Le scandale de corruption chez Kansaï Electric (KEPCo), révélé fin septembre 2019, vient d’entraîner la démission de trois dirigeants. Les révélations se sont succédé quasiment quotidiennement, rendant leur défense intenable. Le président Makoto Yagi a annoncé sa démission immédiate, le 9 octobre. Il devrait aussi démissionner de la Fédération économique du Kansaï, dont il visait la présidence. Ikuo Morinaka, vice-président exécutif, qui dirige la branche nucléaire, va aussi démissionner. Shigéki Iwané, quant à lui, va démissionner en décembre, quand la tierce-inspection composée de quatre magistrats, rendra son rapport. Il devrait aussi démissionner de son poste de président de la Fédération des compagnies d’électricité du Kansaï. Ce dernier avait notamment reçu une boîte de bonbons avec des pièces d’or quand il est devenu directeur. La commune de Takahama va aussi lancer des investigations. Deux autres cadres auraient aussi démissionné. Les coupures de salaire n’ont pas été suffisantes !
Les médias ont recueilli de nouveaux témoignages de cadres qui ont reconnu avoir reçu des dons de la part de l’ancien maire adjoint de Takahama, Eiji Moriyama. Cela aurait commencé bien avant l’année 2006, avancée par KEPCo, dès la fin des années 90, c’est à dire il y a 20 ans environ ! C’est le cas, notamment, d’un cadre de la centrale nucléaire d’Ôï. Il lui aurait alors fait un cadeau en retour, d’une valeur plus élevée. Puis, plus tard, lors d’un dîner, Moriyama lui aura demandé de favoriser une certaine compagnie pour la maintenance de la centrale nucléaire. KEPCo a reconnu que trois personnes ont aussi reçu de l’argent directement de compagnies sous-traitantes.
Le directeur Shigéki Iwané a aussi promu trois cadres qui avaient reçu des dons, alors qu’il avait été prévenu par lettres anonymes. Il s’agit d’Ikuo Morinaka, qui a reçu 40,6 millions de yens et qui est devenu vice-président, de Satoshi Suzuki, qui a reçu 123,67 millions de yens et de Shigeki Otsuka, qui a reçu 7,2 millions de yens. L’annonce du plan de promotion a été faite le 25 avril 2019. Les lettres anonymes, aussi adressées à une association anti-nucléaire de Fukui, ont été envoyées entre avril et juin 2019. La promotion a été entérinée le 21 juin 2019.
Ces démissions ne suffiront pas à réduire l’indignation des Japonais. C’est tout le management de la compagnie qui doit être revu. Selon le Maïnichi, Koji Inada, vice-président excécutif de KEPCo, a expliqué que la compagnie ne pourrait pas redémarrer de nouveaux réacteurs nucléaires avant d’avoir regagné la confiance du public. Et de reconnaître que cela va prendre du temps… KEPCo espérait redémarrer les réacteurs 1 et 2 de Takahama l’an prochain (voir l’état des lieux du parc nucléaire japonais), après avoir reçu une autorisation de la prolongation de leur exploitation jusqu’à 60 ans. La compagnie cherche aussi un site pour entreposer ses combustibles usés.
En effet, la seule défense des cadres corrompus a été de dire qu’il avaient peur de l’ancien maire adjoint, connu pour ses colères. C’est un peu léger pour une des principales compagnies du pays, qui exploite des centrales nucléaires en plus !