La Haute cour de Hiroshima a suspendu l’exploitation de réacteur n°3 de la centrale d’Ikata, située dans la province d’Ehimé, sur l’île de Shikoku. Elle a donné raison à trois plaignants d’une île de la mer intérieure de Séto, dans la province de Yamaguchi, qui avaient été déboutés en première instance en mars 2019 par le tribunal d’Iwakuni.
La Haute cour a pris en compte les risques liés à une faille active dans la zone de la centrale et à un volcan situé à environ 130 km, le mont Aso. Pour les plaignants, les secousses liées à cette failles pourraient être plus fortes que ce qui a été considéré par l’exploitant et les autorités. La justice a estimé que la faille, située à moins de 2 km, n’a pas été suffisamment étudiée par l’exploitant, Shikoku Electric. Elle critique aussi la décision de l’Autorité de régulation nucléaire qui a donné une autorisation d’exploitation.
Les plaignants craignent aussi une éruption du Mont Aso, situé sur l’île de Kyûshû, qui pourrait entraîner des écoulements pyroclastiques accompagnés de nuées ardantes.
De par sa location, cette centrale pourrait barrer l’accès à la péninsule Sadamisaki et ses 5 000 habitants en cas d’accident nucléaire grave. D’une quarantaine de kilomètres de long, elle n’a que 800 m de large par endroits. Leur évacuation est prévue par la mer.
Shikoku Electric devrait faire appel et l’Autorité de régulation nucléaire, mise en cause, s’est défendue.
Ce n’est pas la première fois que cette centrale est supendue par la Haute cour de Hiroshima. Ce fût déjà le cas en décembre 2017, à cause des risques liés au mont Aso. Un autre juge de cette même cour avait ensuite révoqué cette injonction et le réacteur n°3 avait été remis en service en octobre 2018. Mais rien n’a changé depuis, dans la prise en compte des risques volcaniques.
Le réacteur n°3, mis en service pour la première fois en 1994, était à l’arrêt depuis décembre dernier pour maintenance. Il aurait dû être remis en service le 27 avril 2020. Le réacteur n°2 de cette centrale a été, quant à lui, mis à l’arrêt définitif en mars 2018. Le n°1 est en cours de démantèlement.
Si seulement 9 réacteurs nucléaires ont été remis en service depuis le nouveau référentiel de sûreté post-Fukushima, 6 fonctionnent actuellement. Et seuls 4 réacteurs utilisaient du combustible MOx, dont Ikata-3, qui vient d’être suspendu. Le recyclage du plutonium reste quasiment nul au Japon.
Lancé en 1997, le projet “pluthermal”, qui consiste à utiliser du combustible MOx à base de plutonium dans des réacteurs classiques, n’est pas un franc succès. Ikata-3 a, pour la première fois dans l’histoire du Japon, déchargé du MOx usé d’un cœur de réacteur le 14 janvier dernier (la totalité des 16 assemblages). La présente décision de justice a aussi un impact sur ce programme. Comme en France, il n’y a pas de filière pour ce combustible MOx usé
Le Japon a décidément du mal à justifier son usine de retraitement de Rokkashô, qui accuse déjà 24 années de retard dans sa mise en service.