Le nucléaire japonais bloqué : pas de remise en service de réacteurs en 2019 et des arrêts en 2020

L’industrie nucléaire japonaise est bloquée : aucune remise en service de réacteur n’a en lieu en 2019 et des réacteurs remis en service les années précédentes devront être arrêtés pour des raisons de sécurité.

Tous les réacteurs nucléaires japonais avaient été mis à l’arrêt après la catastrophe de Fukushima et seulement 9 d’entre eux ont pu être remis en service depuis. Les autres ne satisfont pas encore au nouveau référentiel de sûreté. Il est peu probable que d’autres réacteurs soient remis en service en 2020.

Kansaï Electric (KEPCo) espérait relancer Takahama-1 en 2019, mais les travaux de renforcement de la sûreté ont pris du retard. Et le scandale de corruption qui secoue la compagnie pourrait retarder encore plus le redémarrage.

Par ailleurs, l’Autorité de régulation nucléaire a refusé de laisser un délai supplémentaire aux compagnies d’électricité pour la mise en place de mesure de protection contre les attaques terroristes. Quatre réacteurs devront être arrêtés en 2020, le temps de faire les travaux : Sendaï-1 et -2, puis Takahama-3 et -4. D’autres arrêts suivront en 2021 (voir la liste ici). A priori, 7 des 9 reacteurs remis en service devront être arrêtés pour les mêmes raisons.

Les compagnies d’électricité japonaises ont déjà dépensé 5 380 milliards de yens (45 milliards d’euros) pour améliorer la sûreté de leurs installations, avec un piètre résultat.

Dans le même temps, 23 des 55 réacteurs nucléaires de production d’électricité du Japon ont été arrêtés définitivement depuis la catastrophe de Fukushima (voir notre état des lieux du parc nucléaire japonais), si l’on compte Monju.

L’usine de retraitement de Rokkashô-mura, quant à elle, n’a jamais été mise en service et accuse déjà 24 années de retard. Et même si elle devait fonctionner, il n’y aurait pas de débouché pour le plutonium extrait. En effet, le Japon ne peut pas en extraire plus des combustibles usés qu’il peut en utiliser, pour des raisons de prolifération. L’usine de retraitement ne sert donc à rien car Monju a été arrêté définitivement et peu de réacteurs peuvent utiliser du combustible MOx à base de plutonium.

Malgré ces faits, le gouvernement japonais continue à prétendre que la part du nucléaire sera de 20 à 22% à l’horizon 2030. En attendant, les compagnies d’électricité développent le charbon car c’est l’option la moins chère, même si c’est aussi la plus polluante.