La centrale nucléaire de Shika secouée au-delà des estimations du référentiel de sûreté

Selon l’Autorité de régulation nucléaire (NRA), le fort séisme le 1er janvier dernier sur la péninsule de Noto a infligé à certaines parties de la centrale nucléaire de Shika des contraintes qui ont dépassé la limite prévue dans la conception de l’installation. Mais le refroidissement des combustibles nucléaires usés est assuré et il n’y a pas de problème de sûreté pour les deux réacteurs à l’arrêt depuis 2011.

Le séisme a atteint une intensité maximale de 7 sur l’échelle d’intensité sismique du Japon à Shika. Les différentes parties d’une centrale nucléaire réagissent différemment à l’activité sismique. Chaque installation et équipement a une période particulière où il est le plus vulnérable aux secousses. Durant ces périodes spécifiques, l’exploitant estime l’accélération de l’intensité maximale acceptable. Lors du séisme du 1er janvier, l’accélération lors des secousses a légèrement dépassé les niveaux acceptables pour certaines périodes. Mais les installations importantes pour la sûreté telles que les bâtiments réacteurs et les cuves sous pression ne se trouvaient pas dans des périodes sensibles.

Toujours selon la NRA, 18 des 116 balises de surveillance de la radioactivité n’ont pas été fonctionnelles, principalement à une quinzaine de kilomètres au nord de la centrale. Suite aux vérifications effectuées sur place, le problème viendrait d’un dysfonctionnement des communications. Or, ces balises sont utilisées pour décider si une évacuation est nécessaire en cas d’accident nucléaire…

Le nombre de balises inopérantes a progressivement diminué depuis le séisme. Le 10 janvier à 10h50, il en restait encore 7 hors d’usage.

Hokuriku Electric Power Co., l’exploitant, a signalé que de l’eau avait débordé des piscines de combustible usé des deux réacteurs. Il y a 1 657 assemblages en tout dans les piscines de refroidissement. Les transformateurs des deux réacteurs ont été endommagés et ont laissé échapper de l’huile, ce qui a entraîné une perte temporaire de l’alimentation électrique de l’une des piscines de refroidissement. Les exploitants n’ont pas signalé d’autres problèmes lors de la réunion avec la NRA. Mais cette dernière estime que la compagnie devait envisager la possibilité de nouveaux dommages aux transformateurs et à d’autres équipements clés à cause des répliques sismiques qui se poursuivent.

Le président de la NRA, Shinsuke Yamanaka, a demandé à la compagnie d’enquêter de manière approfondie sur la cause des dommages subis par les transformateurs qui a partiellement empêché la centrale de Shika de recevoir de l’électricité en provenance de l’extérieur et de rendre compte rapidement de ses conclusions. Il a ajouté que l’activité des failles sous-marines qui a déclenché le dernier séisme doit être prise en compte dans la mise à jour des normes de sûreté.

Nobuhiko Ban, un autre commissaire de la NRA, a qualifié d'”énorme problème” la perte des balises suite au séisme. M. Yamanaka a également suggéré que les plans d’urgence pour les résidents autour de la centrale soient revus.

Les réacteurs de Shika ont été mis en service en 1993 et 2006. Hokuriku Electric a, en 2014, fait une demande de redémarrage du réacteur n° 2, le plus récent. La compagnie a tourjours l’espoir de redémarrer le réacteur n° 2 d’ici 2026, mais les derniers événements et les contrôles à effectuer pourraient retarder son plan.

Fort séisme près de la péninsule de Noto et petit tsunami

Un séisme d’une magnitude de 7,6 sur l’échelle japonaise a secoué la péninsule de Noto le 1er janvier à 16h10. Une alerte au tsunami a immédiatement été lancée. Les dégâts sont importants : de nombreuses maisons anciennes n’ont pas résisté et des incendies se sont déclarés en plusieurs endroits. Environ 33 000 foyers se sont retrouvés sans électricité. Le bilan humain a augmenté jour après jour pour atteindre plus de 200 décès, le 9 janvier et plus de 100 disparus. A cette même date, il y a encore 60 000 foyers sans accès à l’eau courante et plus de 15 000 sans électricité.

Un petit tsunami d’une hauteur de 1,2 m a été observé à Wajima, ville côtière au nord de la péninsule, le 1er janvier à 16h21. Le ras de marée faisait 80 cm à Toyama et 40 cm à Kashiwazaki où il y a une centrale nucléaire de TEPCo. Il a aussi atteint les côtes coréennes. Mais l’alerte a été maintenue car d’autres vagues, potentiellement plus élevées sont possibles suite aux nombreuses répliques.

La centrale nucléaire de Shika, exploitée par Hokuriku Electric Power Co (Rikuden), est située sur la côte ouest de la péninsule, à une soixantaine de kilomètres de l’épicentre. Ses deux réacteurs sont à l’arrêt depuis mars 2011. La centrale de Kashiwazaki-Kariwa, exploitée par TEPCo dans la province de Niigata, est à 120 km environ. Ses réacteurs sont arrêtés depuis 2007 pour certains et 2011 pour d’autres, suite à des séismes. La centrale de Tsuruga, dans la province de Fukui, est à environ 220 km. Ses deux réacteurs sont arrêtés depuis 2011, le plus ancien, définitivement. Enfin, les centrales nucléaires de Kansai Electric Power Co., aussi situées dans la province de Fukui, sont à plus de 250 km. Certains réacteurs ont été remis en route : voir l’état du parc japonais.

Dès les premières heures, tous ces exploitants nucléaires ont communiqué pour signaler qu’aucune anomalie n’avait été détectée dans leurs installations. TEPCo a même signalé que tout allait bien à la centrale de Fukushima daï-ichi, située à plus de 300 km de l’épicentre, car un séisme de magnitude 3 a été ressenti dans la province de Fukushima. Mais, rapidement, il est apparu que la centrale de Shika avait subi des dommages : l’autorité de régulation nucléaire (NRA) a signalé qu’une explosion et une odeur de brûlé ont été observées près du transformateur électrique du réacteur n*2 qui est indisponible. Le transformateur du réacteur n°1 est aussi indisponible suite à une fuite d’huile.

Lors d’une conférence de presse tenue le 2 janvier, Rikuden a expliqué que la secousse la plus forte enregistrée avait une accélération de 336,4 gals horizontalement et 329,9 gals verticalement, ce qui est moins que les accélérations maximales envisagées dans le dossier de sûreté, à savoir 600 gals horizontalement et 405 gals verticalement. L’exploitant a confirmé les fuites d’huile sur les deux transformateurs : 3 600 litres pour le réacteur n°1 et 3 500 litres pour le n*2. Et le 5 janvier, la fuite au niveau du réacteur n°2 s’avère être de 19 800 litres !

Ces transformateurs servent à l’alimentation électrique depuis l’extérieur. Ainsi, les systèmes branchés sur ces deux transfo ne sont pas alimentés. En revanche, d’autres sources d’électricité sont disponibles pour les équipements importants pour la sûreté. Et les diesels de secours ont assez de carburant pour tenir 7 jours. Le refroidissement des combustibles usés est assuré. Au 5 janvier, l’alimentation électrique extérieure n’était toujours pas rétablie.

Et il a fallut attendre le 3 janvier soir pour que Rikuden explique que le niveau de l’eau de mer était monté de 3 mètres à la centrale, entre 17h45 et 18h. Le matin, la compagnie avait affirmé qu’aucune élévation du niveau de la mer n’avait été enregistrée… Et d’ajouter que le mur de protection du réacteur n*1, haut de 4 m, était incliné de plusieurs centimètres. La centrale est à 11 m au-dessus de la mer.

La centrale nucléaire de Shika a fait l’objet d’une controverse à propos de la faille sismique qui passe sous les réacteurs. Est-elle active, comme l’estime la NRA, – ce qui empêcherait la remise en service du réacteur n°1 et imposerait le renforcement de la résistance aux séismes du réacteur n°2 – ou est-elle inactive, comme l’affirme l’exploitant ? En octobre dernier, Rikuden espérait redémarrer le réacteur n°2 en 2026. Avec ce séisme, rien n’est moins sûr.

TEPCo à nouveau autorisée à exploiter des réacteurs nucléaires

En mars 2021, l’Autorité de régulation nucléaire (NRA) avait interdit à TEPCo d’exploiter des réacteurs nucléaires suite à la découverte de failles importantes dans la sécurité. La compagnie avait alors annoncé une nouvelle réforme de sa gouvernance. Deux ans et demi plus tard, l’Autorité de régulation nucléaire vient de lever cette interdiction. TEPCo espère pouvoir relancer deux des sept réacteurs de sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa dans la province de Niigata dont le dossier de sûreté avait été validé.

La NRA avait estimé, en 2017, que TEPCo était apte à exploiter du nucléaire, malgré la catastrophe de Fukushima. Les sept engagements pris alors par la compagnie avaient suffi à la convaincre. Mais, de la parole aux actes, le chemin est difficile. 

La remise en service des tranches n’est pas pour tout de suite, même si Le Figaro juge la centrale “prête à redémarrer”. La compagnie doit encore faire ses preuves durant des inspections à venir. Et les autorités régionales n’ont pas encore donné leur accord. Sur ce dernier point, le gouvernement va distribuer des subventions, comme d’habitude, afin d’obtenir l'”assentiment” des élus locaux. L’Asahi mentionne un total d’un milliard de yens (6,5 millions d’euros).

Des personnes déplacées voient leur indemnisation réduite en appel

En mars 2018, une quarantaine de personnes déplacées par la catastrophe nucléaire de Fukushima avaient fait condamner l’Etat et TEPCo et obtenu un dédommagement. La Cour d’appel de Tôkyô vient de considérer que seule TEPCo était responsable, disculpant ainsi l’Etat japonais. De plus, les dédommagements sont réduits de moitié environ, selon l’AP. TEPCo ne devra plus que verser 23,5 millions de yens (150 000 €) à 44 des 47 plaignants.

Cette décision est conforme à l’arrêt de la cour suprême qui, en juin 2022, avait estimé que l’Etat n’était pas responsable de l’accident nucléaire. C’est le quatrième jugement en ce sens depuis.

Révision à la hausse du coût de l’accident nucléaire

Sans surprise, le coût de la catastrophe nucléaire augmente : selon le Japan Times, l’emprunt gouvernemental pour avancer les frais d’indemnisation devrait se monter à 15 400 milliards de yens (100 milliards d’euros), soit 1 300 milliards de yens (8,4 milliards d’euros) de plus que prévu précédemment. Ce serait dû à une révision des règles d’indemnisation en décembre 2022 et à l’indemnisation des pêcheurs suite au rejet en mer de l’eau radioactive qui débuté cet été.

Selon le dernier communiqué de TEPCo, daté de mai 2023, la compagnie a déjà reçu 11 021,6 milliards de yens (71,1 milliards d’euros) d’avance de la part de l’Etat japonais. Cet argent est prêté sans intérêt.

600 milliards de yens (4 milliards d’euros) supplémentaires sont dédiés à l’entreposage des déchets radioactifs issus des chantiers de décontamination. Le démantèlement des réacteurs accidentés de la centrale de Fukushima daï-ichi devrait coûter 8 000 milliards de yens (52 milliards d’euros). Cela fait donc un total de 23 400 milliards de yens (151 milliards d’euros) pour cet accident. Et tout n’est pas pris en compte dans ce calcul.

Contamination d’un travailleur à la centrale de Fukushima daï-ichi

Une contamination radioactive a été découverte sur le nez d’un travailleur à la centrale de Fukushima daï-ichi lors du contrôle de routine en sortie de site. Il portait bien sa combinaison et un masque intégral sur le chantier de décontamination situé à proximité du réacteur n°2. Il s’est donc probablement contaminé en se déshabillant.

Les plans d’urgence restent le maillon faible du renforcement de la sûreté des installations nucléaires japonaises

Les exploitants et le gouvernement comptent toujours sur la remise en service de nombreux réacteurs nucléaires après le renforcement de la sûreté. Mais les plans d’urgence, qui constituent la dernière barrière du concept de défense en profondeur, restent les maillons faibles. Petit tour d’horizon.

Autour du réacteur Tôkaï-2, dans la province d’Ibaraki, 920 000 personnes résident dans un rayon de 30 km. Mito, la capitale régionale, est à une dizaine de kilomètres. Selon l’Asahi, l’exploitant, Japan Atomic Power Co, a considéré 22 scénarios différents d’accident et de conditions météo. Dans tous les cas, il faudra évacuer les 64 000 personnes qui résident à moins de 5 km de la centrale. Dans le scénario le plus optimiste, il n’y a pas d’évacuation supplémentaire. Mais en cas de rejet radioactif avec des vents soufflant vers le sud-ouest et de la pluie, il faudrait évacuer 105 000 personnes supplémentaires entre 5 et 30 km. Cela serait donc un total de près de 170 000 personnes. Aucune évacuation au-delà de 30 km n’a été envisagée.

La centrale d’Onagawa, dans la province de Miyagi, a été endommagée lors des séismes et tsunami de mars 2011. L’exploitant, Tôhoku Electric Power Co, a arrêté définitivement le réacteur n°1 et espère remettre en service la deuxième tranche en mai 2024. Il y a une troisième tranche (voir l’état des lieux du parc nucléaire japonais). Selon le Japan Times, la distribution de comprimés d’iode est limitée à un rayon de 5 km autour de la centrale pour les personnes de moins de 40 ans et les femmes enceintes. Les personnes qui doivent s’approcher à moins de 5 km de la centrale pour évacuer peuvent aussi bénéficier de cette prophylaxie. Et c’est tout ! Une coopérative de consommateurs, Ai Co-op, a donc distribué des comprimés au-delà de cette zone.

200 000 personnes résident dans un rayon de 30 km autour de cette centrale. En cas d’urgence, elles peuvent toutes être évacuées par bus ou véhicules personnels dans 31 communes des alentours. En cas de séisme et tsunami qui endommageraient les voies d’accès, une évacuation par la mer ou les airs est prévue. Une application a aussi été développée pour guider les gens.

La centrale de Kashiwazaki-Kariwa, située dans le province de Niigata, est exploitée par TEPCo. Trois réacteurs y sont à l’arrêt depuis le séisme de 2007 ! Les riverains s’inquiètent d’un accident grave lors d’un épisode de fortes neiges qui bloquerait les routes. L’an dernier, l’autoroute est restée fermée pendant 52 h et la route nationale, pendant 38 h, selon le Japan Times. Or, ce sont les deux principaux axes d’évacuation. 430 000 personnes résident dans un rayon de 30 km.

Les autorités régionales ont mis en place un groupe d’experts indépendants pour tirer les leçons de la catastrophe de Fukushima. Le sous-groupe en charge des plans d’urgence s’est réuni 24 fois depuis septembre 2017 et a rédigé un rapport avec 456 points, mais n’a pas évalué la faisabilité des plans d’évacuation… Le plan d’évacuation ne prend pas en compte le problème des personnes malades nécessitant une prise en charge particulière.

Vols de matériaux radioactifs sur un site de démolition en zone d’exclusion

Selon l’Asahi, des matériaux et des objets ont potentiellement été volés sur un site en cours de démantèlement situé en zone contaminée à environ 3 km de la centrale de Fukushima daï-ichi. La compagnie Nishimatsu Construction est en charge de la démolition d’un ancien centre d’amélioration de l’habitat abandonné lors de l’évacuation et laissé en l’état avec toute la marchandise. Le site et les environs sont maintenant utilisés pour l’entreposage des déchets radioactifs. 

La compagnie a signalé le vol de vélos et de tuyaux métalliques. Lorsque Nishimatsu Construction a enquêté sur l’affaire, un sous-traitant a déclaré qu’un de ses ouvriers avait pris deux bicyclettes sur le site pour les donner aux enfants d’une connaissance. Les bicyclettes ont été retrouvées, selon l’entreprise.

Même si le site est fermé et les accès régulés, il n’est pas possible de contrôler toutes les allées et venues des personnes et des véhicules. Un millier de personnes ont participé au chantier de démolition, avec 30 à 40 d’entre elles entrant et sortant régulièrement. Un ouvrier a déclaré à l’Asahi que plusieurs camions de 4 tonnes sont entrés sur le site de démolition à quelques reprises après que les employés de Nishimatsu Construction, qui supervise le site, aient terminé leur travail et quitté leur poste. Les plateaux des camions étaient recouverts de bâches et l’on ne sait pas ce qu’il y avait à l’intérieur. Il a ajouté qu’une rumeur circulait selon laquelle des marchandises provenant du chantier de démolition étaient vendues sur l’application de revente Mercari.

Rappelons que ce n’est pas le premier cas de vol de matériel contaminé découvert : en septembre dernier, un cas de vol de ferrailles avait entraîné l’arrestation de quatre personnes.

Dépistage du cancer de la thyroïde chez les jeunes de Fukushima – 49ème réunion du comité de suivi

Plusieurs fois par an, les autorités régionales publient des données relatives au dépistage du cancer de la thyroïde chez les jeunes de Fukushima. Les données présentées lors de la 49ème réunion du comité de suivi sont en ligne. Une traduction non-officielle en anglais sera disponible ici. Pour rappel, nous avions publié, en 2021, à l’occasion du dixième anniversaire de la catastrophe, une revue de littérature scientifique sur le sujet. Et le précédent bilan, issu de la 48ème réunion est ici.

Rappelons que tous les jeunes de Fukushima, qui avaient moins de 18 ans lors de la catastrophe nucléaire ou qui étaient encore dans le ventre de leur mère (c’est à dire, nés entre le 2 avril 1992 et le 1er avril 2012), peuvent bénéficier d’un dépistage par échographie tous les deux ans. Même si le taux de participation baisse, certains en sont à leur 6ème examen médical. Après 20 ans, le dépistage suivant se fait tous les 5 ans. Certains ont dépassé la trentaine et viennent d’apparaître dans le bilan.

Le tableau ci-dessous synthétise les données issues du dépistage officiel qui sont ici en japonais. Seuls les résultats des 5ème et 6ème campagnes de dépistage ont été mis à jour par rapport à la dernière publication. Ils sont datés du 30 juin 2023. Comme on peut l’observer, le taux de dépistage diminue au fur et à mesure des campagnes, le nombre de cas réel est forcément plus élevé. De plus, les cas de cancer détectés en dehors du programme de suivi ne sont pas pris en compte dans les données mises en ligne par les autorités régionales, même si l’intervention chirurgicale a eu lieu à l’université de médecine de Fukushima, en charge du suivi… Enfin, le dépistage gouvernemental n’a lieu que dans la province de Fukushima alors que les provinces voisines ont aussi été touchées par les retombées radioactives. Les cas de cancer de la thyroïde qui pourraient y apparaître échappent aussi aux données officielles.

  Dépistages avec résultat Examens complémentaires terminés Cytoponctions Nombre de cancers suspectés Nombre de cancers confirmés
Première campagne 300 472 2 091 547 116 101
Deuxième campagne 270 552 1 834 207 71 56
Troisième campagne 217 922 1 068 79 31 29
Quatrième campagne 183 410 1 016 91 39 34
Cinquième campagne 113 932 918 80 39 27
Sixième campagne 208 0 0 0 0
Examen à 25 ans 11 674 500 43 22 14
Examen à 30 ans 1 474 58 5 3 1
Bilan des campagnes de dépistage du cancer de la thyroïde chez les jeunes de Fukushima au 30 juin 2023 pour les données les plus récentes (5ème et 6ème campagnes).

On note 5 cas de cancers supplémentaires depuis la dernière fois, découverts lors de la cinquième campagne de dépistage, la sixième campagne débutant à peine. Selon le rapport dédié à la cinquième campagne, 45% des jeunes éligibles à un dépistage ont été examinés et ont reçu les résultats. Parmi eux, 39 cas de cancer de la thyroïde ont été découverts (10 garçons et 29 filles), dont 27 confirmés après chirurgie. Ce sont tous des carcinomes papillaires. Sur les 39 cas de cancer de la thyroïde découverts lors de cette campagne, 6 n’avaient pas été examinés lors de la quatrième campagne et les 33 autres n’avaient pas de cancer lors de l’examen précédent. 27 avaient même été classés A, c’est à dire ayant un nodule inférieur à 5 mm ou pas de nodule et un kyste de moins de 20 mm ou pas de kyste. Enfin, 13 jeunes parmi ces 39 car avaient 5 ans ou moins en mars 2011, au moment de l’accident nucléaire, et 9 avaient 6 ans.

Sur toutes les campagnes confondues, on arrive à un total de 321 cas de cancer de la thyroïde suspectés suite au dépistage exercé par l’université de médecine de Fukushima. Parmi eux, 262 jeunes ont subi une intervention chirurgicale qui a conduit à identifier 259 carcinomes papillaires, 1 carcinome peu différencié, 1 carcinome folliculaire et 1 autre cancer de la thyroïde. Rappelons que lors de la première campagne, un nodule s’est révélé bénin après chirurgie.

Cinq travailleurs contaminés avec de l’eau de la station de traitement ALPS

Un liquide contaminé a giclé sur cinq travailleurs lors du lavage d’une canalisation de la station de traitement ALPS, le 25 octobre 2023 à 10h40. C’est une solution d’acide nitrique qui est utilisée pour cette opération. Le tuyau de la cuve de récupération des effluents s’est détaché et environ 100 ml de liquide contaminé a jailli. Les travailleurs portaient des vêtements de protection et un masque intégral et n’ont donc rien absorbé. En revanche, le liquide est entré en contact avec la peau de quatre travailleurs. Ils ont été immédiatement lavés, mais deux, qui n’avaient pas de combinaison étanche, ont dû être hospitalisés pour une décontamination plus poussée car leur niveau de contamination résiduelle n’était pas retombé sous le seuil de 4 Bq/cm2, même après 9 heures.

Tout le corps sauf le visage de la première personne, âgée d’un vingtaine d’années, a été exposé. Il aurait reçu une dose bêta de 6,6 mSv due. Pour l’autre personne, dans la quarantaine, le bas du corps et les deux bras ont été exposés. La dose bêta serait de 1,6 mSv. Ces deux personnes devraient rester une quinzaine de jours en observation à l’hôpital.

TEPCo a expliqué, lors d’une conférence de presse, que les deux personnes les plus exposées  ne portaient pas de combinaison étanche car elles n’étaient qu’observatrices. Une telle combinaison est obligatoire pour les travailleurs qui lavent les canalisations, pas pour les observateurs. Et le sous-traitant a choisi de ne pas en mettre à ces derniers.

TEPCo envisage désormais de rentre les combinaisons étanches obligatoires pour tout le monde.