Après des mois de tergiversations, d’hésitations, de négociations voire marchandages, de lobbying intense, le ministère de l’industrie, du commerce et de l’économie a fini par annoncer le mix électrique auquel il rêve pour 2030. Cela correspond aux chiffres parus dans les médias la semaine dernière :
- la part du nucléaire à 20-22%
- la part des énergies renouvelables à 22-24%
- le reste par les énergies fossiles.
La part des énergies renouvelables est actuellement de l’ordre de 10%.
Le gouvernement devrait adopter ce plan d’ici un mois, avant le sommet du G7 de juin en Allemagne. Comme nous l’avons déjà signalé, ce scénario est complètement irréaliste. La part du nucléaire était de 29% avant la catastrophe de Fukushima avec 54 réacteurs. Il n’y en a plus que 43 : les six de Fukushima daï-ichi sont arrêtés définitivement et 5 autres aussi. Le gouvernement table implicitement sur le redémarrage de tous les autres, ce qui est impossible : certains sont des failles jugées actives, comme à Tsuruga, Kashiwazaki-Kariwa… D’autres sont trop vétustes et n’obtiendront probablement pas le feu vert de l’autorité de sûreté. Il y a, par exemple, le problème des câbles électriques inflammables.
Et même en redémarrant les 43 réacteurs restant et en respectant la règle de 40 ans d’exploitation, la part du nucléaire serait de 15% en 2030. Ainsi, pour attendre 20 à 22% en 2030, il faudrait construire de nouveaux réacteurs, sans que personne ne sache combien et il ne reste que 15 ans pour cela avec une opinion publique contre.
Pour tenter de convaincre l’opinion, le ministère a sorti une étude économique qui tente de démontrer que le nucléaire est le moins cher, même en prenant en compte le coût des accidents. C’est très contestable, il suffit de voir la situation en Europe et le récent rapport de l’Ademe pour la France.
Les habitants de Fukushima sont furieux. La ville de Fukushima, par exemple, s’est fixée 40% d’électricité d’origine renouvelable d’ici 2030 et 50% en 2040. Actuellement, c’est 23 à 24% grâce à l’hydroélectrité.
Dans les faits, ce sont les compagnies d’électricité qui fixent la politique énergétique et elles investissent massivement dans le charbon actuellement. Une centrale dure plus de 15 ans. Ces nouvelles unités vont être arrêtées en 2030 ? En revanche, il y a de nombreuses initiatives locales en faveur des énergies renouvelables.
Pour la réduction des émissions de gaz à effets de serre, le gouvernement est aussi peu ambitieux, comme nous l’avons déjà signalé.
Le gouvernement reste englué dans son ancienne vision et n’est pas capable de faire face à la nouvelle donne. Il ne mentionne, par exemple, aucune politique de réduction de la consommation d’électricité. Les faits sont têtus.