La commission d’enquête indépendante, sur le scandale de corruption chez Kansaï Electric (KEPCo), qui a déjà entraîné la démission de 5 dirigeants de la compagnie et qui ne cesse d’enfler depuis, ne pourra pas rendre ses conclusions avant de la fin de l’année, comme cela avait déjà été annoncé le mois dernier. Ce n’est même pas sûr qu’elle puisse terminer ses travaux en mars 2020.
Lors d’une conférence de presse, elle a précisé avoir déjà interrogé plus de 700 personnes. Plus d’une centaine d’employés de KEPCo ont été auditionnés. Les autres personnes ont été interrogées par écrit.
KEPCo a admis que 20 cadres de la compagnie ont reçu des “dons” de la part d’Eiji Moriyama, ancien maire adjoint de Takahama, aujourd’hui décédé. L’Asahi, a trouvé quinze autres personnes qui avaient aussi reçu ses “dons”. Le quotidien a contacté une soixante de personnes qui ont eu des postes de dirigeant dans les trois centrales nucléaires de la compagnie, à Takahama, Ôï et Mihama. Des dirigeants de la branche de Fukui de KEPCo ont aussi été interrogés. 15 ont admis avoir reçu des “dons”, dont cinq sont devenus des dirigeants de la compagnie par la suite. 29 ont prétendu n’avoir rien reçu et 7 ont refusé d’être interrogés. Pour les autres, la rencontre n’a pas encore pu avoir lieu.
Les cadeaux avaient une valeur de 100 000 à 200 000 yens (de 800 à 1 700 euros). Certains auraient renvoyé un cadeau de la même valeur. Plusieurs ont admis qu’Eiji Moriyama leur demandait que KEPCo accorde plus de contrats aux compagnies qu’il soutenait. Il aurait même menacé d’interférer dans le fonctionnement des centrales nucléaires s’il n’avait pas satisfaction.
Un article du Japan Times revient sur la génèse de cette affaire et prétend que les grands médias ont ignoré ce scandale jusqu’à ce qu’un lanceur d’alerte leur adresse une lettre. Et ce n’est qu’une fois que l’agence Kyodo a révélé l’affaire qu’ils ont réagi. La lettre, qui aurait d’abord été adressée au président de la compagnie le 10 mars 2019, accusait la compagnie de couvrir la découverte du bureau des impôts de Kanazawa. Le lanceur d’alerte demandait la démission des 20 cadres mis en cause et a menacé d’envoyer sa lettre à l’extérieur s’ils ne réagissaient pas.
Dans une interview pour une webradio citée par le japan Times, Jirô Hayami, un ancien cadre de KEPCo, explique que ces échanges d’argent et de cadeaux étaient dus à l’obsession de la compagnie de maintenir l’énergie nucléaire dans la région.
Un groupe de 3 272 personnes a porté plainte contre 12 cadres de KEPCo.