Nouveau rapport de l’UNSCEAR sur l’impact radiologique de la catastrophe de Fukushima – New UNSCEAR report on the radiological impact of the Fukushima disaster

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Le Comité scientifique des Nations unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants (United Nations Scientific Committee on the Effects of Atomic Radiation, UNSCEAR), vient de publier un nouveau rapport sur l’impact des rejets radioactifs de la catastrophe de Fukushima. Il s’agit d’une mise à jour de son rapport de 2013. Le communiqué de presse est ici et le rapport accessible ici. Il fait 248 pages.

L’essentiel du travail effectué consiste en la modélisation des retombées radioactives, suivi du calcul de doses pour les populations et travailleurs, et de l’évaluation de l’impact sanitaire et de l’impact sur les écosystèmes. Les calculs du rapport 2013 ont été affinés.

En ce qui concerne les cancers de la thyroïde chez les enfants et adolescents, qui sont un sujet d’inquiétude et de débat, l’UNSCEAR a calculé l’augmentation théorique de l’incidence à partir des doses estimées et conclut que l’excès de risque attribuable à l’exposition aux rayonnements sera faible et ne pourra très probablement pas être observé statistiquement (§221 du rapport). Le Comité n’exclut donc pas des cancers de la thyroïde radio-induits. Il dit juste que leur nombre sera trop faible pour être confirmé statistiquement.

Par exemple, pour les femmes qui étaient âgées de 0 à 5 ans au moment de l’accident, et qui constituent le sous-groupe le plus sensible, environ 16 à 50 cas de cancer de la thyroïde attribuables aux rayonnements sont attendus au cours de leur vie. L’UNSCEAR ne publie aucune prédiction pour l’ensemble des enfants exposés.

Le rapport de l’UNSCEAR ne consacre que 5 pages sur 248 aux cancers de la thyroïde observés et les chiffres qu’il donne (§223) ne sont pas complets. Les 27 cas découverts lors de la quatrième campagne de dépistage et les 7 cas parmi les plus de 25 ans sont simplement ignorés, sans explication. Le rapport ne mentionne pas non plus que le décompte officiel n’est pas exhaustif. Comme nous l’avons rapporté dans notre revue de la littérature scientifique, il y a au moins 11 autres cas de cancer chez les jeunes de Fukushima qui ne sont pas pris en compte. Cela ne fait pas très sérieux pour un rapport qui prétend faire autorité sur le sujet !

Dans le §225, l’UNSCEAR apporte plusieurs éléments de preuve pour renforcer l’idée que l’excès détecté de cancers de la thyroïde n’est probablement pas lié à l’exposition aux rayonnements. Les arguments sont très classiques et certains ont été discutés dans notre rapport :

  • L’augmentation de l’incidence des cancers de la thyroïde observée à la suite de l’accident de Tchernobyl n’est apparue qu’au bout de quatre années. Mais il n’y a pas eu de dépistage durant ces premières années à Tchernobyl. Ces cancers auraient peut-être pu être découverts plus tôt s’ils avaient été recherchés.
  • De plus, les cancers découverts à partir de la deuxième campagne de dépistage à Fukushima sont apparus en moins de deux ans, car ils n’avaient pas été détectés lors du dépistage précédent. Ce ne sont donc pas des cancers qui se développent lentement. Ce point n’est même pas mentionné dans le rapport de l’UNSCEAR.
  • L’UNSCEAR ne rapporte qu’un seul cas survenu chez des enfants exposés âgés de 0 à 4 ans au moment de la catastrophe nucléaire à Fukushima, alors qu’il y en avait proportionnellement plus après Tchernobyl. Mais le chiffre officiel à Fukushima est de 8 cas de cancer chez les moins de 5 ans au moment de l’accident !

Dans son communiqué de presse, l’UNSCEAR estime que, compte tenu des preuves disponibles, la forte augmentation (par rapport à celle attendue) du nombre de cancers de la thyroïde détectés chez les enfants exposés n’est pas le résultat de l’exposition aux rayonnements. Mais sa démonstration est peu convaincante…

Pour les autres cas de cancer, il n’y a pas d’augmentation observée car les temps de latence sont plus longs. L’UNSCEAR a fait des calculs estimatifs. Par exemple, dans le sous-groupe des enfants in utero jusqu’à l’âge de 5 ans au moment de l’accident, qui est censé être le groupe le plus sensible à la leucémie, environ 10 à 50 cas supplémentaires sont attendus au cours de leur vie. Le nombre de référence (en l’absence d’exposition aux rayonnements due à l’accident nucléaire) est d’environ 640. Cela représente donc une augmentation de 1,6 à 7,8% du risque de développer une une leucémie au cours de la vie. L’UNSCEAR estime qu’une telle augmentation ne sera pas discernable statistiquement (§230).


The United Nations Scientific Committee on the Effects of Atomic Radiation (UNSCEAR), has released a new report on the impact of radioactive releases during the Fukushima accident. This is an update of its 2013 report. The press release is here and the report is available here. It is 248 pages long.

Most of the work done consists of modeling radioactive fallout, followed by dose calculations for populations and workers, and assessment of health impact and impact on ecosystems. The calculations in the 2013 report have been refined.

Regarding thyroid cancers in children and adolescents, which are a subject of concern and debate, UNSCEAR calculated the theoretical increase in incidence from the estimated doses and concluded that the excess risk attributable to radiation exposure will be small and most likely not statistically observable (§221 of the report). The Committee therefore does not exclude radiation-induced thyroid cancers. It just says that their number will be too small to be statistically confirmed.

For example, for women who were 0 to 5 years old at the time of the accident, and who are the most sensitive subgroup, about 16 to 50 cases of radiation-induced thyroid cancer are expected in their lifetime. UNSCEAR does not publish a prediction for all exposed children.

The UNSCEAR report devotes only 5 pages out of 248 to observed thyroid cancers and the figures it gives (§223) are not complete. The 27 cases discovered during the fourth screening campaign and the 7 cases among the over 25 years old are simply ignored, without explanation. Nor does the report mention that the official count is not exhaustive. As reported in our review of the scientific literature, there are at least 11 other cases of cancer in Fukushima youth that are not accounted for. This does not sound very serious for an authoritative report!

In §225, UNSCEAR provides several pieces of evidence to reinforce the idea that the detected excess of thyroid cancers is probably not related to radiation exposure. The arguments are very conventional and some have been discussed in our report:

  • The increase in thyroid cancer incidence observed following the Chernobyl accident was not apparent until four years after the accident. But there was no screening during those first years at Chernobyl. These cancers might have been discovered earlier if they had been looked for.
  • Moreover, the cancers discovered from the second screening campaign in Fukushima appeared in less than two years, because they had not been detected during the previous screening. So these are not cancers that develop slowly. This point is not even mentioned in the UNSCEAR report.
  • UNSCEAR reports only one case in exposed children aged 0-4 years at the time of the nuclear disaster in Fukushima, whereas there were proportionally more cases after the Chernobyl accident. But the official figure in Fukushima is 8 cases of cancer in children under 5 years old at the time of the accident!

In its press release, UNSCEAR believes that, given the available evidence, the large increase (compared to the expected one) in the number of thyroid cancers detected in exposed children is not the result of radiation exposure. But its demonstration is not very convincing…

For the other types of cancer, there is no observed increase because the latency is longer. UNSCEAR has made estimated calculations. For example, in the subgroup of children in utero up to the age of 5 years at the time of the accident, which is supposed to be the most sensitive group to leukemia, about 10 to 50 additional cases are expected during their lifetime. The baseline number (in the absence of radiation exposure from the nuclear accident) is about 640. This represents a 1.6 to 7.8% increase in the lifetime risk of developing leukemia. UNSCEAR believes that such an increase will not be statistically discernible (§230).