Comme on le sait, les autorités ont annoncé qu’elles lèveraient les ordres d’évacuer avant mars 2017 et qu’elles cesseraient les indemnisations un an plus tard. Les nombreuses personnes qui vivent dans des logements préfabriqués temporaires devront les quitter sans savoir où aller si elles ne veulent pas ou ne peuvent pas rentrer.
Les habitants originaires des zones dites de “retour difficile” sont les seuls à avoir un droit d’accès aux logements publics en construction. Il y aura donc moins de logements que de familles encore évacuées. Cependant, comme les familles éligibles issues de la zone de “retour difficile” ont reçu l’équivalent de plusieurs années d’indemnisation, beaucoup ont trouvé à se reloger par elles-mêmes. Il y a donc beaucoup moins de demandes que prévu. Les autorités, qui ne pensent qu’au retour dans les zones évacuées, n’envisagent pas d’assouplir les règles et permettre aux autres d’accéder à ces logements. Cela met en colère de nombreuses personnes concernées.
Le Maïnichi rapporte le cas Toshio Niizuma, qui a quitté Naraha pour Iwaki. Il a participé au programme de préparation au retour et, depuis que l’ordre d’évacuer a été levé, le 5 septembre dernier, il reste à Iwaki, mais va voir sa maison tous les deux jours. Le problème est que les débits de dose dans la cour qui a été décontaminée, sont encore trop élevés. Près de la gouttière, il y a jusqu’à 10 microsieverts par heure. Dans son hameau, sur 90 foyers, seuls trois familles passent la nuit chez elles. M. Niizuma aimerait aussi rentrer, mais veut rester avec son fils et sa famille. Il n’ose même pas aborder le sujet car il sait que ce sera une source de conflit. S’il était éligible au parc locatif public, il candidaterait pour y emménager à partir de mars 2017, date à partir de laquelle il ne pourra plus rester dans le logement préfabriqué temporaire. Il ne comprend pas pourquoi ce n’est pas possible et cela le met en colère.
Les autorités régionales de Fukushima auraient prévu de construire 4 890 logements pour les personnes déplacées par la catastrophe nucléaire alors qu’il y a toujours 43 700 familles déplacées en logements temporaires. En ajoutant les 2 800 logements prévus pour les survivants du tsunami, les autorités ne pourront loger, selon le Maïnichi, que 17% des familles potentiellement dans le besoin.
Selon des documents non publics obtenus par le quotidien, en mai 2013, les autorités de Fukushima ont recensé les familles ayant besoin de nouveaux logements en les classant en trois catégories :
- celles qui veulent rester dans ces logements jusqu’à la levée de l’ordre d’évacuer. Cela concerne les familles issues des zones de retour difficile pour lesquelles il faudrait de 3 136 à 5 663 logements.
- celles qui veulent demeurer dans ce logement après que l’ordre d’évacuer ait été levé, le temps qu’un environnement plus vivable soit rétabli. Il leur faudrait de 2 743 à 4 172 logements.
- enfin, celles que ne veulent pas rentrer et demeurer dans ces nouveaux logements. Cela nécessiterait de 3 366 à 4 837 logements.
Mais rien n’est prévu pour ces deux dernières catégories, conformément à la volonté du gouvernement central de pousser au retour. Une telle politique viole les textes internationaux de l’ONU relatifs aux déplacés intérieurs qui imposent aux autorités de leur laisser le choix et de favoriser leur réinstallation s’ils le désirent. Voir, à ce propos, le dossier de l’Organisation Internationales des Migrations.