C’est maintenant officiel, l’Autorité de Régulation Nucléaire, la NRA, a recommandé que le gouvernement trouve un autre exploitant pour le réacteur Monju à Fukui, car la Japan Atomic Energy Agency (JAEA) n’en est pas capable. Elle avait annoncé cette décision le 4 novembre dernier. Le ministère des sciences et technologies a jusqu’en mai 2016 pour trouver un nouvel exploitant. Il peut passer outre car il ne s’agit que d’une recommandation, mais ce serait politiquement difficile.
Cette décision est grave car elle n’a même pas été prise à l’encontre de TEPCo après la catastrophe de Fukushima, alors qu’il y aurait eu de quoi.
Le ministre a déclaré vouloir demandé conseil à Shunichi Tanaka, le président de la NRA, mais ce dernier a immédiatement répondu qu’il a présenté ses recommandations et qu’il ne peut pas aussi fournir la réponse.
Ce n’est pas la première fois que la JAEA est secouée par un scandale. Son nom a été changé, mais pas sa culture de sûreté… Shunichi Tanaka a clairement précisé que cette option n’était plus acceptable. Qui pourrait reprendre ce réacteur démarré en 1994 et arrêté depuis 1995 ? Les compagnies exploitant du nucléaire au Japon ont d’autres soucis avec leurs propres réacteurs. Le ministère pourrait rechercher un exploitant à l’étranger. Mais où ? Cette filière n’intéresse plus grand monde, sauf peut-être, la France, Russie, Chine et Inde.
Comme il a déjà coûté plus de 1 000 milliards de yens (7,6 milliards d’euros), qui va s’y intéresser ? Au moment de sa construction, son coût annoncé n’était que de 35 milliards de yens (265 millions d’euros au cours actuel). Son maintien coûte environ 20 milliards de yens par an (150 millions d’euros). A titre de comparaison, le budget annuel actuel de promotion des énergies renouvelables est du même ordre de grandeur !
Le nouveau ministre de la réforme de l’Etat, Tarô Kôno, a, lors de la revue des dépenses de l’Etat, fortement critiqué la JAEA pour son gaspillage de l’argent public. Il aurait précisé que l'”on ne peut dépenser de l’argent sur des projets que l’on ne peut pas expliquer au public.” Sur les 55 projets revus, 19 concernaient le nucléaire, dont un bateau de transport de matières nucléaires qui n’a servi que quatre fois depuis 2006 malgré un coût annuel de 1,2 milliards de yens (9 millions d’euros), et le réacteur d’Ôma en construction à Aomori qui a reçu 29 milliards de yens d’aides publiques (220 millions d’euros).
Une fois encore, la meilleure solution est d’abandonner définitivement ce projet fou. Cela implique aussi de revoir toute la politique de gestion des déchets nucléaires, comme nous l’avons déjà expliqué.