L’université médicale de Fukushima a publié les derniers résultats de sa campagne de dépistage des cancers de la thyroïde chez les jeunes de Fukushima. Ils peuvent être téléchargés ici en japonais. La traduction officielle en anglais sera disponible ici. En attendant, une présentation en anglais des principaux résultats est déjà disponible sur Fukushima Voices.
Au 30 juin 2016, il y a 174 cas de cancer de la thyroïde suspectés chez les jeunes de Fukushima, dont 135 confirmés après intervention chirurgicale. A cela, s’ajoute toujours un cas qui s’est révélé être bénin après l’intervention. C’était respectivement 172 et 131 à la fin mars 2016, lors de la précédente publication. Les deux nouveaux cas sont deux jeunes filles âgées de 12 et 14 ans originaire d’Iwaki et de Tadami.
Rappelons qu’il y a déjà eu deux campagnes de dépistage par échographie de la thyroïde qui concernent potentiellement 381 281 jeunes nés entre le 2 avril 1992 et le 1er avril 2012. Une troisième vient d’être lancée. La deuxième campagne a débuté en avril 2014. A l’issue du premier dépistage, il y a 115 cas potentiels, dont 101 confirmés. A l’issue du deuxième, il y a 59 cas potentiels, dont 34 confirmés.
81% des jeunes avaient été examinés lors de la première campagne. 270 378 ont subi une deuxième échographie au 30 juin et 270 327 ont reçu les résultats. C’est moins (71%) que lors de la première campagne.
A l’issue de cette deuxième dépistage, 2 217 jeunes sont éligibles à des examens complémentaires. C’est 156 de plus que la dernière fois. Parmi eux, 1 476 ont subi ces examens, dont 176 une ponction à l’aiguille fine dans la glande. Cela a révélé 59 cas de cancer potentiel. Sur les 34 cas confirmés par chirurgie, il y a 33 cancers papillaires et un d’un autre type.
Lors du premier dépistages, ces 59 cas potentiels avaient été classés
- A1 (pas de kyste ou nodule) pour 28 d’entre eux,
- A2 (nodule inférieur à 5 mm ou kyste inférieur à 20 mm) pour 26 d’entre eux (7 nodules et 19 kystes),
- B (nodule supérieur à 5 mm ou kyste supérieur à 20 mm) pour 5 d’entre eux.
Il s’agit donc de cas nouveaux dans leur grande majorité.
A noter que la troisième campagne de dépistage a débuté en mai 2016 et que 17 481 jeunes ont déjà subi une troisième échographie de la thyroïde.
Les autorités continuent d’affirmer que ces cancers ne peuvent pas être liés à la radioactivité. Dans une publication scientifique récente disponible en libre accès, des membres de l’équipe de l’université médicale de Fukushima répondent à l’étude du Prof. Tsuda pour en récuser les conclusions : pour cela ils ont divisé le territoire en fonction de la dose externe et les résultats du premier dépistage à la date du 30 juin 2015. Ils ne trouvent pas d’augmentation significative dans les zones plus contaminées par rapport aux zones les moins contaminées. Mais, comme les auteurs le reconnaissent, il s’agit d’une évaluation de l’exposition externe due à la contamination des territoires et pas de la dose à la thyroïde qui n’a pas été mesurée. De plus, cette évaluation est assez approximative.
Par ailleurs, se pose toujours le problème de savoir s’il était pertinent d’opérer ces enfants si leur cancer est lié au dépistage, comme le prétendent les autorités. Une publication scientifique récente, en accès payant, mais disponible à l’ACRO, a tenté de mesurer l’impact du sur-diagnostique sur ce type de cancer, à savoir la découverte de tumeurs qui n’auraient pas entraîné de symptômes ou de décès si elles n’avaient pas été traitées. Cela aurait concerné des dizaines de milliers de patients dans différents pays, voire 228 000 aux Etats-Unis. Les auteurs arrivent à 560 000 cas de sur-diagnostique dans 12 pays, dont la France et le Japon. Ils citent aussi une étude japonaise qui montre qu’il n’y avait pas de différence sur le nombre de décès entre les patients qui ont subi une opération immédiate et ceux qui ont été surveillés. Seulement 3,5% des 1 235 patients qui ont été surveillés sur 75 mois en moyenne ont eu une progression clinique de la maladie et aucun n’est décédé.