La justice rejette la demande de suspension du redémarrage de la centrale de Genkaï

La cour de Saga a rejeté la demande de 73 plaignants de suspendre le redémarrage des réacteurs 3 et 4 de la centrale de Genkaï exploités par Kyûshû Electric. Ils estimaient que le risque sismique avait été sous-estimé et qu’une éruption du Mont Aso, situé à 130 km, pouvaient entraîner un accident nucléaire. La cour a estimé, quant à elle, que les règles de sûreté étaient raisonnables. Les plaignants vont faire appel.

En juin 2017, la justice avait déjà rejeté une demande de suspension du redémarrage de ses réacteurs. Mais, en décembre dernier, la cour de Hiroshima avait ordonné l’arrêt du réacteur d’Ikata à cause du risque volcanique, qu’elle considérait sous-estimé. Alors, une nouvelle plainte a été déposée contre Genkaï, dès janvier 2017, en vain.

Une autre action en justice est en cours pour demander l’arrêt de cette centrale. Elle implique 10 000 personnes.

Le réacteur n°3 devrait redémarrer le 23 mars et le n°4 en mai prochain.

Baisse des suicides liés à la catastrophe nucléaire

Les autorités japonaises comptent le nombre de suicides liés à la triple catastrophe. Le lien est établi par la police à partir du message laissé ou du témoignage des proches. Sur la synthèse publiée en 2015, on voyait clairement que le nombre de suicides liés au tsunami dans les provinces d’Iwaté et de Miyagi était en baisse. Ce n’est pas le cas à Fukushima, où il stagne, voire augmente :

En 2016, le nombre de suicides liés à la catastrophe est retombé à 7 à Fukushima, avant de remonter à 12 en 2017.

Depuis mars 2011, le nombre total de suicides liés à la catastrophe est de 99 à Fukushima, 53 à Miyagi et 48 à Iwaté.

Abandon de la construction de la centrale d’Ôma : les plaignants déboutés

Le réacteur d’Ôma, dans la province d’Aomori, était encore en construction en mars 2011. Le chantier, lancé en 2008, a été suspendu suite à la catastrophe nucléaire, mais J-Power, qui développe ce nouveau type de réacteur qui fonctionnera uniquement au MOx, veut achever son projet. Ce sera une première mondiale s’il est mené à bout. Les travaux de construction ont repris en 2012 et la compagnie a déposé une demande d’autorisation de mise en service en décembre 2014. Elle espère un démarrage en 2024.

Ce réacteur n’est pas sans inquiéter les riverains, surtout ceux qui vivent à Hakodaté sur l’île de Hokkaïdô voisine, qui ont porté plainte pour obtenir l’arrêt du projet. Environ 23 km les séparent de la centrale nucléaire, située de l’autre côté du détroit de Tsugaru. La première plainte date de juillet 2010, avant l’accident à la centrale de Fukushima daï-ichi, et actuellement nombre de plaignants s’élève 1 164. Mais la justice vient de les débouter. La juge a considéré que l’on ne pouvait pas évaluer le danger pour le moment car l’instruction par l’Autorité de Régulation Nucléaire n’est pas terminée et qu’il n’y aucune date de mise en service. Il n’est même pas sûr que ce réacteur soit mis en service.

Les plaignants vont faire appel. A noter que la commune de Hakodaté a aussi déposé une plainte en 2014 pour obtenir l’arrêt de ce projet.

Deux tribunaux viennent de condamner TEPCo et le gouvernement à mieux indemniser les victimes de l’accident nucléaire

Le 15 mars, un tribunal vient de donner raison à 110 personnes qui ont fui les radiations pour se réfugier dans la province de de Kyôto et qui demandaient à être indemnisées. Il a aussi reconnu la responsabilité de TEPCo et de l’Etat japonais qui devront verser 110 millions de yens (850 000 €).

A l’exception d’une personne originaire de Tomioka, tous les plaignants sont des “auto-évacués” originaires de zones où il n’y a pas eu d’ordre d’évacuer. Ils venaient de Fukushima, bien sûr, mais aussi des provinces de Miyagi, Ibaraki, Tochigi et Chiba. Ces 174 personnes dans 57 familles réclamaient 846,6 millions de yens (6,5 millions d’euros). La plupart des plaignants réclamaient 5,5 millions de yens (42 000 euros) chacun, mais 64 d’entre eux n’ont pas obtenu gain de cause auprès de la justice. Le groupe veut donc faire appel de cette décision. Les critères de la justice ont été l’éloignement du lieu d’habitation par rapport à la centrale accidentée et le niveau de contamination, la date de départ, la présence d’enfants et le besoin de soins dans les deux ans qui ont suivi l’évacuation. Ainsi, des personnes originaires de Chiba, à 240 km environ de Fukushima daï-ichi, devront être indemnisées selon la justice. D’autres, originaires de Tochigi et Ibaraki aussi.

La justice a estimé que TEPCo et l’Etat étaient responsables car ils n’ont pas pris les mesures nécessaires pour protéger la centrale contre les tsunamis. Dès 2002, un rapport gouvernemental mentionnait la possibilité d’un fort séisme et d’un tsunami dans la région. TEPCo a négligé ce risque et l’Etat n’a pas su lui imposer des mesures de protection.

Le 16 mars, c’est au tour d’un tribunal de Tôkyô de juger que des personnes déplacées par la catastrophe nucléaire devaient être indemnisées. Là encore, TEPCo et l’Etat japonais ont été reconnus responsables et devront verser 59 millions de yens (462 000 euros) à 42 personnes.

Les 47 plaignants, issus de 17 familles, étaient tous, à une seule exception près, des auto-évacués qui ont quitté Fukushima pour se réfugier dans les provinces de Tôkyô et d’Aïchi. Ils réclamaient un total de 634 millions de yens (4,9 millions d’euros).

Il y a plus d’une trentaine de plaintes similaires en cours d’instruction au Japon. Le nombre de plaignants dépasse les 12 000 personnes. TEPCo a déjà été reconnue responsable six fois et l’Etat, quatre fois. A cela s’ajoute une plainte des actionnaires contre les dirigeants de TEPCo, qui réclament 5 500 milliards de yens (42 milliards d’euros) et une trentaine d’autres plaintes pour empêcher le redémarrage de réacteurs nucléaires ou obtenir leur arrêt définitif. Source.

Un stagiaire vietnamien envoyé sur des chantiers de décontamination sans information sur les risques liés aux radiations

Le Japon a mis en place un système de formation pour des étrangers dans les entreprises japonaises afin qu’ils acquièrent des compétences utiles pour leur pays d’origine. Un jeune Vietnamien de 24 ans, venu au Japon pour bénéficier de ce programme dans une entreprise de construction dit avoir été envoyé sur des chantiers de décontamination et de démolition en zone évacuée sans être informé des risques liés aux radiations. Il est défendu par le syndicat Zentoïtsu et par une association d’aide aux migrants (Solidarity Network with Migrants Japan, SMJ).

Après son arrivée en septembre 2015, il aurait été envoyé à Kôriyama plus d’une douzaine de fois entre octobre 2015 et mars 2016 pour décontaminer des zones résidentielles. Il aurait ensuite été envoyé à Kawamata, commune alors évacuées, sur des chantiers de démolition. Il a quitté la compagnie en novembre 2017, par crainte pour sa santé. Le syndicat l’aide dans ses démarches pour obtenir une prime de risque et son salaire jusqu’à la fin de son contrat. Selon le syndicat, il était payé 140 000 yens (environ 1 000 euros) par mois alors que les Japonais faisant un travail similaire auraient gagné environ 3 fois plus avec les primes de risque.

Un stagiaire n’aurait pas dû être envoyé sur un chantier à risque sans son consentement. La compagnie doit soumettre un plan de formation au ministère de la justice avant d’accepter un stagiaire. Les autorités vérifient si ce travail correspond bien au programme soumis, car il n’est pas interdit d’envoyer un stagiaire sur un chantier de décontamination. On peut se demander en quoi une formation à la décontamination peut être utile au stagiaire une fois de retour dans son pays. Pour en savoir plus, voir le Japan Times.

La compagnie, basée à Morioka, a déclaré au Maïnichi avoir informé le stagiaire, lors de l’interview au Vietnam, qu’il pouvait être amené à travailler sur des chantiers de décontamination et qu’il avait bénéficié d’une formation comme ses collègues japonais avant d’entrer sur le chantier. La compagnie reconnaît qu’il n’y avait pas d’interprète lors de cette formation.

Suite à cette affaire, les autorités ont décidé d’interdire les stagiaires étrangers sur les chantiers de décontamination dans les zones touchées par les retombées radioactives. Les compagnies qui participent à ce programme de formation devront signer un engagement en ce sens.

 

Les compagnies d’électricité s’associent pour reprendre la construction de la centrale nucléaire de Higashidôri

Il y a deux centrales de Higashidôri dans la province d’Aomori, qui sont adjacentes : une avec un réacteur à l’arrêt et un autre en projet. L’autre est un projet de TEPCo, avec deux réacteurs. La construction du premier a débuté en janvier 2011 et est suspendue depuis mars 2011. Malgré les problèmes techniques et financiers, ces deux compagnies n’ont pas renoncé à leurs projets.

Comme TEPCo n’a plus les moyens de payer la construction d’un nouveau réacteur nucléaire, elle veut s’associer à quatre autres compagnies pour relancer le projet, qui sont Tôhoku Electric, Kansaï Electric, Chûbu Electric et Japan Atomic Power Co.. Ce n’est pas pour tout de suite : il faut s’entendre et obtenir l’accord de l’autorité de sûreté nucléaire et des élus locaux.

Si Tôhoku a déposé une demande d’autorisation de redémarrage pour l’unique réacteur de Higashidôri en juin 2014, elle n’a toujours pas obtenu de feu vert de la part de l’Autorité de Régulation Nucléaire. Il s’agit pourtant d’un réacteur très récent, puisqu’il a été mis en service en 2005. Outre des problèmes liés aux câbles électriques, le site est exposé nombreux risques naturels. Il y a, notamment, plusieurs failles sismiques. Bien entendu, l’exploitant a conclu qu’elles n’étaient pas actives. La NRA n’est pas d’accord et a estimé, en décembre 2014, qu’une des failles pourrait être active. Cet avis a été confirmé un an plus tard.

Des chercheurs ont découvert des traces de tsunamis anciens à 10 et 15 m, d’altitude sur une colline située à une dizaine de kilomètres de la centrale nucléaire. Tôhoku Electric a estimé que la hauteur maximale serait de 11,7 m et rehausse la digue jusqu’à 16 m.

Cette centrale est aussi exposée au risque volcanique. Enfin, en cas d’accident grave, il faudrait plus de deux jours pour évacuer toute la population avoisinante dans un rayon de 30 km, selon une étude.

Il est donc surprenant que ce site intéresse tant l’industrie nucléaire japonaise. Le gouvernement, actionnaire principal de TEPCo, verrait pourtant ce projet d’un bon œil. Et les autres compagnies espèrent ainsi maintenir des compétences dans la construction de réacteurs nucléaires.

Redémarrage du réacteur n°3 de la centrale d’Ôï

Kansaï Electric a remis en service le réacteur n°3 de sa centrale d’Ôï située dans la province de Fukui. La compagnie avait obtenu l’autorisation en février 2017, mais ce redémarrage a été retardé par le scandale chez Kôbé Steel. C’est le sixième réacteur à être remis en service au Japon depuis la mise en place du nouveau référentiel de sûreté, mais seulement cinq fonctionnent suite à l’arrêt, par la justice d’Ikata 3 en décembre dernier.

Les réacteurs 1 et 2 de cette même centrale ont été arrêtés définitivement et le n°4 devrait redémarrer en mai prochain.

En 2014, la justice avait suspendu la remise en service de cette centrale car elle estimait que les risques sismiques avaient été sous-évalués. Furieux, le PDG de KEPCo, avait alors annoncé vouloir passer outre cette décision. La compagnie a fait appel de cette décision qui s’oppose au redémarrage des réacteurs 3 et 4 de sa centrale d’Ôï. Tant que la procédure suit son cours, le jugement n’est pas suspensif. La procédure judiciaire est encore en cours.

L’Autorité de Régulation Nucléaire avait aussi fait face à des dissensions entre experts à propos de l’estimation du risque sismique pour cette centrale. Elle a finalement décidé de ne rien changer de sa méthode d’évaluation. Ces polémiques ont fait suite aux séismes qui ont secoué les provinces de Kumamoto et d’Ôïta en 2016.

Rappelons que les réacteurs 3 et 4 d’Ôï avaient redémarré durant l’été 2012, avant même le nouveau référentiel de sûreté entré en vigueur le 8 juillet 2013, pour être arrêtés à nouveau en septembre 2013. Cela avait provoqué de fortes manifestations au Japon.

Par ailleurs, de nombreux riverains craignent un accident nucléaire qui affecterait les centrales de Takahama et d’Ôï, séparées de 13,5 km seulement. Mais les autorités ont estimé que les plans d’urgence de chaque centrale étaient suffisants.

Fin de l’exportation de poissons pêchés au large de Fukushima vers la Thaïlande

La première exportation de poissons pêchés au large de Fukushima avait été annoncée en fanfare à la fin février 2018. Ils étaient servis dans des restaurants japonais de Bangkok. Onze restaurants ont cessé de les servir, de crainte de perdre des clients et ont annulé les évènements promotionnels. Des associations de consommateurs ont protesté et il y a eu beaucoup d’oppositions sur les réseaux sociaux. Les autorités thaïlandaises ont confirmé n’avoir détecté aucune contamination radioactive.

Selon les autorités régionales de Fukushima, 143 kilogrammes de poissons ont été exportés en tout alors qu’elles prévoyaient d’en envoyer une tonne d’ici la fin du mois.

Indépendamment de la radioactivité, quel est l’intérêt d’exporter du poisson très cher du Japon vers la Thaïlande qui a sa propre pêche ? Le bilan carbone doit être très élevé.

Cancer de la thyroïde chez les jeunes de Fukushima : 160 cas confirmés

Avant de présenter les nouveaux résultats, revenons sur la dernière publication du 25 décembre 2017. Nous avions annoncé 4 nouveaux cas de cancer de la thyroïde confirmés par la chirurgie chez les jeunes de Fukushima, qui avaient moins de 18 ans au moment de la catastrophe. Ils concernaient tous les 4 des enfants dont le cancer a été détecté lors de la troisième campagne de dépistage par échographie. En fait, il y avait aussi un cinquième cas confirmé par la chirurgie chez un enfant dont le cancer avait été détecté lors de la deuxième campagne de dépistage.

Étonnamment, ce cinquième cas avait aussi échappé à Fukushima Voices qui fait aussi un suivi. Les résultats détaillés remis à jour de la deuxième campagne n’ont pas été publiés. Il fallait consulter le bilan global en japonais pour découvrir ce cinquième cas. Il n’est pas sur la page en anglais publiée plus tard.

Le bilan au 30 septembre 2017 est donc de 193 cas de cancer de la thyroïde suspectés (115 lors de la première campagne, 71 lors de la seconde et 7 lors de la troisième), dont 159 confirmés après une intervention chirurgicale (101 lors de la première campagne,  51 lors de la seconde et 7 lors de la troisième). Les autres enfants sont en observation. Il y a toujours un cas supplémentaire qui s’est révélé être bénin après chirurgie.

Le 5 mars 2018, l’université médicale de Fukushima a présenté un nouveau bilan à la date du 31 décembre 2017. Il n’est disponible qu’en japonais pour le moment, mais Fukushima Voices traduira les principaux résultats en anglais. La traduction officielle partielle en anglais sera aussi disponible ici.

Un bilan détaillé de la troisième campagne de dépistage est présenté :

  • 191 669 jeunes ont subi une échographie de la thyroïde, soit 48,1% des 336 654 habitants de Fukushima qui avaient moins de 18 au moment de la catastrophe, soit 56,9%.
  • Parmi eux, 179 038 ont reçu les résultats de l’examen.
  • 1 199 jeunes ont dû ou doivent subir des examens complémentaires.
  • 31 examens complémentaires ont conduit à une cytoponction.
  • Il y a 10 cas de cancers de la thyroïde suspectés à l’issue de ces examens, soit 3 de plus que la dernière fois (6 garçons et 4 filles).
  • Il y a 7 patients qui ont subi une intervention chirurgicale qui a confirmé le diagnostic, comme la dernière fois. Ce sont tous des cancers papillaires.

Le bilan des trois campagnes de dépistage donne :

Première campagne Deuxième campagne Troisième campagne
Dépistage avec résultat

300 473

270 515

179 038
Examens complémentaires 2 090 1 788 573
Cytoponctions 542 205 31
Nombre de cancers suspectés 116 71 10
Nombre de cancers confirmés 101 52 7

On arrive donc à un total de 197 cas de cancer suspectés, dont un cas s’est révélé bénin après l’intervention chirurgicale et 160 cas de cancer avéré. Le nouveau cas confirmé par chirurgie depuis la dernière publication a été dépisté lors de la deuxième campagne. Quant aux trois nouveaux cas suspectés, ils ont été détecté lors de la troisième campagne de dépistage par échographie.

Ces données ne concernent que la province de Fukushima. Les retombées radioactives ont dépassé les frontière de cette province, mais il n’y a ni dépistage ni suivi ailleurs.

A noter, que selon un fond de soutien, un cas de cancer de la thyroïde a échappé aux statistiques officielles (source). Selon ce même fond qui a effectué un suivi de 84 enfants ayant déclaré un cancer de la thyroïde, 8 d’entre eux ont dû subir une deuxième intervention chirurgicale après une rechute. Ils avaient entre 6 et 15 ans au moment de l’accident. Il réclame des statistiques officielles sur le nombre de rechutes.

Droits humains au Japon : fin de la revue périodique par le Haut commissariat de l’ONU et engagements du Japon

L’examen périodique universel du Japon par le Haut Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU est terminé. Après les contributions des ONG dont nous avons déjà parlé, ce fut le tour des pays membres. Le rapport des discussions est disponible en ligne sur le site de l’ONU dans plusieurs langues dont le français. Le gouvernement japonais, quant à lui, a mis en ligne ses réponses en anglais.

En ce qui concerne les seuls problèmes liés à la catastrophe nucléaire :

  • L’Autriche a demandé de “continuer d’apporter un appui aux évacués volontaires des zones fortement irradiées de Fukushima, en les aidant sur les plans financier, du logement et des autres composantes de la vie quotidienne, et en mettant en place une surveillance médicale régulière des personnes touchées, en particulier de celles qui étaient enfants au moment de l’accident” (161.214). Le Japon a répondu qu’il acceptait cette recommandation en précisant qu’il y satisfait déjà. Pourtant, les “évacués volontaires” ne bénéficient plus de soutien de l’Etat.
  • Le Portugal a demandé d’“appliquer les Principes directeurs relatifs au déplacement de personnes à l’intérieur de leur propre pays à tous ceux qui ont été touchés par la catastrophe nucléaire de Fukushima Daiichi, afin de garantir la pleine participation, dans des conditions d’égalité, des femmes et des hommes à la prise de décisions concernant leur réinstallation” (161.215). Là encore, le Japon a répondu qu’il acceptait cette recommandation en précisant qu’il continuerait à faire des efforts pour garantir les intentions des principes directeurs. C’est loin d’être la cas, comme nous l’avons expliqué dans notre rapport pour les 5 ans de la catastrophe.
  • L’Allemagne a demandé de “respecter le droit des personnes vivant dans la région de Fukushima, en particulier des femmes enceintes et des enfants, au plus haut niveau de santé physique et mentale, notamment en ramenant la dose maximale de radiation admissible à 1 millisievert (mSv) par an, et en continuant d’apporter un appui aux évacués et aux résidents” (161.216). Rappelons que la limite utilisée pour les évacuations et le retour est de 20 mSv/an, à savoir la valeur la plus haute des recommandations internationales. Le Japon a accepté cette recommandation sans commentaire. Il a bien annoncé vouloir respecter la limite de 1 mSv/an, mais à long terme, sans fixer de calendrier. Comme nous l’avons déjà rapporté, il cherche à changer la méthode de calcul pour arriver à 1 mSv/an…
  • Le Mexique a demandé de “garantir l’accès aux services de santé à ceux qui ont été touchés par l’accident nucléaire de Fukushima, ainsi qu’aux générations de rescapés de l’utilisation d’armes nucléaires” (161.217). Le Japon a accepté en précisant que tout le monde avait accès aux soins au Japon grâce à l’assurance santé et que les victimes des bombes nucléaires bénéficient d’un soutien supplémentaire.

Il est peu probable que le Japon change sa politique vis à vis des victimes de la catastrophe nucléaire. En effet, dans ses réponses écrites auxquelles l’ACRO a eu accès, le Japon défendait sa politique actuelle, quitte à avoir une interprétation bien à lui des règles internationales de radioprotection.

Par exemple, le Japon, continue d’affirmer que la limite d’évacuation de 20 mSv/an correspond à la limite basse des recommandations internationales de la CIPR. Mais la recommandation en question ne concerne que la phase d’urgence. Or, l’ordre d’évacuer basé sur cette limite a été issu en avril 2011, plus d’un mois après le début de la catastrophe et les populations avaient encore un mois pour partir. Ce n’est plus de l’urgence ! Dans ce cas, il faut appliquer les recommandations pour ce que la CIPR qualifie de “situation existante”. Et 20 mSv/an est alors la valeur haute ! Il est ironique de voir le gouvernement japonais critiquer continuellement les “rumeurs infondées” alors que ses règles ne sont pas fondées sur les recommandations internationales en matière de radioprotection…