L’exploitant de Monju disqualifié

L’Autorité de Régulation Nucléaire, la NRA, estime que la Japan Atomic Energy Agency (JAEA), l’équivalent du CEA, n’est pas capable d’exploiter le surgénérateur Monju, situé sur la péninsule de Tsuruga à Fukui. A l’issue de sa réunion du 4 novembre, l’autorité a demandé au ministère des sciences et technologies de revoir entièrement le management de l’Agence dont il a la responsabilité car elle est incapable de surmonter ses problèmes et de trouver un nouvel exploitant pour Monju. Et si le ministère ne peut pas garantir la sûreté de ce réacteur, il faudra considérer sa fermeture définitive. Il aura six mois pour répondre.

Mais la NRA n’a pas le pouvoir d’ordonner l’arrêt définitif du réacteur et le Ministère n’a personne d’autre à proposer…

Rappelons que Monju est un surgénérateur supposer produire plus de plutonium qu’il n’en consomme. Il a été mis en service en 1994 et arrêté en 1995 suite à une fuite de sodium. Il est à l’arrêt depuis. Mais les autorités s’acharnent à vouloir le démarrer un jour.

Lors d’inspections post-Fukushima, la nouvelle autorité de sûreté a découvert de nombreuses violations des règles élémentaires de sûreté et cela ne s’améliore pas. D’où le coup de semonce prévu. Le président a déclaré que l’Agence n’est pas capable de gérer et exploiter Monju. Elle ne peut régler ses problèmes seule. Un jugement sévère qui fait suite à l’audition du président de l’Agence, un ancien de chez Mitsubishi Heavy Industries, qui a une branche dédiée à l’énergie nucléaire.

Il vaudrait mieux tout arrêter. Mais le Japon maintient ce programme de “recyclage” du plutonium pour des raisons militaires et il a besoin d’alibis. L’usine de retraitement construite à Rokkashô-mura, dans la province d’Aomori accumule aussi les déboires et n’a jamais pu démarrer. En attendant, elle sert de site d’entreposage d’une partie des combustibles usés. Si elle ne démarre pas, le gouverneur d’Aomori ne veut pas garder les combustibles usés. Si le Japon arrive finalement à la démarrer, il n’a pas de débouché pour le plutonium car seulement deux réacteurs fonctionnent actuellement. Il s’est, en effet, engagé à ne pas extraire plus de plutonium que ce qu’il peut en consommer.

Avant la catastrophe de Fukushima, seulement quatre réacteurs japonais pouvaient utiliser du combustible MOx, qui contient du plutonium. Il n’y en a plus qu’un actuellement : le n°3 d’Ikata, dans la province d’Ehimé.

Monju, est un exutoire prévu pour justifier l’extraction du plutonium. S’il est abandonné, l’usine de retraitement le sera aussi. Il faudra renvoyer les combustibles usés dans les centrales où certaines piscines arrivent à saturation, ce qui empêche leur exploitation. C’est pourquoi Monju est maintenu dans tous les plans gouvernementaux, malgré 30 années d’arrêt.

En attendant, il a déjà coûté plus de 1 000 milliards de yens (7,5 milliards d’euros) pour 250 jours de fonctionnement.