Les chiffres gouvernementaux avaient fuité dans la presse : le coût officiel de la catastrophe a doublé depuis l’estimation de 2013. Ce n’est pas une surprise, mais les autorités ont tardé à le reconnaître car il faut décider qui va payer et combien.
Le chiffre gouvernemental total est de 21 500 milliards de yens (175 milliards d’euros). Cela inclut le démantèlement des réacteurs de Fukushima daï-ichi, à hauteur de 8 000 milliards de yens (65 milliards d’euros), soit quatre fois plus que ce qui avait été envisagé précédemment, 7 900 milliards de yens (64 milliards d’euros) pour les indemnisations, près de 4 000 milliards de yens (32,5 milliards d’euros) pour la décontamination et 1 600 milliards de yens (13 milliards d’euros) pour le centre d’entreposage temporaire des déchets radioactifs.
Qui va payer ? Le gouvernement devrait augmenter la somme prêtée sans intérêt à TEPCo à une total de 13 500 milliards de yens (110 milliards d’euros) alors que la compagnie a déjà reçu 6 500 milliards de yens (53 milliards d’euros) sur les 9 000 milliards (73 milliards d’euros) initialement prévus. Cet argent devrait servir à payer les indemnisations et une partie de la décontamination et personne ne sait quand TEPCo remboursera.
Cette somme ne comprend pas le coût du stockage des déchets issus du démantèlement de la centrale accidentée ni la création d’un îlot décontaminé dans les zones dites “de retour difficile” dont le seul but est la non disparition des villages concernés.
La compagnie devra aussi payer pour le démantèlement des réacteurs de la centrale de Fukushima daï-ichi. Ce coût pourrait encore augmenter car personne sait comment s’y prendre pour les réacteurs 1 à 3 où il y a eu fusion du cœur.
Ce que les contribuables ne payeront pas, les consommateurs, le payeront. En effet, le gouvernement veut augmenter le prix du transport de l’électricité sur les réseaux de façon à faire payer tout le monde, même les nouveaux entrants sur ce marché qui n’utilisent pas d’énergie nucléaire. Cette contribution devrait débuter en 2020 et durer 40 ans pour s’élever à 2 400 milliards de yens (20 milliards d’euros).
Le ministère de l’économie veut plafonner la hausse des indemnisations à cette somme de 2 400 milliards de yens. C’est la seule dépense qu’il veut plafonner… Pour cela, le gouvernement pousse au retour des populations et entend toujours lever tous les ordres d’évacuation en mars 2017, sauf pour les zones dites de retour difficile. Les aides aux logement pour les auto-évacués cesseront aussi.
Le gouvernement va prendre en charge la décontamination et espère se rembourser en vendant les parts qu’il détient dans TEPCo. Mais il devra rester actionnaire majoritaire bien plus longtemps que ce qu’il avait initialement prévu car la compagnie n’est pas viable. La décontamination des zones dites de “retour difficile” devrait être inscrite au prochain budget.
Le gouvernement compte aussi sur une augmentation des bénéfices de TEPCo de 400 à 500 milliards de yens en coupant dans les coûts de transmission, ainsi que sur le redémarrage de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa dans la province de Niigata. Le groupe d’experts mandaté par le ministère de l’économie et de l’industrie, le METI, a suggéré que les autres exploitants nucléaires s’impliquent dans ce redémarrage.