Un cancer de la thyroïde reconnu comme maladie professionnelle à Fukushima daï-ichi

Un employé de TEPCo, âgé d’une quarantaine d’années, qui a travaillé à la centrale de Fukushima daï-ichi après l’accident, a développé un cancer de la thyroïde en avril 2014. Il était présent sur le site lors des explosions hydrogène qui ont détruit les bâtiments des réacteurs 1 et 3.

Il a travaillé sur plusieurs centrales nucléaires entre 1992 et 2012 et aurait reçu une dose cumulée de 150 mSv, dont 140 mSv reçus à la centrale de Fukushima daï-ichi. Cette dose inclut environ 40 mSv liés à la contamination interne. Sa maladie vient d’être reconnue comme maladie professionnelle. Cela entraîne une prise en charge des frais médicaux.

C’est le troisième travailleur de Fukushima daï-ichi dont le cancer obtient cette reconnaissance. Les deux autres cas étaient des leucémies. Le premier cas avait été reconnu en octobre 2015 et le deuxième en août 2016. Le premier cas a porté plainte depuis. C’est la première fois qu’un cancer de la thyroïde est reconnu comme maladie professionnelle au Japon.

Quand il s’agit des enfants de Fukushima, les autorités refusent le lien avec la catastrophe sous le prétexte que la maladie a mis 4 à 5 ans à apparaître après l’accident de Tchernobyl. Là, c’est moins. Comment justifier cette différence de traitement ?

Arrêt programmé du réacteur Sendaï 2

Le réacteur n°2 de la centrale de Sendaï dans la province de Kagoshima vient d’être arrêté comme prévu après 13 mois d’exploitation alors que Sendaï 1 vient d’être remis en marche.

Avec Ikata 3, il n’y donc plus que 2 réacteurs nucléaires en fonctionnement au Japon. Il y avait 54 réacteurs avant la catastrophe de Fukushima. 12 ont été détruits ou arrêtés définitivement depuis.

De nouveaux cas de brimades envers des enfants de Fukushima dans les médias

Les cas récents de brimades (ijimé) envers des enfants de Fukushima évacués dans d’autres provinces présentés dans les médias ont incité des familles à parler. Les cas précédents étaient à Yokohama, Tôkyô et Niigata.

On retrouve les mêmes caractères dans les nouveaux cas qui ont surgi récemment : s’attaquer à un enfant plus vulnérable suite à son évacuation, qui n’est pas encore bien intégré, l’accuser d’être contagieux et tenter de lui soutirer de l’argent sous le prétexte que sa famille bénéficie d’un soutien financier.

Ainsi, un collégien de l’arrondissement de Chiyoda à Tôkyô a dû acheter des bonbons et sodas à trois camarades qui le harcelaient. Il y en aurait eu, selon l’Asahi, pour 10 000 yens environ (80 euros). Cela a commencé durant l’été 2015, quand des camarades on commencer à l’appeler “réfugié”. Puis, la pression a augmenté, allant jusqu’au chantage. Il devait aussi rapporter à la maison les déchets de ses camarades. Ses livres et cahiers ont été endommagés. Ce n’est qu’en novembre 2016, quand la mère a découvert les déchets dans le cartable, qu’elle a découvert le problème. L’enfant a raconté avoir été tourmenté depuis le primaire car il était originaire de Fukushima. La mère et l’enfant se sont plaints à l’administration du collège qui a enquêté auprès de 15 enfants. Elle ne peut pas confirmer que les brimades soient liées au statut de réfugié. Trois enfants ont reconnu avoir réclamé des cadeaux et le collège est arrivé au total de 10 000 yens.

La Maïnichi rapporte le cas d’un autre collégien qui, à Kawazaki, dans la province de Yokohama, a été insulté par ses camarades en 2012 : “les habitants de Fukushima sont stupides” ou “ne viens pas vers moi”. Il aurait aussi été bousculé et tapé. La famille a prévu l’école, en vain, car les autres enfants ont nié les faits. Les parents participent aussi à une action en justice collective pour demander une indemnisation. Lors des auditions, ils ont expliqué avoir enduré des moments très difficiles, mais aussi avoir bénéficié de soutien de leur entourage.

Après une enquête auprès de 61 familles qui sont parties prenantes de cette action en justice, il apparaît qu’il y a eu des cas de ijimé chez des enfants de 8 d’entre elles. Pour un de ces cas, il n’y a probablement pas de lien avec le statut de réfugié selon les avocats qui ont effectué le recensement. Les cas où les parents ont déclaré que les enfants ne pouvaient pas s’intégrer dans leur nouvelle école et se faire des amis n’ont pas été pris en compte.

Coût de la catastrophe : confirmation de la hausse. Qui va payer ?

Les chiffres gouvernementaux avaient fuité dans la presse : le coût officiel de la catastrophe a doublé depuis l’estimation de 2013. Ce n’est pas une surprise, mais les autorités ont tardé à le reconnaître car il faut décider qui va payer et combien.

Le chiffre gouvernemental total est de 21 500 milliards de yens (175 milliards d’euros). Cela inclut le démantèlement des réacteurs de Fukushima daï-ichi, à hauteur de 8 000 milliards de yens (65 milliards d’euros), soit quatre fois plus que ce qui avait été envisagé précédemment, 7 900 milliards de yens (64 milliards d’euros) pour les indemnisations, près de 4 000 milliards de yens (32,5 milliards d’euros) pour la décontamination et 1 600 milliards de yens (13 milliards d’euros) pour le centre d’entreposage temporaire des déchets radioactifs.

Qui va payer ? Le gouvernement devrait augmenter la somme prêtée sans intérêt à TEPCo à une total de 13 500 milliards de yens (110 milliards d’euros) alors que la compagnie a déjà reçu 6 500 milliards de yens (53 milliards d’euros) sur les 9 000 milliards (73 milliards d’euros) initialement prévus. Cet argent devrait servir à payer les indemnisations et une partie de la décontamination et personne ne sait quand TEPCo remboursera.

Cette somme ne comprend pas le coût du stockage des déchets issus du démantèlement de la centrale accidentée ni la création d’un îlot décontaminé dans les zones dites “de retour difficile” dont le seul but est la non disparition des villages concernés.

La compagnie devra aussi payer pour le démantèlement des réacteurs de la centrale de Fukushima daï-ichi. Ce coût pourrait encore augmenter car personne sait comment s’y prendre pour les réacteurs 1 à 3 où il y a eu fusion du cœur.

Ce que les contribuables ne payeront pas, les consommateurs, le payeront. En effet, le gouvernement veut augmenter le prix du transport de l’électricité sur les réseaux de façon à faire payer tout le monde, même les nouveaux entrants sur ce marché qui n’utilisent pas d’énergie nucléaire. Cette contribution devrait débuter en 2020 et durer 40 ans pour s’élever à 2 400 milliards de yens (20 milliards d’euros).

Le ministère de l’économie veut plafonner la hausse des indemnisations à cette somme de 2 400 milliards de yens. C’est la seule dépense qu’il veut plafonner… Pour cela, le gouvernement pousse au retour des populations et entend toujours lever tous les ordres d’évacuation en mars 2017, sauf pour les zones dites de retour difficile. Les aides aux logement pour les auto-évacués cesseront aussi.

Le gouvernement va prendre en charge la décontamination et espère se rembourser en vendant les parts qu’il détient dans TEPCo. Mais il devra rester actionnaire majoritaire bien plus longtemps que ce qu’il avait initialement prévu car la compagnie n’est pas viable. La décontamination des zones dites de “retour difficile” devrait être inscrite au prochain budget.

Le gouvernement compte aussi sur une augmentation des bénéfices de TEPCo de 400 à 500 milliards de yens en coupant dans les coûts de transmission, ainsi que sur le redémarrage de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa dans la province de Niigata. Le groupe d’experts mandaté par le ministère de l’économie et de l’industrie, le METI, a suggéré que les autres exploitants nucléaires s’impliquent dans ce redémarrage.

Réouverture d’une portion de ligne de train Jôban

Une portion de 23 km de la ligne de train Jôban qui longe le littoral entre Sôma à Fukushima et Watari à Miyagi vient d’être rouverte. Elle avait été détruite par le tsunami et la nouvelle ligne a été éloignée du littoral et surélevée (voir la photo de l’Asahi). Trois nouvelles gares ont dû être construites. Cela a coûté 40 milliards de yens.

Une autre portion avait été réouverte à Minami-Sôma, à destination de la zone où l’ordre d’évacuation allait être levé.

D’autres portions de la ligne, à Iwaté ou à Fukushima n’ont pas encore été reconstruites. A Fukushima, c’est la portion qui traverse les zones les plus contaminées qui est encore coupée.

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Des épreuves des JO de 2020 à Fukushima ?

J-Village, situé à cheval sur Hirono et Naraha, à une vingtaine kilomètres de la centrale de Fukushima daï-ichi, était un centre de formation de footballeurs japonais construit et sponsorisé par TEPCo. Après la catastrophe, il a été transformé en centre d’accueil pour les milliers de travailleurs à la centrale accidentée. Il devrait retourner au foot avant les JO de 2020 au Japon. Le gouverneur de Fukushima a même lancé un appel pour financer ce centre.

Selon le Fukushima Minpo, TEPCo a rendu les clés du bâtiment principal de ce centre le 30 novembre dernier. Des travaux devraient être entrepris pour le rendre au football d’ici l’été 2018, avec une restitution complète avant avril 2019. Le site va continuer à être utilisé comme station de bus pour les travailleurs à la centrale nucléaire jusqu’en mars 2017. Ensuite, TEPCo utilisera la centrale de Fukushima daï-ni, située à une douzaine de kilomètres au sud de daï-ichi.

Le Comité olympique japonais avait aussi l’intension d’organiser des épreuves de baseball et de softball à Fukushima. Ces sports sont très populaires au Japon. Mais les négociations avec la fédération internationale de ces deux sports, basée à Lausanne en Suisse, patinent, selon le Yomiuri à cause du nombre de stades et des travaux de rénovation.

Kyûshû Electric redémarre le réacteur Sendaï 1

Kyûshû Electric a redémarré le réacteur Sendaï 1. Il a déjà fonctionné plus d’un an depuis la catastrophe nucléaire de Fukushima et depuis le 6 octobre denier, il est en arrêt programmé. Il devrait être à nouveau en production commerciale à partir du 6 janvier 2017.

Le gouverneur de la province de Kagoshima, qui a été élu sur son programme d’opposition à cette centrale, a finalement donné son accord, après avoir renoncé à demander des garanties supplémentaires. A peine élu, il avait demandé, en vain, l’arrêt immédiat des réacteurs. Il n’a aucun pouvoir légal pour s’opposer au redémarrage, ce qu’il savait quand il était candidat, mais un avis négatif a un fort impact politique.

Le 28 novembre dernier, il a présenté un budget supplémentaire de 3 millions de yens (soit 24 500 euros) pour mettre en place un groupe de suivi de la sûreté de la centrale et des plans d’évacuation. Avec une somme aussi faible, c’est une sorte de CLI qu’il veut mettre en place…

Le réacteur n°2 a son arrêt programmé du 16 décembre au 27 février. En attendant, il y a 3 réacteurs en activité au Japon. Outre les deux de Sendaï, il y a aussi Ikata 3.

L’arrêt définitif de Monju ne signifie pas la fin des problèmes

Le surgénérateur Monju cumule les problèmes et les graves lacunes en terme de culture de sûreté de son exploitant, la Japan Atomic Energy Agency (JAEA), qui doit conduire à son arrêt définitif. En effet, l’Autorité de régulation nucléaire (NRA) a demandé au gouvernement de trouver un autre exploitant, mais Il n’y a aucun candidat et les coûts explosent.

Même l’abandon du projet ne signifie pas la fin des problèmes.

Comme le gouvernement ne veut pas perdre la face, il tergiverse. Il devrait annoncer, d’ici la fin du mois, l’arrêt définitif et le début du démantèlement, tout en continuant les recherches sur la sûreté… En particulier, il y a le sodium qui s’enflamme spontanément à l’air et explose dans l’eau. Il y en a 1 670 tonnes dont, 760 tonnes radioactives et les autorités ne savent qu’en faire. Et où mettre les 21 tonnes de combustible MOx qu’il contient ?

L’exploitant, qui n’a pas été capable d’exploiter ce réacteur, sera-t-il capable de le démanteler ? On peut en douter. La NRA vient de tancer la JAEA à propos de l’usine de retraitement de Tôkaï, arrêtée définitivement en 2014 et qui doit être démantelée. Selon l’Asahi, il y a environ 800 fûts de déchets dans une piscine sans surveillance. Il se peut que certains soient rouillés et fuient. Le débit de dose à la surface de la piscine serait de 3 mSv/h.

De 1977 à 1994, les travailleurs auraient soulevé les fûts au dessus de la piscine avec des câbles qui étaient ensuite sectionnés. Les fûts tombaient alors n’importe comment. Des câbles peuvent être emmêlés.

Il y a aussi 400 m3 de déchets liquides de haute activité que la JAEA ne sait pas traiter. Le débit de dose à proximité serait de 1,5 Sv/h (1 500 mSv/h !!!). Impossible d’y envoyer des humains. Une reprise a débuté, mais sans solution pour les fûts produits.

Cette situation perdure depuis des années.

Comme Monju servait d’alibi à la politique du plutonium issu du retraitement des combustibles usés que le gouvernement ne veut pas abandonner, une nouvelle stratégie est en cours d’élaboration, avec, à la clé, un nouveau projet de surgénérateur. L’abandon du retraitement entraînement le refus de la province d’Aomori d’accepter les combustibles usés. Comme en France avec le projet ASTRID, c’est donc la fuite en avant et si cela devait aboutir un jour, il aura fallu un siècle de R&D… une filière d’avenir qui le restera !

shadok

Nouveau cas de brimades envers un enfant originaire de Fukushima

Le Maïnichi a rencontré la famille d’un enfant originaire de Fukushima victime de brimades (ijimé) à son école de Niigata. Même un enseignant l’a appelé “microbe”. Il ne va plus à l’école depuis la fin novembre.

La mère et son fil sont des “auto-évacués” qui ont quitté Fukushima dès le mois de mars 2011. Le père est resté à Fukushima. En mars 2016, au moment du cinquième anniversaire de la catastrophe nucléaire, enfant a raconté sa propre expérience quand le sujet a été évoqué en classe. Certains de ses camarades ont alors commencé à l’appeler “microbe”. Il s’en est plaint à l’enseignant en juin 2016, mais ne considérait pas cela comme du harcèlement. Après les vacances d’été, l’enseignant aurait aussi utilisé le mot “microbe” pour désigner l’enfant.

Ce n’est qu’au début novembre, quand le cas d’un autre enfant de Fukushima, réfugié à Yokohama où il a été victime de brimades, a été couvert par les médias, que l’enfant de Niigata a compris qu’il était, lui aussi victime. L’enfant de Yokohama était aussi appelé “microbe” par ses camarades.

Le 17 novembre dernier, l’enfant a de nouveau parlé de cela avec son enseignant et était fier d’avoir pu surmonter ce problème. Le 22 novembre, alors qu’un fort séisme a de nouveau secoué la province de Fukushima et que la famille était sans nouvelle du père, l’enseignant a de nouveau appelé l’enfant “microbe” devant toute la classe. Depuis, il refuse de retourner à l’école.

L’école a d’abord nié les faits. Puis, le 25 novembre, suite à coup de fil du père, en larmes, qui a expliqué que certains enfants se suicidaient à cause des brimades, l’école a commencé à réagir. L’enseignant se serait excusé froidement, mais l’enfant a refusé de le voir. Le directeur de l’école passe tous les jours pour tenter de régler cette affaire, mais c’est trop tard, le mal est fait.

Comme les autres “auto-évacués”, la mère et le fil devront quitter le logement gratuit mis à leur disposition avant la fin mars 2017. Ils voulaient d’abord rester dans le même quartier pour pouvoir rester dans le même école. Ils vont désormais changer d’école.

Selon les autorités scolaires de la ville de Niigata, il y a 291 enfants originaires de Fukushima dans les écoles de la ville et il n’y aurait pas eu d’autre cas d‘ijime.

Arrêt temporaire du refroidissement du cœur fondu du réacteur n°3

L’injection d’eau dans le réacteur n°3 pour refroidir le cœur fondu a été arrêté suite à une erreur humaine. C’est une alarme qui a donné l’alerte. TEPCo explique d’un travailleur a, par inadvertance, actionné l’arrêt d’une pompe avec son coude. L’injection d’eau a repris une heure plus tard.

Il y avait assez d’eau et aucune élévation de température n’aurait été notée.

Les interrupteurs sont situés de part et d’autre d’un passage étroit, large de seulement 85 cm. Le travailleur, équipé d’une combinaison complète et d’un masque, a perdu l’équilibre et a heurté l’interrupteur en arrachant la protection. Les explications en japonais de TEPCo et des photos sont ici.

TEPCo injecte 4,2 m3 d’eau par heure dans ce réacteur. Elle est passée à 4,4 m3/h juste après l’incident.

Durant la nuit, il y a aussi un arrêt temporaire du circuit de refroidissement des piscines de combustible des réacteurs n°1, 2 et 3. Le refroidissement a été remis en route 6 heures et demie plus tard. Les explications de la compagnie sont ici en japonais.