Cuve d’eau contaminée qui déborde : du nouveau

Retour sur la fuite de 100 m3 d’eau contaminée d’une cuve. Rappelons que de l’eau très contaminée a été envoyée dans une cuve pleine qui a débordé.

En plus d’avoir négligé le contrôle des vannes et l’alarme, les personnes sur place n’ont pas remarqué que le niveau de l’eau dans la cuve qui devait être remplie ne bougeait pas, bien qu’elle était équipée d’une jauge. TEPCo a mis 9 heures pour se rendre compte de la fuite. Cela avait pris un mois lors de l’été 2013. C’est un progrès significatif, mais c’est encore inacceptable. C’est toute la culture de sûreté qui est à revoir.

Hirono transformée par la catastrophe nucléaire

A Hirono, commune située à une trentaine de kilomètres de la centrale, les habitants ont d’abord été confinés, puis encouragés à partir. Le conseil à l’évacuation a été levé après 6 mois. Pourtant peu d’habitants sont rentrés. Ils étaient plus de 5 000 avant le 11 mars 2011, ils sont actuellement 1 352. L’économie locale ne repart pas. Les magasins, restaurants restent fermés.

En revanche, il y a environ 2 500 travailleurs de la centrale de Fukushima daï-ichi dans des dortoirs, hôtels et autres hébergements. Un propriétaire de « combini » (magasin dépanneur ouvert 24h/24, 7j/7) a vu ses ventes augmenter depuis la catastrophe. La municipalité a donc le projet de développer l’accueil des travailleurs.

Les habitants sont divisés : certains y voient une bonne opportunité pour relancer l’économie locale. D’autres craignent l’insécurité, ce qui n’est pas sans vexer les travailleurs en question.

Traces de césium de Fukushima vers la côte Ouest du Canada

L’Institut océanographique de Bedford à Vancouver au Canada a détecté l’arrivée de la contamination en césium en provenance de Fukushima sur la côte Ouest du pays. La concentration est faible, mais la présence de césium 134, qui a une demi-vie de deux ans, signe une origine récente. Les premières traces, à moins de 1 becquerel par m3 (0,001 Bq/L) ont été vues en juin 2013. La modélisation prévoit une concentration de 2 à 27 Bq/m3 à la mi-2015.

Déchets radioactifs à Fukushima : l’entreposage limité à 30 ans ?

Le gouvernement tente toujours de faire accepter son centre d’entreposage des déchets radioactifs issus de la décontamination à Futaba et Ôkuma. Le gouverneur de Fukushima voulait que soit inscrit dans la loi que ces centres ne sont là que pour trente ans et que les déchets seront stockés ailleurs par la suite, conformément aux promesses faites. Mais le gouvernement ne le veut pas il sait très bien que ce n’est pas réaliste. Qui acceptera ces déchets dans 30 ans ?

Contamination des sédiments des bassins de rétention

C’est bien connu, le césium s’accumule dans les sédiments et c’est particulièrement vrai dans les bassins, lac, réservoirs qui recueillent l’eau de pluie qui lessive les sols. Selon une étude de la province de Fukushima et du ministère de l’agriculture, la concentration en césium radioactif dépasse 8 000 Bq/kg dans les sédiments de 576 réservoirs agricoles utilisés pour l’irrigation sur 1 939 contrôlés. Il y en a 3 730 en tout. 8 000 Bq/kg constitue la limite à partir de laquelle les autorités japonaises considèrent que les boues de station d’épuration, les cendres d’incinérateur et les déchets issus de la décontamination doivent être traités comme déchets radioactifs.

Parmi ces réservoirs, il y en a 14 où la contamination dépasse 100 000 Bq/kg. Cela monte à 370 000 Bq/kg à Motomiya ou 390 000 Bq/kg à Futaba.

108 des 576 bassins de rétention contaminés sont en zone évacuée. Et 9 sur les 14 les plus fortement contaminés sont aussi en zone évacuée.

En été, quand le niveau de l’eau est bas, le débit de dose à proximité augmente. Les autorités régionales s’inquiètent aussi pour les champs et rizières irriguées, même si le niveau de contamination de l’eau reste faible. En cas de sécheresse, la boue pourrait devenir poussière et contaminer les environs. Cependant, le ministère de l’environnement n’a aucune intention de curer ces bassins. Et celui de l’agriculture renvoie vers l’environnement car la décontamination n’est pas de sa compétence. Il se contente de transmettre l’information. Et s’il le faisait, il ne pourrait pas se faire indemniser par TEPCo.

Les autorités régionales ont évalué à 15,4 milliards de yens (plus de 100 millions d’euros) le coût de la décontamination et de la prise en charge des déchets. Le gouvernement pourrait commencer par les réservoirs les plus contaminés en zone non évacuée.

Panne de refroidissement de la piscine du réacteur n°4

Le refroidissement de la piscine du réacteur n°4 a été stoppé suite à un court-circuit. Ce sont des travaux de creusement au sud qui ont endommagé le câble électrique. Le refroidissement a repris 4 heures plus tard. Le retrait des combustibles usés a aussi été suspendu. La température de l’eau de la piscine n’a presque pas changé.
Photos et explications en japonais. Communiqué de presse en anglais.

Levée prochaine de l’ordre d’évacuer le district de Miyakoji à Tamura

Les autorités japonaises ont redéfini les territoires évacués en trois zones. Dans la partie la moins contaminée, les populations sont autorisées à rentrer chez elles durant la journée pour faire des travaux, mais pas à dormir sur place. Sauf dans le district de Miyakoji de Tamura où il est possible de rester dormir chez soi, sans que l’ordre d’évacuer ne soit encore levé. C’est prévu pour le 1er avril 2014. Les habitants continueront à toucher une indemnisation pendant un an. C’est la première fois que des habitants pourront officiellement rentrer chez eux après la levée d’un ordre d’évacuation. Combien rentreront ?

Il y avait 358 âmes dans ce hameau (117 familles) avant la catastrophe et les travaux de décontamination sont terminés depuis juin 2013. Les habitants pouvaient rentrer pour réparer leur maison. Lors de la réunion publique organisée par les autorités le 23 février dernier, qui a duré 3 heures, ils étaient une centaine.

Ce n’est qu’un début, le gouvernement espère lever l’ordre d’évacuer de 6 communes dans les deux ans à venir : 30 000 personnes auront à décider ce qu’elles font, rentrer ou refaire leur vie ailleurs. Pour trois communes, ce devrait être dès ce printemps.

Le représentant de l’agence de reconstruction gouvernementale a expliqué que l’ordre d’évacuer est en contradiction avec la liberté de choisir son lieu de vie garantie par la constitution. Il se réjouit donc que cette liberté soit recouvrée partiellement. Mais ce sont surtout les coûts liés aux indemnisations des évacuations qui le motive.

Les avis des habitants sont mitigés. Certains sont contents car les entreprises du bâtiment seront moins hésitantes à venir y travailler. D’autres sont contents pour l’agriculture : trois familles ont repris les cultures et espèrent que cette décision leur permettra de lutter contre les « rumeurs néfastes ».

D’autres, surtout avec des enfants en bas âges, demandent une décontamination plus poussée car elle est limitée aux environs immédiats des habitations et autres lieux de vie. Lors d’un retour en famille, un habitant a expliqué que ses enfants sont allés jouer dans des zones non décontaminées, sans le savoir. Il demande donc que le point de vue des parents soit pris en compte avant de lever l’ordre d’évacuer. Sa décision est prise, il ne rentrera pas.

Comme nous l’avons déjà répété, la limite de dose fixée pour le retour est toujours de 20 mSv/an en supposant que les habitants passent 8 heures par jour à l’extérieur. C’est trop, et en contradiction avec les recommandations de la CIPR. 20 mSv/an, c’est pour la phase d’urgence, qui est terminée depuis longtemps. Mais les autorités espèrent que les habitants adapteront leur mode de vie pour limiter leur exposition.

Pour relativiser cette limite de dose, une grande partie de la presse française a copié-collé une dépêche AFP qui explique qu’« une radio effectuée dans un hôpital délivre quelque 10 millisieverts, d’après l’Institut national des sciences radiologiques du Japon. » Voir ici par exemple. Ce chiffre est complètement farfelu : une radio dentaire, d’un bras, jambe… c’est mille fois moins. Pour l’abdomen, c’est moins de 1 mSv. Un scanner peut atteindre 10 mSv (Voir ce document IRSN-INVS).

Et puis ces doses médicales, qui ne sont inoffensives, viennent s’ajouter aux doses liées à la pollution. Ce n’est pas l’un ou l’autre, mais l’un et l’autre.

Voir des photos prises par Greenpeace à Tamura.

Cuve d’eau contaminée qui déborde : erreur humaine

TEPCo exclut maintenant la panne de la valve pour expliquer la fuite de 100 m3 d’eau contaminée et cherche qui a bien la laisser en position ouverte. Des photos montrent qu’elle fonctionne correctement. La manivelle pour l’ouvrir et la fermer est restée en place alors qu’elle n’aurait pas dû.

Il a fallu que trois vannes soient laissées ouvertes pour que l’eau aille dans la mauvaise citerne, déjà pleine, alors qu’elles auraient dû être fermées. Comment est-ce possible ? Et puis, l’alarme a été ignorée.

Hideka Morimoto, secrétaire général adjoint de l’Autorité de Régulation Nucléaire, la NRA, se pause des questions sur la compétence de TEPCo. Les erreurs sont trop nombreuses. Est-elle capable d’exploiter des réacteurs nucléaires ? La NRA va aussi consulter l’AIEA sur l’opportunité de classer cet incident sur l’échelle INES. Elle ne peut pas décider toute seule ? Il ne s’agit que d’une échelle de communication.

Cuve d’eau contaminée qui déborde : du nouveau

Retour sur la fuite de 100 m3 d’eau très contaminée annoncée la veille : deux valves avaient été laissées ouvertes et une autre était endommagée selon TEPCo. Et l’eau était allée dans une cuve déjà pleine qui a débordé. L’alarme avait aussi été supposée défectueuse par les ouvriers qui n’avaient rien vu.

Maintenant, la valve ne serait peut-être pas endommagée et c’est l’erreur humaine qui est mise en avant. Les vannes auraient été laissées ouvertes par mégarde.

L’eau reste le cauchemar quotidien de TEPCo. Elle en a 520 000 m3 dans des cuves, dont 340 000 m3 d’eau fortement contaminée. La NRA avait classé au niveau 3 de l’échelle INES la fuite de 300 m3 de l’été 2013. Va-t-elle classer cette nouvelle fuite ?

Document en anglais.

TEPCo à la peine avec sa station de traitement de l’eau contaminée

TEPCo a du mal avec sa nouvelle station de traitement des eaux contaminées ALPS, supposée retirer 62 radioéléments. L’unité en cours de test devrait avoir une performance de 750 m3 par jour, mais la réalité est plus proche de 560 m3 par jour à cause des nombreux arrêts de maintenance et de contrôle.

TEPCo espère un démarrage en octobre 2014 avec un doublement de la capacité. Et le gouvernement devrait payer une autre ligne avec une capacité nominale de 500 m3/j. TEPCo arriverait ainsi à une capacité installée de 2 000 m3/j. Mais avec les performances actuelles, cela ferait plutôt 1 500 m3/j, sans compter les pannes. Et cela ne suffira pas, comme le révèle le Yomiuri, journal promoteur de l’industrie nucléaire. TEPCo affirme avoir besoin de traiter 1 960 m3/j.

TEPCo injecte environ 360 m3 d’eau par jour dans les réacteurs pour les refroidir. Cette eau se contamine et s’enfuit dans les sous-sols. TEPCo pompe des sous-sols environ 760 m3/j. Les 400 m3 supplémentaires viennent des infiltrations d’eau souterraine. Cette eau est traitée avec SARRY qui ne retire que le césium avant d’être réinjectée ou stockée.

Les 1 960 m3/j annoncés par TEPCo – 760 m3/j pompés dans les sous-sols = 1 200 m3 par jour pour traiter l’eau accumulée dans les cuves en un an ? Est-ce cela le calcul de TEPCo ? Le journal ne l’explique pas.

Pour le moment ALPS n’est pas au point : les performances sont moins bonnes que prévu pour certains radioéléments et elle génère beaucoup de déchets. Et même si elle était au point, elle suffirait pas selon TEPCo. Veut-elle que le gouvernement lui paye une quatrième chaîne de traitement ?

TEPCo pompe aussi l’eau des tranchées entre les bâtiments turbine et les réacteurs, enlève une partie du césium et réinjecte l’eau dans la tranchée, comme expliqué dans la vidéo en anglais. Il est question de 20m3/h, ce qui fait 480 m3/j par installation. Et comme il y a deux installations mobiles, on arrive à un total de 960 m3/j. Mais cette eau ne doit pas entrer dans le bilan présenté par TEPCo.