêtés définitivement. Il en reste donc officiellement 48. Une demande de redémarrage a été déposée pour 21 d’entre eux, ce qui ne représente même pas la moitié du parc restant et seulement quatre d’entre eux ont vu leur dossier de sûreté jugé recevable. Cependant, les travaux de remise en conformité, la rédaction des procédures d’exploitation et les inspections ne sont pas terminés. Selon les prédictions les plus optimistes, le réacteur n°1 de la centrale de Sendaï (Kagoshima) pourrait démarrer en juin 2015.

En revanche, l’arrêt définitif devrait être bientôt officiel pour 5 réacteurs anciens. La liste est connue depuis longtemps : il s’agit des réacteurs n°1 et 2 de Mihama (Fukui), du n°1 de Genkaï (Saga), du n°1 de Shimané et du n°1 de Tsuruga (Fukui). Leur puissance est comprise entre 340 et 559 MWe.

Et ce n’est qu’un début, car d’autres réacteurs ne redémarreront jamais. On peut penser, par exemple, aux quatre de Fukushima daï-ni ou à ceux de Tsuruga, sur une faille active. Même parmi les 21 pour lesquels une demande a été déposée, il est fort probable que certains n’obtiennent pas l’autorisation. Ce sera sûrement le cas de celui de Tôkaï, qui est trop ancien. L’isolant de ses câbles électriques est inflammable. L’obstination de l’exploitant montre que les leçons de la catastrophe n’ont pas été tirées. C’est lui qui est responsable de la sûreté de ses installations.

Il y a aussi quatorze petits réacteurs de recherche qui sont tous arrêtés. Trois sont dans des universités. Il y a celui de l’université du Kinki, à Ôsaka, avec une puissance d’un watt, ce qui est très faible. Il ne dégage pas une chaleur résiduelle nécessitant un refroidissement. Une demande d’autorisation de redémarrage a été déposée en octobre 2014.

L’université de Kyôto en a deux à Kumatori, près de l’aéroport du Kansaï : un de 100 watts et un de 5 MW qui servent à la recherche et à l’éducation. L’arrêt prolongé inquiète les universitaires qui espèrent un redémarrage rapide car, même si le Japon arrêtait définitivement le nucléaire, il faut continuer à former des spécialistes pour le démantèlement et la gestion des déchets. En attendant, des étudiants japonais sont allés se former sur un réacteur de recherche en Corée.

Comme le nombre de réacteurs de recherche diminue aussi rapidement à cause de leur âge, certains envisagent d’en construire de nouveaux. Le gouverneur de Fukui a un projet en ce sens.