Statistiques sur les doses prises par les travailleurs à la centrale de Fukushima daï-ichi

TEPCo a mis en ligne des statistiques sur les doses prises par les travailleurs à la centrale de Fukushima daï-ichi pour octobre 2016. Les données précédentes étaient beaucoup plus détaillées.

9 468 personnes ont travaillé à la centrale accidentée en octobre 2016, dont 8 467 sous-traitants (89,4%) qui prennent les doses les plus élevées. Sur le seul mois d’octobre 2016, la dose moyenne reçue par les 1 001 employés de TEPCo était de 0,13 mSv et celle des sous-traitants, de 0,38 mSv, et la dose maximale de 2,23 et 8,34 mSv respectivement. A titre de comparaison, la dose maximale admissible est de 100 mSv sur 5 ans sans dépasser 50 mSv sur un an.

Comme TEPCo a remis ses compteurs à 0 au 1er avril 2016, on n’a que les données cumulées depuis cette date. De même, au niveau individuel, TEPCo remet à zéro les doses reçues au 1er avril de chaque année, selon le manga “Au cœur de Fukushima“, au lieu de compter sur 12 mois glissants.

13 826 personnes ont travaillé sur le site entre le 1er avril et le 30 octobre 2016, dont 12 259 sous-traitants (88,7%). La dose moyenne cumulée sur 7 mois est de 0,74 mSv pour les employés de TEPCo et de 1,82 mSv pour les sous-traitants. Les valeurs maximales sont respectivement de 11,03 et 36,21 mSv.

Il y a aussi des données sur la dose à la peau et à la cornée.

Pétition pour le maintien des aides au logement pour les personnes déplacées

Le gouvernement japonais a une politique unique pour les personnes déplacées : leur retour, sauf dans les zones les plus contaminées, qualifiées de “retour difficile”. L’aide au logement pour les évacués “volontaires” qui ont quitté des territoires où il n’y avait pas d’ordre d’évacuer, cessera en mars 2017. Des mesures d’accompagnement financier sont prévues à la place. Une réunion entre ces familles et les autorités avait tourné au dialogue de sourds en février dernier. Il y en a eu une quarantaine en tout. S’il y a eu des retours, de nombreuses familles souhaitent rester là où elles sont et demandent la prolongation de l’aide au logement. En mars dernier, 70% des auto-évacués n’avaient pas décidé où ils iront.

De nombreux évacués forcés, originaires de zones où l’ordre d’évacuer a été levé, sont dans une situation similaire s’ils ne veulent pas rentrer. Et ils seront nombreux après mars 2017, date de la levée de tous les ordres d’évacuer, sauf dans les zones classées en “retour difficile”. Ceux originaires de zones où l’ordre d’évacuer a été levé en 2014 perdront aussi leur aide au logement en mars 2017. C’est le cas, par exemple, pour Kawauchi. Les habitants sont poussés au retour, mais ils résistent. A Naraha, seulement 10% environ étaient rentrés, un an après la levée de l’ordre d’évacuer de septembre 2015.

En tout, 12 000 foyers devraient perdre leur logement gratuit en mars 2017. Une partie de ces personnes se sont regroupées pour faire entendre leur voix. Selon l’Asahi, elles viennent de remettre aux autorités une pétition avec 200 000 signatures afin de demander une prolongation de l’aide au logement.

La fin de l’aide au logement entraînera des difficultés supplémentaires pour les familles qui ont de faibles revenus et qui ne veulent pas rentrer. Les “auto-évacués” ne reçoivent pas d’aide supplémentaire et certains ont beaucoup perdu : emploi, logement, lien social, voire familial car il y a eu de nombreux divorces… Les autorités devraient essayer de comprendre pourquoi les populations ne veulent pas rentrer plutôt que de prendre de telles décisions unilatéralement. Rappelons que les textes internationaux de l’ONU relatifs aux déplacés intérieurs leur garantissent des droits et enjoignent les autorités à associer pleinement ces personnes à la planification et à la gestion de leur retour ou de leur réinstallation (voir notre rapport pour le cinquième anniversaire de la catastrophe). Ce n’est pas le cas au Japon.

Dans un éditorial, le Japan Times, appelle à maintenir un soutien pour ces personnes.