Comment faire accepter le rejet en mer du tritium ?

TEPCo a accumulé une vaste quantité d’eau contaminée stockée dans un millier de cuves. Cette eau a été partiellement traitée afin d’en retirer 62 éléments, mais pas le tritium qui est de l’hydrogène radioactif. Le séparer est très complexe et coûteux. Alors TEPCo et les autorités ne voient pas d’autre issue que de le rejeter en mer.

Le stock est estimé à 3,4 PBq (3,4 milliards de millions de becquerels), ce qui représente 150 années de rejet à la limite autorisée. Comment faire accepter une augmentation des autorisations de rejet aux Japonais et aux autres pays du Pacifique ? En gros, le problème, ce n’est pas la radioactivité, mais l’acceptation sociétale du rejet !

Une première idée, assez classique, est de parler en gramme, le tritium étant très léger. Le président de l’Autorité de Régulation Nucléaire a expliqué à l’agence de presse AP que le stock de tritium ne représentait que 57 millilitres. Mais pour la radioprotection, c’est bien la radioactivité qui doit être prise en compte, pas la masse ou le volume.

Ce même article donne la parole à Rosa Yang, experte au Electric Power Research Institute en Californie. Elle suggère qu’un membre du gouvernement boive de cette eau devant le public pour montrer qu’il n’y a aucun risque ! Étonnamment, elle ne s’est pas proposée pour cette action de communication… Cela a déjà été testé, sans effet.

Pour le moment, aucun chiffre précis n’est donné sur la teneur en tritium de l’eau à rejeter, ni sur la contamination résiduelle des autres polluants radioactifs. Il n’y a pas non plus d’étude d’impact d’un tel rejet, ni d’évaluation par des tiers. On n’est que dans la communication…

A titre de comparaison, l’autorisation de rejet en mer de l’usine Areva de La Hague est, pour le tritium, de 18,5 PBq et les rejets effectifs de ces dernières années variaient entre 11,6 et 13,4 PBq par an. Le stock de tritium de Fukushima représente donc 3 mois et demi de rejets à La Hague. De quoi rendre jalouses les autorités japonaises !