La commune d’Ôkuma, sur laquelle est installée une partie de la centrale accidentée de Fukushima daï-ichi, est classée en zone dite de “retour difficile” et est toujours évacuée. Le gouvernement, qui a toujours promis un retour aux habitants, ne veut pas rayer cette commune de la carte. Il a donc engagé des travaux de décontamination et s’apprête à y lever les ordres d’évacuer. Mais la nouvelle frontière divise les communautés et crée de la confusion, selon l’Asahi.
Le quartier Machi va être partiellement rouvert dans quelques mois. Les habitants de l’enclave réhabilitée pourront rentrer chez eux et leurs voisins, parfois juste de l’autre côté de la rue, non, ou, pas avant la fin de la décennie. Sur les quelques 140 hectares de la zone, seuls 20 ont été décontaminés. Il y avait 90 foyers en tout dans ce district avant la catastrophe nucléaire et la moitié environ seront autorisés à rentrer. Selon un sondage effectué au mois de mai dernier, seulement 11 foyers souhaitaient revenir chez eux, mais tous ne le pourront pas.
Ce district est situé le long de la nationale 6, à 3 km au Sud-Est de la gare d’Ôno, qui était au centre ville. La route, qui longe le centre d’entreposage des déchets radioactifs issus de la décontamination, est empruntée par de nombreux camions et des voitures, mais l’accès aux rues adjacentes demeure interdit. La plupart des 860 hectares de terrains décontaminés pour permettre la reconquête de la ville sont situés près de la gare et Machi est à l’écart, comme on peut le voir sur la carte de l’Asahi :
Les élus d’Ôkuma souhaitaient une décontamination de toutes les zones qui étaient habitées avant la catastrophe, mais le gouvernement n’y était pas favorable à cause du coût. Le découpage actuel résulte donc d’un compromis entre le gouvernement et le conseil municipal. Et c’est le gouvernement qui a proposé d’inclure une partie de Machi dans le périmètre, car c’est là qu’était située la commune de Kumamachi, avant sa fusion avec d’autres communes pour former Ôkuma.
Les travaux de décontamination n’ont pas permis d’abaisser partout le débit de dose ambiant au-dessous du seuil fixé par les autorités japonaises, à savoir 3,8 µSv/h, ce qui correspond à une dose annuelle de 20 mSv (lire nos explications sur les limites de dose) : sur 1 269 sites, ou 2,7% des points de contrôles, le débit de dose était plus élevé que la limite.
La municipalité voulait autoriser les habitants à dormir chez eux pour pouvoir préparer leur retour, mais l’autorisation d’accès, prévue pour octobre, a dû être repoussée.
La zone dite de retour difficile couvre 33 700 hectares en tout, sur 7 communes. Au printemps prochain, l’ordre d’évacuer devrait être levé sur à peine 1 510 hectares situés dans les communes d’Ôkuma, Futaba et Katsurao. Il devrait être levé dans 3 autres communes (1 237 hectares) en 2023.
A Futaba aussi, le débit de dose dépasse la limite sur 563 sites ou 1% des points de contrôle. Il faudra donc redécontaminer. La remise en état des services (eau, électricité…) est plus lente que prévu et l’ordre d’évacuer ne sera probablement pas levé avant juin 2022.